Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/255

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trompais. Le juste milieu n’existe pas dans les unions matrimoniales. Mon mari n’est pas beau, n’est-ce pas ?

— Mais… il est flétri.

— Ridé, fané, comme un vieillard.

— Comment ? le duc est jeune encore ! Il a trente deux ou trente-trois ans.

— Il en a cent, au moins. Il est atroce, tout le monde le sait, et lui-même ne se fait pas la moindre illusion là-dessus. Eh bien ! ma chère, je commençai par regarder en pitié ce malheureux condamné à la même prison que moi ; je le plaignis de le voir forcé de vivre avec une personne qu’il n’aimait point. Il avait obéi à l’aberration du siècle, comme moi à l’erreur de mon cœur ; à force de le plaindre, ma bonne, sais-tu ce qu’il arriva ?

— Quoi donc ?

— Que je l’aimai ! C’est à en mourir de rire. Que veux-tu ? il est des femmes qui ne peuvent changer leur destinée. Ce mot de mari qu’elles se répètent sans cesse dans le temps qui sépare l’enfance de la jeunesse signifie si bien pour elles amour, qu’il leur est impossible de ne pas aimer leur époux, fussent-elles unies à des singes. C’est mon histoire. Je ne pus m’en défendre. Je sentais que je courais à de grands malheurs, — impossible de résister ; souvent ensemble, marchant deux à deux dans la vie, ayant même sort,