Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/300

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— Oh ! cela ne me fâche pas. Il est bien naturel que ma tristesse vous fasse rire ; votre gaieté me fait pleurer…

Et les battements de son cœur l’interrompirent. Le bonheur de se sentir près de la duchesse rougissait son front.

— Vous avez des idées étranges, dit Violette, qui voulait éloigner le cours de la conversation. Ainsi, l’autre jour une de mes amies me demandait pourquoi, n’étant pas en deuil, vous mettiez des pompons noirs à la tête de vos chevaux ?

— Ceci n’est pas une idée singulière, mais l’expression de ma pensée. Je n’ai personne à qui me confier, moi ; mes parents sont sévères et m’ont éloigné d’eux ; si j’en parlais à des amis, ils riraient de mes chagrins comme vous en riez vous-même, madame, et cela me ferait trop de mal.

— Alors vous vous confiez à vos chevaux ?

— Non, mais quand je suis bien triste je leur ceins le front pour que des êtres vivants portent l’image de ma disposition présente ; tant il est vrai que l’homme ne peut souffrir sans se plaindre ; et puis, vous l’avez remarqué…

— Que vous importe que je l’aie remarqué ? dit vivement la duchesse.

— D’autres pourraient le voir aussi, répondit timi-