Aller au contenu

Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’affe de eau-de-vie. || On écrit aussi aff : Chez Paul Niquet on boit du petit bleu et de l’eau d’aff par excès de civilisation. (Th. Gaut.)

AFFÉAGÉ, ÉE (a-fé-a-jé) part. pass. du v. Afféager. Aliéné : Une terre noble afféagée.

AFFÉAGEANT s. m. (a-fé-a-jan). Anc. dr. Celui qui afféage.

AFFÉAGEMENT s. m. (a-fé-a-je-man). Anc. dr. Action d’afféager.

AFFÉAGER v. a. ou tr. (a-fé-a-jé). Anc. dr. Aliéner une partie des terres nobles d’un fief pour être tenues en roture par l’acquéreur, à la charge d’une certaine redevance.

AFFÉAGISTE s. m. (a-fé-a-ji-ste). Anc. dr. Celui qui tenait une terre afféagée.

AFFECTABLE adj. (a-fèk-ta-ble — rad. affecter). Qui peut être touché, affligé ; qui est susceptible de s’affecter : C’est un homme très-affectable. || Qui peut être engagé, hypothéqué : Terres affectables.

AFFECTANT (a-fèk-tan) part. prés. du v. Affecter : Quand son mari la regardait, elle s’efforçait de sourire en affectant une contenance calme. (Balz.)

Et déjà des cités affectant l’opulence,
Ces parvenus des champs en ont pris l’insolence.
Delille.

AFFECTANT, ANTE adj. (a-fèk-tan, an-te — rad. affecter). Qui affecte, qui touche, qui cause de la peine : Ce récit est très-affectant. (Littré.)

AFFECTATION s. f. (a-fèk-ta-si-on — rad. affecter). Manière d’être, de parler, d’agir, qui s’éloigne du naturel : Il y a de l’affectation dans tout ce qu’il fait, dans tout ce qu’il dit. (Acad.) L’affectation est une envie démesurée de plaire, mais mal entendue. (Boil.) L’affectation dans le geste, dans le parler et dans les manières est souvent une suite de l’oisiveté ou de l’indifférence. (La Bruy.) La moindre affectation est un vice. (Volt.) Il faut savoir être gai sans tumulte, poli sans affectation, galant sans fadeur. (J.-J. Rouss.) L’affectation découvre plutôt ce qu’on est qu’elle ne fait voir ce que l’on voudrait paraître. (Le roi Stanislas.) Balzac doit être lu avec précaution : on y trouve une affectation vicieuse dans les pensées. (D’Aguess.) Saint-Evremont sut éviter dans sa prose l’enflure de Balzac et l’affectation de Voiture. (La Harpe.) Toute affectation finit par se déceler et retombe alors au-dessous de sa juste valeur. (Duclos.) L’affectation est à la nature ce que le rouge et le blanc sont à la beauté. (Mirabeau.) L’homme doué d’un esprit juste et solide ne tombe jamais dans l’affectation. (S. Dubay.) Toute affectation est ridicule, même celle par laquelle on prétend s’éloigner de l’affectation. (Brisson.) S’il y a chez nous une affectation, ce n’est pas celle de vertu, c’est celle de vice. (H. Taine.) Pour fuir la vulgarité, on arrive à l’affectation la plus abominable. (H. Beyle.)

Ce n’est que jeu de mots, qu’affectation pure,
Et ce n’est pas ainsi que parle la nature.
Molière.
C’est l’affectation qui grasseye en parlant,
Écoute sans entendre et lorgne en regardant.
Voltaire.
Point d’affectation ; le plus simple langage
Est bien plus expressif et plaît bien davantage.
Gresset.

— Prétention à des sentiments, à des qualités qu’on n’a pas ou qu’on a peu ; exagération calculée : Il a du bon et du beau, qu’il gâte par l’affectation du grand et du merveilleux. (La Bruy.) Sa modération n’était que vanité et affectation de vertu. (Fén.) On apercevait son trouble dans son affectation à paraître tranquille. (J.-J. Rouss.) Cette affectation de froideur et d’éloignement amenant une sorte de désespoir chez sa pauvre filleule, il essaya d’un autre système. (G. Sand.) Hélas ! oui ! on pleure par affectation aussi bien que par émotion vraie. (G. Sand.)

— Se dit aussi au pl. : On ne saurait la corriger de ses affectations. (Acad.) Elle a des affectations insupportables ; elle ne parle qu’à certaines gens. (Tall. des Réaux.) Que dirai-je de ces affectations de voir et d’être vues ? (Fléch.) En fait de style, le raffinement est la pire de toutes les affectations. (Bouhours.) De toutes les affectations, la plus difficile est celle de la libéralité. (Boiste.)

— Destination, imputation, application, attribution d’une chose à un usage déterminé : Affectation d’une somme à telle dépense. Affectation d’une somme à l’acquisition d’un terrain.

— Jurispr. Affectation hypothécaire, Acte par lequel on hypothèque un ou plusieurs immeubles pour garantir une obligation. || Affectation domaniale, Acte public qui affecte des terrains ou parcelles de terrain, faisant partie du domaine de l’État, au service d’une administration publique. || Le mot affectation s’applique encore aux charges que la loi, pour un service public, impose aux propriétés privées, et notamment aux bois des particuliers.

— Administr. forest. Faculté temporaire, accordée à un établissement industriel, de prendre à prix réduit dans les forêts de l’État le bois nécessaire à son exploitation.

Syn. Affectation, afféterie. L’affectation est une manière d’être, de parler et d’agir qui s’éloigne du naturel, et qui souvent aussi manque de sincérité : Les sophistes étalaient avec affectation tout ce que l’éloquence a de plus pompeux. (Roll.) L’afféterie consiste dans des manières étudiées, contraires à la simplicité ; c’est une sorte de mignardise, une affectation des grâces : Dans la Pluralité des Mondes, l’art de Fontenelle est encore mêlé d’affectation, et même d’une afféterie galante, déplacée partout et plus encore dans un livre de physique. (La Harpe.) On tombe dans l’affectation en courant après l’esprit, et dans l’afféterie en courant après les grâces. (***.)

Antonymes. Aisance, naturel, simplicité.

Épithètes. Vaine, sotte, puérile, ridicule, basse, fade, insipide, choquante, fière, impertinente, exagérée, outrée, excessive, fatigante, rebutante, pédantesque, magistrale.

AFFECTÉ, ÉE (a-fek-té) part. pass. du v. Affecter. Impressionné : Dès notre enfance, nous sommes affectés de diverses manières par les objets qui nous environnent. (J.-J. Rouss.) L’animal n’agit qu’autant qu’il est affecté, c’est-à-dire qu’il sent. (Buff.) Le goût peut être désagréablement affecté. (Brill.-Sav.) On peut demander si tous les hommes sont affectés de la même manière par le même objet. (Jacquier.) L’ouïe peut être affectée directement par la qualité du son ou par la quantité. (Dumont.) Chabert fut désagréablement affecté d’être obligé de le recevoir dans la chambre qu’il occupait. (Balz.) || Sensible à, tourmenté, affligé : Il fut affecté jusqu’aux larmes par ce récit. Il est très-affecté de cette perte. Plus indigné de cette bassesse qu’affecté par mon propre intérêt, je rejetai hautement sa proposition. (J.-J. Rouss.) Dans le monde, on disait qu’elle était si affectée de vieillir qu’elle en était malade. (G. Sand.) || Troublé dans ses fonctions : Notre malade est attaqué, affecté, possédé de cette sorte de folie. (Mol.) Ma poitrine est affectée. (J.-J. Rouss.) Ne buvez pas assez pour que votre tête en soit affectée. (Renouard.)

Oui, j’ai, je le sens bien, le moral affecté.
C. Delavigne.

— Fig. En parlant des choses, Hors de la nature ; feint, simulé, recherché, exagéré : La simplicité affectée est une imposture délicate. (La Rochef.) Rien n’est simple, tout est affecté ; on s’éloigne de la nature. (Volt.) La sagesse n’a rien d’austère ni d’affecté. (Fén.) On se tait : ce silence affecté le choque. (Fén.) La modestie affectée est plus insupportable que la vanité. (Bignicourt.) Elle l’accablait de politesses affectées très-maladroites et presque blessantes. (G. Sand.) || Qui a de l’affectation, en parlant des personnes : Une personne affectée dans ses manières, ses vêtements, son langage, etc. Quelquefois des hommes très-vrais sont affectés dans leurs expressions et dans leur physionomie, comme s’ils avaient quelque chose à cacher. (Mme de Staël.)

— Naturel, inhérent, attaché à ; qui est le propre de : Le chant a été de tout temps affecté aux bergers. (Mol.) Cet amour est singulièrement affecté aux démocraties. (Montesq.) Les ambassadeurs étendaient le droit de franchise affecté à leur maison, jusqu’à une très-grande distance. (Volt.) L’instinct affecté à l’homme, c’est l’amour de la patrie. (Chateaub.) || Destiné, appliqué, réservé à certains usages : Fonds affectés à l’entretien d’une école. Suivant l’intention de ce système, les fonds du roi doivent être affectés sur tous les fonds du royaume, de quelque nature qu’ils puissent être. (Vauban.) Le revenu de la terre est affecté au payement de la créance. (Turgot.) Son capital est affecté aux avances de l’entreprise. (Turgot.) La valeur du fonds est affectée à la sûreté de son capital. (Turgot.)

Et sur le trône au seul rire affecté,
Le rire seul eut droit d’être excité.
J.-B. Rousseau.

— Algèb. Se dit d’une quantité modifiée par un signe, c’est-à-dire un coefficient, un exposant, etc.

— Dr. canon. Se disait d’un bénéfice chargé d’un mandat, indult, ou réservation du pape.

Syn. Affecté, apprêté, compassé, composé, étudié, guindé, maniéré, recherché. Recherché indique que l’on pousse le bon goût et la distinction jusqu’à la minutie : Homme recherché dans sa mise, dans ses expressions. Étudié renferme une idée de pédantisme ou d’astuce : Il n’est point naturel, il est étudié. (Acad.) Maniéré exprime la prétention ridicule que certaines personnes mettent dans leurs gestes ou dans leurs paroles : Les gens maniérés sont presque toujours froids et faux. (Boiste.) Affecté marque la recherche dans les manières et le langage : Ce qui m’étonne, c’est qu’après tant de communions on en voie toujours parmi vous d’aussi passionnées pour cette vanité, d’aussi affectées dans leur personne, d’aussi curieuses de plaire. (Bourdal.) Apprêté ajoute à l’idée d’affecté : Buffon n’est ni roide comme Thomas, ni apprêté comme Fontenelle. (La Harpe.) Guindé renchérit encore sur l’idée exprimée par apprêté : Quel style épistolaire ! qu’il est guindé ! que d’exclamations ! que d’apprêts ! (J.-J. Rouss.) Composé exprime les allures de certains pédants et les manières hypocrites de certains dévots : Il n’y a que les sottes qui se permettent d’attraper les hommes par des airs composés. (Regnard.) Compassé se dit de ce qui est d’une régularité, d’une symétrie minutieuse : Tout était si exactement compassé chez M. de Cambrai qu’il mourut sans devoir un sou, et sans argent. (St-Sim.)

AFFECTER v. a. ou tr. (a-fèk-té–Iat. affectare, même sens). Faire une chose avec ostentation, avec affectation : Il affecte de dire en secret des choses insignifiantes. (Acad.) Nous affectons souvent de louer avec exagération des hommes assez médiocres. (La Bruy.) On n’est jamais ridicule que par les qualités qu’on affecte d’avoir. (La Rochef.) Si j’étais un auteur connu, j’affecterais peut-être de débiter des vérités à mon désavantage. (J.-J. Rouss.) Quand vous priez, n’affectez pas de parler beaucoup, à l’exemple des païens. (De Sacy.) Bonaparte affectait de fuir la foule et de se cacher aux regards. (Thiers.) Les courtisanes affectent de mépriser la vertu qu’elles envient. (G. Sand.) Il affectait d’ignorer la politesse par haine pour l’imitation. (G. Sand.)

Pour éblouir les yeux, la fortune arrogante
Affecta d’étaler une pompe insolente.
Boileau.
Perse en ses vers obscurs, mais serrés et pressants,
Affecta d’enfermer moins de mots que de sens.
Boileau.
Prêtez attention à tout ce qu’on vous dit,
Et n’affectez jamais d’avoir beaucoup d’esprit.
Fénelon.

|| Feindre, simuler, contrefaire, faire semblant d’avoir : Affecter l’air distrait. Affecter de grands airs. Si nous ne sommes pas chrétiens, pourquoi affectons-nous de le paraître ? (Bourdal.) Il est un âge où, quand même on ne serait pas sage, il faut affecter de l’être, si l’on ne veut pas passer pour ridicule. (Fléch.) Il n’y a pas de plus vil esclave que celui qui affecte un vice ou une vertu pour plaire aux autres. (Boiste.) Elle tremblait d’une violente émotion intérieure, mais elle affectait un air dégagé, que semblait lui imposer la circonstance. (G. Sand.) Il faut affecter un visage serein, quand mille craintes viennent m’assaillir. (Scribe.) Le fat affecte un dédain absolu pour toutes les convenances. (Laténa.)

Il affecte pour vous une fausse douceur.
Racine.


|| Dans ces deux premières acceptions, le mot affecter est presque toujours suivi de la prép. de avec un infinitif.

— Faire un usage fréquent, généralement ridicule ou vicieux, de certaines choses ; abuser : Affecter certains mots. Il affecte les usages anglais. Le souvenir de la jeunesse est tendre dans les vieillards ; ils aiment les lieux où ils l’ont passée ; ils affectent quelques mots du premier langage qu’ils ont parlé. (La Bruy.) Elle affecte toujours un son de voix languissant et niais. (Mol.)

Il affecte un air leste et des soins empressés.
Fr. de Neufchateau.


|| Marquer de l’attachement, de la prédilection pour certaines choses : Chaque acteur affecte particulièrement certains rôles. (Acad.) Il est des climats dans chaque continent que les animaux affectent de préférence ou de nécessité. (Boss.) || Rechercher une chose avec ambition, y aspirer s’y porter avec ardeur : César affectait la première place et ne voulait point d’égal. (Trév.) Valère fut soupçonné par le peuple d’affecter la tyrannie. (Boss.) L’Angleterre affectait la souveraineté des mers. (Volt.) Ce qu’on affecte le plus en public, c’est d’y être sans affectation. (Fr. Guide.) La jeunesse affecte l’indépendance de la maturité. (P. Janet.)

Quel droit as-tu reçu d’enseigner, de prédire,
De porter l’encensoir et d’affecter l’empire ?
Voltaire.


|| Avoir une disposition à prendre certaines formes, certaines configurations : Le sel marin affecte dans sa cristallisation la figure cubique. (Acad.) Fig. : La vanité prend, suivant les formes qu’elle affecte, des noms différents. (Arnault.) Par la nature des choses, l’impôt affecte quelquefois la forme d’une capitation. (Mich. Chev.) || Toucher, émouvoir, affliger : Cet événement l’a beaucoup affecté. (Acad.) Il en lisait à sa mère les endroits qui l’affectaient le plus. (B. de St-P.) Son état m’affecte beaucoup. (Volt.) || Faire impression : Si nous rêvions toutes les nuits la même chose, elle nous affecterait peut-être autant que les objets que nous voyons tous les jours. (Pasc.) || Se dit surtout, au physique, en parlant des impressions douloureuses, d’une souffrance, d’une maladie : Le trop grand usage des drogues peut affecter la poitrine. Cette maladie n’affecte guère que les enfants. Un froid excessif affecte le corps. Le tabac affecte à la longue les nerfs de l’odorat et quelquefois ceux de la vue. (B. de St-P.) Depuis trois jours, une inconcevable maladie affecte l’équipage. (E. Sue.) || Destiner, imputer, appliquer une chose à un certain usage : Affecter une somme à telle dépense. Il fallut affecter des fonds à ces dépenses nécessaires. (Volt.) On fait un emprunt ; mais on affecte le payement de cet emprunt sur une branche des revenus des années suivantes. (Napol. Ier.) || Attacher, annexer, attribuer : Affecter un droit à une charge, un privilége à une dignité.

— Absol. Il affecte en parlant. Cet acteur a des qualités éminemment dramatiques, mais en général, il affecte trop. Il y a des hommes qui affectent dans tout ce qu’ils font.

S’affecter, v. pr. Être ému, touché ou affligé ; ressentir une impression ordinairement fâcheuse : Je crus qu’il s’affecterait de mon inconstance. (J.-J. Rouss.) Je me suis affecté de leurs outrages, au point d’en tomber dans l’abattement et presque dans le désespoir. (J.-J. Rouss.) Les âmes sensibles s’affectent fortement et rapidement. (J.-J. Rouss.) Les hommes qui ont la puissance oratoire sentent vivement et s’affectent de même. (Buff.) L’égoïste voudrait ne s’affecter de rien, et tout l’affecte. (Boiste.) Tu t’affectes trop. (G. Sand.) Marie, Marie, je vous gronderai si vous vous affectez ainsi de terreurs imaginaires. (E. Sue.) || Être feint, contrefait, simulé : La véritable douleur ne peut s’affecter.

Syn. Affecté, afficher, se piquer. Affecter, c’est manifester une prétention : On n’est jamais si ridicule par les qualités que l’on a que par celles qu’on affecte d’avoir. (La Rochef.) Afficher, c’est faire parade d’un défaut ou d’une qualité : Véritable philosophe qui pratique, sans l’afficher, cette sagesse que tant d’autres affichent sans la pratiquer. (D’Alemb.) Se piquer, c’est avoir de soi-même une certaine opinion, bien qu’on ne le fasse pas toujours paraître : Un chrétien doit se piquer principalement de soumission à la volonté de Dieu. (Calv.)

AFFECTIBILITÉ s. f. (a-fèk-ti-bi-li-té — rad. affecter). Néol. État d’une personne qui peut être facilement et vivement affectée : La sensibilité fait tout notre génie, mais l’affectibilité par les passions, commune chez les femmes, n’est-elle-pas, tout au contraire, débilité, épuisement ? (Virey.)

AFFECTIF, IVE adj. (a-fèk-tif, i-ve — du lat. afficere, affectum, toucher fortement). Qui inspire de l’affection, qui émeut, qui touche l’âme, qui impressionne, qui attire à soi. Se dit surtout dans le langage ascétique : Un discours, un geste affectif. Saint Bernard est un des Pères de l’Église les plus affectifs. (Acad.) Si la science de saint François de Sales reluit parce qu’elle est claire, elle réchauffe en même temps parce qu’elle est tendre et affective. (Boss.) Que n’ai-je ce style tendre et affectif dont il se sert pour reconnaître sa misère, pour louer les miséricordes de son libérateur ? (Fléch.) || Sensible, impressionnable : Nature affective. Naturel tendre et affectif. L’homme n’est pas seulement une intelligence, il n’est pas seulement un être contemplatif ; mais il est aussi un être affectif et opératif. (Lacordaire.) || Qui provient des sens, qui est le résultat de la sensibilité : Facultés affectives. Puissance affective. Les premières sensations des enfants sont purement affectives ; ils n’aperçoivent que le plaisir et la douleur. (J.-J. Rouss.) L’homme se dénature en quelque sorte en se dépouillant de ses passions affectives. (Alibert.) || Qui consiste dans les sentiments et les actes intérieurs. Se dit par opposition à effectif : Amour affectif. Prière affective. Vertus affectives.

— Gramm. Se dit des mots qui servent à peindre d’un seul trait les affections subites de l’âme, tels que les interjections : C’est ce que Beauzée a très-bien indiqué, quand il a mis les interjections toutes seules sous le titre de mots affectifs, tous les autres mots étant énonciatifs. (J.-B. Jullien.) || S’empl. substantiv. dans le même sens  : Les affectifs ont été le premier langage oral de l’homme ; ils sont le point de départ de toutes les langues. (Darjou.)

AFFECTION s. f. (a-fek-si-on — lat. affectio, même sens). Impression reçue par l’âme ; disposition résultant de cette impression : Les affections de l’âme. La privation d’un sens entraîne celle des affections qui lui sont relatives. (Jacquier.) Tous les hommes sont à peu près organisés de la même manière ; ils ont tous les mêmes sens et éprouvent les mêmes affections. (Jacquier.) || Se dit en général de toutes les impressions que l’âme éprouve, comme les penchants, les mouvements du cœur, les sentiments d’attachement, les préférences, etc. : C’est de nos affections bien plus que de nos besoins que naît le trouble de notre vie. (J.-J. Rouss.) Les affections désordonnées corrompent le jugement ainsi que la volonté. (J.-J. Rouss.) Un enfant n’a que deux affections bien marquées : c’est la joie et la douleur. (J.-J. Rouss.) Ce n’est que par les exercices du corps que vous distrairez les affections de l’âme. (B. de St-P.) Les affections qui forcent à s’agiter dans le malheur accroissent la peine par chaque mouvement qu’on fait pour l’éviter. (Mme de Staël.) L’amour heureux est la plus douce des affections de l’âme. (Bergasse.) || Sensations : Non-seulement le corbeau a un grand nombre d’inflexions de voix répondant à ses différentes affections intérieures, il a encore le talent d’imiter le cri des autres animaux. (Buff.) || Attachement, dévouement, amitié, tendresse : Tendre affection. Affection paternelle. Celui-ci est mon fils bien-aimé, dans lequel j’ai mis toute mon affection. (Évang.) L’affection des hommes a coutume de changer avec la fortune. (La Rochef.) Il s’appliqua à gagner l’affection des vieux capitaines. (Fén.) Il n’y a pas de moyen plus sûr d’acquérir l’affection des autres que de leur donner la sienne. (J.-J. Rouss.) Il n’y a point d’affection saine qui n’ait sa place dans le cœur. (J.-J. Rouss.) Il faut mériter et non rechercher l’affection des hommes. (J. Droz.) L’affection échauffe le cœur. (P. Crasset.) On ne peut espérer de véritable affection que de ceux qui sont naturellement doux et aimants. (J. Joubert.) Sans estime, l’affection d’un mari pour sa femme est nulle ; la confiance est la mesure de l’affection. (Mme de Praslin.) L’affection véritable