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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/219

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peuples barbares presque semblables aux nègres.

AGOSTA, ville de Sicile, à 15 kil. de Syracuse, sur la mer Ionienne ; 9,500 hab. Exportation d’huile, miel, vins, sel, etc. Port sûr et spacieux, mais d’accès difficile.

AGOSTIN (Michel), agronome espagnol, né vers 1560 près de Girone, mort vers 1630, enseigna le premier à ses compatriotes que l’agriculture est une véritable science fondée sur l’expérience et l’observation, et fut ainsi pour l’Espagne ce qu’Olivier de Serres avait été pour la France. On lui doit un ouvrage intitulé : Libro de los Segretos de agricultura ( les Secrets de l’agriculture), divisé en cinq livres et suivi d’un index ou table des termes d’agriculture, en six langues.

AGOSTINI (Léonard), antiquaire italien du xviie siècle, a laissé un ouvrage très-estimé sur les Pierres antiques, Rome 1636. Il a donné aussi une nouvelle édition, avec continuation, de la Sicile décrite par les médailles, de Paruta. Il était inspecteur des antiques à Rome.

AGOSTINI (le P. Jean Degli), biographe italien, religieux de l’ordre de Saint-François, né à Venise en 1701, mort en 1755, était bibliothécaire du couvent della Vigna, dans sa ville natale. On a de lui : Notices historico-critiques concernant la vie et les ouvrages des écrivains vénitiens (en italien), monument patriotique que la mort l’empêcha de compléter.

AGOT s. m. (a-go). Hist. Syn. de cagot.

AGOTKON s. m.. (a-got-kon). Nom donné aux sorciers et aux jongleurs, chez les Iroquois.

AGOUANTE adj. f. (a-gou-an-te). Se dit, dans le patois de l’Orléanais, d’une femme revêche, de mauvaise humeur : Oh ! Louise, vous êtes bien agouante aujourd’hui.

AGOUANTISE s. f. (a-gou-an-ti-ze — rad. agouante). Mauvais accueil, rebuffade : Elle ne me fait plus maintenant que des agouantises. Ce mot appartient au patois de l’Orléanais.

AGOUB (Joseph), littérateur, né au Caire en 1795, mort à Marseille en 1832, vint en France à l’âge de six ans, à la suite de l’armée française, fit de brillantes études dans cette dernière ville, et se rendit ensuite à Paris, où il fut nommé, en 1820, professeur de langue arabe au collège Louis le Grand. Destitué en 1831, il se retira à Marseille et y mourut de chagrin l’année suivante. Il a publié un grand nombre d’articles d’histoire et de critique, ainsi que des poésies, dans les revues et les recueils périodiques de l’époque.

AGOUCHI s. m. (a-gou-chi). Mamm. Petit mammifère d’Amérique. Il diffère de l’agouti par sa queue, qui est un peu plus longue, et par l’absence de crêtc derrière la tête. Il habite la Guyane, les îles de Grenade et de Sainte-Lucie, où il vit dans les bois.

AGOULT (Marie de Flavigny, comtesse d’), femme de lettres française, née à Francfort-sur-le-Mein en 1805, épousa le comte d’Agoult en 1827. Elle a publié, sous le pseudonyme de Daniel Stern, de nombreux articles littéraires dans la Presse, la Revue des Deux-Mondes et la Revue indépendante ; puis, en volumes, des romans et diverses productions : Nélida (1845) ; Lettres républicaines (1848) ; Esquisses morales et politiques (1849) ; Histoire de la Révolution de 1848, et plus récemment, Trois journées de la vie de Marie Stuart (1856). Tous ces écrits sont très-remarquables par la forme comme par le fond des idées. Mme la comtesse d’Agoult s’était ralliéé d’enthousiasme aux idées qui triomphèrent en février 1848. Elle sembla même se rapprocher de celles qui furent vaincues en juin ; elle inclina du moins vers un socialisme assez vague, mais qui se manifestait surtout en sympathies ardentes pour les classes populaires.

AGOUPY s. m. (a-gou-pi). Ornith. Nom du rouge-gorge dans certains pays.

AGOUT, riv. de France, prend sa source dans les Cévennes, passe par Castres, Lavaur, et se jette dans le Tarn, après un cours de 89 kil.

AGOUTI s. m. (a-gou-ti). Mamm. Quadrupède appartenant à l’ordre des rongeurs. Sa taille est celle du lapin : L’agouti est dans les Antilles et les parties chaudes de l’Amérique, le représentant de nos lièvres et de nos lapins.

Encycl. L’agouti constitue un genre dans l’ordre des rongeurs ; il ressemble au cavia (vulgairement cochon d’Inde) par sa conformation extérieure ; au lapin et au lièvre par sa taille, ses mœurs, et ses habitudes. Il a l’instinct de se peigner et de se nettoyer souvent, comme les chats, aussi est-il toujours lisse et luisant. Son pelage est généralement d’un fauve orangé teinté de noir, avec des nuances verdâtres, plus sensibles sur les membres.

L’agouti habite la Guyane et les îles voisines ; il vit dans les bois et se loge dans les trous des vieux arbres, qu’il agrandit et arrange de manière à s’en faire une habitation commode. Il se nourrit surtout de substances végétales, racines, feuilles, fruits, graines ; il paraît cependant qu’il mange aussi de la chair. Il se sert de ses pattes, comme l’écureuil, mais avec moins d’habileté, pour prendre ses aliments et les porter à sa bouche.

On rencontre souvent les agoutis par troupes de vingt à trente individus ; on leur donne la chasse, pour leur chair, qui est assez délicate et très-estimée dans le pays. Comme ils courent très-vite, il est difficile de les forcer en plaine ou dans les montées ; mais dans les descentes rapides on les prend plus aisément.

L’agouti s’apprivoise facilement. La peau de certaines espèces sert, chez diverses peuplades de l’Amérique, à fabriquer des vêtements.

AGOYATE s. m. (a-go-ia-te — du gr. agoiato ; formé de agò, je conduis). Guide, conducteur qui, en Grèce, accompagne les voyageurs et porte les bagages : L’agoyate voyage à pied sans se fatiguer ; il passe l’eau sans se mouiller, il se nourrit le plus souvent sans manger. (Ed. About.)

AGRA (l’évêque d’), titre fictif de l’abbé de Folleville, président du conseil supérieur des Vendéens insurgés. V. Folleville.

AGRA, ville de l’Indoustan anglais, ch.-lieu du district de ce nom, présidence de Calcutta, à 1,520 kil. de cette ville et à 200 de Delhy, sur la rive droite de la Djumma ; 149,000 hab. Cette ville, autrefois florissante et capitale de l’empire mogol, est auj. remplie de ruines. Commerce considérable de châles, chevaux, chameaux, sel gemme, fruits et drogues importés de Perse, cotons et marchandises européennes tirées de l’Indoustan méridional. Exportations principales : soie, indigo, sucre.

AGRA s. m. (a-gra). Bois de senteur provenant de la Chine.

AGRAFAGE s. m. (a-gra-fa-je — rad. agrafe). Techn. Action d’agrafer. || Espèce de soudure : L’agrafage n’a lieu que pour les vases qui sont destinés à supporter une haute température. (Encycl.) L’agrafage est plus particulièrement employé pour les ustensiles en fer-blanc. (Encycl.)

AGRAFE s. f. (a-gra-fe — du gr. agra, prise, ou de l’allem, greifen, saisir). Crochet de métal qui s’engage dans un anneau appelé porte, et sert à joindre les bords opposés d’un vêtement, etc. Aujourd’hui les couturières font une énorme consommation d’agrafes. La fabrication des agrafes a été révolutionnée en 1843 par une machine ingénieuse, qui peut en donner deux cents par minute. (Maigne.) Plusieurs manuscrits couverts de lames d’or ou de bois odorant étaient fermés avec de fortes agrafes d’acier. (Villem.). Elle portait un turban juif enrichi d’une agrafe orientale. (Balz.) La novice détacha l’agrafe d’or qui retenait son voile sur son front. (G. Sand.) Les Romains relevaient leur robe par une agrafe jusqu’au de la cuisse. (Maquel.)

Agrafe en diamants, etc., Agrafe montée en diamants, etc. : Vous avez là une charmante agrafe de pierreries. (Balz.) || Agrafe-châtelaine, Espèce d’agrafe dont on se sert pour retenir les montres : Une agrafe-châtelaine. Des agrafes-châtelaines. || Agrafe-page, Petite pince au moyen de laquelle on relève la robe sans être obligée de la tenir à la main. || Pl. Des agrafes-pages.

— Chirurg. Agrafe de Valentin, Sorte de pince à branches parallèles, employée par le chirurgien Valentin dans l’opération du bec-de-lièvre pour opérer le rapprochement des bords de la plaie.

— Archit. Crampon de fer qui unit les pierres entre elles et les empêche de se disjoindre. || Se dit aussi de tout ornement de sculpture qui semble unir entre eux plusieurs membres d’architecture ; telles sont les consoles qui sont placées à la tête des arcs, et paraissent relier les moulures de l’archivolte avec la clef de l’arc.

— Bot. Poils durs et recourbés en crochet, appelés plus ordinairement poils crochus.

— Hortic. Ornement qui relie deux figures dans un parterre.

— Serrur. Sorte de boucle en fer qui sert à fermer en même temps la croisée et les volets.

AGRAFÉ, ÉE (a-gra-fé) part.-pass. du v. Agrafer. Attaché avec des agrafes : Quelquefois je la surprenais en robe blanche à peine agrafée autour du cou. (Lamart.) Ces longues bandes étaient agrafées par des nœuds de perles. (Balz.)

— Par ext. Se dit aussi des personnes, pour indiquer que leurs agrafes sont bien ou mal attachées : Vous pensez bien que vous ne devez pas rester un instant de plus, à moins que ne vouliez être vue mal coiffée et mal agrafée. (G. Sand.)

AGRAFER v. a. ou tr. (a-gra-fé — rad. agrafe). Attacher avec une agrafe : De nouvelles agrafes permettent aujoud’hui d’agrafer soi-même le corsage des robes.

— Par ext. Se dit de la personne même dont on attache les agrafes : Sa femme de chambre mit un quart d’heure à l’agrafer.

Tu m’agrafes toujours comme on agrafe un prêtre ;
Tu serres mon pourpoint, et j’étouffe…
V. Hugo.

Agrafer quelqu’un, Le saisir vivement, surtout au collet. || Agrafer un soldat, Le consigner dans son quartier, l’empêcher de sortir : J’ai jeté la clarinette par terre, et l’on m’a agrafé pour huit jours. (Vidal.) Triv. et pop.

S’agrafer, v. pr. S’attacher : Sa robe s’agrafait aux poignets.

— Par ext. Être fixé : Les anses de ce pot s’agrafent avec une élégance parfaite au col et aux flancs, d’un galbe délicieux. (Th. Gaut.)

S’agrafer à quelqu’un, S’y attacher, ne pas vouloir le quitter. Pop.

Antonymes. Dégrafer, désagrafer.

AGRAIRE adj. (a-grè-re — du lat. agrarius ; de ager, champ). Se disait, chez les Romains, des lois qui avaient pour objet de distribuer aux citoyens les terres provenant de la conquête : Ce fut vers l’an de Rome 268 que le tribun Cassius proposa la première loi agraire. (Encycl.) || S’applique aujourd’hui assez souvent à un système de législation qui aurait pour but le partage égal des terres entre les pauvres et les riches : La Convention prononça la peine de mort contre quiconque proposerait une loi agraire. Il ne faut pas confondre avec la loi agraire l’utopie communiste qui, loin de partager les propriétés, les concentre entre les mains de l’État. (F. Pillon.) Platon est communiste dans la République, et partisan de la loi agraire dans les Lois. (F. Pillon.) || Qui concerne les champs, les terres, les biens-fonds : Mesure agraire.

Agraires (lois). Dans son acception la plus générale, ce nom s’appliquait, chez les Romains, à toute disposition ayant pour objet d’assurer aux citoyens pauvres une part dans l’exploitation des terres conquises, affermées dans l’origine aux patriciens, qui, non-seulement n’en payaient plus le cens et transformaient ces possessions toujours révocables en propriétés, mais encore les augmentaient sans cesse par de nouvelles usurpations. Les lois agraires, effroi de la noblesse, arme de guerre entre les mains des tribuns du peuple, et qui soulevèrent tant d’orages, avaient donc pour but de limiter ces usurpations en revendiquant et le droit imprescriptible de l’État, et le droit des plébéiens de participer à l’exploitation des terres publiques. La plus célèbre était la loi Licinia, obtenue l’an 376 av. J.-C., et qui limitait à cinq cents arpents la quantité de terres domaniales que pouvaient posséder les détenteurs, et prescrivait en outre le payement des fermages. Elle ne fut jamais exécutée, malgré les plaintes du peuple, que les patriciens essayaient parfois d’apaiser par la concession de quelques parcelles au loin. Les Gracques firent revivre pour un moment la loi Licima, qui fut définitivement abrogée après leur immolation par l’aristocratie. Néanmoins, on compte encore plusieurs lois agraires jusqu’à celle que fit rendre César consul, et qui concédait les terres publiques de la Campanie aux plébéiens pères de trois enfants. Sous les empereurs, il n’y eut plus de lois agraires proprement dites, mais de simples distributions sans aucun caractère de légalité, et qui n’étaient le plus souvent que le fruit de violentes dépossessions.

On a cru longtemps, et cette erreur paraît remonter à la renaissance des lettres, qu’à Rome les lois agraires avaient rapport au partage des propriétés particulières, et ressemblaient par exemple à celles que Lycurgue établit à Sparte. Mably et Montesquieu avaient professé cette fausse opinion, que partageait également la Convention lorsqu’elle prononça, le 17 mars 1793, la peine de mort contre quiconque proposerait une loi agraire, c’est-à-dire tendant au partage égal des terres entre tous les citoyens. Les travaux de Heyne, de Savigny et de Niebuhr ont, à cet égard, rétabli la vérité historique. Ainsi le reproche de partisan de la loi agraire, ordinairement adressé à ceux qui demandent le nivellement des propriétés, ne saurait s’appliquer dans ce sens aux Gracques.

AGRAIRIEN, ENNE adj. (a-grè-ri-ain, è-ne — rad. agraire). Qui concerne la loi agraire, qui s’y rapporte : Voilà ce que de nouveaux enfants de Jason appelaient le moyen de réaliser l’heureux système de la révolution agrairienne. (Villate.) Le rédacteur prétend que ce n’est pas la première fois que le Times accuse M. Cobden de professer des doctrines agrairiennes. (Journ.)

— s. m. Néol. Partisan des lois agraires. V. Agrarianisme et Agrarien.

AGRAM, ville forte de Croatie, ch.-lieu du comitat de ce nom ; 20,000 hab. Siége des États de Croatie et d’Esclavonie, évêché, haute cour, école académique. Parmi les édifices, on remarque la cathédrale, le palais épiscopal, le palais des États, et un beau port sur la Save.

AGRAMANT, personnage du Roland furieux (V. ce mot) de l’Arioste, le chef de l’armée qui assiége Paris. En voyant les dangers dont il est menacé, Charlemagne se rend à la cathédrale avec tous ses guerriers et adresse à Dieu de ferventes prières, que, saint Michel, le patron de la France, porte aux pieds du trône de l’Éternel. L’archange reçoit aussitôt l’ordre de descendre sur la terre, d’aller trouver la Discorde, à laquelle il ordonne de se jeter au milieu du camp ennemi et de semer la division parmi les chefs. De là est venue cette phrase proverbiale : La discorde est au camp d’Agramant. La valeur impétueuse de ce personnage est également passée en proverbe, et l’on y fait de fréquentes allusions :

« La mère pleurait, la fille boudait dans un coin, le père gesticulait et tempêtait ; je restai cinq minutes sur le seuil de la porte : « Oh ! oh ! m’écriai-je en entrant, la discorde est au camp d’Agramant. »           Revue de Paris.

« Les massacres accomplis dans Madrid, le 2 mai, commencèrent l’insurrection générale. Murat eut le malheur de voir ces troubles. Ce chef des braves avait de l’allure du roi Agramant, et volait à la charge avec un délire de joie et de courage, comme s’il eût été porté sur l’hippogriffe. » Chateaubriand.

AGRANDI, IE (a-gran-di) part. pass. du v. Agrandir. Rendu plus grand : Un château, un parc agrandi. Ce temple fut agrandi et réparé par Hélène. (Chateaub.) || Fig. Élevé, ennobli : Dans sa tête agrandie, les pensées se succédaient plus douces, plus consolantes, plus affectueuses. (Saintine.) C’est par l’étude seule que la vie peut être agrandie. (Flourens.)

    Mon âme agrandie,
S’élançant d’une aile hardie,
De la terre a quitté les bords.
Malfilatre.

AGRANDIR v. a. ou tr. (a-gran-dir — rad. grand). Rendre plus grand, plus vaste, plus étendu : Agrandir une maison, une ville, une plaie. Charles XII a été le premier qui ait eu l’ambition d’être conquérant sans avoir l’envie d’agrandir ses États. (Volt.) Le résultat de la première guerre a été d’agrandir la France de la Belgique et du Piémont. (Napol. Ier.) Il est clair qu’en nous débarrassant de notre mobilier, j’ai agrandi la chambre. (A. Karr.)

Puis-je oublier les soins d’agrandir votre empire ?
Corneille.
                    De votre héritage
Vous avez beau vouloir étendre les confins,
Quand vous l’agrandiriez trente fois davantage,
     Vous auriez toujours des voisins.
J.-B. Rousseau.


|| Faire paraître plus grand : Ce vêtement agrandit la taille. Nous cherchons à agrandir notre figure par des chaussures élevées, par des vêtements renflés. (Buff.)

— Par ext. Rendre plus riche, plus puissant, plus élevé en dignités : La sagesse que je dois louer n’est pas celle qui élève les hommes et qui agrandit les maisons. (Boss.) Le roi occupé de l’établissement de ses bâtards, qu’il agrandissait de jour en jour, avait marié deux de ses filles à deux princes du sang. (St-Sim.)

Rome a voulu le perdre, et non pas m’agrandir.
Corneille.


|| Amplifier, exagérer : Cet homme est un peu sujet à agrandir le récit. (Acad.) La souffrance agrandit tout. (Balz.)

L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes,
Approfondit le temps, creuse la volupté.
Baudelaire.

— Fig. Élever, ennoblir, fortifier : Il y a des passions qui resserrent l’âme, il y en a qui l’agrandissent. (Pasc.) La lecture agrandit l’âme. (Volt.) Homère laisse toujours dans notre âme une impression profonde qui semble l’étendre et l’agrandir. (Barthél.) L’homme agrandit son courage par toutes les facultés de son âme. (Alib.) || Imprimer un caractère de grandeur à ce qu’on fait, à ce qu’on dit, à ce qu’on écrit : Corneille agrandit ses héros. Dans Bossuet, quand l’idée est grande, la familiarité même de l’expression semble l’agrandir encore. (Marmontel.) La peine qu’on se donne pour enrichir des sujets stériles, pour agrandir de petits objets, est au moins inutile, souvent importune. (Marmontel.) Buffon agrandit toutes les questions auxquelles il touche. (Flourens.)

— Absol. Méfiez-vous de ce qu’il dit, il agrandit toujours. De tous nos orateurs, Bossuet est celui qui a le mieux connu l’art d’agrandir. (Marmontel.)

S’agrandir, v. pr. Devenir plus grand, plus étendu : Paris s’agrandit tous les jours. Le lit du torrent s’est considérablement agrandi. L’espace devant moi s’agrandit. (Lamart.) || Augmenter ses possessions, ses terres, son héritage, s’enrichir : La Russie tend à s’agrandir du côté de l’Orient. Il s’est bien agrandi du côté de la rivière. (Acad.) Les princes s’agrandissent en reculant les bornes de leurs États, et croient par là augmenter leur puissance. (Girard.) Philippe IV, roi d’Espagne, ayant perdu le Portugal, s’en consola en prenant le titre de Grand. Le duc de Médina-Cœli dit à ce sujet : « Notre roi ressemble à un fossé ; plus on lui ôte, plus il s’agrandit. »

— Augmenter sa puissance, son crédit : Un ambitieux se laisse dominer par la passion de s’agrandir. (Bourdal.) On ne se pousse et on ne s’agrandit dans le monde que pour augmenter l’idée que chacun se forme de soi. (Nicole.)

Puisqu’elle va combattre, elle va s’agrandir.
Corneille.

— Fig. S’élever, s’ennoblir, se fortifier : À ce spectacle imposant, son esprit s’agrandit, son intelligence se développe, ses nobles instincts s’éveillent. (E. Sue.)

Il me semblait, mon Dieu, que mon âme oppressée
Devant l’immensité s’agrandissait en moi.
Lamartine.

Syn. Agrandir, accroître, augmenter. V. Accroître.

Syn. Agrandir, étendre. On agrandit dans les trois dimensions, on n’étend que dans une seule. Agrandir, c’est embrasser plus d’espace dans tous les sens, rendre plus vaste, plus spacieux ; étendre, c’est agrandir au loin, c’est reporter plus loin les limites. On étend ce qui est court, ce qui manque de longueur. L’action d’agrandir se fait en empiétant dans toutes les directions ; celle d’étendre a lieu dans un sens unique. On agrandit un bassin circulaire, une ouverture carrée, ronde ou ovale, en lui conservant la même forme ; on étend une allée, un sentier dans un pré. Un lapin agrandit son