Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hardi. Sa paupière épaisse et lourde couvrait la moitié de sa prunelle ; ses cils rares et courts se groupaient en petits bouquets, et le noir dont ils étaient chargés ? leur donnait un certain air rictueux. Ses yeux étaient tristes comme des bougies éteintes. Ses sourcils avançaient en auvents, et ses favoris frisés symétriquement formaient deux petits rouleaux perpendiculaires qui s’allongeaient parallèlement de chaque côté de sa figure. Du reste, ses traits étaient réguliers ; il avait le front haut, le nez bien fait et une taille élégante. Quoiqu’il portât des vêtements à la dernière mode, il ressemblait assez à un mannequin habillé ; son éternelle chaîne d’or se dessinait toujours à la même place sur sa poitrine. On eût dit que ses bottines renfermaient des embauchoirs et non des pieds. Ses mains longues et sèches étaient insignifiantes comme des mains d’oisif.

Comme le corps est souvent l’explication de l’âme, on comprendra facilement en lisant l’histoire du comte de Cournon qu’au moment où nous la commençons, il tenait plus de l’automate que de l’homme.

Il est des créatures naissant dans un de ces sourires naïfs qui renferment tout une vie d’espérance ; celles-là croissent comme des plantes au soleil, sont presque heureuses, vivent saintement et meurent dignement. D’autres viennent ici-bas comme de faibles lueurs d’amour ; timides, parce qu’elles n’ont pas le droit de