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— Merci, j’irai seule. Adieu ! lui dit-elle en fixant sur lui de longs regards tristes.

— À bientôt, lui répondit-il ; et il sortit.

Elle se leva et se dirigea vers sa chambre en marchant avec peine. Elle resta plusieurs heures dans un état de prostration, résultat de la fatigue que cette scène avait produite sur tout son être. Elle n’avait plus la conscience de ce qui s’était passé, ni du jour ou de l’heure présente. Elle eut de ces songes qui, dénaturant ou augmentant les objets, entourent d’images grotesques et effrayantes les esprits fatigués par de grands événements. Elle resta dans cet état jusqu’à ce que la porte de sa chambre s’ouvrit brusquement.

En quittant sa maison, Dunel traversa le boulevard pour se rendre rue d’Antin, chez son médecin.

Il avait besoin de respirer ; le temps était superbe, sec et glacé.

Le sang, qui s’était porté vers sa tête, reprit promptement sa circulation ordinaire, et Adolphe revint bientôt à son état normal. En sa qualité de matérialiste, il aimait assez le calme de son intérieur.

— Cette scène, pensa-t-il, ne se renouvellera pas souvent.

N’étant plus en présence de l’extrême douleur de sa femme, il retrouva bientôt la quiétude indifférente et tranquille que donne un bon estomac.