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LA PAGODE AUX COBRAS

À ce moment, d’un trou, foré derrière l’autel, un serpent paraît…

Il est tué rapidement par l’un des hommes, mais la jeune femme a compris…

C’est elle qui siffle maintenant, reproduisant autant qu’elle le peut le rythme qu’elle a entendu. Les deux hommes se tiennent à ses côtés, immobile.

La modulation qui passe ses lèvres doit être parfaite, car l’autre siffleur, invisible, s’est arrêté. Alors, les serpents, attirés par la mélodie, émergent vers elle, fauchés au passage, dès qu’ils apparaissent, par les coupe-coupe des deux agents.

Un cri s’élève :

— À moi ! Je suis dans la fosse : cherchez l’ouverture !

Mme Rigo et ses deux aides cherchent… longuement… vainement… Rien ne décèle la porte.

Une inspiration soudaine transfigure la jeune femme. Elle vient de voir, en face d’elle, une des statues à tête de cobra dont les yeux brillent… fascinants ! Elle se souvient… Ce sont les vers de l’antique poème du serpent… ces vers qui l’émouvaient tant quand elle était petite fille et qu’elle entend encore réciter :

« Dans le tabernacle saint
« Pour entrer, ses yeux te guideront… »


Et les yeux la guident ; sur eux, elle pose la main, elle essaie d’appuyer… de les faire tourner… Rien ne bouge !

« Ta main sans crainte prendra la queue.
« Pousse, tourne, tire et le Saint des Saints
« Devant toi s’ouvrira… »