Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/116

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Absolument parlant, loc. adv. En général ; indépendamment de toute relation, de tout rapport : Il y a des beautés dans cet ouvrage ; mais, absolument parlant, il n’est pas bon. (Acad.) Il est même possible, absolument parlant, qu’Eusèbe ait voulu mentir pour favoriser les ariens. (Port-Royal.) Il est vrai qu’ absolument parlant, il valait mieux en exclure les démons. (Fonten.)

ABSOLUTION s. f. (ab-so-lu-si-on — du lat. absolutio, acquittement). Action d’absoudre juridiquement un accusé : Les juges balancèrent entre l’absolution et la condamnation. (Acad.) Il y a deux moyens pour lui de me tirer d’affaire : l’évasion mystérieuse à prix d’or, et la main forcée aux juges pour obtenir l’absolution. (Alex. Dum.) || Dans ce sens on dit plus ordinairement acquittement.

— Par anal., dans le langage usuel, Grâce, pardon, rémission : Si vous êtes coupable, avouez-le-moi, et je vous donnerai l’absolution. (Volt.) En exigeant cette mollesse de conscience chez tout le monde, certaines gens se ménagent l’absolution de leurs traîtrises, de leurs changements de parti. (Balz.) Je n’avais pas songé à acheter d’avance mon absolution. (G. Sand.) La mort du mari est une absolution pour la femme qui lui survit. (Ars. Houss.)

— Relig. cathol. Action d’absoudre le pécheur au tribunal de la pénitence : Donner, recevoir l’absolution. Croyez-vous qu’il soit permis de donner l’absolution indifféremment à tous ceux qui la demandent ? (Pasc.) Le but de ce livre était de combattre les absolutions précipitées qu’on ne donne que trop souvent à des pécheurs envieillis dans le crime. (Racine.) Croyez-vous qu’une vie entière de volupté sera purifiée par l’absolution du prêtre, trop faiblement accordée ? (Mass.) Il fallut ensuite aller à l’inquisition recevoir l’absolution du crime d’hérésie. (J.-J. Rouss.) || Sentence par laquelle un juge ecclésiastique délie et relève une personne des censures qu’elle avait encourues.

— Liturg. Courte prière que récite l’officiant à chaque nocturne des matines.

Encycl. Jurisp. Le Code d’instruction établit une distinction entre absolution et acquittement. Un accusé ne peut être acquitté que lorsqu’il a été déclaré non coupable ; il est absous lorsque le fait dont il a été déclaré convaincu ne donne lieu à l’application d’aucune peine.

— Théol. L’absolution dans l’enseignement de l’Église catholique, fait partie du sacrement de pénitence. C’est un acte par lequel le prêtre, en qualité de juge et comme représentant de Jésus-Christ, remet les péchés à celui qui les a confessés avec contrition. Ce droit d’absolution conféré au prêtre est fondé sur cette déclaration de Jésus-Christ : Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. — Ceux dont vous aurez remis les péchés, les péchés leur seront remis. La formule sacramentelle de l’absolution est celle-ci : Ego te absolvo a peccatis tuis, in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, précédée des mots : Jesus Christus te absolvat, que l’Église d’Orient regarde comme fondamentaux, contrairement à l’avis du concile de Trente. Pour les protestants, l’absolution est simplement déclaratoire ; elle n’influe en rien sur la rémission des péchés, laquelle est acquise à la foi et au repentir par le fait seul de la mort expiatoire du Christ, mais ne dépend aucunement de l’intervention du ministre.

Le droit canonique distingue quatre sortes d’absolutions : 1o l’absolution des censures, acte par lequel un juge ecclésiastique remet en possession des biens spirituels celui qui en avait été privé par l’excommunication, la suspense ou l’interdit ; 2o l’absolution à cautèle (ad cautelam), acte par lequel on est délié des censures encourues sans le savoir ; 3o l’absolution avec rechute (cum reincidentia), qui délie des censures, mais avec modification ou limitation ; 4o enfin, l’absolution a sacris, qui est la levée d’une irrégularité qu’un ecclésiastique a commise en assistant à une exécution capitale.

Syn. Absolution, abolition, grâce, pardon, rémission. V. Abolition.

ABSOLUTISME s. m. (ab-so-lu-tiss-me — rad. absolu). Néol. Système de gouvernement où le pouvoir est absolu : L’absolutisme est l’écueil du pouvoir. (Boiste.) Ce fut contre l’absolutisme que fut prêchée la croisade populaire ; c’est avec ce mot qu’on réveilla toutes les préventions de l’ancien tiers état et toutes les passions du peuple. (Encycl.)

Encycl. Polit. L’absolutisme est le système de gouvernement où l’autorité du chef de l’État n’est pas limitée par des institutions constitutionnelles, où le pouvoir législatif, aussi bien que le pouvoir exécutif, se trouve concentré entre les mains d’un seul homme affranchi de tout contrôle, et responsable seulement devant sa conscience et devant l’histoire. Le droit divin est la théorie sur laquelle s’appuie l’absolutisme. Suivant cette théorie, le prince reçoit directement de Dieu le pouvoir et n’en doit compte qu’à Dieu ; ses sujets, quels qu’ils soient, ne peuvent avoir que voix consultative sur les mesures qu’il a mission de prendre pour assurer leur bonheur. Accepter des limites à ses droits de souveraineté, se laisser, en quelque sorte, lier les mains par un pacte avec la nation qu’il gouverne, ce serait méconnaître le mandat divin qui lui a imposé les devoirs de la royauté. Sans se servir du mot absolutisme, qui date seulement de la Restauration, Bossuet distingue le pouvoir absolu du pouvoir arbitraire ; mais de l’un à l’autre la pente est si facile, qu’on n’a peut-être jamais vu un pouvoir absolu, c’est-à-dire affranchi de toute loi positive, ne pas se montrer arbitraire, c’est-à-dire affranchi de la raison et de la conscience. L’absolutisme tend à disparaître du monde civilisé.

ABSOLUTISTE adj. (ab-so-lu-tiss-te — rad. absolu). Qui appartient, qui a rapport à l’absolutisme ; qui en professe les principes : Le parti absolutiste. Un gouvernement absolutiste. Des tendances absolutistes. Les journaux, les feuilles absolutistes. La crainte de l’esprit révolutionnaire fit former, en 1815, par les cabinets absolutistes, la sainte alliance. (Encycl.) La discussion de la loi sur l’instruction publique a donné lieu à de violentes sorties de la part des représentants du parti absolutiste. (Journ.) Rivarol n’est point un écrivain absolutiste, comme nous dirions, et il faut bien se garder de le classer comme tel. (Ste-Beuve.)

— Par ext. Qui a des principes absolus dont il ne veut pas se départir, dont il ne veut rien céder : Tout grand talent est absolutiste. (Balz.)

— Substantiv. Partisan de l’absolutisme ; partisan d’un roi, d’un gouvernement absolu : Les absolutistes n’ont jamais compris le sens des révolutions. (Encycl.)

ABSOLUTOIRE adj. (ab-so-lu-toi-re — rad. absolution). Qui porte absolution : Bref absolutoire. Sentence absolutoire. Jugement absolutoire.

ABSOLVANT (ab-sol-van) part. prés. du v. Absoudre : Que risquent les juges en absolvant un coupable ?

ABSOLVO s. m. (ab-sol-vo — mot lat. qui signifie j’absous). Mot qui fait partie de la formule d’absolution que prononce le prêtre, et qui se dit quelquefois pour l’absolution même : Il s’agit tout au plus ici d’un cas de conscience que le moindre absolvo du curé de notre village réglerait à l’amiable. (Ch. Nodier.) || On dit aussi dans le même sens un absolvo te : À moi, monsieur Michel de Cernay, mon aumônier, vitement un absolvo te pour acquit de mes péchés. (P. Lacroix.)

ABSORBABLE adj. (ab-sor-ba-ble — rad. absorber). Chim. et méd. Qui peut-être absorbé : Sans la production et la transformation du chyme, les matières albuminoïdes cesseraient d’être absorbables et assimilables. (Dict. des sc. médic.)

ABSORBANT (ab-sor-ban) part. prés. du v. Absorber : La charité consume les bienheureux esprits dans cette unité sainte qui, les absorbant en Dieu, les met en possession des biens de toute la cité céleste. (Boss.) Dans les cités antiques, l’État était comme un être collectif, absorbant toutes les existences privées. (De Barante.)

ABSORBANT, ANTE adj. (ab-sor-ban, an-te — rad. absorber). Qui a la propriété d’absorber, qui pompe, qui attire : Médicament absorbant. Terre, poudre absorbante. Les miasmes pénètrent dans l’économie par la voie des vaisseaux absorbants. (Chomel.) L’épiderme est un obstacle que la nature s’est ménagé pour limiter l’action absorbante de la peau. (Adelon.)

— Fig. Qui occupe fortement l’attention, l’esprit, etc. : Elle était tombée dans une contemplation aussi absorbante que l’étaient les méditations de son mari. (Balz.) Jacques Collin, tout à ses pensées absorbantes, ne soupçonnait pas le piége qu’on lui tendait. (Balz.) Le travail absorbant de la pensée t’a peut-être trop échauffé le cerveau. (G. Sand.) || Qui attire à soi ; qui saisit, captive : Son âme exaltée pouvait se passer d’un amour exclusif et absorbant. (G. Sand.) La politique est une passion absorbante et dominatrice. (G. Sand.) Si la ville est tellement absorbante, il ne faut pas l’en accuser, ce semble. (Michelet.) || Dominateur ; qui rapporte tout à soi, qui veut que tout lui soit soumis : Chez l’homme primitif, la dignité est brutale et la personnalité absorbante. (Proudhon.) Toute volonté doit se soumettre à cette autorité absorbante. (Proudhon.)

— Par dénigrem. Soporifique, ennuyeux, assommant : J’étais tout prêt à me noyer de désespoir dans un fatras de brochures narcotiques et absorbantes. (Ch. Nodier.)

— Physiol. Se dit des vaisseaux lymphatiques et des vaisseaux chylifères dont l’ensemble constitue ce que l’on a appelé le système absorbant. || S’applique à la propriété même d’absorber : Pouvoir absorbant de l’estomac.

— Chir. Se dit des substances sèches, molles et spongieuses qui servent à déterger les ulcères, en s’imbibant des liquides épanchés : tels sont la charpie, l’amadou, etc.

— Méd. Se dit des médicaments que l’on croit propres à absorber les acides qui se développent dans les voies digestives : tels sont les carbonates calcaires, la magnésie, etc.

ABSORBANT s. m. Toute substance qui a la propriété d’absorber : On a beau couper le lait de mille manières, user de mille absorbants, quiconque mange du lait digère du fromage. (J.-J. Rouss.) Il y a des tempéraments auxquels le lait ne convient point, et alors nul absorbant ne le leur rend supportable. (J.-J. Rouss.) La médecine n’a pas encore trouvé les absorbants naturels de la peste, de la rage, de la goutte. (Fourier.)

— Physiol. s. m. pl. Se dit pour Vaisseaux absorbants.

ABSORBANTER v. a. ou tr. (ab-sor-ban-té — rad. absorbant). Méd. Faire usage de remèdes absorbants. Très-peu usité.

ABSORBÉ, ÉE (ab-sor-bé) part. pass. du v. Absorber. Pompé : La terre est tellement sèche que l’eau est déjà absorbée. Les eaux sont absorbées par les terres sèches et légères. (Acad.) Le gaz oxygène est absorbé par les feuilles pendant la nuit. (Chaptal.) L’eau est entièrement absorbée par les plantes. (Libes.) L’air est absorbé dans la végétation. (Libes.) La chair de la baleine nourrit ces affamés. L’huile, absorbée à flots, les réchauffa. (Michelet.)

— Par. ext. Englouti, fondu dans anéanti : En peu de temps toute cette fortune a été absorbée par le jeu. La France se vit à deux doigts d’être absorbée par l’Espagne et démembrée. (Ste-Beuve.) Le culte de Mithra disparut avec le polythéisme, dans lequel il avait été absorbé. (A. Maury.)

— Fig. Entièrement occupé, captivé, dominé par ; plongé, perdu dans : Il est tout absorbé en Dieu. (Acad.) Je considère la petite durée de ma vie absorbée dans l’éternité. (Pasc.) Absorbé dans ses spéculations, Newton devait naturellement être indifférent pour les affaires, et incapable de les traiter. (Fonten.) Elle était absorbée par l’examen de ses travaux d’horticulture. (G. Sand.) Nul homme fortement occupé d’une idée, absorbé par la réflexion, ne peut en être distrait, quelque moyen qu’on emploie. (Richerand.) || Est quelquefois suivi de l’expression tout entier, qui en augmente la signification : Avec ce petit train de vie, je fis si bien, en très-peu de temps, qu’ absorbé tout entier par la musique, je me trouvai hors d’état de penser à autre chose. (J.-J Rouss.) || S’emploie absol. dans le même sens, et signifie Méditatif, rêveur : Il marche lentement et d’un air absorbé. (Beaumarch.) Son air inquiet et absorbé n’avait pas échappé à la portière. (E. Sue.) À partir de ce moment, elle eut un air penseur et absorbé qui fut visible pour tout le monde. (Balz.) Elle s’agenouilla par terre contre son lit, cacha sa figure dans ses mains, et resta absorbée. (G. Sand.)

ABSORBER v. a. ou tr. (ab-sor-bé — lat. absorbere, même sens). Faire pénétrer en soi, pomper, s’imbiber de : Les terres sèches et légères absorbent les eaux et la pluie. (Acad.) Le Rhin, à la fin de son cours, se perd dans des sables qui l’absorbent. (Acad.) Les plantes absorbent l’eau par toutes leurs parties. (Duméril.) Le charbon absorbe presque tous les gaz. (Pelletan.) On a reconnu qu’un hectare absorbait tous les ans les fumiers d’une vache et de six à sept moutons. (About.) || User de, consommer : L’un fumait, l’autre prisait, et ils disputaient sans cesse à qui pratiquait le meilleur mode d’absorber le tabac. (Balz.)

— Par ext. Engloutir : L’Euripe, si fameux par la mort d’Aristote, absorbe et rejette alternativement les eaux. (Buff.)

— Fam. Boire, manger : Cet homme est de force à absorber quatre litres de vin à son repas. Il se fait fort d’absorber un gigot à son dîner.

— Par anal. Affaiblir, neutraliser, faire disparaître : Le noir absorbe la lumière. Le goût de l’ail absorbe celui des autres assaisonnements. Le bruit de l’orchestre absorbe la voix de ce chanteur. (Acad.) L’odeur de la tubéreuse absorbe l’odeur de la plupart des autres fleurs. (Laveaux.) Les sciences abstraites absorbent l’imagination d’un enfant. (B. de St-P.) || Consumer entièrement, détruire, dissiper complètement : Les procès ont absorbé tout son bien. (Acad.) Le jeu absorbe les plus grandes fortunes. (Trév.) Vous n’auriez pu avoir équipage : les habits et la nourriture auraient tout absorbé. (Racine.) Paris absorbe et les biens et les hommes. (Marmontel.) Le torrent des temps amène, entraîne, absorbe tous les individus de l’univers. (Barthél.)

Il n’est rien que le temps n’absorbe et ne dévore.
J.-B. Rousseau.

— Fig. Attirer à soi, s’emparer de : Cette scène absorbe tout l’intérêt de la pièce. (Acad.) L’objet d’une grande passion absorbe celui qu’il attire. (Boiste.) L’avarice finit par absorber l’âme tout entière. (Laténa.) L’amour absorbe toute autre pensée. (G. Sand.) L’arabe n’absorba que les dialectes qui lui étaient congénères. (Renan.) Napoléon les avait éblouis de ses victoires et comme absorbés dans sa force. (Cormenin.)

Comme une goutte d’eau dans l’Océan versée,
L’infini dans son sein absorbe ma pensée.
Lamartine.


|| Occuper fortement, occuper à chaque instant, préoccuper constamment : Cette étude, cette affaire, cette passion l’absorbe. Ses nouvelles fonctions l’absorbent tout entier. (Acad.) La politique les absorbait. (Guizot.)

Les affaires du temps absorbent ma pensée.
Étienne.

— Absol. et dans le même sens : Tant que les luttes durent, la passion absorbe. (Ch. Rémus.)

S’absorber, v. pr. Être absorbé, pompé : Les pluies s’absorbent dans les sables. (Acad.) Les boissons s’absorbent dans l’économie animale avec une extrême facilité. (Brill.-Sav.)

— Fig. S’attacher exclusivement à : Je pense à trop de choses pour m’absorber dans la jouissance d’une seule. (G. Sand.) || Se plonger, se perdre, s’abîmer : Tout passe et s’absorbe pour jamais dans l’éternité de Dieu. (Trév.) Pythagore voulait qu’on éloignât les canards de l’habitation où son sage devait s’absorber dans la méditation. (Buff.) Son esprit, engourdi par une longue inaction, s’absorbera dans la matière. (J.-J. Rouss.)

— Gramm. Est quelquefois suivi de la prép. à : Que d’ardents sentiments se sont communiqués sans la froide entremise de la parole ! Insensiblement Julie s’est laissé absorber à celui qui dominait tous les autres. (J.-J. Rouss.)

Syn. Absorber, engloutir. Absorber, c’est avaler, pomper successivement : Toutes ces nations absorbèrent peu à peu les richesses des Romains. (Montesq.) Engloutir, c’est faire disparaître tout d’un coup : Il arrive des débordements d’eaux qui noient des provinces entières, et des tremblements de terre qui les engloutissent. (Malebr.)

ABSORPTIF, IVE adj. (ab-sor-ptif, i-ve). Se dit, en chimie, des substances qui ont la faculté d’absorber.

ABSORPTION s. f. (ab-sor-psi-on — lat. absorptio, même sens). Action par laquelle pénètre dans un corps tel ou tel fluide : L’absorption est la source de la nutrition. (Cuvier.) || Action d’absorber des liquides, des mets, de boire, de manger : Il huma encore un petit verre, quoique déjà sa face fût violacée par la digestion du déjeuner et par une notable absorption de liquides. (Balz.) Le silence avait été occupé par l’absorption de quelques biscuits légèrement arrosés de punch. (Fr. Soulié.)

— Fig. Action de s’emparer de, de s’assimiler une chose : De même que dans un État un parti avait absorbé la nation, puis une famille le parti, puis un individu la famille, il s’établit d’État à État un mouvement d’absorption. (Volney.) L’absorption des idées par la lecture était devenue chez lui un phénomène curieux. (Balz.) || Annulation, destruction par l’action d’attirer à soi, de s’emparer de : Ce que nous devons craindre, en effet, c’est l’absorption des forces individuelles par le pouvoir. (L.-Napol.) La division de la consommation par le moyen de l’échange est l’instrument d’absorption le plus énergique des valeurs. (Proudhon.) || Contemplation, préoccupation, rêverie profonde : Une irritation fébrile, une absorption constante le rendaient hébété. (Balz.) À quoi songez-vous ? demanda l’abbé en souriant, et prenant l’absorption de Dantès pour une admiration portée au plus haut degré. (Alex. Dum.) Il était tombé dans une de ces absorptions profondes où tout l’esprit se concentre, et qui emprisonnent même le regard. (V. Hugo.)

— Particulièrem. Nom sous lequel on désigne une cérémonie annuelle qui a lieu parmi les élèves de l’École polytechnique, et qui a été imaginée pour dépayser les nouveaux, les initier aux habitudes de l’école, et surtout les accoutumer au tutoiement. || Le nom d’absorption se donne aussi à un repas pantagruélique offert aux anciens par les élèves de la nouvelle promotion.

Encycl. On appelle absorption, en chimie, la pénétration intime et successive d’une vapeur, d’un gaz dans une matière inorganique. Ainsi, l’oxygène, le chlore, l’hydrogène et beaucoup d’autres gaz sont absorbés par les métaux, par le charbon, par la pierre ponce, par l’éponge de platine, etc. Pour les métaux, cette absorption est une véritable combinaison chimique, tandis que pour le charbon et la pierre ponce, c’est une condensation des gaz dans les interstices d’une substance poreuse, condensation qui se produit par l’adhésion des molécules gazeuses à celles des corps absorbants. La propriété dont jouit le charbon d’absorber les gaz l’a fait utiliser pour désinfecter les matières putrides et les lieux dont l’air est vicié. Les quantités de gaz absorbées par le charbon dépendent : 1o de la nature du gaz ; 2o de la nature du charbon ; 3o de la pression extérieure ; 4o de la température ; 5o du mélange d’autres gaz ; 6o de la présence de matières non gazeuses dans le charbon. La vapeur d’eau répandue dans l’air est absorbée par tous les corps solides : plus l’air est chargé d’humidité, plus cette absorption est considérable. La construction des hygromètres est fondée sur les modifications de forme qui résultent pour certains corps de l’absorption de la vapeur d’eau. Les liquides possèdent, comme les solides, la faculté d’absorber les gaz. Mise en contact avec un gaz, l’eau n’en absorbe qu’une portion déterminée ; arrivée à ce qu’on appelle son point de saturation, elle n’en absorbe plus. La quantité de gaz que l’eau absorbe dépend : 1o de la nature du gaz ; 2o de la pression extérieure ; 3o de la température ; 4o de la présence d’autres espèces de gaz. L’eau peut absorber simultanément de plusieurs gaz différents, mais dans des proportions qui varient pour chacun d’eux ; en ce cas, elle absorbe de chaque gaz ce qu’elle en prendrait s’il n’y en avait pas d’autres en contact avec elle. Davy et Faraday ont démontré que les gaz sont d’autant plus faciles à absorber qu’ils sont plus faciles à liquéfier. Ainsi, l’acide carbonique, qui peut être facilement réduit à l’état liquide, est absorbé en bien plus grande