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La PAGODE aux COBRAS

CHAPITRE PREMIER

LA MORT DU RÉSIDENT

Une nuit d’été torride, étouffante, vraie nuit tonkinoise aussi chaude que le jour, tombait sur Quang-Yen, au bord du fleuve, tout près de l’entrée de la baie d’Allong.

Dix heures venaient de sonner.

Dans le parc de la résidence, une ombre se glissait, furtive, silencieuse, en dehors des allées ; elle se faufilait d’arbre en arbre, de massif en massif, cependant que les linhs de garde — selon la consigne — étaient tenus en éveil par la transmission périodique d’un appel de claquettes circulant de l’un à l’autre.

Passant entre eux, l’ombre escaladait la clôture et pénétrait dans l’enceinte sans être aperçue.

C’était maintenant une avancée de fauve…

Quelques pas… puis un arrêt… Ainsi s’avance la bête de proie pour surprendre, en même temps que pour éviter d’être surprise.

Arrivant au pied du bâtiment situé au sommet de la colline, l’ombre s’immobilisa une fois encore.

À quelques mètres, au premier étage, les fenêtres éclairées étaient ouvertes, permettant de percevoir le bruit des allées