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dement le jeune homme, se servant de cette réticence pour s’expliquer plus clairement encore, — et comprendre mon isolement et ma douleur en me voyant, seul avec mes chevaux et mes rubans noirs, fendre l’air que respirent des gens trop heureux pour m’écouter.

— C’est très ingénieux cela. Je comprends alors vos rubans gris ou violets : vous voulez marquer que vous êtes plus ou moins triste. Voyons, ajouta-t-elle en riant, quelle est aujourd’hui la couleur de votre tristesse.

Elle se leva pour regarder dehors. La petite calèche toute coquette du vicomte était attelée de deux chevaux anglais magnifiques, secouant fièrement la tête sous deux tresses bleu-ciel.

— Bleu ! s’écria Violette avec le plus grand étonnement.

Elle ne put réprimer son premier mouvement. Depuis longtemps elle remarquait les rubans, mais n’en avait pas encore vu de cette nuance.

Le jeune homme s’aperçut de ce mouvement.

— Vous ne me demandez pas l’explication de ceux-ci ? dit-il.

— Pardon, monsieur. Quel genre de tristesse colorez-vous en bleu, s’il vous plait ?

— Ce n’est plus une nuance de tristesse.

— Qu’est-ce donc ?

– Vous ririez de moi, madame.