Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venances qu’un titre ; le duc de Flabert se présenta le premier ; on l’accepta. Je me mariai sans faire même une objection. Ensuite, après toutes les cérémonies, mon mari, sans seulement me connaître, partit pour Paris. Je suppliai mon père de me permettre de rester en Russie. Alors, ce fut lui-même qui me raconta la vérité, et me dit que, sans m’en douter, je lui avais causé des embarras et des ennuis ; qu’étant avant tout un homme politique, il ne pouvait garder auprès de lui une femme qui le gênerait.

— C’est affreux !

— J’ai plus souffert en me voyant forcée de renoncer à cette affection que j’avais cru posséder, que je n’avais souffert pendant vingt ans en me croyant orpheline. Je l’aimais tant, que rien n’a pu l’arracher de mon cœur ; j’ai toujours pour lui la même tendresse. Je le vois avec sa figure sévère. Je l’embrasse, et il me semble qu’il ne me repousse pas. Il m’a si peu embrassée, mon père ! trois fois seulement : le jour où je l’ai connu, le jour de mon mariage et quand je l’ai quitté.

Ici, Violette essuya ses yeux.

— Seule désormais pour toujours, avec cet inconnu, je lui laissai de liberté tout ce qu’il pût désirer. Je voulais être au moins son amie.

Je croyais ne pas trouver de malheur dans un ménage qui ne pouvait me donner aucun plaisir, mais je me