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au 54° de lat. sud. Les principales mers qui la baignent, outre les quatre grandes qui lui servent de bornes, sont : les mers d’Hudson, de Baffin, des Antilles, de Behring et la mer Vermeille ; les principaux golfes sont ceux du Mexique, de Honduras et de Panama ; détroits : de Davis, de Magellan et de Behring ; presqu’îles : Labrador, Nouvelle-Écosse, Floride, Yucatan, Californie, Alaska ; îles et archipels : le Groenland, Terre-Neuve, les Bermudes, les Lucayes ou Bahama, les grandes Antilles, les petites Antilles ; enfin, les îles Malouines, les îles de la Terre de feu, Quadra et Vancouver, l’archipel du Roi-Georges et les îles Aléoutiennes ; caps : Farewell, Cod, Catoche, Gallinas, Saint-Roch, Horn, Blanc, San-Lucas et le cap du Prince-de-Galles ; principaux fleuves et rivières : le Mackensie, le Nelson, le Saint-Laurent, le Mississipi ; les riv. du Missouri, de l’Ohio et de l’Arkansas, qui se jettent dans le Mississipi ; le Rio-del-Norte ; la Madeleine, l’Orénoque, l’Amazone ; les riv. de Madeira, Xingu, Rio-Negro, qui se jettent dans l’Amazone ; le Tocantin, le Saint-François, le Rio-de-la-Plata, l’Uruguay, le Parana, qui reçoit le Paraguay ; le Rio-Colorado, le Rio-Sacramento, l’Orégon ou Colombia, enfin le Connecticut, l’Hudson, la Susquehannah et le Potomac, fleuves beaucoup moins considérables, mais importants par l’état de civilisation qui règne sur leurs bords ; les principaux lacs sont ceux du Grand-Ours, de l’Esclave, des Montagnes, de Winnipeg, les lacs Supérieur, Michigan, Champlain, Huron, Érié, Ontario (c’est entre ces deux lacs que se trouve la fameuse cataracte du Niagara) ; de Nicaragua, de Maracaibo, de Titicaca et de Los Patos. Les deux Amériques sont traversées du nord au sud par une chaîne de montagnes unique, qui change de nom en changeant de contrée, savoir : la Cordillière des Andes, la Cordillière du Mexique, les montagnes Rocheuses, les Alleghanys et les montagnes du Brésil.

Mais ce n’est pas une nomenclature géographique, forcément aride, qui peut donner, comme nous voudrions l’établir, une idée de la supériorité de l’Amérique sur l’ancien monde, sous le rapport des avantages naturels. On dirait que la Providence, en jetant, isolé au milieu des eaux, ce continent gigantesque, en le privant pendant tant de siècles de communion intellectuelle avec les autres parties de la terre, a voulu lui donner une compensation dans un plus grand développement des forces physiques. À part les pics de l’Himalaya, aucune montagne de l’ancien monde n’est comparable en hauteur aux crêtes des Andes, qui, d’ailleurs, dépassent l’Himalaya sous le rapport de l’étendue de la chaîne. Les Cordillières courent du sud au nord de l’Amérique, longeant l’océan Pacifique, et protégeant à droite les immenses vallées de l’Orénoque et du Mississipi, qui sont, de l’autre côté, garanties de l’océan Atlantique par les sommets plus faciles à escalader des monts Brésiliens et des Alleghanys. L’Amérique s’allonge entre deux océans, maintenus à droite et à gauche par de véritables digues, qui sont ces deux chaînes de montagnes. Comme pour faciliter encore les relations mutuelles des deux principales parties de ce double continent, les eaux du golfe du Mexique servent à la fois de port naturel et de route facile entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Le système hydraulique de l’Amérique est le plus beau et le plus complet qui existe. Les lacs de l’ancien monde sont des étangs, et ses fleuves des ruisseaux, si on les compare aux lacs et aux fleuves de l’Amérique. Ajoutons que dans l’Amérique du Nord, lacs et fleuves offrent l’immense avantage de se compléter l’un par l’autre, en sorte qu’il a suffi de quelques faibles travaux d’art pour en faire un réseau qui permet aujourd’hui à un navire entrant par le fleuve Saint-Laurent, de gagner la région des grands lacs ; de déboucher dans le Mississipi, et de venir s’amarrer aux quais de la Nouvelle-Orléans, prêt à repartir pour l’Europe. L’Amérique ne connaît ni les saharas ni les steppes de l’Afrique et de l’Asie. Ses déserts sont vivants, peuplés d’animaux domestiques à l’état sauvage. Les buffles, les chevaux, les taureaux croissent et multiplient dans les immenses prairies de l’Amérique du Nord, et dans les llanos et pampas de l’Amérique du Sud.

La vaste étendue de l’Amérique en latitude, son étroitesse dans sa partie intertropicale comparée à la largeur qu’elle acquiert dans sa partie boréale ; la disposition des montagnes de cette dernière, qui laisse un libre accès aux vents glacés du nord ; la hauteur de ces massifs eux-mêmes ; enfin son étroitesse dans sa partie australe, expliquent à la fois comment cette partie du monde possède tous les climats, et comment, à latitude égale, elle est beaucoup plus froide que l’ancien continent. En effet, celles de ses parties qui, par leur position géographique devraient jouir d’une température modérée, et produire les fruits du midi de l’Europe, sont exposées à de longs et rigoureux hivers, tandis qu’on ne retrouve nulle part dans ses régions intertropicales les chaleurs torrides de l’Asie et de l’Afrique. En général, le climat de l’Amérique est très-sain. La science et l’expérience ont démontré combien étaient vaines les terreurs qu’éprouvaient les Européens à l’idée d’habiter la zone torride du nouvel hémisphère. L’hygiène, il est vrai, s’est montrée jusqu’ici impuissante contre les fièvres miasmatiques qui règnent dans la saison des pluies à l’isthme de Panama ; mais l’Amérique centrale a toujours été une contrée salubre ; la terrible fièvre jaune a disparu de la Nouvelle-Orléans depuis que les fédéraux entretiennent la ville dans un état de propreté convenable. Il en a été ainsi à la Vera-Cruz, où les mêmes mesures ont fait reculer le fléau, pendant l’occupation française. Les terres américaines sont les plus riches du monde en métaux précieux ; on se fera une idée de l’énorme quantité d’or et d’argent que les mines ont fourni à la circulation, si l’on considère que de 1733 à 1825, il a été frappé à la seule monnaie de Mexico pour une valeur de 7,394,869,000 fr., et que, suivant M. de Humboldt, le produit de ces mines s’élevait, pour l’année 1803, à près de 40 millions d’or, et plus de 200 millions d’argent. On connaîtbles inépuisables placers de labCalifornie. Le Chili et l’île de Cuba possèdent de riches mines de cuivre, et les États-Unis d’abondantes mines de fer et de vastes dépôts houillère ; le Pérou a des mines de mercure, aujourd’hui abandonnées, mais non épuisées ; enfin le Brésil fournit à l’univers entier ses diamants et ses pierres précieuses. Le sol de l’Amérique est presque partout susceptible de culture, et, dans beaucoup d’endroits, d’une admirable fertilité ; les produits des contrées équatoriales sont la vanille, la cochenille, le sucre, le cacao, le café, le gingembre, la noix muscade, le quinquina, l’indigo, le coton, le tabac, les gommes, les résines, et une énorme quantité de plantes médicinales ; d’immenses forêts, encore en grande partie vierges, sont remplies d'arbres d'un bois précieux pour la construction, l’ébénisterie et la teinture ; on y trouve l’acajou, le bois dit de Brésil, le bois de Campèche, etc. ; c’est à l’Amérique que nous devons la pomme de terre, le tabac, le maïs, le millet.

L’Amérique offre sous le rapport zoologique, des caractères particuliers sur lesquels nous devons appeler l’attention. Quelques espèces, telles que le renne, l’élan, le loup, le castor, etc., sont communes à l’ancien et au nouveau continent. D’autres, telles que les tatous, les paresseux, les sarigues, etc., appartiennent exclusivement à l’Amérique. Enfin un grand nombre d’espèces de l’ancien monde ne figurent pas dans la faune américaine, mais y sont représentées par des espèces analogues ; nos lions, nos tigres, nos panthères, s’y trouvent remplacés par le puma, le jaguar, l’ocelot ; nos cochons, nos sangliers, par le pécari, le tajassou, etc. ; nos ruminants, par le lama, l’alpaca, la vigogne, etc. ; nos rongeurs par le camu, l’agouti, etc. Les anciens Américains ne connaissaient aucun de nos animaux domestiques ; on sait quelle surprise mêlée de frayeur leur inspira la vue de nos chevaux. La classe des oiseaux compte en Amérique un grand nombre d’espèces, presque toutes remarquables par la beauté des couleurs. Les oiseaux de proie l’emportent en général, pour la taille, sur ceux de l’ancien continent qui n’a rien à opposer au condor des Andes. Quant aux reptiles, ils pullulent dans les forêts marécageuses des régions centrales ; les plus redoutables sont l’alligator, le boa constrictor, le crotale ou serpent à sonnettes, le trigonocéphale, etc.

Races. Les diverses races humaines se sont donné rendez-vous sur le continent américain. Le plus beau type, le type blanc de la race caucasienne, se trouve au Canada et dans les États-Unis. La peau des misses de New-York, de Philadelphie, de Baltimore et de Québec, ne le cède ni en blancheur ni en teintes rosées, à celle des young ladies de Londres et de nos Parisiennes. Le nègre du Congo, avec son nez écrasé, son front déprimé, sa chevelure laineuse et sa peau d’ébène, reconnaîtrait son sang, sans aucun mélange, parmi les noirs des États cotonniers, de Haïti et des Guyanes. Le teint olivâtre des populations malaisiennes et asiatiques se trouve chez les Indiens, parmi les races autochthones de l’Amérique du Nord et du Sud. Mais ce qui donne à l’Amérique une physionomie toute particulière au point de vue ethnologique, c’est le mélange continuel de toutes ces races, réalisant doublement la légende de la tour de Babel. On comprend que rien de semblable ne pouvait se produire dans l’ancien monde, où les populations d’origine différente, parquées chacune dans leurs limites naturelles, ne se mêlèrent jamais que sous l’impulsion d’événements accidentels, de guerres, d’invasions temporaires. L’expression de sang mêlé, qui désigne les nombreux individus réunissant dans leurs veines le sang de races diverses, et qui comprend les mulâtres, les créoles, les quarterons, octorons, etc., témoigne du rôle considérable que le croisement a joué dans le développement de la population américaine.


Religions. Excepté le mahométisme, toutes les religions du globe sont représentées sur le continent américain. Chacune s’y retrouve avec les caractères et les rites qui lui sont particuliers dans l’ancien inonde. L’homme qui assiste à une messe dans la cathédrale de Santiago ou de New-York se croirait à Notre-Dame de Paris ; et le service divin est absolument le même à Saint-Paul de Londres qu’à l’église épiscopale de Boston. Mais, de même que l’Amérique a vu surgir des races nouvelles du mélange de toutes celles qui se sont rencontrées sur son sol hospitalier, de même toutes les religions y ont fleuri, et de leur contact sont sorties une foule de religions nouvelles, et dont les plus remarquables sont le baptisme, le méthodisme et le mormonisme. Le protestantisme, avec ses milliers de sectes, est le culte dominant dans l’Amérique du Nord, parmi les populations anglo-saxonnes des colonies britanniques et des États-Unis ; mais le catholicisme compte le double d’adhérents, qu’il recrute au nord chez les émigrants de la race latine et celtique (les Français du Canada, les Irlandais des États-Unis), au sud et dans l’Amérique centrale, parmi les peuples de race latine, descendants des Espagnols. C’est à peine si quelques milliers d’Indiens sauvages pratiquent encore l’idolâtrie.


Histoire. L’histoire de l’Amérique, si sommairement qu’on veuille l’écrire, se divise forcément en trois parties bien distinctes :

Découverte ; 2° Conquête et colonisation ; 3° Constitution des diverses nationale


Découverte. D’où venaient les peuples que les Européens rencontrèrent en Amérique lors des grandes découvertes du XVe et du XVIe siècle ? Sont-ils véritablement autochthones, ou des rameaux qui se sont séparés, à une époque inconnue de races de l’ancien continent ? Ce problème, qui a singulièrement embarrassé les historiens catholiques de la conquête, n’en est pas un pour les partisans de la pluralité des espèces humaines. Diverses hypothèses ont été émises par ceux qui admettent l’unité. Les monuments trouvés au Mexique, au Nicaragua, au Pérou, prouvent, aussi bien que les ruines de Balbeck, de Palmyre et de Persépolis, un état de civilisation avancé et datant de fort loin. C’est principalement dans les livres de M. Squiers sur l’Amérique centrale, que l’étude des antiquités américaines démontre que depuis des siècles le nouvel hémisphère était habité par des populations contemporaines probablement des Assyriens, des Grecs, des Égyptiens et des Romains de l’ancien monde. Notons en passant l’analogie frappante qui rapproche les statues découvertes au Nicaragua de celles qui ornaient les palais ou les temples de l’Égypte et de l’Assyrie. — Dans l’hypothèse qui tire de l’ancien monde les premiers habitants de l’Amérique, il faut admettre, qu’en raison de l’extrême imperfection de l’art nautique à l’époque nécessairement reculée où se produisit cette immigration, le passage dut s’effectuer par l’un des trois points où le nouvel hémisphère se rapproche le plus de l’ancien, c’est-à-dire par le Brésil, par le Groenland ou par l’Amérique russe. Celle-ci est séparée de l’Asie par le détroit de Behring, qui est à peine large de quelques lieues, et dont les glaces forment, pendant l’hiver, un pont naturel entre les deux continents. Trois à quatre jours de mer, par un bon vent, pouvaient amener au Groenland les barques des intrépides Islandais ou celles de leurs compatriotes, les Scandinaves. Le Groenland oriental, dans les terres de Scoresby, s’approche tellement de la péninsule scandinave et du nord de l’Écosse, que, de cette dernière au cap Barclay, il n’y a que 269 lieues marines, la moitié à peu près de la largeur de l’Atlantique, entre la cote africaine de Guinée et la côte américaine du Brésil. Cette dernière traversée étant la plus longue, il est peu probable que les peuples africains, si mauvais marins du reste, se soient risqués à chercher par delà leur Océan un nouveau continent. Certains auteurs ont parlé d’une prétendue découverte de l’Amérique par des Troyens, échappés au fer des Grecs; d’autres ont insinué que les marins carthaginois auraient pu aborder au Brésil. Mais, outre que l’histoire, qui nous a conservé la tradition du périple d’Hannon autour de l’Afrique, se tait complètement sur ces voyages bien autrement importants, il faut constater qu’avant l’implantation des nègres en Amérique, par les Européens, le type africain ne se retrouvait chez aucune peuplade du nouveau monde. Sans doute, les anciens eurent une vague perception de l’existence de l’Amérique. Homère plaçait l’Élysée dans la mer occidentale, au delà des ténèbres cimmériennes. La tradition des Hespérides et celle des îles Fortunées, succéda à celle de l’Élysée. Les Romains virent les îles Fortunées dans les Canaries, mais ne détruisirent point la croyance populaire de l’existence d’une terre plus reculée à l’occident. Sénèque est l’interprète exact de cette croyance, dans ces vers de sa tragédie de Médée :

 Venient annis
Secula seris, quibus Oceanus
Vincula rerum laxet, et ingens
Patent tellus, Typhisque novos
Detegat orbes, nec sit terris
Ultima Thule.

Vers la même époque, Vitruve, en faisant de la terre un globe immense tournant sur un axe appuyé à ses extrémités sur deux points fixes, Vitruve corroborait l’idée poétique de Sénèque, car il n’aurait jamais pensé à faire tourner un globe n’ayant que de la terre d’un côté et un élément liquide de l’autre. Néanmoins, nous dirons avec Chateaubriand : « Presque tous les monuments géographiques de l’antiquité indiquent un continent austral : je ne puis être de l’avis des savants, qui ne voient dans ce continent qu’un contre-poids systématique imaginé pour balancer les terres boréales ; ce continent était sans doute fort propre à remplir sur les cartes des espaces vides ; mais il est aussi très-possible qu’il y fût dessiné comme le souvenir d’une tradition confuse : son gisement au sud de la rose des vents, plutôt qu’à l’ouest, ne serait qu’une erreur insignifiante parmi les énormes transpositions des géographes de l’antiquité. »

Cette tradition confuse dont parle Chateaubriand, d’où venait-elle ? De voyages directs entre l’Amérique et l’Afrique par la pointe du Brésil ? Évidemment non. Elle venait des Phéniciens, des Carthaginois, déjà en relation pour leur commerce d’étain et d’ambre jaune, avec les marins de la Baltique, de la Scandinavie, de l’ultima Thule enfin, cette terre mentionnée par Sénèque et si près du nouveau monde. C’est de ces pays que vint sans doute à Carthage, où il demeura plusieurs années, deux ou trois siècles avant l’ère vulgaire, cet étranger mystérieux dont parle Plutarque, cité lui-même par Humboldt dans son « Examen critique de la géographie du nouveau monde. » C’est dans ces pays Scandinaves que Colomb trouva les légendes, les traditions qui le confirmèrent dans l’exactitude de ses admirables pressentiments géographiques. Et si, plus tard, il crut retrouver l’Ophir de Salomon dans les mines d’Hispaniola, c’est parce qu’il pensait avoir atteint, en naviguant à l’ouest, les contrées asiatiques explorées par les navires juifs, cinglant toujours à l’est.

Des trois points les plus rapprochés de l’ancien monde, et par lesquels seulement l’Amérique pouvait recevoir ses premiers habitants, il faut donc rejeter le Brésil. Restent le détroit de Behring et la traversée de la Scandinavie au Groenland. C’est à propos de ces deux points seulement que les savants se disputent encore, sans avoir pu s’accorder. Les uns prétendent que le détroit de Behring fut l’unique chemin choisi par les descendants de Noé, pour venir en Amérique, d’où il s’ensuivrait que les indigènes appartenaient tous à la race mongolique, excepté les rares habitants qui avoisinent le cercle polaire. L’autre théorie consiste à faire découvrir et peupler l’Amérique par les Scandinaves. Des deux côtés, on a soutenu son opinion, avec talent, par les traditions historiques, trop souvent obscures, par l’anthropologie, la linguistique et l’étude des antiquités.

« Les nations de l’Amérique, dit A. de Humboldt, forment une seule race, caractérisée par la conformation du crâne, par la couleur de la peau, et par les cheveux plats et lisses. La race américaine a des rapports très-sensibles avec celle des peuples mongols, qui renferme les descendants des Hiong-Nou, connus jadis sous le nom de Huns, les Kalkas, les Kalmoucks et les Burattes. Des observations récentes ont prouvé même que non-seulement les habitants d’Unalaska, mais aussi plusieurs peuplades de l’Amérique méridionale, indiquent, par des caractères ostéologiques de la tête, un passage de la race américaine à la race mongole. Lorsqu’on aura mieux étudié les hommes bruns de l’Afrique, et cet essaim de peuples qui habitent l’intérieur et le nord-est de l’Asie, que des voyageurs systématiques désignent vaguement sous le nom de Tartas et de Tchoudes, les races caucasienne, mongole, malaise et nègre paraîtront moins isolées, et l’on reconnaîtra dans cette famille du genre humain un seul type organique, modifié par des circonstances qui nous resteront peut-être à jamais inconnues. » La science s’est chargée de vérifier, excepté pour les indigènes du Canada et des États-Unis, ces paroles que l’Aristote moderne écrivait il y a quarante ans, et chaque jour apporte un nouveau témoignage en faveur du système de l’unité du genre humain. — Sur environ cent mots américains, choisis dans différentes provinces et reconnus comme presque identiques avec des mots chinois et des mots tartares, une cinquantaine sont des noms de peuples, peuplades ou villes ; dix ou douze sont des titres donnés à la divinité ou aux puissances de la terre ; quelques-uns sont des noms propres ; des noms communs y figurent aussi. La terminaison en an est très-fréquente au Mexique ; or, cette terminaison est tartare ou turque. M. Neumann, de Munich, a aussi identifié le Mexique avec ce pays de Fou-Schan, dont parlent, comme situé à deux mille lieues au levant de la Chine, les voyageurs boudhistes, auxquels M. Gustave d’Eichthal attribue également l’introduction en Amérique de cette civilisation dont on a trouvé au Mexique de si remarquables monuments. Wardenn, dans ses Recherches sur les populations primitives de l’Amérique, prouve, par quarante-trois exemples tirés des éléments de la grammaire chinoise, que la construction grammaticale de cette langue est absolument la même que celle des Othomis, l’un des anciens peuples de la vallée de Mexico. De plus, on a tiré un argument en faveur de l’origine asiatique des Mexicains, de ce fait, qu’une grande partie des noms par lesquels les Aztèques désignaient les vingt jours de leurs mois, correspondent pour le son à ceux des signes du zodiaque, tels qu’on les trouve chez les peuples de l’Asie orientale. Brevewood, savant antiquaire anglais, a prétendu aussi que l’Amérique a été originairement peuplée par les Tatars ; l’illustre de Guignes assure que les Chinois commerçaient, vers 458, avec ce continent ; et selon John Ranking, auteur anglais, une expédition mongole, dirigée contre le Japon au XIIIe siècle, aurait été jetée par une tempête sur les côtes d’Amérique et se serait étendue au Pérou, au Mexique et dans d’autres lieux. Si l’Amérique fut plus d’une fois visitée par les peuples de l’ancien continent, du côté