Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rins de la femme sont nécessairement au mari et à la charge du mari, au lieu que les enfants adultérins du mari ne sont point à la femme ni à la charge de la femme.

À ces considérations on peut ajouter des raisons tirées de l’état de nos mœurs mêmes, qui ne font rejaillir sur la femme trompée qu’une légère flétrissure, tandis qu’il en est tout autrement pour le mari. Ajoutons que la femme trompée peut encore être aimée et surtout respectée de son mari, tandis que la femme adultère n’a généralement que du mépris pour celui qu’elle voue au ridicule. C’était l’opinion d’une dame de la cour de Louis XIV. Comme une amie trop officieuse prenait un malin plaisir à lui faire part des bruits qui couraient sur la légèreté de son mari : « Que m’importe, répondit cette femme sensée, qu’il promène son cœur du matin au soir, pourvu que le soir il me le rapporte ? »

Notre Code pénal prononce contre la femme adultère la peine de l’emprisonnement pendant trois mois au moins et deux ans au plus. Le mari reste maître d’arrêter cette peine en consentant à reprendre sa femme. Le délit d’adultère n’est puni chez le mari que lorsqu’il y a joint le fait d’entretenir sa concubine dans la maison conjugale. Le mari seul peut porter plainte contre sa femme, et la femme seule contre son mari. La loi défend en outre que la plainte du mari soit reçue s’il se trouve lui-même dans le cas d’adultère punissable. Le complice de la femme adultère est puni d’un emprisonnement de trois mois à deux ans, et d’une amende de 100 à 2,000 francs. Enfin, l’article 324 du Code pénal déclare que, dans le cas d’adultère de la femme, le meurtre commis par son mari sur elle et sur son complice, à l’instant où il les surprend en flagrant délit dans la maison conjugale, est excusable, c’est-à-dire qu’au lieu de la peine capitale, c’est seulement un emprisonnement d’un à cinq ans qui doit lui être infligé ; souvent même il est acquitté. En matière civile, l’adultère donne lieu aux actions en séparation de corps et en désaveu.

Épithètes. Profane, coupable, criminel, impudique, scandaleux, honteux, infâme, secret, mystérieux.

ADULTÉRÉ, ÉE (a-dul-té-ré) part. pass. du v. Adultérer. Falsifié : Médicament adultéré. La cassonade est adultérée quand on la mêle à de la farine grillée ou torréfiée. (Pelletan.)

— Fig. S’applique aux choses morales : Mon esprit méridional, adultéré par le séjour de Paris, m’eût porté certes à ne point m’apitoyer sur le sort d’une pauvre fille trompée. (Balz.)

ADULTÉRER v. a. ou tr. (a-dul-té-ré — lat. adulterare, même sens. — Il change l’é fermé du radical adulté en è ouvert avant une syllabe muette, excepté au futur, et au conditionnel, où il conserve l’é fermé). Falsifier, frelater en substituant à une substance active une autre substance moins active ou nuisible, mais moins chère : Adultérer des drogues, un médicament. || En parlant des monnaies, Y introduire plus d’alliage que la loi ne le permet.

— Fig. Altérer, fausser, vicier : Il adultère tous les ouvrages de Dieu. (Boss.) La civilisation corrompt tout, elle adultère tout, même le mouvement. (Balz.) Plus à son aise, le jeune homme put déployer cette expansive gaieté, cette simplicité que donne une vie remplie par l’étude, et les trésors d’un esprit délicat que le monde n’avait pas adultéré. (Balz.) La vie de province adultérait de plus en plus la petite monnaie de son esprit. (Balz.)

S’adultérer, v. pr. Être adultéré, au pr. et au fig. : Il y a des substances qui ne peuvent s’adultérer. La nature des idées, pas plus que celle des choses, ne peut s’adultérer. (Proudh.)

ADULTÉRIN, INE adj. (a-dul-té-rain, i-ne — rad. adultère). Qui est né d’un adultère : Enfant adultérin. Sœur adultérine.

— Fig. Hybride, qui est le produit d’un mélange vicieux : Les langues secondaires, les langues de nouvelle formation sont bâtardes, adultérines et plagiaires. (Ch. Nod.) La royauté constitutionnelle, produit adultérin du despotisme et de la liberté, servit de compromis entre le principe monarchique et le principe républicain. (Sarrans.)

— Agric. et hortic. Variété adultérine, Plante qui provient de l’ovule d’une espèce, fécondé par le pollen d’une fleur d’une autre espèce.

— Substantiv. Celui, celle qui est né d’un adultère. : Un adultérin. Les adultérins sont plus odieux que les bâtards. (Merlin.) La loi, qui ne présume pas le mal, ne doit distinguer les adultérins des autres enfants que lorsque la qualité d’adultérin est constatée. (Napol. Ier.)

ADULTÉRISME s. m. (a-dul-té-ri-sme — rad. adultérer). Nom altéré : D’Alembert pour Dalembert, Veyrat pour Vérat, Cormontaigne pour Cormontaingne, sont des adultérismes.

ADUNCIROSTRE adj. et s. m. (a-don-si-ro-stre — du lat. aduncus, recourbé ; rostrum, bec). Ornith. Se dit d’un oiseau qui a le bec crochu, recourbé.

AD UNGUEM loc. adv. (ad on-gu-èmm — mots lat. qui signif. sur l’ongle). Expression qui s’emploie en parlant d’une chose que l’on sait parfaitement, que l’on connaît sur le bout des doigts : Savoir sa leçon, son rôle ad unguem. J’ai son critérium phrénologique ad unguem. (Ch. Nod.) || Cette expression qui se trouve dans Horace (livre I, satire v, vers 32), est une métaphore tirée de l’habitude qu’ont certains ouvriers de passer l’ongle sur une surface qu’ils veulent rendre parfaitement polie. Ainsi, les vers de Racine sont ad unguem, c’est-à-dire du dernier fini.

M. de Walkenaër, auteur d’une excellente étude sur Horace, explique ainsi cette locution : Ad unguem factus homo, un homme aussi parfait qu’une sculpture sur laquelle on aurait passé l’ongle pour lui donner le dernier poli.

AD UNUM loc. adv. (a-du-nomm). Mots lat. qui signif. Jusqu’à un seul, c’est-à-dire jusqu’au dernier : Ils y passèrent tous, ad unum.

ADUPLE s. m. (a-du-ple). Bot. Genre de plantes de l’Amérique septentrionale.

ADURENT, ENTE adj. (a-du-ran, an-te — du lat. ad, à ; urere, brûler). Ardent, brûlant : La soif adurente est celle qui survient par l’augmentation du besoin et par l’impossibilité de satisfaire la soif latente. (Brill.-Sav.)

. . . . . . . Je trouve ici deux cas,
Fièvre adurente et soif plus que cynique.
J.-B. Rousseau.

ADUSTE adj. (a-du-ste — du lat. adustus, brûlé). Méd. Se disait d’une prétendue altération du sang et des humeurs indiquée par la sécheresse de la peau, la chaleur, la soif, la couleur noire du sang : Les hommes alimentés de carnage et abreuvés de liqueurs fortes, ont tous un sang aigri et aduste qui les rend fous en cent manières différentes. (Volt.) || Brûlé, hâlé par le soleil : Sa barbe était épaisse et noire, son teint aduste et bronzé. (Ch. Nod.)

— Fig. Triste, chagrin : Voyez les hommes des climats méridionaux, ils aiment la nouveauté, les voyages, les hautes entreprises : aussi leurs fibres sont tendues, leurs caractères adustes, souvent aigus et piquants. (Virey.)

ADUSTION s. f. (a-du-sti-on — lat. adustio, même sens ; de adurere, brûler). Méd. Cautérisation à l’aide du feu : Les Japonais emploient fréquemment l’adustion.

AD USUM loc. adv. ( a-du-zomm). Mots latins qui signif. Selon, d’après l’usage : Célébrer un anniversaire ad usum.

AD USUM DELPHINI (a-du-zomm-dèl-fi-ni — mots lat. qui signif. Pour, à l’usage du dauphin). Nom donné aux éditions des auteurs latins entreprises par ordre de Louis XIV pour l’usage du dauphin, son fils, par le conseil du duc de Montausier et sous Ia direction de Bossuet et de Huet, précepteurs du jeune prince. Les poëtes latins subirent de nombreuses mutilations, et les passages qui n’étaient pas d’une chasteté rigoureuse furent effacés de leurs œuvres.

Racine lui-même dut passer plus tard par les ciseaux d’une censure non moins sévère. Dans une édition expurgée, ces quatre vers d’Esther :

Peut-être on t’a conté la fameuse disgrâce
De l’altière Vasthi, dont j’occupe la place,
Lorsque le roi, contre elle enflammé de dépit,
La chassa de son trône ainsi que de son lit,


se terminaient ainsi :

Lorsque le roi contre elle irrité sans retour,
La chassa de son trône ainsi que de sa cour.

Dans le style familier, on désigne par ces trois mots, ad usum Delphini, tout livre épuré, et, dans un sens plus général, toute phrase, tout discours arrangé pour les besoins de la cause, accommodé aux vues d’un parti :

» La pauvre enfant, dont toute l’assurance avait disparu, chanta donc d’une petite voix fraîche, tremblante et un peu fausse, une romance de sa pension, revue et corrigée comme les éditions ad usum Delphini. Le mot amour y était remplacé par celui d’amitié, et pour réparer la légère faute de prosodie, la syllabe surabondante se fondait en un hiatus qui eût fait dresser les cheveux à la perruque blonde de Boileau. »           Ch. de Bernard.

« M. Thiers convoqua un à un, par lettres closes, amicales, caressantes, les députés des différents groupes, les conservateurs, le centre, la droite, le centre gauche et la gauche. Pendant vingt-quatre mortelles journées, il prêcha en tête à tête, variant son thème à l’infini, et ayant pour chacun une édition revue, corrigée et augmentée ad usum Delphini. »

                              L. Véron.

« Il me revient encore, entre mille, un mot ingénieux de l’auteur du Printemps d’un Proscrit. Lors du blocus continental, le commerce était interdit, avec la Grande-Bretagne, et, pour mieux faire la contrebande des marchandises, on emplissait les bateaux de bouquins et de livres sans prix qu’on jetait ensuite à la mer et qu’on remplaçait par quelque cargaison anglaise : plusieurs éditions d’ouvrages qui n’avaient pas eu de succès, se trouvèrent par là épuisées. Il en était arrivé ainsi à un poëme de M. de Saint-Victor, les Tableaux de Paris. M. de Saint-Victor en profita pour se faire réimprimer, et M. Michaud appelait méchamment la première édition « l’édition ad usum delphini » (à l’usage des dauphins). »                Ch. Labitte.

AD VALOREM loc. adv. (ad va-lo-rèmm — mots lat. qui signif. Selon la valeur) Cette locution sert à indiquer qu’une marchandise importée paye un droit d’entrée de tant pour cent, proportionnellement à sa valeur. Les objets importés d’un pays dans un autre sont soumis à des droits de douane, et ces droits peuvent être établis sur deux bases différentes ; on les distingue en droits ad valorem et en droits spécifiques ; les premiers sont proportionnels à la valeur des objets, quels qu’ils soient ; les seconds sont basés sur la nature des objets importés. La loi dit, par exemple : les fontes, fers et aciers payeront tant ; les fils et tissus de lin et de chanvre payeront tant ; la houille et le coke payeront tant : ce sont des droits spécifiques. Si, au contraire, la loi dit : Une marchandise qui coûte 100 francs, 200 francs, 300 francs payera 10 francs, 20 francs, 30 francs d’entrée, c’est un droit ad valorem : Le vin de Médoc, qui vaut 5 à 600 francs la pièce, et le vin de Surènes, qui n’en coûte pas 50, payent le même droit d’entrée aux barrières de Paris ; c’est un droit spécifique ; la justice exigerait un droit ad valorem. (***.) Les droits de douane au Brésil, comme en Portugal, sont fixés ad valorem. (Horace Say.)

ADVENANT (ad-ve-nan) part. prés. du v. Advenir : Ce sera, la chose advenant, le seul succès pécuniaire de l’auteur. (Balz.)

ADVENIR v. impers. (ad-ve-nir — lat. advenire, même sens ; de ad, à ; venire, venir. — Ce verbe, qui prend l’auxil. être dans les temps composés, n’est usité qu’aux troisièmes personnes et à l’infinitif : Il advient. Il advenait. Il advint. Il adviendra. Il adviendrait. Qu’il advienne. Qu’il advînt. Il est advenu., etc.). Arriver, survenir, échoir : Quoi qu’il advienne. Quadviendra-t-il de tout cela ?

Cependant, il advint qu’au sortir des forêts
        Le lion fut pris dans les rets.
La Fontaine.

|| S’empl. aussi neutral. : On ne peut pas prévoir tous les cas qui adviendront. (Acad.) Dorénavant je te raconterai ce qui doit advenir. (Chateaub.) Ce qui adviendrait après lui ne l’occupait pas. (G. Sand.) Qui de nous peut savoir ce qui lui adviendra demain ? Mais, quoi qu’il advienne, j’espère que nous resterons amis et frères tous les trois. (Alex. Dum.)

Advienne que pourra. Signifie qu’on est prêt à subir toutes les conséquences qui peuvent résulter d’une résolution ou d’un fait. || Fais ce que dois, advienne que pourra, Ancien dicton, qui a été adopté pour devise par plusieurs familles nobles.

Prov. littér. J’étais là ; telle chose m’advint. Allusion à un vers de La Fontaine, dans la fable des Deux Pigeons :

                    Mon voyage dépeint
       Vous sera d’un plaisir extrême.
Je dirai : J’étais là ; telle chose m’advint :
       Vous y croirez être vous-méme.

Ce vers, dans les applications qu’on en fait, sert à exprimer le plaisir que l’on ressent à raconter, au retour, ses impressions de voyage.

« Les rares touristes qui se décident à quitter Paris pour quelques années, songent beaucoup moins aux âpres voluptés du voyage qu’au plaisir de raconter ce qu’ils ont vu, et de dire :

J’étais là, la chose m’advint. »
E. About.

« Tout le monde voyage aujourd’hui et tout le monde raconte ses voyages. Il faut être rivé à son coin par des anneaux de fer, pour ne pas courir de temps en temps la France et l’Europe. Il faut ne pas savoir manier une plume pour ne pas sentir le besoin de faire connaître au public les pays qu’on a découverts, les impressions qu’on a éprouvées.

J’étais là, la chose m’advint ;
Vous y croirez être vous-même. »
Julien Gérard.

ADVENTICE adj. (ad-van-ti-se — du lat. adventicius, étranger). Didact. Qui n’est pas naturellement dans une chose, qui y survient du dehors : Nos défauts, nos travers, nos vices plus ou moins répréhensibles, ne résulteraient-ils pas d’une multitude de conjonctures qui les insinuent, ou de causes adventices propres à les développer ? (Virey.) Comment l’organisation de l’humanité est-elle adventice, antilogique ? (Proudh.)

— Méd. Maladies adventices, Maladies qui ne sont pas héréditaires, qui ne tiennent pas à la constitution.

— Agric. Plantes adventices, Qui croissent sans avoir été semées, comme les mauvaises herbes.

— Bot. Partie adventice, Se dit de tout organe qui naît hors de sa place normale. C’est ainsi que certaines racines, qui naissent sur les tiges et les rameaux, certains bourgeons, qui naissent sur un autre point qu’à l’aisselle des feuilles, sont dits racines et bourgeons adventices. || Dans ce cas, adventice est syn. de adventif, ive.

— Philos. Idées adventices, Idées qui viennent des sens et qui ne peuvent naître que des objets extérieurs. On le dit par opposition à idées innées.

ADVENTIF, IVE adj. (ad-van-tif, i-ve – du lat. adventicius, étranger). Droit rom. Pécule adventif, Pécule concédé aux fils de famille en nue propriété.

— Anc. jurispr. Biens adventifs, Biens acquis par toute autre voie que la succession directe.

— Agric. et Bot. Syn. d’adventice.

ADVENU, UE (ad-ve-nu) part. pass. du v. Advenir : Quand je me trouvai seul, je m’étonnai de tout ce qui était advenu dans la forêt sans que j’en eusse ouï ou surpris quelque chose. (G. Sand.)

ADVERBE s. m. (ad-vèr-be — lat. adverbium, même sens ; de ad, auprès ; verbum, verbe). Mot invariable qui se joint aux verbes, aux adjectifs ou à des mots de sa propre nature pour en modifier la signification de diverses manières. Le même adverbe bien modifie un verbe dans Il parle bien, un adjectif dans Vous paraissez bien triste, un autre adverbe dans Vous venez bien tard.

Encycl. Gramm. Les grammairiens se plaisaient autrefois à créer de nombreuses classifications, que leur peu d’utilité réelle a fait tomber dans un oubli presque complet. Ils distinguaient beaucoup d’espèces d’adverbes : nous allons citer, seulement les principales ;

Les adverbes de lieu, comme où, ici, là, dedans, dessus, dehors, devant, derrière, après, partout, ailleurs, alentour, etc. ;

Les adverbes de temps, comme quand, hier, aujourd’hui, demain, tantôt, jadis, bientôt, jamais, toujours, tard, souvent, longtemps, désormais, alors, enfin, etc. :

Les adverbes de quantité, comme combien, que, beaucoup, peu, trop, assez, plus, moins, autant, davantage, tellement, si, tant, très, etc. ;

Les adverbes d’affirmation, comme oui, certes, si, assurément, etc. ;

Les adverbes de négation, comme non, ne, pas, point, aucunement, etc. ;

Les adverbes de manière, comme comment, bien, mieux, mal, ainsi, autrement, et un très-grand nombre de mots en ment formés des adjectifs, tels que grandement, sagement, follement, vivement, lentement, etc.

La formation des adverbes de cette dernière espèce peut se ramener aux règles suivantes :

Quand l’adjectif masculin est terminé par une voyelle simple, l’adverbe se forme par l’addition de la syllabe ment : joli, joliment ; large, largement ; poli, poliment, etc. Quelquefois seulement il faut ajouter un accent, comme dans conforme, conformément ; goulu, goulûment, etc. Par une exception toute spéciale, impuni fait impunément.

Quand l’adjectif masculin se termine par une consonne ou par une voyelle composée, l’adverbe se forme du féminin de cet adjectif en y ajoutant ment : Doux, douce, doucement ; long, longue, longuement ; fou, folle, follement ; nouveau, nouvelle, nouvellement. Pour quelques adverbes, on ajoute un accent : commun, commune, communément ; précis, précise, précisément ; etc. Gentil fait gentiment, et les adjectifs en ant et en ent suivent une règle à part, sauf lent, présent et véhément, dont les adverbes lentement, présentement, véhémentement, dérivent des formes féminines, comme cela vient d’être dit. Tous les autres forment l’adverbe en changeant ant ou ent en amment ou emment : prudent, prudemment ; constant, constamment.

Plusieurs adverbes donnent lieu à des difficultés grammaticales dont on trouvera la solution en cherchant chacun de ces mots à son ordre alphabétique.

Pour expliquer la fonction et la nature de l’adverbe, les grammairiens le considèrent quelquefois comme équivalant à une préposisition suivie d’un substantif. Ainsi, prudemment veut dire avec prudence ; justement, avec justice ; peu signifie en petite quantité ; bientôt équivaut à dans un temps rapproché. À ce point de vue, l’adverbe remplit exactement, dans les phrases, la même fonction qu’un complément appelé indirect par beaucoup de grammairiens, mais qui est plutôt un complément circonstanciel. D’un autre côté, les compléments avec prudence, avec justice, etc., reçoivent quelquefois le nom de compléments adverbiaux quand on les considère comme équivalant aux adverbes prudemment, sagement, etc.

ADVERBIAL, ALE adj. (ad-ver-bi-al — rad. adverbe). Qui tient de l’adverbe, qui en a la signification.

Locution, expression adverbiale, Assemblage de mots remplissant les fonctions d’un adverbe, tels sont : à l’envi, à la hâte, à part, etc.

ADVERBIALEMENT adv. (ad-vèr-bi-a-le-man — rad. adverbe). D’une manière adverbiale : Il est toujours bien, quand un mot n’est pas adverbe de sa nature et qu’il fait seulement fonction d’adverbe dans une phrase, d’indiquer qu’il est pris adverbialement. (Jullien.) Témoin se prend quelquefois adverbialement, et alors il est indéclinable. (Boissonade.)

ADVERBIALISÉ, ÉE (ad-vèr-bi-a-li-zé) part. pass. du v. Adverbialiser : Un mot adverbialisé.

ADVERBIALISER v. a. ou tr. (ad-vèr-bi-a-li-zé — rad. adverbe). Gramm. Donner à un mot une désinence ou la fonction d’adverbe.

S’adverbialiser, v. pr. Gramm. Devenir adverbe, être employé adverbialement : L’adjectif ou attribut est susceptible de s’adverbialiser. (Ch. Nod.)