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LA PAGODE AUX COBRAS

En attendant que l’homme fût ranimé, il examina les affiches saisies et les traduisit rapidement :

Le texte était le suivant :

« La mort sur les Français. Ils ont asservi le pays d’Annam, chassé les rois légitimes.

« À tous, nous faisons savoir ceci :

« Ils sont condamnés !

« L’Esprit a frappé et frappera ! »

À ce moment, le prisonnier revint à lui.

C’était un Annamite qui présentait tout à fait l’aspect de ceux appartenant à quelque confrérie de bonzes bouddhiques. Rigo ne pouvait s’y tromper.

Vainement, il l’interrogea. Il se heurtait à un mutisme absolu, mutisme de fanatique contre lequel il n’y a rien à faire. Il fallait cependant tout essayer.

— Mettez-le au riz salé, dit l’inspecteur en se retirant ; demain soir, je reviendrai voir s’il est plus loquace.

Système sans excessive cruauté, mais qui manque rarement son effet. Il est servi au patient des rations de riz saturé de saumure, de quoi satisfaire amplement son appétit, mais pas une goutte de boisson ne lui est accordée. Bientôt, en proie aux affres d’une soif dévorante, il sollicite de l’eau. La réponse est simple et nette :

— Parle, avoue, et tu en auras !

Quand, vingt-quatre heures plus tard, Rigo vint reprendre son interrogatoire, l’indigène était à point.

Cependant, faisant preuve d’une énergie farouche, il n’avait pas bougé, rien demandé, pas même formulé une plainte. Rigo fit apporter une Ké-bat de thé, le supplice de Tantale !

— Veux-tu répondre maintenant ?