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LA PAGODE AUX COBRAS

Rigo jouait l’indifférence ou, parfois, se mêlait à la conversation pour conter quelque histoire, quelque vieille légende, puis retombait dans son mutisme et… écoutait.

Il connaissait trop bien la mentalité indigène pour n’être pas certain que, tôt ou tard, un propos imprudent, un bavardage le mettraient sur la voie.

Patience, telle était sa devise !

Si pressé qu’il fût d’arriver au but, il s’imposait ainsi de freiner sa hâte, bien certain que cela lui ferait gagner plus de temps qu’il ne semblait en perdre.

Dans ces veillées, toutes semblables à celles des paysans de France, les bons nhaqués chantent, content de vieilles légendes, mais surtout bavardent.

Il y a si peu d’événements dans ces villages isolés que le moindre incident est monté en épingle et devient une occasion de palabres, d’intarissables autant que minutieuses discussions.

Que des étrangers aient circulé dans la région, qu’ils s’y soient installés, c’était un sujet trop intéressant pour qu’il ne fût pas longuement commenté.

Tôt ou tard, dans ce village ou dans un autre, Rigo recueillerait quelque utile renseignement.

Il ne fut pas déçu !

Le sixième jour de son expédition, il avait atteint le village le plus rapproché de l’extrémité du tunnel de la douane où les bonzes avaient disparu.

Il passait la veillée chez le chef du village, le Ly-truong, qui lui donnait l’hospitalité.

Après avoir causé quelques instants avec ses hôtes, il pré-