Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/302

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— Mais non.

— Je n’ose pas vous le dire… Eh bien ! je suis amoureux.

— D’aujourd’hui seulement ? Vous avez raison, il y a de quoi rire.

— D’aujourd’hui seulement, je le confie à… à mes rubans. Jusqu’à ce jour, ce sentiment était resté dans mon cœur, j’avais peur de me l’avouer à moi-même…

— L’histoire de vos rubans est très amusante, interrompit encore la duchesse ; vous prendrez successivement toutes les couleurs.

— Deux seules me restent : le vert, si l’espérance me vient ; le rose, si le bonheur la suit. Alors, je veux dire adieu à toutes mes nuances passées ; car, pour un jour de bonheur, il faut se trouver heureux toute la vie.

— Vous paraissez bien confiant en l’avenir.

— Oui, car je ne désire qu’une chose ; tout en dehors d’elle m’est indifférent, les plaisirs de mon âge, la fortune ; mais si je ne puis pas être heureux, cet amour me tuera, et il me semble que je suis trop jeune pour mourir.

— On ne meurt pas d’amour, dit Violette en riant.

— Vous croyez ? Tant pis ! répondit tristement le jeune homme.

Il leva ses yeux pleins de larmes sur la duchesse, dont l’éclat de rire cessa tout aussitôt.