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que les femmes et les vieillards, grâce à la faiblesse de leur respiration, se ressentent moins des inconvénients de l’air confiné.

— Techn. Un grand nombre d’opérations dans les arts sont fondées sur les propriétés physiques et chimiques de l’air. L’air, en vertu de sa pesanteur, doit tendre à faire élever les corps plus légers que lui ; de là l’invention des aérostats. (V. ce mot.) L’air se dilate par la chaleur et devient plus léger ; de là l’origine des montgolfières, ou ballons entretenus par le feu. La légèreté de l’air chauffé produit dans le tuyau de nos cheminées ce courant ascensionnel qui nous débarrasse de la fumée incommode du foyer. La même cause produit un courant semblable dans les ventilateurs à feu et dans les fourneaux d’appel qui nous permettent de renouveler et de purifier l’air des lieux infects, des hôpitaux, des fabriques insalubres, des salles de spectacle, etc. On a utilisé l’élasticité de l’air dans les fusils à vent, pour lancer des projectiles ; dans les machines à compression, pour élever l’eau. L’air dilaté par la chaleur acquiert une force élastique plus grande ; de là l’emploi de l’air chaud comme moteur. (V. Machines à air chaud, Moteur à gaz.) La force des courants qui se produisent dans l’air atmosphérique est employée, depuis un temps immémorial, pour faire mouvoir ces vastes maisons flottantes qui voiturent, sur les mers, les marchandises et les voyageurs. (V. Vents.) Nous voyons une application non moins remarquable de la même force dans les moulins à vent. (V. Moulins.) La mobilité de l’air permet d’y exciter, au moyen de ventilateurs mécaniques, des courants artificiels que l’on fait servir soit au renouvellement d’un air vicié, soit à la dessiccation des différentes matières préparées par les arts. La pression atmosphérique, qui fait monter l’eau dans les pompes aspirantes, est employée dans les machines à vapeur à simple effet pour faire descendre le piston. On a eu l’idée d’en faire un moyen de traction pour les convois de waggons sur les chemins de fer : cette idée a été réalisée heureusement à l’extrémité du chemin de fer de Paris à St-Germain. V. Chemin de fer atmosphérique.

L’action chimique de l’air est de la plus haute importance pour le manufacturier ; c’est à ce puissant agent que l’on doit la plupart des phénomènes d’oxydation, de coloration, de blanchiment qui s’opèrent dans nos ateliers ; il produit l’efflorescence et la déliquescence de nos sels ; il entretient la combustion dans nos fourneaux et dans nos lampes, et met ainsi entre nos mains ces deux premiers éléments de notre puissance sur la nature, la chaleur et la lumière.

— Philos. anc. « Au premier regard jeté sur la nature, dit M. Ch. Renouvier, un besoin se fait sentir de ramener à l’unité la pluralité des phénomènes, et il est naturel que ceux qui philosophent les premiers ne considèrent les choses que sous le point de vue de la matière. » Les premiers philosophes grecs, obéissant à ce besoin de généralisation, saisissaient dans la nature tel ou tel phénomène qui leur paraissait prédominant et l’élevaient à la hauteur d’un principe universel. C’est ainsi que Thalès faisait de l’eau l’essence première de toutes choses, le principe de vie dans l’univers. Ce grand rôle que Thalès faisait jouer à l’eau dans la nature, Anaximène de Milet l’accordait à l’air. Il assimilait l’esprit à l’air, en cela fidèle à sa langue et aux idées qui devinrent et restèrent si longtemps communes dans l’antiquité. « De même, disait-il, que l’air qui est notre âme, parcourt notre corps et le gouverne, de même aussi l’air universel parcourt l’univers et lui donne la vie. » Cet air est l’origine de toutes choses, et toutes choses retournent à lui après certaines évolutions. Comprimé, contracté en lui-même, l’air se fait terre ; dilaté, il se change en feu et donne naissance aux astres. Il est l’être unique qui compose tout de soi et par soi ; il est la substance des dieux et des âmes humaines.

Diogène d’Apollonie, disciple d’Anaximène, attribuait l’intelligence à l’air, et le concevait comme ordonnateur et régulateur des choses. Il déduisait des divers modes ou tropes de l’air, c’est-à-dire des changements et transformations intimes qui se passent en lui, tous les êtres de la nature, toutes les variétés du monde. C’est de l’air, disait-il, que l’homme et les animaux tiennent la vie, l’âme et la pensée. C’est par le même air que tous les animaux vivent, voient et entendent. Leur âme est une seule et même chose : un air plus chaud que celui du dehors dans lequel nous sommes, mais beaucoup plus froid que celui du soleil. Si les animaux ont de l’intelligence, c’est parce que l’air embrasse avec le sang le corps tout entier, grâce aux veines qui en parcourent toutes les parties. Lorsque le sang se répand dans le corps et remplit les veines, s’il repousse l’air vers la poitrine et l’estomac, le sommeil commence. Si l’air vient à manquer partout dans les veines, la mort s’ensuit. Cet air que contiennent les veines possède, chez les animaux, une intelligence d’autant plus vive qu’il est plus pur et plus sec ; il est humide dans la satiété et dans l’ivresse. Plus l’air se mêle au sang, plus celui-ci est léger, et le plaisir résulte de cet état au corps, tandis que la douleur se produit lorsque l’air abandonne le sang qui devient alors plus faible et plus épais. Enfin, l’air éprouve toutes les sensations, grâce à sa présence dans les organes, c’est-à-dire dans les veines qui les traversent.

D’autres systèmes de philosophie grecque, notamment celui d’Aristote, se bornaient à faire de l’air un des quatre éléments dont tous les corps de la nature leur paraissaient composés. V. Éléments.

Épithètes. Fluide, subtil, délié, diaphane, mobile, vague, élastique, comprimé, compressible, dilatable, dilaté, invisible, pur, doux, sain, léger, paisible, calme, tranquille, champêtre, embaumé, parfumé, délicieux, contagieux, impur, corrompu, infect, infecté, empoisonné, empesté, frais, serein, salubre, radouci, tempéré, lourd, pesant, épais, grossier, froid, glacé, tiède, chaud, échauffé, étouffant, brûlant, embrasé, agité, troublé, bouleversé, violent, impétueux, orageux, pluvieux, neigeux, venteux, résonnant, retentissant.

Homonymes. Aire, ère, haire, hère.


AIR s. m. (èr — du vieux mot aire, disposition, caractère, humeur. On disait de mal aire ou de bon aire pour De mauvais, de bon naturel. C’est de cette dernière expression qu’a été formé notre adj. débonnaire). Manière, façon : Agir, parler d’un air convenable. S’habiller d’un air ridicule. À lair dont il marche, on voit qu’il est plein d’orgueil. (Acad.) Vous en parlez maintenant d’un autre air. (Pasc.) Ils disent d’un air envenimé ce qui n’avait été dit qu’avec des intentions innocentes. (Mass.) Parlez, don Juan, et voyons de quel air vous saurez vous justifier. (Mol.) Vous avez un air de dire les choses auquel on ne saurait résister. (Danc.) Vous savez de quel air ils nous traitent et le bon voisinage que c’est. (P.-L. Cour.)

Et voyez cependant de quel air on m’écrit.
Corneille.
Et je me vis contraint de demeurer d’accord
Que l’air dont vous viviez vous faisait un grand tort.
Molière.
L’air de se présenter, celui de recevoir,
Le maintien, en un mot, est le premier devoir.
Desmahis.


|| Se dit de l’extérieur d’une personne relativement au maintien, à la démarche, à la figure, à l’expression des traits : Avoir lair fier, lair modeste. Avoir lair robuste, lair bien portant. Avoir lair malade. Avoir lair triste, lair gai. Il avait un air noble et simple, sans aucune affectation. (Boss.) Lair spirituel est dans les hommes ce que la régularité des traits est dans les femmes. (La Bruy.) Les habitants de la presqu’île de Malacca et de l’île de Sumatra ont lair fier, les femmes de Java ont lair rêveur. (Buff.) Tu seras charmé de son air sage et retenu. (Le Sage.) Gil Blas vous le dira, elle avait un air de sagesse à tromper toute la terre. (Le Sage.) Frappé de son air, je m’enquis de sa personne. (Chateaub.) Vous avez un petit air assez ennuyé. (Balz.) On a lair hautain, on a lair glacé, on aurait lair menteur, si les passions ne se trahissaient par d’autres signes certains. (H. Beyle.) Elle avait cet air généreux et brave d’une personne qui renonce à vous plaire, sans renoncer à vous aimer. (G. Sand.)

Quel sujet inconnu vous trouble et vous altère ?
D’où vous vient aujourd’hui cet air sombre et sévère ?
Boileau.
Son air est doux, mais fier, et de sa noble race
Je ne sais quoi de grand conserve encor la trace.
Delille.
Mon Dieu ! qu’il joint à tous ces airs grotesques
Des sentiments et des travers burlesques !
Voltaire.

— Par ext. Se dit des animaux dans ce dernier sens : Le dindon a lair fanfaron, mais il ne possède que très-peu de courage. (Buff.) Le bouvier participe de lair stupide et de la pesanteur du bœuf. (Virey.)

— Ressemblance entre deux personnes : Il a beaucoup de votre air. Cet enfant a beaucoup de lair de son père. Ce peintre attrape bien lair, la physionomie de quelqu’un.

— Sorte de manière affectée qui consiste à faire entendre ce qu’on ne dit pas expressément : Tout cela était un air pour me faire savoir qu’elle a un équipage. (Mme de Sév.)

— Entre dans un grand nombre d’expressions consacrées : Avoir l’air de, Paraître, sembler, avoir du rapport avec : Il a l’air dêtre au fait. Il a l’air dun mauvais sujet. Il a l’air de prendre goût à ce travail. Vous avez tout l’air davoir fait quelque comédie. (Mol.) Il y a un petit air de dimanche gras répandu sur cette lettre, qui la rend d’un goût nonpareil. (Mme de Sév.) Cela a l’air dun miracle et d’un coup de la Providence. (Mme de Sév.) Cette proposition insidieuse ma tout l’air dun piège tendu à votre crédulité. (Volt.) Les rubans et les bijoux ont un air de colifichet et de parure féminine qu’il faut éviter. (J.-J. Rouss.) Vous mavez l’air dun drôle de corps. (Picard.)

Jusque sous ses haillons desséchés et poudreux,
Effrangés par le temps, cardés par la misère,
L’Arabe qui mendie a l’air d’un Bélisaire.
Barthélemy.

|| Avoir l’air comme il faut, Avoir de la distinction dans la physionomie, le maintien, les manières : C’est bon genre, cela vous donne un air comme il faut. (Scribe.) || Avoir l’air un peu en dessous, Paraître dissimulé, sournois, méchant : Qu’est-ce qu’il a donc avec son air en dessous ? (Scribe.) || N’avoir l’air de rien, Feindre de ne pas songer à une chose que précisément l’on se propose :

               Tout doux !
Çà, n’ayons l’air de rien et tenons-nous bien tous.
V. Hugo.


|| Cela n’a l’air de rien, Se dit d’une chose plus importante en réalité qu’en apparence. || N’avoir pas l’air d’y toucher, Être véritablement ce que l’on affecte de ne pas être ; Elle fait l’Agnès, elle n’a pas l’air d’y toucher ; mais ne vous y fiez pas. La franc-maçonnerie, avec son air de ne pas y toucher, a toujours été favorable à la liberté. (L.-J. Larcher.) || Avoir un air de famille, Avoir cette conformité de traits, de physionomie, qui existe ou qu’on croit reconnaître entre les personnes d’une même famille. || Par ext. Se dit des choses dans ce dernier sens : Quoique les paysages compris entre la chaîne des deux montagnes aient un air de famille, le canton présente des mouvements de terrain. (Balz.)

Faux air, Affectation :

Mais mon génie a toujours, je l’avoue,
Pris ce faux air dont le bourgeois s’engoue.
J.-B. Rousseau.


|| Avoir un faux air de quelqu’un, Avoir avec lui quelque ressemblance : Il est très-bien, ce monsieur ; je lui trouve un faux air d’un homme de qualité. (Scribe.) || À l’air, À la convenance : Vous êtes coiffée beaucoup trop haut, et pas du tout à l’air de votre visage. (Th. Gaut.) En vérité, ce maraud s’est surpassé, il n’a jamais été plus à mon air qu’aujourd’hui. (E. Sue.) || Sous air de, En faisant semblant de : Alors chacun, sous air de prier Dieu, ne néglige aucun moyen de le faire oublier aux autres. (A. Karr.)

Grand air, bel air, bon air. Manières de la haute société, du grand monde : Les gens du bel air. Un homme du grand air. Louis XIV était sensible à entendre admirer, le long des camps, son grand air et sa grande mine. (St-Sim.) L’air modeste convient mieux que ce qu’on appelle le bel air. (St-Evrem.) M. le comte a tout à fait bon air. (Mol.) La duchesse de Bourgogne avait un grand air, une taille noble. (Volt.) Les gens du bel air se font honneur d’être en contradiction avec eux-mêmes. (J.-J. Rouss.) Pour ces hidalgos impertinents, il nous faut prendre nos grands airs. (Mérimée.)

Faut-il donc s’ennuyer pour être du bon air ?
Gresset.
Elle est dans ses grands airs, il me faut filer doux.
Destouches.
Mon appétit s’en va lorsque je vois siéger
Tout l’ennui des grands airs dans ma salle à manger.
C. Delavigne.


|| Absol. et dans le même sens : Elle n’avait point de taille, encore moins dair. (Hamilt.) Il avait le visage fort agréable, la tête assez belle, peu de taille et moins dair. (Hamilt.) || En mauvaise part : Des airs, de grands airs, Des manières hautaines, arrogantes : Vous voyez les airs qu’elle se donne. (Hamilt.) Barbézieux, avec tous ses grands airs, sentait plus l’intendant que le général d’armée. (St-Sim.) Avec cela on fait le fier, on se donne des airs. (Volt.) C’était une chose à voir que les airs que nous nous donnions. (Le Sage.) Si tu savais quelle fierté, quels grands airs il m’a fallu endurer ! (Scribe.) Quittez vos grands airs et donnez-moi la main. (Balz.) Avec de petites idées on a toujours de grands airs. (Mme E. de Gir.) || On dit aussi, Des airs de grandeur, de supériorité, de prince, etc., pour Des manières de grand seigneur, d’homme supérieur, de prince, etc. : Fouquet se laissa aller à des airs de supériorité sur les autres ministres. (L’abbé de Choisy.) Je donnerai le mot à mes amis, pour qu’ils se moquent d’elle au premier air d’orgueil ou d’importance qu’elle se donnera. (Mme D’Epinay.) C’est qu’elle se donne, en vérité, des airs de princesse. (E. Sue.)

. . . . . Si vous prenez de ces airs avec moi,
Messieurs les ducs, le roi prendra des airs de roi.
V. Hugo.


|| En parlant des choses, Bon air, bel air, Bonne apparence : Ce château a le meilleur air du monde. (Mme de Sév.) Le carrosse qu’on avait fait pour le roi n’avait pas trop bon air. (Hamilt.)

Par air. Par ostentation, par vanité : Il a doté richement sa nièce, mais ce n’est que par air. Songez donc à tout ce que vous aurez acquis auprès des gens qui aiment par air et par désœuvrement. (Mlle de l’Esp.) Un jeune petit-maître se vante par air d’être aimé de beaucoup de femmes. (Ste-Beuve.)

— Fam. Avoir des airs penchés, prendre des airs penchés, Affecter certains mouvements de la tête et du corps, pour chercher à plaire : Les airs penchés sont ordinaires aux petits-maîtres.

Avoir mauvais air, Avoir des airs de mauvaise compagnie. || Avoir l’air mauvais, Avoir l’air méchant :

   Cléon, lorsque vous nous bravez,
   En démontrant votre figure,
Vous n’avez pas l’air mauvais, je vous jure,
   C’est mauvais air que vous avez.
Comte de Choiseul.

Avoir bon air, Avoir des manières de bonne compagnie. || Avoir l’air bon, Paraître d’un bon caractère.

Se donner l’air, les airs, suivi d’un verbe, signif. Avoir la hardiesse de : Je voudrais bien savoir comment on se donne les airs de venir troubler nos séances. (Mirab.) Ces gens n’ont peut-être pas un écu dans la poche, et ils se donnent encore les airs de marchander. (Scribe.)

— Argot. Être à plusieurs airs, Être hypocrite ou fantasque ; jouer plusieurs rôles à la fois.

— Peint. et sculpt. Air de tête, Manière dont une tête est disposée.

— Manég. Allure, en parlant du cheval. || Airs bas. Ceux où le cheval manie près de terre. || Airs relevés, Ceux où le cheval s’enlève davantage en maniant. || Ce cheval va à tous les airs, On le manie comme on veut.

Gramm. L’adjectif placé après avoir l’air s’accorde tantôt avec air, tantôt avec le sujet de la proposition. Si le mot air peut être considéré comme signifiant physionomie, ce qui arrive : 1° lorsque c’est d’une personne ou d’un être personnifié qu’il s’agit ; 2° que l’adjectif peut se dire de l’air, de la physionomie en elle-même ; alors l’accord a lieu avec air. Dans tout autre cas, on fait accorder l’adjectif avec le sujet de la proposition : Cette femme à l’air spirituel (on peut dire physionomie spirituelle). Ils ont l’air fâchés de ce qu’ils viennent d’apprendre (dans ce sens, on ne peut pas dire physionomie fâchée, air fâché). Cette viande a l’air cuite. Cependant, pour éviter le rapprochement de deux mots d’un genre différent, il vaudrait mieux dire : Cette viande a l’air d’être cuite.

Syn. Air, mine, physionomie. Air se dit non-seulement du visage, mais encore de la taille, du maintien et de l’action : L’air grave a beaucoup perdu de son prix ; lair avantageux en a pris la place. (Guizot.) La mine dépend du visage, et quelquefois de la taille : Un homme de bonne mine peut être un homme de peu de valeur. (Guizot.) La physionomie ne se dit que du visage : La plupart des hommes ont leur âme peinte dans leur physionomie. (Guizot.)

Syn. Air, manières. L’air semble né en nous ; il frappe à la première vue. Les manières viennent de l’éducation : Il y a en toutes choses un bon air qui est nécessaire pour plaire. Ce sont les belles manières qui distinguent l’homme honnête. (Guizot.)

AIR s. m. (èr — de l’ital. aria). Suite de tons et de notes qui composent un chant : Air gai. Air triste. Air ancien. Air nouveau. Air connu. Air à la mode. Air de violon, de flûte. Air de danse. Composer, apprendre, répéter un air. Chaque peuple a ses airs nationaux et ses chants populaires. (Bouillet.) Il faut, monsieur, que lair soit accommodé aux paroles. (Mol.) Les airs de ces vieilles romances ne sont pas piquants, mais ils ont je ne sais quoi d’antique et de doux qui touche à la longue. (J.-J. Rouss.) Oui, la pauvre exilée s’amuse quelquefois à me jouer des airs de son pays. (Alex. Dum.)

Pour toi la voix d’Orphée a modulé ces airs.
Lemierre.


|| Le chant et les paroles tout ensemble : Le Camus dit que je chante bien ses airs, mais je suis triste et n’apprends rien. (Mme de Sév.) Les fossoyeurs chantaient des airs à boire en jouant avec des têtes de mort. (Volt.) Elle savait une quantité prodigieuse dairs et de chansons qu’elle chantait avec un filet de voix fort douce. (J.-J. Rouss.) Dirait-on que moi, vieux radoteur, rongé de soucis et de peines, je me surprends quelquefois à pleurer comme un enfant, en marmottant ces petits airs d’une voix déjà cassée et tremblante. (J.-J. Rouss.) Quelques négresses chantaient des airs du pays. (Rog. de Beauv.) Il suffit quelquefois d’une contredanse, d’un air chanté au piano, d’une partie de campagne, pour décider d’effroyables malheurs. (Balz.)

J’ai fait pour toi des airs, je te les veux chanter.
A. Chénier.
Oh ! comme les vieux airs qu’on chantait à douze ans
Frappent droit dans le cœur aux heures de souffrance !
A. de Musset.

N’être pas dans l’air, Ne pas chanter exactement un air. || Avoir l’air à la danse, Avoir l’air vif, éveillé, et annoncer des dispositions pour réussir dans ce qu’on fait. || Air de tambour, Batterie de caisse : On emploie certains airs de tambour comme ouvertures d’aubade. (Gén. Bardin.)

— Prov. Je connais des paroles sur cet air-là, J’ai déjà entendu les mêmes choses, les mêmes allégations, les mêmes excuses. || Il en a l’air, mais il n’en a pas la chanson, Se dit de quelqu’un qui a l’apparence d’une chose, mais qui n’en a pas la réalité. || En avoir l’air et la chanson, Être réellement ce qu’on paraît : Ce jeune homme a lair bien simple. — Oui, il en a l’air et la chanson.

Encycl. Le mot air est un nom générique qui désigne toute pièce de musique dans laquelle la mélodie d’une partie dominante attire principalement l’attention. On distingue les airs vocaux ou airs de chant, et les airs instrumentaux, destinés aux instruments. Les airs vocaux appartiennent au style d’église, au style de chambre ou au style de théâtre. — Les airs du style d’église ne s’accommodent pas de l’expression trop passionnée des sentiments, et doivent toujours conserver une teinte grave et religieuse. — Les airs du style de chambre sont ceux qui se chantent dans les salons, dans les ateliers, dans la rue. Ils comprennent les airs patriotiques, tels que la Marseillaise en France, et le God save the Queen en Angleterre ; les airs à couplets, qu’on appelait au xviie siècle airs de cours, au nombre desquels il faut mettre les romances, chansons, chansonnettes, airs de table ou airs bachiques, enfin les airs nationaux. Ces derniers sont particuliers à chaque peuple. Venise a ses barcarolles, Naples ses tarentelles et ses villanelles, l’Allemagne ses lieder, la