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LA PAGODE AUX COBRAS

L’indigène eut un sursaut, il fixa sur Rigo un regard dur, féroce, puis, après une violente contraction de ses mâchoires — si rapidement que toute intervention fut impossible — il lui cracha à la face un morceau de chair sanguinolente, sa langue, qu’il venait de couper avec ses dents.

Ainsi, quoi qu’on lui puisse faire, sa réponse était donnée. Il ne parlerait pas… Il ne parlerait plus jamais !

L’inspecteur Rigo, très pâle, expédia son prisonnier à l’hôpital.

L’homme n’avait rien dit, certes, mais, cependant, il avait les preuves nécessaires pour convaincre ses chefs que la situation était grave et qu’il fallait agir. Il récapitula les faits.

L’indigène arrêté était étranger à la ville mais paraissait pourtant la connaître bien ; il avait l’aspect d’un religieux bouddhique. Tout cela concordait et était concluant.

Le centre du complot devait se trouver dans les environs de Quang-Yen, très probablement dans la zone de forêt vierge séparant cette province de celle de Moncay, ou encore de la baie d’Allong toute voisine.

C’est dans cette région qu’il fallait rechercher une bonzerie mystérieuse, dissimulée dans quelque recoin de brousse, mais sur laquelle il pourrait trouver des renseignements auprès des habitants du pays.

Il ne tarda pas en effet à obtenir un indice précieux.

Le médecin-chef de l’hôpital lui envoya un infirmier qui avait paru reconnaître le bonze prisonnier.

En le voyant arriver, il n’avait pu retenir une exclamation, puis s’était tu et refusait d’expliquer un mouvement de surprise qu’il niait maintenant.

Mais, quand Rigo l’eut entrepris de la bonne manière, entremêlant menaces et promesses, il se décida à parler.