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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 2, An-Ar.djvu/102

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d’appendices respiratoires, de tète distincte, de pieds et même de soies, mais ayant des yeux, des mâchoires et une cavité préhensile, en forme de ventouse, à chaque extrémité du’ corps ; ces espèces mènent une vie errante, et peuvent être considérées comme parasites, car elles se nourrissent aux dépens d’autres animaux vivants ; ex. les sangsues.

La classe des annëlides, telle que l’ont établie et définie MM. Paul Gervais et Van Beneden, ne répond pas complètement aux annëlides de Guvier, de Lamarck et de la plupart des naturalistes ; elle forme une des quatre classes du type vers, et se divise en trois ordres : chêtopodes, géphyriens et tomoptérides ; les sangsues et autres hirudinées n’en font pas partie.

Les applications des annëlides sont assez bornées : on connaît l’usage et l’utilité des sangsues ; les lombrics, ainsi que les néréides et les autres annëlides marins, servent d’appât pour la pêche. Voir, pour plus de détails, les différents noms cités dans cet article ; voir aussi

les mots ARTICULÉS, VERS, HELM1NTHOLOGIE.

«1er).

—rad. a

ANNEMASSE, ch.-lieu de cant. (Haute-Sa■ voie), arrond, de Saint-Julien ; pop. aggl. 578 hab. — pop. tôt, 1,124 hab. Sur la route de Chamouny et à 7 kil. S.-E. de Genève.

•ANNÈSE (Gennaro), chef populaire, un des successeurs de Masaniello dans le commandement du peuple napolitain révolté contre la domination espagnole (16-n). C’était un ouvrier armurier. Il fit proclamer la république, négocia hubilement la protection de la France et reconnut le duc Henri de Guise comme chef militaire, pendant que lui-même demeurait chargé du gouvernement civil. Bientôt cependant, jaloux de l’autorité que s’arrogeait le prince lorrain, il traita avec les Espagnols, leur rouvrit les portes de Naples (6 avril 1648) et n’en fut pas moins envoyé à l’échafaud par eus, au mépris de l’amnistie proclamée.

ANNESLEY (Arthur), comte d’Inglesey, écrivain anglais, né à Dublin en 1614, mort en 1686. Il changea plusieurs fois de parti pendant la guerre civile, et devint sous la Restauration trésorier de la marine et lord du sceau privé. Ses Mémoires ont été publiés à Londres

ANNESLIE s. f. (ann-nè-sli — de lord Annesly). Bot. Nom donné à deux genres de plantes : l’un de la famille des théacées, renfermant une seule espèce, originaire du Martaban ; l’autre do la famille des légumineuses, et syn. du genre inga. il Genre de la famille des nympheacécs, syn. A’euryale.

ANNÉLIPÈDE adj. (ann-né-li-pè-de — du lat. annellus, anneau ; pes, pedis, pied). Zool. Qui a les pattes en anneau.

ANNÉSORHIZE s. f. (a-né-zo-ri-ze — du gr. annésortj aneth ; rhiza, racine). Bot. Genre d’ombellifères, voisin des œnanthes, et renfermant une seule espèce, dont la racine a ulie odeur d’anis, et qui croit au cap de BonneEspérance.

Aun<stie et lubln, comédie de Favart, en un acte et en vers, mêlée d’ariettes, représentée pour la première fois en 1762. Cette pièce est le conte de Marmontel mis en action, auquel l’auteur a ajouté quelques scènes êpisodiques. Il y a du sentiment, de la grâce et de la gaieté.

Les noms d’Annette et Lubin sont restés deux types dans les amours champêtres,

Auuetie et Lubia, opéra-comique en un acte, paroles de Mme Favart, musique de Delaborde, représenté le 15 février 1762..

Auuotto et Lubln (la Suite d’), opéra-comique en un acte, paroles de Favard, musique de Sadin, représenté au théâtre Feydeau le 10 mars 1791.

A miette et Lubin, opéra-comique en un acte, paroles de M™« Favart et de Lourdet de Santerre, musique de Martini, représenté en 1800.

annexant (ann-nè-ksan) part. prés, du v. Annexer.

ANNEXATION s. f. (ann-nè-ksa-si-onrad. annexer). Syn. inusité de annexion, barbarisme qui ne figure ici que parce qu’il a été employé exceptionnellement par quelques auteurs. /

ANNEXE s.f. (ann-nè-kse —du lat. annexus, attaché à). Ce qui dépend d’un objet principal, sans en faire partie essentielle : Les annexes d’un État. Les annexes d’un bâtiment. L’auteur entend, par le mot de France, le royaume tel qu’il est aujourd’hui avec ses annexes. (Volt.) Chez la race brahmanique, la grammaire apparaît comme une annexe des Védas. (Renan.) il Chapelle, église détachée d’une paroisse pour la commodité d’un certain nombre d’habitants, et dont le desservant dépend du curé, comme un vicaire ordinaire : Les communes ou sections de communes qui ont obtenu l’érection d’une annexe ne sont pas dispensées de concourir aux frais d’entretien de l’église et du presbytère, et autres dépenses du culte du chef-lieu de la cure ou succursale. (Belèzo.) Il Hameau dépendant d’une commune : Deux jeunes gens du hameau d’Allet, annexe de La ■Broque, nés le même jour, ont été tués le même jour à Solferino. (Journ.)

— Anat. Organes accessoires dépondant d’un organe principal : Les paupières, les cils,

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sont tes annexes de l’œil. La pie-mère et l’arachnoïde sont les annexes du cerveau. Les trompes, les ovaires, les ligaments sont les annexes de l’utérus. Chaque organe de l’animal correspond avec une partie quelconque du cerveau et de ses annexes, celui-ci se trouve ainsi comme l’abrégé de tout l’organisme. (Yirey.)

— Jurispr. Pièces jointes à l’appui d’un rapport, d’un procès-verbal, etc. : j ai égaré l’une des annexes de mon contrat. (Legouvé.) Il Ane. jurispr. Droit d’annexé, Droit qui consistait dans l’enregistrement des brefs, bulles, dispenses, jubilés, indulgences et autres semblables rescrits venant de Rome ou d’Avignon. Le parlement d’Aix était le seul en France qui jouît de ce droit.

— Dr. féod. Terres attachées à une seigneurie dont elles ne dépendent pas.

— S’empl. adj, : La péninsule péloponésienne et la Livadie actuelle, dont le Cithéron et les villes annexes étaient comme l’ombilic. (Val. Parisot.} C’est un établissement annexe de l’arsenal. (Ad. Meyer.)

— Encycl. D’après une circulaire du 11 mars 1809, l’église qui forme une annexe n’a pas de fabrique ; ses biens sont administrés par quelques habitants que choisit l’évêque ; elle doit —itribuer aux frais du culte de l’église patrésorier

cepter les donations qu’on lui tait. On ne peut obtenir l’érection d’une annexe sans mettre en mouvement toute notre machine administrative. Ici se révèlent ces exigences de notre centralisation, qui semblent prendre à tâche d’arrêter au passage la moindre erreur de l’initiative individuelle, comme si cette erreur devait être irréparable. Il faut produire : une demande adressée à l’évêque diocésain, avec indication des motifs, du traitement proposé pour le prêtre, et des dépenses annuelles ; le rôle des souscriptions des habitants ; l’inventaire des meubles, linge et ornements de l’église ; les délibérations du conseil municipal de la commune et du conseil de fabrique de la

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chaussées constatant la distance entre l’église paroissiale et la localité oui est en instance, avec l’état des chemins ; l’avis motivé de l’évêque ; l’avis du préfet en forme d’arrêté. Le ministre des cultes transmet ce dossier avec un rapport au Conseil d’État, sur l’avis duquel l’annexe est érigée, s’il y a lieu, par décret impérial.

ANNEXÉ, ÉE (ann-nè-ksé) part. pass. du v. Annexer : Le droit de corriger les abus était annexé à la royauté. (Boss.) Voyez la note annexée à cet article. (Fourier.) Deux étuves destinées au séchage des moules sont annexées à la fonderie. (Laboulaye.) Un coup d’œil sur la table généalogique annexée à l’article Inachus, fera saisir les rapports d’Abas avec Danaûs son aïeul. (Val. Parisot.) L’employé se leva pour transmettre au fonctionnaire les pièces annexées à l’acte de mariage. (Balz.) Un magnifique potager d’un arpent fut annexé d la propriété. (Alex. Dum.)

— Versif. Rime annexée, Répétée au commencement du vers suivant, comme dans cet exemple :

n’apj»rocfte

t placé au com

Proche i

— Gramm. Précédé de c

mencement d’une phrase,

riable. Au milieu d’une phrase, il est invariable devant un substantif employé sans article et sans adjectif détorminatif ; il varie quand le substantif est déterminé ou placé avant. V. Inclus..■

— Syn. Annexé, adhérent, attaché. V. ADHÉRENT.

ANNEXER v. a. ou tr. (ann-nè-ksé — du lat. annexus, part. pass. de annéetere, attacher à). Joindre à un objet principal : Annexer une nouvelle province à un royaume. Annexer une terre à une ferme. Annexer une chapelle à une paroisse. Annexer une pièce à un dossier, un article à un contrat. Le roi Charles VIII annexa la Provence à la couronne. (Trév.) Il avait annexé ce droit à sa terre. (Acad.) La force morale n’empêche plus ^’annexer les provinces ni de rompre les traités. (L. Veuillot.) Quant à présent, la combinaison qui annexerait à la France la Savoie et le comté de Nice ne saurait avoir d’autre caractère que celui d’une véritable conquête. (Journ.)

S’annexer, v. pr. Être annexé, s’ajouter à un objet principal : Tous les jours de nouveaux documents viennent s annexer au dossier du grand procès qui vase juger enEurope. (Journ.) Il n’est pas sans intérêt de rappeler ce que furent, dans le passé, les États qui viennent de s’annexer au Piémont. (Journ.)

ANNEXION s. f. (ann-nè-ksi-on — rad. annexer). Action d’annexer : résultat do cette action : £’annexion d’un État faible à Un État plus puissant, //annexion d’une ferme à une propriété, //annexion d’une pièce au procès. Il est hors de doute que Vannexion de la Savoie a une bien autre importance que ^’annexion des Batignolles, qui a commencé la série des annexions. (L. Ulbach.) L’assemblée a voté à l’unanimité des voix l’annexion des provinces parmesanes au Piémont. (Journ.)

— Absol.  : La banlieue de Paris se plaint de subir les charges de f annexion, sans en avoir les avantages. (T. Delord.) L’annexion violente

est encore un mode de civilisation. (Rev. Germ.)

— L’Académie ne donne pas annexion, bien qu’elle ait admis annexer, avec des exemples indiquant les différents usages do ce verbe.

— Encycl. Polit. Le mot annexion, comme lé remarque M. Maurice Bloch, n’est pas nouveau dans la langue politique. Le moyen âge nous présente souvent l’annexion d’une terre à un fief, d’un fief à la couronne d’un suzerain. Parmi les annexions modernes, il suffit de mentionner celle de Brème et de Hambourg à l’Empire français sous Napoléon 1er, celle de Craeovie à l’Autriche, celle du Texas à l’Union américaine, les annexions récentes qui ont fait l’unité italenne, celle de la Savoie à la France.

Depuis la guerre d’Italie (1S59), le mot annexion a pris un sens bien déterminé : il signifie acquisition d’un territoire, d’un pays, avec l’adhésion formellement exprimée des populations de ce territoire, de ce pays. Ainsi comprise, l’annexion a été érigée en système ; elle s’est élevée à la hauteur d’un principe. La révolution italienne et le second empire fran-, çais l’ont introduite dans le droit public européen. Ce n’est pas autre chose que la souveraineté du peuple appliquée aux transformations territoriales des États. Elle menace les États secondaires créés par l’arbitraire diplomatique en vue, non des peuples, mais des princes ; elle ouvre l’espérance aux nationalités partagées, déchirées ; elle apporte une direction nouvelle" à la politique, une base nouvelle aux contrats internationaux. Un certain nombre d’esprits y voient le point de départ "" grande et féconde révolution, qui doit

V ’» •

déterminer le nombre et les limites des Etals européens d’après les affinités de race, de langue, et les indications de la géographie naturelle.

Pour d’autres, l’annexion est la forme que prend au xixc siècle l’éternel droit de la force, un rajeunisement du droit de conquête, un prétexte pour violer les traités, une machine de guerre aux mains des États puissants contre l’indépendance des petits. V. Nationalités (principe des).

ANNEXIONNISME OU ANNEXIONISME S.

m. (ann-nè-ksi-o-ni-sme — rad. annexion). Polit. Théorie moderne, en vertu de laquelle on prétend devoir réunir les petits États aux plus grands, leurs voisins, sous prétexte d’affinité délangage, d’intérêts, etc.

ANNEXIONNISTE OU ANNEXIONISTE S. m. (ann-nè-ksi-o-ni-sto — rad. annexion). Polit. l’artisan de l’annexion : Nous croyons, une fois de plus, que l’illusion du désir prend aux yeux des annexionnistes les apparences pour laréalité. (Journ.) Le parti des annexionnistes se/ait un grand auxiliaire de la notation universelle. (Journ.)

— Adjectivem. Qui regarde les annexionnistes, ou l’annexion ; qui veut l’annexion : Le parti annexionniste, les idées annexionnistes. Tout État est, de sa nature, annexionniste, (Proudh.) Sur la foi des journaux annexionnistes, deux solliciteurs ont déjà demandé, l’un la préfecture du Mont-Blanc, l’autre la recette générale des Alpes-Maritimes. (Journ.) La nomination de ce candidat reste évidemment inspirée par la politique Annexionniste. (Journ.) Le chiffre des votes annexionnistes à Pise, à Sienne, à Livourne, est dans la proportion de cent contre un. (Journ.) Ce procès ne servira probablement qu’à montrer l unanimité de l’opinion annexionniste, (Journ.)

AISNEYRON, commune du dép. de la Drôme, arrond. de Valence ; pop. aggl. 1,138 hab.pop. tôt. 3,152 hab. Près de là sont les ruines du château de Mantaille, où se tint, en 879, ce concile fameux dans’lequel on dépouilla les enfants de Louis le Bègue de la couronne de Bourgogne pour la donner à Boson.

ANNI, ville ruinée de la Turquie d’Asie, dans l’Arménie, district de Kars ; les murailles, les tours et les églises sont bien conservées, mais aucune maison particulière n’est debout ; à distance, la ville ne parait pas être déserte. Ancien siège des rois d’Arménie depuis le vnie siècle jusqu’à 1064, et des patriarches armé ANNIBAL ou HANN1BAL, général carthaginois et l’un des plus grands capitaines de l’antiquité, né à Carthage l’an 247 av. J.-C. Il n’avait que neuf ans lorsque, voyant son père aller au temple pour offrir un sacrifice aux dieux et leur demander d’être favorables dans la guerre qu’il allait porter en Espagne, il se jeta à son cou, et le conjura de le meneravec lui. Attendri et vaincu par les caresses de son fils, en qui il voyait déjà un futur héros, Amilear le prit entre ses bras, et, arrivé dans le temple, il lui fit jurer au pied des autels une haine éternelle aux Romains. On va voir comment le vainqueur de Cannes devait tenir son serment. (V. Serment.) Il se distingua tellement dans cette guerre d’Espagne, qu’à la mort d’Asdrubal, son beau-frère, l’armée carthaginoise l’élut pour son général, quoiqu’il eût à peine vingt-six ans (521). Carthage ratifia (peut-être à regret) cette élection militaire, et Annibal ne songea plus dès lors qu’à réaliser la pensée de son père, qui fut aussi la pensée et 1 œuvre de toute sa vie : la destruction de la puissance romaine. Son plan, aussi simple que grandiose et hardi, consistait à porter la guerre en Italie même et à frapper Rome à son foyer. Ne voulant rien laisser d’hostile derrière lui, il se hâte d’écraser les

peupfades espagnoles, et, sans même consulter sa p’atrie, espérant qu elle ne désavouerait pas ses victoires, il va mettre le -siège devant Sagonte (219), ville alliée des Romains, puis rassemble une armée considérable, barbares de toutes nations, Africains et Ibériens, franchit les Pyrénées, traverse la Gaule, domptant les peuples ou les gagnant par des présents, s’engage audacieusementdans les Alpes, qu’aucune armée n’a jamais franchies, escalade à travers les abîmes et les précipices ces cimes glacées d’où il montre à ses soldats, pour les encourager, les riches plaines arrosées par le Pô (V. Alpes (passage des), et paraît enfin dans la Gaule cisalpine, après cinq mois de la marche la plus extraordinaire que nous offre l’histoire militaire de l’antiquité. Il avait payé de la moitié de son armée la seule acquisition de son champ de bataille ; 26,000 hommes épuisés lui restaient à peine, tandis que Rome pouvait lui opposer 800,000 combattants ! Mais il comptait sur son génie et sur les Gaulois cisalpins, ces vieux ennemis de Rome, qu’il entraîna en effet après quelques combats, et avec lesquels il gagna ses grandes batailles. Le consul Scipion l’attendait sur le Tésin : il l’attaque, et, grâce à sa cavalerie numide, l’oblige a se replier derrière le Pô, puis attire l’autre consul, Sempronius, dans les plaines voisines de la Trébie (218), et lui tue 30,000 hommes, après lui avoir dressé une de ces embuscades qui lui devinrent si familières et qui déconcertaient la tactique régulière des Romains. La Cisalpine était presque entièrement a lui. L’hiver était à peine fini qu’il franchit l’Apennin et s’engagea dans les marais de l’Ame- pour pénétrer en Etrurie. Pendant quatre jours et trois nuits, ses soldats marchèrent dans l’eau et la vase, enfonçant jusqu’à la ceinture, tandis que lui-même, monté sur son dernier éléphant, perdit un œil par les veilles, les fatigues et l’humidité des nuits. Mais il avait atteint son but. Il laissa reposer un moment son armée dans un pays fertile, trompa ensuite par des marches simulées le consul Flaminius, l’attira dans des défilés au bord du lac Trasimène et gagna sur lui cette sanglante bataille (217) qui lui ouvrait le chemin de Rome, et pendant laquelle les deux armées combattirent avec tant d’acharnement, qu’elles ne ressentirent pas la commotion- d un tremblement de terre qui, en ce moment même, renversa des villes, entr’ouvritdes montagnes et changea le cours de plusieurs rivières. Pendant que la consternation régnait à Rome et qu’on y nommait prodictateur le prudent Fabius Maximus, qui devait, dans cette guerre, mériter le surnom peut-être ironique de Temporiseur, Annibal gagna le Picenum et descendit le long de l’Adriatique jusqu’en Apulie, dévastant tout sur son passage, mais souvent déconcerté par la tactique de Fabius, qui se contentait de le suivre et de le harceler, sans jamais engager d’action décisive. Cette conduite, habile sans doute avec, un ennemi aussi redoutable, irritait l’orgueil militaire des Romains, qui nommèrent consuls le plébéien T. Varron et Paul-Emile, avec ordre d’attaquer Annibal. Le rusé Carthaginois sut les attirer dans les plaines de Cannes, où sa redoutable cavalerie numide pouvait manœuvrer librement, et prit ses dispositions avec tant d’art que les Romains avaient au visage le vent, la poussière et lo soleil. Il en massacra 60,000, parmi lesquels 80 sénateurs et 6,000 chevaliers (216). Les

. chevaliers

qui périrent dans ce combat. On a longtemps considéré comme une faute du héros carthaginois de n’avoir pas marché à l’instant sur Rome, plongée dans le désespoir et l’effroi ; on a répété à satiété ce mot de Maharbal, un do ses officiers : « Tu sais vaincre, Annibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire, u (V. Vaincre.) Cependant, il a été démontré plus récemment qu’il avait sagement pensé et agi : affaibli par ses victoires mêmes, ne recrutant que difficilement son armée, ne recevant aucun secours de sa patrie, ne possédant dans l’Italie méridionale ni places fortes, ni magasins, ni ports, il ne pouvait espérer ■ enlever par un coup d’audace Rome, dont il était d’ailleurs séparé par plus de quatre-vingts lieues, par des fleuves, des montagnes, des forteresses, des populations hostiles, et qui était en outre protégée par son prestige militaire, par de hautes murailles, des fossés profonds, et tout un peuple en armes prêt à défendre ses foyers avec le courage du désespoir.

Annibal se dirigea dans la Carapanie, afin de

rprendre Naples, il e :

il passa l’hiver, après a

dans Capoue, <

enlevé quelques

lit aussi que son

armée s’était amollie dans les délices de Capoue (V. Délices), et n’avait plus été depuis lors en état de rien accomplir de grand et de décisif. Le fait ne paraîtra pas invraisemblable, si l’on considère que c’est là ce qui est arrivé à toutes les armées de barbares qui ont envahi l’Italie. Cependant, il ne faut pas oublier nonplus qu’Annibal et ses bandes redoutables guerroyèrent encore pendant treize années en Italie, sans qu’on pût les en chasser, et firent pâlir au dernier moment les soldats de Scipion a Zama.

Quoi qu’il en soit, la bataille de Cannes termina la grande guerre : aucun général romain n’osa plus depuis camper en plaine en face d* ces mercenaires de toutes races, unis par l’as-