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LA PAGODE AUX COBRAS

Dès lors, l’affaire pouvait se révéler d’une gravité nécessitant des décisions que lui seul pouvait et voulait prendre.

En même temps que Rigo, il recevait le résident supérieur du Tonkin et le chef de service de la Sûreté.

Toute liberté de parole avait été donnée à l’inspecteur. Le gouverneur général avait été catégorique :

— Parlez, exposez vos arguments et votre thèse en toute confiance. Que vous ayez, par la suite, tort ou raison, nous le verrons. En attendant, je vous couvre entièrement.

Rigo avait repris l’affaire depuis son début : l’assassinat du résident de Quang-Yen.

— J’ai cru tout de suite à un attentat et non pas à un accident, expliqua-t-il, et voici mes raisons :

« 1o Aucun serpent n’a été retrouvé, or, il n’aurait pas fui après avoir piqué ;

« 2o La victime ne s’est pas débattue, elle n’a pas appelé, or, la piqûre du cobra est mortelle mais non pas foudroyante. Le résident ne pouvait avoir été mordu sans voir le serpent, essayer de le poursuivre, de le tuer et surtout, surtout, il eût appelé pour avoir du secours ;

« 3o Les mêmes constatations ont été faites après les deux autres décès survenus par soi-disant piqûre de serpent. Cela fait, de toute façon, trop d’accidents dus aux cobras en si peu de temps, dans la même ville, alors que tout le monde sait que, si de tels accidents sont fréquents dans les Indes anglaises, ils sont très rares en Indochine ;

« 4o Mon opinion a été confirmée par la découverte de la lettre de menaces adressée au résident et par celle des affiches. Vous en connaissez les textes, certains mots sont répétés dans les deux.

« L’homme que j’ai arrêté est un bonze, un fanatique.