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chrétienne doit avoir pour première vertu la résignation. Nous aurons des enfants, vous les aimerez et leur donnerez les principes que vous avez reçus.

— Que leur dirais-je ? Je mettrais dans leur cœur la religion du vrai, l’honneur de la famille. À mes filles, j’inspirerais d’avance une immense tendresse pour leur époux et pour leur foyer, et le mensonge viendrait ensuite briser leur cœur comme il brise aujourd’hui le mien. Vous ne comprenez donc pas que c’est un crime de préparer ainsi de jeunes âmes pour le supplice, en faisant naître en elles des aspirations qui resteront écrasées dans leur poitrine ; et, puisque vous entendez ainsi la vie, dans votre société, élevez donc vos enfants en vue de cette existence. Ne leur parlez pas toujours de Dieu et de la vérité. D’ailleurs, ces filles, quand j’en aurais fait des femmes instruites et que leurs âmes s’entr’ouvriraient, si elles rencontraient et aimaient un honnête homme sans fortune, il me faudrait, avec vos principes, et toujours par convenance, étouffer leur amour et les jeter, les yeux mouillés de larmes, dans les bras de gens sensuels et terrestres comme vous, ou de jeunes vieillards usés avant l’âge comme le duc, et cela parce que ces hommes-là seraient riches et soi-disant de leur classe ! Que Dieu les laisse ensevelies dans mon sein, plutôt que de les faire naître pour ce supplice.