Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/299

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homme que la froideur qu’elle lui montrait, et il se sentait plus à l’aise.

— Madame, lui dit-il, c’est la première fois que je me trouve seul avec vous et j’ai presque envie de profiter de cette occasion pour vous faire une confession.

— Parlez, dit la duchesse. Quelle confession pouvez-vous avoir à me faire ?

— Vous êtes une grande dame, vous avez un excellent cœur, vous êtes bonne avec tout le monde, et je suis affligé de voir que vous daigniez à peine m’admettre au nombre de vos amis. Vous paraissez me recevoir avec ennui. Pourtant, je vous fus présenté par M. le duc. Qu’ai-je fait pour vous fâcher ? Je voudrais réparer ma faute ; il n’est rien que je craigne tant que de vous déplaire.

Le pauvre jeune homme baissait ses grands yeux noirs. Ce n’était pas tout cela qu’il voulait dire, et sa voix hésitante et troublée était plus éloquente que ses paroles.

— Vous vous trompez, monsieur, répondit Mme de Flabert ; je reçois avec autant de plaisir vous et toutes les personnes qui veulent bien me visiter ; mais vous êtes naturellement triste, rêveur ; moi, je suis rieuse, et votre figure mélancolique, que j’ai souvent rencontrée sur mon passage, a peut-être excité ma gaieté ; il faut me le pardonner, je ne suis pas toujours charitable.