Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/157

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car cette femme était pour le moment son bonheur. Il demandait du secours comme un homme crie au voleur quand on lui prend son bien. Il laissa partir le train et transporta Lydie dans une petite auberge voisine. Le médecin du village qui commençait sa tournée passa précisément devant la porte ; il entra, comme chaque matin, pour demander à l’hôtesse si personne n’était malade, il rassura les assistants sur l’état de la jeune femme. En effet, elle ouvrit bientôt les yeux. La première personne qu’elle vit, fut son mari ; il était presque pâle, ses traits étaient altérés. Lydie lui serra la main et le remercia de s’être inquiété sur son compte. Le vieux médecin dit à Mme Dunel une de ces phrases qui ont pour but de faire sourire les malades et partit. Adolphe sortit quelques minutes après, le rejoignit en courant pour lui demander son avis sur la santé de Lydie.

— Vous l’aimez beaucoup, madame votre épouse ? dit-il.

— Oh ! oui, monsieur.

— Eh bien ! tâchez de l’aimer assez pour ne pas l’aimer trop. Voilà tout ce que je puis vous dire.

Le vieux docteur prit une prise de tabac et s’éloigna en s’appuyant sur son bâton : ses paroles furent une énigme pour le jeune homme qui le suivit des yeux en se demandant s’il était fou.