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LA PAGODE AUX COBRAS

tunnel de la douane. Il pouvait avoir deux heures d’avance tout au plus. Rigo et ses hommes filèrent vers le tunnel.

Ce tunnel n’est pas une œuvre d’art, une construction des hommes, mais un phénomène de la nature, un long boyau creusé à travers la roche par les eaux et par les siècles.

Deux, trois mètres de hauteur de voûte, parfois moins. À marée haute, sur bien des points, le passage est coupé, l’eau rejoint le plafond. À marée basse, il n’y a pas assez d’eau pour qu’y flotte le canot le plus léger.

Il faut passer à mi-marée, avec une embarcation de très faible quillage.

Le tunnel a un kilomètre de long, sinuant en nombreux détours, et la nuit y est complète, mais tel quel, il conduit vers la côte, il débouche en pleine terre, constituant ainsi un merveilleux passage, longtemps ignoré des Français, par la contrebande avait beau jeu.

Rigo parvint bientôt à son entrée sur la mer, mais à l’heure où la marée était au plus bas.

En aucun cas, d’ailleurs, sa chaloupe n’eût pu y pénétrer et il n’avait pas de petit canot à sa disposition.

N’importe, il fallait aller de l’avant à tout prix et rejoindre les fugitifs, qu’il sentait là, devant lui, aux abois !

La marée était basse ? Tant pis, il passerait quand même, pataugeant dans les ruisseaux et les flaques, sondant les trous…

Croyant le passage impraticable pour plusieurs heures, les bonzes ne se méfieraient pas et, peut-être, feraient halte.

Leurs phares électriques allumés, des bâtons à la main pour tâter les fonds, Rigo et ses hommes se lancèrent.