Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/228

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|| Favoriser, concourir au succès, soutenir : Les machines à vapeur aident les relations commerciales. Une méthode simple et rationnelle aide le progrès des sciences. Le téléscope a beaucoup aidé les astronomes dans les découvertes qu’ils ont faites. (Acad.) Toutes les harmonies de la nature semblaient aider son génie. (Pluche.) On dit que Richelieu, sous Louis XIII, aida la révolution d’Angleterre. (Napol. 1er.) Les vers furent inventés pour aider la mémoire. (H. Beyle.) Elle s’avançait, soutenue par deux novices qui aidaient ses pas chancelants. (Balz.) L’enfant aidait ses goûts de naturaliste en lui rapportant des pièces rares. (Rog. de Beauv.) || Se dit en parlant de Dieu, de la grâce, des biens spirituels : Au lieu d’aider la grâce contre la tentation, vous aidez la tentation contre la grâce même. (Bourdal.) La grâce aide la liberté humaine. (Mass.)

Aider quelqu’un à, Le seconder, contribuer au résultat par son assistance : La pensée de notre bonheur passé doit nous aider à supporter le malheur avec résignation. (Franklin.) Mica entendit raison lorsque Michel dit qu’il allait aider son père à surveiller l’ordonnance matérielle de la fête. (G. Sand.) Le mépris de la vie aide souvent à la conserver. (De Bugny.)

Mes mains vous aideront à ces nobles travaux.
Du Bellay.


|| Aider quelqu’un de, L’appuyer, le soutenir de : Aider quelqu’un de sa bourse, de son crédit, de son autorité. Il faut aider son ami promptement de son conseil, et lentement de son argent. (Sallentin.) Il faut aider les pauvres de son superflu. (Féraud.)

— Manég. Aider un cheval, Lui faire marquer ses temps et ses mouvements avec facilité.

— Mar. Aider un vaisseau dans ses mouvements, Joindre la manœuvre de la voilure à celle du gouvernail. || Aider une ancre, Lui mettre des planches aux pattes, quand le fond de la mer tient mal.

— v. n. ou intr. Aider à quelqu’un, Partager avec lui le travail, la fatigue ; l’assister de sa personne. Aidez à cet homme, qui plie sous la charge qu’il porte. (Acad.) Vite ! Vite ! aidez aux tapissiers, aux fleuristes ou aux allumeurs. Faites quelque chose pour réparer le temps perdu. (G. Sand.) Il lui fallu aussi aider à son père, qui avait encore beaucoup de choses à faire. (G. Sand.) || Aider à une chose, Y contribuer, y concourir, y prendre part : Aider au succès d’une affaire. Un peu de vin pur après le repas aide à la digestion. (Trév.) Aider au mal, c’est autant que le faire. (Lamotte.) La vertu aide au talent. (Rayn.) Il faut que votre mémoire aide à la mienne. (Fén.) Il n’eut rien de plus pressé que d’appeler cette femme pour venir aider au ménage. (G. Sand.) La louange entre amis aide à l’amitié. (St-Marc Gir.)

Aider à la lettre, Suppléer à ce qu’il y a d’incomplet, d’obscur dans le texte d’un passage. Cette façon de parler vient de ce que dans les manuscrits, il y avait des abréviations qu’il fallait déterminer par le sens. || Entrer dans l’intention de celui qui écrit ou qui parle, en expliquant ce qu’il a dit ou écrit d’une manière obscure. || Signifie aussi Altérer la vérité, soit pour amuser, soit pour tromper ceux qui nous écoutent. || Aider à la nature, Accélérer son action, la rendre plus prompte : La nature fait naître dans tous les pays des esprits et des courages élevés, mais il faut lui aider à les former. (Boss.)

— Prov. Dieu aide à trois sortes de personnes : aux fous, aux enfants et aux ivrognes, La Providence semble veiller aux intérêts de ces personnes, qui sont hors d’état de se secourir elles-mêmes. ||

   À qui se lève matin
Dieu aide et prête la main.


Dieu se montre favorable aux gens actifs, laborieux.

S’aider, v. pr. Faire tous ses efforts, employer tous les moyens pour réussir dans une chose : Il faut s’aider pour sortir d’une mauvaise position. Je m’aide, dans l’espérance que Dieu m’aidera, et peut-être enfin bénira-t-il mes peines. (Bussy-Rab.)

Aidez-vous seulement, et Dieu vous aidera.
Régnier.

S’aider de, Se servir d’une personne ou d’une chose, en faire usage : S’aider de la main droite comme de la main gauche. S’aider de de ce qu’on a, de ce qu’on trouve. Il n’y a point de vice qui n’ait quelque ressemblance avec la vertu et qui ne s’en aide. On fera bien de s’aider dans ce travail de ce qu’on appelle le code Henri. (D’Aguess.) Le goût s’est aidé de la vue et de l’odorat. (Brill.-Sav.) On peut chercher à s’aider des autres, mais il ne faut compter que sur soi. (Bonnin.)

— S’assister, se secourir mutuellement : Il faut s’aider mutuellement les uns les autres. (Acad.) Ces deux personnes s’aidaient l’une l’autre à comprendre et à aimer ce qui fait qu’on est juste et bon. (G. Sand.)

          Aidons-nous mutuellement :
La charge des malheurs en sera plus légère.
Florian.

Gramm. Aider quelqu’un, Aider à quelqu’un. Suivant l’Académie, ces deux emplois ne sont pas synonymes. Aider quelqu’un, c’est l’assister, fournir à ses besoins, le seconder, le servir : Aider les pauvres. Aider à quelqu’un signif. lui prêter une assistance momentanée, pour un objet déterminé, et le plus souvent pour un travail qui demande des efforts physiques : Aider à quelqu’un qui plie sous un fardeau. Cette distinction nous semble peu fondée, et elle ne figure ici que parce que l’Académie l’a elle-même consignée dans son dictionnaire. Mais, la chose une fois admise, il en résulte que le participe passé du verbe aider est variable ou invariable suivant qu’on le prendra dans le sens actif ou dans le sens neutre. Cette circonstance exige que l’on fasse bien attention au sens de la phrase. En parlant à plusieurs hommes, on écrira : Il vous a aidé à descendre, parce qu’il s’agit d’un secours actif, d’une participation toute personnelle à l’acte qui offrait des difficultés. On écrira au contraire : Il vous a aidés de sa bourse, de ses conseils, parce que le secours est moins personnel.

Syn. Aider, assister, secourir. Secourir indique un danger ; aider, une peine ; assister, un besoin. On va au secours dans un combat ; on aide à porter un fardeau ; on assiste les pauvres.

Antonymes. Contrarier, contrecarrer, resservir, gêner, grever, incommoder, nuire, paralyser, préjudicier.

Prov. littér.

Aide-toi, le ciel t’aidera.


Vers de La Fontaine dans le Charretier embourbé. Le vers pittoresque qui sert de morale à cette charmante fable est souvent rappelé par les écrivains :

« Je viens à bout de m’échapper, j’arrive aux murailles extérieures ; suspendu à une corde au-dessus des fossés, j’invoque Dieu qui connaît la justice de ma cause, je lui crie, en me laissant tomber : Aidez-moi donc, Seigneur, puisque je m’aide ! Dieu ne m’entend pas, et dans ma chute, je me brise une jambe. »

Berlioz.

« Tandis que les gouvernements constitués échangent des dépêches, les combattants en Pologne redoublent d’énergie. Aide-toi, le ciel t’aidera, les bandes insurgées le sentent, et c’est sur elles-mêmes qu’elles paraissent compter. »            J.-J. Weiss.

Encycl. Hist. Aide-toi, le ciel t’aidera. Nom d’une société politique née sous la Restauration, continuée jusqu’aux lois de septembre, et dont le but était de donner un centre aux idées libérales, d’exciter l’espérance et l’émulation, de diriger les efforts, d’agir sur le corps électoral par des correspondances et des publications, en un mot de réunir en un faisceau puissant toutes les forces de l’opposition, et de lutter par tous les moyens légaux contre les entreprises réactionnaires du pouvoir. « La plupart des fondateurs, dit Armand Marrast, appartenaient au parti doctrinaire, et ils avaient le Globe pour chef-lieu. » La direction de l’association fut confiée à un comité élu au scrutin, tous les trois mois, en assemblée générale ; tout membre résidant ou correspondant devait verser une cotisation mensuelle. Le comité choisissait un secrétaire, qui était spécialement chargé de l’emploi des fonds et de la mise en œuvre des résolutions du comité directeur. La société Aide toi, le ciel t’aidera exerça une influence décisive sur l’adresse des deux cent vingt et un : la révolution de Juillet en sortit. Un grand nombre de nos illustrations politiques ont fait partie de cette société. Nous citerons les noms suivants : Odilon Barrot, Bastide, Béranger, Auguste Blanqui, Cabet, Carnot, Armand Carrel, Godefroy Cavaignac, Duchâtel, Duppont-White, Duvergier de Hauranne, Flocon, Garnier-Pagès, Guinard, Guizot, La Fayette père. La Fayette fils, Lanjuinais, J. Lasteyrie, Lerminier, Cauchois-Lemaire, Ch. de Rémusat, J.-B. Say, Trélat, Vitet. Ce fut M. Vitet qui proposa la devise Aide-toi, le ciel t’aidera, dans la réunion où la formation de la société fut décidée.

AIDEUR s. m. (ê-deur — rad. aider). Vieux mot qui signifiait, Celui qui aide, et qui a été employé quelquefois par des écrivain modernes : M. de V*** écoutait, résumait et ne concluait pas : c’était un grand aideur d’affaires. (Chateaub.)

AIDIE s. f. (é-dî — du gr. aidios, éternel). Bot. Genre de plantes très-peu connu, et qui n’a pas de place bien déterminée dans la classification naturelle. La seule espèce est un grand arbre originaire de la Cochinchine, et qui fournit un excellent bois de construction.

AÏE interj. (a-ïe, comme dans paille — v. mot qui était une contraction du mot aide. En effet, l’interj. aïe est un cri de douleur par lequel on semble appeler au secours, à l’aide). Cri de douleur : Aïe ! que je souffre ! Aïe ! vous me blessez ! || Il se répète ordinairement : Aïe ! aïe ! il m’a tué. (A. de Musset.)

Aïe ! aïe ! au meurtre ! au secours ! on m’assomme.
Molière.


|| Cri dont les charretiers se servent pour exciter les chevaux.

– S’empl. quelquefois substantiv. : En une opération qu’on lui fit une fois au pied, il se piqua de constance, et de ne pas jeter un pauvre petit aïe. (Tallem. des Réaux.)

AÏEUL s. m. (a-ieul — du lat. avus, grand-père, qui a donné au bas lat. le diminutif aviolus, dont notre vieille langue a fait aviol et aïol, puis avieul). Grand-père : Ce vieux meuble venait du bisaïeul de l’aïeul de son trisaïeul. (Scarron.) M. de Montausier racontait avec plaisir les services que son aïeul avait rendu à Henri IV. (Fléch.)

L’aïeul rit à ce fils, dans ses bras le balance,
Et bégaye avec lui les mots de son enfance.
Mollevaut.

Aïeul paternel, Grand-père du côté du père. || Aïeul maternel, Grand-père du côté de la mère.

— Par ext. Un des ancêtres, le chef d’une race : Il n’est au pouvoir de personne d’avoir eu un aïeul qui se soit rendu célèbre il y a trois ou quatre cents ans. (***)

J’ai pour aïeul le père et le maître des dieux.
Racine.

— Notre premier aïeul, Adam :

Et si, durant un jour, notre premier aïeul,
Plus riche d’une côte, avait vécu tout seul…
Boileau.

— Par compar. Se dit de ceux qui ont devancé les autres dans une profession, une entreprise, une idée, etc. : Renaudot a été l’aïeul des journalistes. (Le Siècle.)

— Gramm. Ce mot a deux pluriels, aïeuls et aïeux. Aïeuls se dit lorsqu’on veut désigner particulièrement, uniquement, les deux grands-pères : Ses deux aïeuls assistaient à son mariage. || Aïeux sert à désigner les ancêtres en général, en remontant à quelque époque que soit de l’histoire d’une famille : On oppose sans cesse leur nom à leur personne ; le souvenir de leurs aïeux devient leur opprobe. (Mass.) Une seule vertu vaut mieux qu’un siècle d’aïeux. (Le roi Stanislas.)

Mes aïeux sont connus et ma race est ancienne.
Regnard.
Le mérite tient lieu des plus nobles aïeux.
Destouches.
On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père :
Le peu de soin, le temps, tout fait qu’on dégénère.
La Fontaine.
… Ce que je préfère aux titres les plus vieux,
C’est que l’on ne soit pas gonflé de ses aïeux.
La Chaussée.
L’éclat du diadème et cent rois pour aïeux
Déshonorent ma flamme et blessent tous les yeux.
Racine
Quelque rang où jadis aient monté mes aïeux,
Leur gloire de si loin n’éblouit pas mes yeux.
Racine.
Il est de ces esprits, favorisés des cieux,
Qui sont tout par eux-mêmes et rien par leurs aïeux.
Voltaire.
Mais fussiez-vous issu d’Hercule en droite ligne,
Si vous ne faites voir qu’une bassesse indigne,
Ce long amas d’aïeux que vous diffamez tous
Sont autant de témoins qui parlent contre vous.
Boileau.

— Par ext. Ceux qui ont vécu avant nous, dans notre patrie : C’était la mode chez nos aïeux. Les Français, au bout de chaque siècle, pourraient prendre les portraits de leurs aïeux pour des portraits étrangers. (Volt.)

Si ces Grecs, vos aïeux, revivaient dans votre âme.
Racine


— Fam. Il est allé voir ses aïeux, Il est mort.

Syn, Aïeux, ancêtres, pères. Ces trois mots désignent ceux de notre nation qui ont existé avant nous, et de qui nous descendons sans être précisément de la même famille. Ces expressions diffèrent en ce qu’il se trouve entre elles une gradation d’ancienneté ; de manière que le siècle de nos pères a touché au nôtre, que nos aïeux les ont devancés, et que nos ancêtres sont les plus reculés de tous. Nous sommes descendants les uns des autres ; mais si l’on veut particulariser cette descendance, il faut dire que nous sommes les enfants de nos pères, les neveux de nos aïeux, et la postérité de nos ancêtres. Toutefois, quand on veut exprimer la transmission, dans une famille, d’un caractère, d’une qualité physique ou morale, d’un héritage d’objets qui sont par eux-mêmes la personnification de certaines vertus, de certaines professions, c’est plus particulièrement du mot pères que l’on fait usage. Ainsi l’on dira : L’épée de mes pères. Il avait apporté en naissant l’indomptable ténacité de ses pères.

Épithètes. Anciens, antiques, premiers, nobles, illustres, célèbres, fameux, mémorables, insignes, vénérables, respectables, obscurs, vils, méprisables, francs, bons, simples, naïfs, crédules, grossiers, bruts.

Antonymes. Petit-fils et petite-fille. — Descendants, neveux, postérité.

Prov. littér.

Qui sert bien son pays n’a pas besoin d’aïeux.


Allusion à un vers de Voltaire. V. Pays.

AÏEULE s. f. (a-ieu-le — rad. aïeul). Grand’mère : Le seul Joas fut dérobé à la fureur de son aïeule. (Boss.) Pendant quelques moments, l’aïeule contemple le cadavre de sa petite-fille. (E. Sue.) Votre enfant tenait de sa mère et de son aïeule. (E. Sue.)

L’aïeule cependant sur sa chaise se penche,
Et devant le Seigneur courbe sa tête blanche.
Brizeux.

Aïeule paternelle, Grand’mère du côté du père. || Aïeule maternelle, Grand’mère du côté de la mère : Par une bizarrerie que les physiologistes n’ont pas encore expliquée, elle n’avait aucun trait de sa mère et de son père, et offrait une vivante image de son aïeule maternelle. (Balz.)

— Par ext. Se dit pour désigner des femmes du temps passé : Cela était bon du temps de nos aïeules. (Acad.) On a copié les vieilles robes, les étoffes de nos aïeules. (Michelet.) L’éducation bornée de nos aïeules valait beaucoup mieux que la nôtre ; du moins elles savaient tricoter. (G. Sand.)

— Fig. L’économie politique a été l’{{sc|aïeule)) du socialisme. (L. Veuillot.)

C’est Thèbe aux cent palais, l’aïeule des cités.
Chénedollé.

AIGAIL s. m. (è-ga-ille ; ll mouill. — rad. aigue, eau). Nom que, dans le vocabulaire de la chasse, on donne à ces petites gouttes de rosée qui restent le matin sur les herbes et les feuilles des arbres : L’aigail ôte au chien de chasse la finesse de son flair. On parvient à accoutumer les chiens à l’aigail.

Mais elle allait, quand le temps était gai,
Entre les fleurs et la rosée de mai ;
Ne portant point caleçons ni patins :
L’aigail lavait ses pieds tous les matins.
Fouillloux.


|| On écrit aussi aiguail.

AIGAIRE s. m. (è-ghè-re ; comme dans guerre — rad. aigue, eau). Agric. Fossé large et profond, séparant les billons et servant à faciliter l’écoulement des eaux : On pratique l’aigaire dans les terrains gras ; les terrains parfaitement drainés peuvent s’en passer facilement.

AIGASSE s. f. (è-ga-se — rad. aigue, eau). Trombe, chute d’eau, grande pluie. Mot usité dans le patois du centre de la France.

AIGEON s. m. (é-jon — corrupt. d’agneau). Nom donné quelquefois aux agneaux pour lesquels la mère montre de l’antipathie et qu’elle refuse d’allaiter : Les petits des bêtes sont souvent moins à plaindre que bien des petits malheureux ; car enfin il n’y a guère qu’un aigeon sur cent agneaux, et je suis sûr que sur cent pauvres, il y en a la moitié qui pâtissent et qui meurent. (E. Sue.)

AIGLAT s. m. (è-gla — dimin. de aigle). Aiglon, petit de l’aigle. Il est vieux.

AIGLE s. m. (è-gle — du lat. aquila). Le plus courageux et le plus fort des oiseaux de proie : Les aigles habitent les rochers les plus sauvages et les plus escarpés. Les aigles se tiennent assez loin les uns des autres pour que l’espace qu’ils se sont départi leur foumisse une ample subsistance. (Buff.) L’aigle audacieux planant au haut des airs, dispute à un autre aigle les limites de son vaste empire. (B. de St-P.) L’aire de l’aigle ne diffère du nid des autres oiseaux qu’en ce qu’au lieu d’être creux, il est entièrement plat, et forme une espèce de plancher abrité par un pan de rocher. (J. Bécherand.)

Ne sais-tu pas encore, homme faible et superbe,
Que l’insecte insensible, enseveli sous l’herbe,
Et l’aigle impérieux qui plane au haut du ciel,
Rentrent dans le néant aux yeux de l’Eternel ?
Voltaire.
L’aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine ;
Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés
Que l’hiver a blanchis, que la foudre a frappés.
Lamartine.
Ainsi l’aigle superbe au séjour du tonnerre
S’élance ; et, soutenant son vol audacieux,
Semble dire aux mortels : Je suis né sur la terre,
          Mais je vis dans les cieux.
Lamartine.

— Quand on parle de la femelle, ce mot est féminin : L’aigle est furieuse quand on lui ravit ses petits. (Boniface.) L’aigle est remplie de tendresse pour ses petits. (Boniface.) Une aigle ne pond qu’un œuf mais c‘est un œuf d’aigle. (Boniface.)

L’aigle étant de retour, et voyant ce ménage,
Remplit le ciel de cris, et, pour comble de rage,
Ne sait sur qui venger le tort qu’elle a souffert.
La Fontaine.


|| Toutefois, les poëtes ne respectent pas toujours cette règle, et ils font quelquefois aigle féminin, soit en parlant du mâle, soit en parlant de l’aigle en général :

Une aigle au bec tranchant dévore le vautour,
L’homme d’un plomb mortel atteint cette aigle altière.
Voltaire.
L‘aigle, reine des airs, avec Margot la pie,
Différentes d’humeur, de langage et d’esprit,
            Et d’habit,
     Traversaient un bout de prairie.
La Fontaine.

— Fig. Homme supérieur par son esprit, son génie, ses talents : Corneille est l’aigle de la France. Montesquieu restera dans la postérité l’aigle de son siècle. (Bonnin.) C’est assez de débats avec les aigles du monde savant. (Fourier.) || Dans un sens souvent absolu, sert quelquefois à marquer la supériorité relative d’une personne sur d’autres : C’est l‘aigle de la famille. Moi que vous méprisez tant, je suis l’aigle : on ne juge de rien sans avoir regardé la mine que je fais. (Mme  de Sév.) Après l’avoir entendu répondant à l’un des aigles du barreau de Paris, je crois que cet homme produira plus tard une grande sensation. (Balz.) Je n’en passais pas moins pour l’aigle du lycée. (G. Sand.)

L’aigle d’une maison n’est qu’un sot dans une autre.
Gresset.

Ce n’est pas un aigle, Se dit souvent d’un homme qui n’a qu’une intelligence bornée.

— Ironiq. : J’ai vu en ma vie bien des hiboux se croire des aigles. (Volt.) Quand on sait bien les quatre règles, qu’on peut conjuguer le verbe avoir, on est un aigle en finances. (Mirab.)

— Par compar. avec l’aigle, qui semble le type de la perfection parmi les oiseaux, on dit : Avoir des yeux d’aigle, un coup d’œil d’aigle, Avoir des yeux vifs et perçants : Il fixa sur lui ses yeux d’aigle. Son coup d’œil