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épigrammes de table et comiques.

Profite du temps présent pour aimer et boire, Damocrate, car nous ne boirons pas toujours, nous ne jouerons pas toujours avec de beaux garçons. Parons nos têtes de couronnes, arrosons-nous de parfums avant qu’on porte des parfums et des couronnes sur nos tombes. Que de mon vivant mes os s’imbibent de vin ; et qu’après ma mort Deucalion les inonde. (Straton.)

Ainsi disait Louis XV : « Après moi le déluge ! »


Sept années se sont ajoutées à trente, autant de pages déchirées du livre de ma vie. Déjà ma tête se parsème de cheveux blancs, messagers de l’âge de la sagesse. Mais j’aime encore les chants, les causeries amoureuses, les chœurs et les banquets, et dans mon sein brûle une flamme toujours nouvelle. Allons, Muses, hâtez-vous de clore ce chapitre, et régnez en souveraines sur mes passions. (Philodème.)

Cette épigramme rappelle ces vers charmants qui terminent la Métromanie de Piron :

Vous à qui désormais je consacre mes jours,
Muses, tenez-moi lieu de fortune et d’amours.

La rose ne fleurit qu’un instant ; vient-elle à passer, cherche, tu ne trouveras plus un rosier, mais une ronce. (……)


Bois, ami, amuse-toi. Qu’arrivera-t-il demain ? Qu’arrivera-t-il plus tard ? Personne ne le sait. Ne t’essouffle pas, ne te fatigue pas. Autant que tu le peux, donne-toi du bien-être, procures-en aux autres, mange de bon appétit, pense en mortel. Il y a bien peu de distance de la vie à la mort. (……)

C’est le comedamus et bibamus ; cras enim moriendum d’Isaïe, traduit en si beaux vers par Racine :

De nos jours passagers le nombre est incertain ;
Il est sage aujourd’hui de jouir de la vie ;
Qui sait si nous serons demain ?

On m’a volé un cochon, une génisse, une chèvre, et à ce sujet je t’ai donne une petite somme, Ménéclès. Aucun démêlé ne s’est élevé entre Othryade et moi, et je n’accuse pas du larcin les héros des Thermopyles. C’est contre Eutychide que je plaide, en sorte que je ne sais ce que font ici Xerxès et les Spartiates. Mais ne perds pas de vue mon affaire au nom de la loi ou je crierai bien haut : « Ménéclès parle d’une façon et mon cochon d’une autre. » (Lucillius.)

Nous trouvons dans Martial une épigramme qui parait être une imitation de celle qu’on vient de lire : La Harpe l’a traduite en vers français :

On m’a volé : j’en demande raison
À mon voisin, et je l’ai mis en cause
Pour trois chevreaux et non pour autre chose.
Il ne s’agit de fer, ni de poison :
Et toi, tu viens, d’une voix emphatique,
Parler ici de la guerre punique,
Et d’Annibal et de nos vieux héros,
Des triumvirs, de leurs combats funestes.
Eh laisse-là ces grands mots, ces grands gestes :
Ami, de grâce, un mot de mes chevreaux.

Un jour, une vipère mordit un Cappadocien ; elle aussi mourut ayant goûté d’un sang empoisonné. (Démodocus.)

Cette épigramme a été traduite par Voltaire, qui en a dirigé le trait contre un de ses ennemis :

Un jour, dans le sacré vallon,
Un serpent mordit Jean Fréron.
Que croyez-vous qu’il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva.

Tu teins tes cheveux, soit, mais tu ne teindras jamais la vieillesse ; tu n’effaceras pas les rides de tes joues. Donc, ne les enduis pas de céruse, au point de remplacer ton visage par un masque. C’est peine perdue. Es-tu folle ? Jamais la céruse ni le tard ne feront d’Hécube une Hélène. (Lucillius.)


épigrammes qui ne se trouvent que dans l’anthologie de Planude.

Sur la statue de Niobé. De femme, les dieux m’ont faite marbre ; mais Praxitèle, au contraire, m’a changée de marbre en femme. (…)

Voltaire a traduit ainsi cette épigramme :

Le fatal courroux des dieux
Changea cette femme en pierre ;
Le sculpteur a fait bien mieux,
Il a fait tout le contraire.

Sur une statue de Vénus. — Je ne me montrai nue qu’à trois mortels, au berger Pâris, à Anchise, au bel Adonis, les seuls que je connaisse ; mais Praxitèle, où m’a-t-il vue ? (……)

Ici encore nous avons une élégante et spirituelle traduction de Voltaire :

Oui, je me montrai toute nue
Au dieu Mars, au bel Adonis,
À Vulcain même, et j’en rougis ;
Mais Praxitèle, où m’a-t-il vue ?

L’autre jour, tressant une couronne, je trouvai parmi les roses un Amour. L’ayant pris par les ailes, je le plongeai dans mon vin cela fait, je l’avalai, et lui maintenant, dans mon sein, il me chatouille avec ses ailes. (Julien d’Egypte.)

Voici une très-ancienne et naïve traduction de cette épigramme :

Un jour, un bouquet tissant
À ma gentille amourée,
Parmy je trouvai gissant
L’aislé fils de Cythérée.
Lors je le plonge en mon vin
Et le bus. Quelle aventure !
Depuis, mon cœur en endure
Des maux qui n’ont pas de fin.

Sur la statue de Jupiter à Olympie. — Ou bien Jupiter est descendu pour te montrer ses traits, Phidias, ou bien c’est toi qui es monté au ciel pour voir le dieu. (Philippe.)

Nous devons à Parizot une traduction poétique de cette épigramme :

Aux yeux de Phidias s’offrant, divin modèle,
Jupiter descendit de la sphère immortelle ;
Ou bien volant lui-même au palais de l’éther,
Phidias à loisir y sculpta Jupiter.

C’est en parlant de ces précieux recueils qu’un poëte moderne a dit :

J’aime le pur éclat de ces bouquets antiques,
Recueillis par le goût dans la corbeille d’or
Que de l’esprit des Grecs la fleur parfume encor ;
Leur génie, à la fois naïf, sublime et tendre,
Elevé sans effort, sait noblement descendre.

La meilleure et la plus moderne édition de l’Anthologie grecque est celle de Jacobs, imprimée à Leipzig en 1813. L’Anthologie de Planude fut traduite en vers latins par Grotius (1630-1631). Cette traduction, dont l’impression avait été commencée en 1645, fut arrêtée par la mort de Grotius, et resta inédite jusqu’à la fin du siècle dernier. Il existe une anthologie latine recueillie par Joseph Scaliger, Heindenbruch et autres latinistes, et dont la meilleure édition est due à Pierre Burmann (1759 et 1773).

Les littératures orientales sont très-riches en anthologies, dont voici les titres pompeux : la Perle du monde, le Temple de feu, la Fleur des poëmes, la Couronne des fleurs, etc. Sylvestre de Sacy a publié une Anthologie grammaticale arabe, collection de morceaux choisis de divers grammairiens et scoliastes arabes, accompagnée d’une traduction française et enrichie de notes qui rendent cet ouvrage très-utile à tous ceux qui veulent se familiariser avec la littérature orientale.

Du reste, la plupart des langues ont leur anthologie. L’Anthologie française a revêtu le caractère de la nation ; c’est un recueil de couplets joyeux et satiriques, publié en 1765 par Meusnier de Querlon et Jean Mouet.

Anthologie est un des mots les plus heureux que nous ayons empruntés à la langue riche et poétique d’Homère. Comme il signifie littéralement bouquet de fleurs, il est de nature à se prêter à un nombre infini d’emplois. En effet, le mot fleur n’exprime-t-il pas la quintessence de toute chose ? Veut-on rendre tout le charme et le bonheur de la jeunesse, on dit fleur des ans ; a-t-on à peindre dans tout leur épanouissement la fraîcheur, l’innocence et la beauté de la jeune fille, on la nomme Fleur de Marie. La plante précieuse qui a été le premier lien de civilisation entre les peuples devient fleur de froment, quand on veut faire entendre le suc d’une chose déjà excellente. Eh bien, l’heureux mot anthologie dit encore plus et mieux que tout cela : il signifie fleur de la fleur. S’il en est ainsi, quel terme plus convenable pourrions-nous employer pour qualifier ce qu’il y a de meilleur dans des choses excellemment bonnes, la mythologie, l’histoire, la littérature ? C’est dans cet ordre d’idées que le Grand Dictionnaire va faire usage du mot anthologie, pour offrir à ses lecteurs une quintessence des fleurs latines, historiques, mythologiques et littéraires.

Anthologie latine. Nous donnons ce nom aux phrases expressives, significatives, aux mots heureux que Virgile, Horace, Cicéron, Ovide, etc., ont créés, et qui ont enrichi notre langue et notre littérature. Voici les plus remarquables, que nous nous contentons de citer ici, et que l’on trouvera, avec tous les développements dont ils sont susceptibles, à leur ordre alphabétique :

Ab imo pectore.

Ab Jove principium.

Ab uno disce omnes.

Abusus non tollit usum.

Acta est fabula.

Adhuc sub judice lis est.

Ad perpetuam rei memoriam.

Ad usum Delphini.

Ad valorem.

Æquam memento servare mentem.

Æquo pulsat pede.

Ære perennius.

Æs triplex.

Æternum vale.

Age quod agis.

Agnosco veteris vestigia flammæ.

Albo lapillo diem notare.

Alea jacta est.

Alma parens.

Amant alterna Camenæ.

Ambitiosa recidet ornamenta.

Amicus humani generis.

(Ces deux dernières phrases, oubliées, figureront au supplément.)

Amicus Plato, sed magis arnica veritas.

Anguis in herba.

Animus meminisse horret.

Annibal ad portas.

Aquila non capit muscas.

Arcades ambo.

Argumentum ad crumenam.

Argumentum baculinum.

Ars longa, vita brevis.

Asinus in tegulis.

Audax Iapeti genus.

Audi alteram partem.

Aura popularis.

Aurea mediocritas.

Auri sacra fames.

Aut Cæsar, aut nihil.

Beatus ille qui procul negotiis…

Bellaque matribus detestata.

Bis dat qui cito dat.

Cantabit vacuus coram latrone viator.

Carpe diem.

Carpent tua poma nepotes.

Castigat ridendo mores.

Caveant consules.

Cedant arma togæ.

Chorda semper oberrat eadem.

Civis sum romanus.

Claudite jam rivos, pueri, sat prata biberunt.

Cogito, ergo sum.

Compelle intrare.

Consanguineus lethi sopor.

Consilio manuque.

Contraria contrariis curantur.

Corpus delicti.

Corruptio optimi pessima.

Cor unum et anima una.

Credo quia absurdum.

Cuncta supercilio moventis.

Currente calamo.

Dat veniam corvis, vexat censura columbas.

Davus sum, non Œdipus.

Debellare superbos.

Debemur morti nos nostraque.

Decet imperatorem stantem mori.

Decipimur specie recti.

De gustibus et coloribus non est disputandum.

Delenda Carthago.

Delicta juventutis meæ.

Dente superbo.

Deo ignoto.

De omni re scibili et quibusdam aliis.

Desinit in piscem.

Desipere in loco.

De stercore Ennii.

De te fabula narratur.

Deus dedit, Deus abstulit, sit nomen Domini benedictum.

Deus, ecce Deus.

Deus ex machina.

Deus nobis hæc otia fecit.

Diem perdidi.

Difficiles nugæ.

Dignus est intrare.

Di meliora piis.

Dis aliter visum.

Discite justitiam moniti et non temnere divos.

Disjecti membra poetæ.

Doctus cum libro.

Donec eris felix.

Dulces moriens reminiscitur Argos.

Dulcia linquimus arva.

Dum vitant stulti vitia, in contraria currunt.

Dura tex, sed lex.

Eheu fugaces labuntur anni.

Ejusdem farinæ.

Ense et aratro.

Epicuri de grege porcum.

Eritis sicut Dii.

Errare humanum est.

Est modus in rebus.

Et campos ubi Troja fuit.

Etiam periere ruinæ.

Etiamsi omnes, ego non.

Et in Arcadia ego.

Et nunc erudimini.

Et quasi cursores, vitaï lampada tradunt.

Exceptis excipiendis.

Excidat illa dies

Exegi monumentum.

Ex nihilo nihil.

Ex ore parvulorum veritas.

Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor !

Expende Annibalem.

Experte crede.

Ex ungue leonem.

Facit indignatio versum.

Fama volat.

Favete linguis.

Felix culpa.

Felix qui potuit rerum cognoscere causas !

Fervet opus.

Festina lente.

Fiat lux !

Fidus Achates.

Fluctuat nec mergitur.

Fœnum habet in cornu.

Forsan et hæc olim meminisse juvabit.

Fortunate senex !

Fronde super viridi.

Fronti nulla fides.

Furor arma ministrat.

Genus irritabile vatum.

Grammatici eertant.

Habemus confitentem reum.

Habent sua fata libelli.

Hæret lateri lethalis arundo.

Hoc erat in votis.

Hoc opus, hic labor est.

Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas !

Homo homini, lupus.

Homo sum, et nihil humani a me alienum puto.

Honos alit artes.

Horresco referens.

Ignoti nulla cupido.

Illic stetimus et flevimus quum recordaremur Sion.

Impavidum ferient ruinæ.

Imperium in imperio.

In anima vili.

In cauda venenum.

Inde irae.

Indocti discant et ament meminisse periti.

Infandum, regina, jubes renovare dolorem.

In hoc signe vinces.

In medias res.

In medio stat virtus.

In naturalibus.

In rerum natura.

Instar montis equum.

In sylvam non ligna feras.

In tenui labor.

Inter pocula.

Inter utrumque tene, medio tutissimus ibis.

Intus et in cute.

Invita Minerva.

In vitium ducit culpae fuga.

Ira furor brevis est.

Is fecit cui prodest.

Ita diis placuit. ·

Italiam ! Italiam !

Jam proximus ardet Ucalegon.

Jus et norma loquendi.

Justum ac tenacem propositi virum.

Labor omnia vincit improbus.

Lapsus calami.

Lapsus linguæ.

Laudator temporis acti.

Longo sed proximus intervallo.

Lucidus ordo.

Macte animo.

Magister dixit.

Magnæ spes altera Romæ.

Major e longinquo reverentia.

Majores pennas nido. ·

Male parta mate dilabuntur.

Manet alta mente repostum.

Materiam superabat opus.

Maxima debetur puero reverentia.

Melioribus annis.

Me, me adsum qui feci.

Mens agitat molem.

Mens divinior.

Mens sana in corpore sano.

Minima de malis.

Mobilitate viget.

Molle atque facetum.

Monitoribus asper.

Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum.

Morituri te salutant.

Motu proprio.

Multapaucis.

Mutatis mutandia.

Nascuntur poetæ, fiunt oratores.

Naturam expellas furca, tamen usque recurret.

Nec. deus intersit, nisi dignus vindice nodus.

Nec mortale sonans.

Neque semper arcum tendit Apollo.

Ne quid nimis.

Nescio vos.

Nescit vox missa reverti.

Ne sutor ultra crepidam.

Nigro notanda lapillo.

Nil actum reputans si quid superesset agendum.

Nil admirari.

Nil mortalibus arduum est.

Nimium ne crede colori.

Nocturna versate manu, versate diurna.

Noli me tangere.

Nolite mittere margaritas ante porcos.

Non ignara mali, miseris succurrere disco.

Non licet omnibus adire Corinthum.

Non omnia possumus omnes.

Non omnis moriar.