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—■ Hist. Grand rriattre des arbalétriers, Le premier officier de l’armée, après le connétable. Il fut remplacé par le grand maître de l’artillerie : J’ai beau être le neveu du grand maître des arbalétriers, je n’entrerai pas ce soir au Plessis. (Balz.)

— Encycl. C’est sous le règne de Louis le Gros, vers ] 130, que l’on vit pour la première fois des arbalétriers figurer dans les armées françaises. Mais nos soldats ne s’accoutumt à cette arme qu’avec une certaine réputuer impunément le plus brave des guerriers. Le concile de Latran, considérant cotte arme comme déloyale et traîtresse, l’ariathématisa en l’appelant artem mortiferam et Deo odibilem, mais avec cette restriction peu ou plutôt trop catholique qu’il permettait de l’employer contre les hérétiques. Toutefois les arbalétriers ne tardèrent pas à prendre faveur. Richard Cœur de Lion en conduisit en terre sainte, et une compagnie à'arbalétriers français rendit de grands services à Bouvines ; à la bataille de Crécy, Philippe de Valois avait près de 10,000 arbalétriers génois, .et 4,000 arbalétriers, dont l’impétuosité française dédaigna de tirer aucun parti, assistèrent à la funeste journée d’Azincourt. Il y avait des compagnies à'arbalélriers a pied et à cheval ; elles étaient organisées sous le commandement général d un grand maître, qui jouissait de privilèges très-enviés. Mathieu de Beaume étaitgrand maître sous saint Louis, et le dernier qui ait été investi de cette dignité est Aymar de Brie, mort en 1534. Le grade de grand maître des arbalétriers fut alors changé en celui de grand maître de l’artillerie. La plupart de nos villes de France, Paris, Rouen, Laon, Beauvais, Compiègne, Béthune, etc., avaient leurs compagnies d’arbalétriers. Duguesclin appartenait à la compagnie des arbalétriers de Rennes. On tenait à grand honneur d’entrer dans cette milice, et l’on disait alors : Je suis arbalétrier, avec la même fierté qu’on dit aujourd’hui : Je suis garde national ou pompier. Mais l’usage des armes à feu devait porter un coup mortel aux arbalétriers. Cependant ils ne disparurent pas complètement. À Marignan, François I«r avait une compagnie de 200 arbalétriers, qui, dit-on, fit merveille. Aujourd’hui on montre encore à l’arsenal de Zurich une arbalète qu’on dit avoir été celle de Guillaume Tell.

— ARBALÉTRIER s. m. (ar-ba-lé-tri- é). Ornith. Syn. d’arbalètre.

ARBALÉTRIÈRE s. f. (ar-ba-lé-tri-è-re rad. arbalète). Art milit. Ouverture étroite pratiquée dans les maçonneries des châteaux du moyen âge, et qui se composait de deux fortes croisées, l’une longue et l’autre courte, avec les extrémités en forme de coin : Les arbalétriéres ont été ainsi nommées parce

(Mérimée.) il On disait aussi arualétikre.

— Ane. mar. Place où les soldats d’une galère se tenaient à tribord et bâbord pour combattre.

ARBAN s. m. (ar-ban). Ane. coût. Nom donné, dans quelques provinces de France, à une prestation forcée de charrois sous le régime féodal. Comme l’arban n’apportait aucun profit à celui.qui avait la peine, on a dit proverbialem. : Faire un arban, pour Perdre son temps.

ARBAN (Jean-Baptiste), musicien français, né à Lyon, le 28 février 1825, se livra dès l'âge de dix ans aux études musicales, au coilégo de Montlue ! ; il se trouvait déjà apte à se faire entendre sur le cornet à piston, instrument sur lequel il devait fonder plus tard toute une nouvelle école, lorsqu’il vint à Paris vers sa quatorzième année. Admis au Conservatoire, il en sortit avec le premier prix de trompette, en 1845, et fut ensuite nommé professeur de saxhorn »" fi™n«" ""«■ !»« ! m.i :»«:-« à la

permis, par exception,

le cornet à piston, en 1848, aux concerts du Conservatoire, alors dirigés par M. Habeneck. Puis il se rendit à Londres, et, pendant un séjour de cinq années qu’il y fit, conquit une grande renommée. Revenu en France en 1853, on l’appela à prendre part à la nouvelle organisation des musiques militaires ; il resta pendant deux ans attaché à celle des guides et contribua beaucoup à la réputation qu’elle s’acquit alors. Il quitta les guides pour aller diriger, en qualité de chef d orehestre, les concerts do l’hôtel d’Osmond. En 1857, il a été nommé professeur de saxhorn au Conservatoire, et, depuis lors, grâce à sa grande expérience de l’enseignement, le concours de saxhorn est chaque année un des plus remarquables de cet établissement. M. Arban, qui se fait applaudir tous les soirs aux concerts du Casino, dont il dirige l’orchestre, se distingue autant par le brillant de son jeu que par la pureté de sou style. On lui doit une grande quantité de solos pour ses instruments de prédilection, et plus de deux cents morceaux d’orchestre qui révèlent un virtuose accompli. Il se fait particulièrement remarquer par les arrangements dont il emprunte les motifs aux opéras, et possède un talent tout exceptionnel pour ce genre de composition. Son instrumentation est d’une merveilleuse sonorité. Comme chef d’orchestre, on peut dire de lui qu’il possède au plus haut degré le sentiment du rhythme. Il a

; e faire entendre sur

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l’autorité qui convient et le feu sacré. M. Arban a résumé les connaissances qu’il a acquises au moyen d’une longue carrière, comme professeur et exécutant, dans un ouvrage publié en 1864, et qui a pour titre : Grande Méthode complète de cornet âpistonetdesaxhorn. Ilyaingénieusement analysé et heureusement résolu les différents genres d’articulations, les coups de langue, les notes d’agrément, les staccati ; il y a traité en outre toutes les autres questions musicales dans une suite d’études et d’exercices de tout genre. Cet ouvrage important a été l’objet d un rapport spécial du comité des études musicales du Conservatoire, qui Va adopté pour l’enseignement dans cet établissement ; il a été, par ordonnance de M. le ministre de la guerre, adopté également

Four l’enseignement dans les musiques de armée française.

. ARBAN, village de l’Assyrie, situé sur le Khabour, au S.-O. de Massoul. D intéressantes sculptures, représentant des taureaux ailés a tête humaine, ont été découvertes en cet endroit par le savant explorateur anglais, M. Layard. Le style archaïque de ces sculptures a fait supposer à cet archéologue que Arban pourrait être l’emplacement d’une ville, dont l’existence serait antérieure à la fondation de Ninive.

AHBANÈRE (Étienne Gabriel), littérateur, né à Cette (Hérault) en 17S4, Il a été maire de Tonneins de 1827 à 1831. Ses travaux les plus importants sont les suivants : Tableau des Pyrénées françaises (1828) ; Analyse de l’histoire asiatique et de l’histoire grecque (1835), imprimé aux frais du gouvernement ; Analyse de l’histoire romaine (1840) ; Études sur le moyen âge et les temps modernes (1846) ; divers recueils de poésies, etc. Il a été nommé, en

1836, correspondant de l’Académie des r - !

morales et politiques.

a dans l’académie de Saint-Luc.

drale de Malaga et les peintures à.fresqi.. d’une chapelle dans celle de Cordoue ; puis il revint dans son pays natal, où il fut chargé de divers travaux pour des églises et des palais, et finit par obtenir une pension de la cour de Savoie.

ARBAT11 ou NOUVEAU-SALÉ, V. Rabath.

ARBACD DE PORCHERES (François d'), poste, né à Sa’mt-Maximin (Provence), mort en 1640, fut un des premiers membres de l’Académie française. Ami et disciple de Malherbe, il l’a quelquefois imité heureusement. Il a composé une Paraphrase des Psaumes, des Poésies sur divers sujets, deux odes, l’une adressée à Louis XIII, l’autre au cardinal de Richelieu, un poème de la Madeleine, qui est perdu, etc. C’est par erreur qu’on lui a attribué le fameux sonnet sur les yeux de Gabrielle d’Estrées, qui est en réalité de Laugier de Porchères. On sait que cette rapsodie valut 1,400 livres de pension à son auteur. Son frère Jean a publié diverses traductions et des sonnets.

ARBELAGE s. m. (ar-be- !a-ge). Techn. Lame de fer aplatie, ayant 38 centim. environ sur 9 de large, et servant à la fabrication de la tôle.

ARBELLES, ville de l’ancienne Assyrie, où, selon plusieurs historiens, Alexandre le Grand vainquit Darius en 331 av.- J.-C. D’autres' disent que cette victoire eut lieu à Gaugamèle, village distant de 110 kilom. C’est aujourd’hui Arbil ou Erbil, ville de la Turquie d’Asie ; 5,000 hab.

ARBELLES (batailled'). Après la prise de Tyr et la conquête de l’Égypte, Alexandre s’avança à la rencontre de Darius et l’atteignit près des hords du Tigre, dans les vastes plaines de Gaugamèle, à vingt lieues de la ville d’Arbelles ; qui allait donner son nom à la bataille où devait se décider le sort de l’Asie. Darius lui envoya alors des ambassadeurs chargés de lui demander la paix pour la troisième fois, avec l’offre séduisante d’une de ses’filles en mariage, de tout le pays compris entre l’Euphrate et l’Hellespont, et de trente mille talents d’or pour la rançon des illustres prisonnières de la bataille d’Issus. Lorsqu’on débattit ces propositions brillantes dans le conseil du roi : « J’accepterais, dit Parménion, si j’étais Alexandre.— Et moi aussi, répliqua le héros, si j’étais Parménion, t et il répondit aux ambassadeurs que leur maître eût k se préparer à combattre. Il n’avait cependant que cinquante mille Macédoniens à opposer aux cent cinquante mille cavaliers et aux six cent mille hommes d’infanterie de Darius ; mais cette immense armée n’était qu’une multitude sans âme ; l’autre avait pour elle l’invincible courage des soldats et le génie d’un grand capitaine. D’ailleurs, la foule des nations diverses qui s’agitaient dans le camp de Darius y rendait le commandement difficile et l’ensemble des mouvements impossible ; et ce sont là, cependant, les premiers éléments de la victoire. Les Macédoniens étant arrivés sur une hauteur d’où l’on découvrait tout le champ de bataille, furent d’abord étourdis du bruit confus de tant de milliers d’hommes ; Alexandre lui-même, en face du péril qu’il avait bravé, se sentit ébranlé : les cris retentissants des chefs donnant des ordres ou animant les

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soldats, le tumulte produit par cette multitude énorme d’hommes et de chevaux, le bruit éclatant des trompettes, la lueur des armes étincelant au soleil, tout ce gigantesque appareil le frappa, et il assembla son conseil pour délibérer sur le meilleur parti à suivre. Parménion, le plus expérimenté de tous ses généraux, préférait une surprise de nuit à une bataille ouverte dans cette plaine immense où l’on serait infailliblement enveloppé de toutes parts, et voulait que l’on fondit sur le camp des Perses pendant leur sommeil. Cet avis, partagé par les autres chefs, révolta la fierté d’Alexandre : » J’aime mieux, dit-il, avoir à me plaindre de ma fortune qu’à rougir de ma victoire, » et il ordonna que chacun se préparât à la bataille pour le lendemain ; puis ù alla se reposer dans sa tente et s’y endormit profondément. Le lendemain matin, les généraux, étonnés du silence extraordinaire qui régnait autour de sa tente, tandis que tout était déjà en mouvement dans l’armée des Perses, pénétrèrent enfin jusqu’à lui, et le trouvèrent plongé dans un sommeil si tranquille, que Parménion fut obligé de le pousser pour le réveiller. C’est à ce sommeil héroïque que Bossuet a fait une si éloquente allusion dans l’oraison funèbre du prince de Condé. Alexandre se couvrit alors de ses armes, ce qu’il ne faisait que dans de rares occasions, et se montra à ses soldats impatients. Jamais son visage n’avait reflété tant de joie et d’audace inspirée, et ils en tirèrent le plus favorable augure pour la bataille. Alexandre, ayant ordonné qu’on abattît les retranchements, fit sortir ses troupes et assigna à chaque corps son ordre de combat. Il disposa son armée de telle sorte que les derniers rangs tournassent le dos aux premiers, et qu’il ne pût être surpris d’aucun côté ; puis il ordonna que chaque ligne de bataille s’ouvrit et se séparât pour laisser passer les chariots armés de faux que les ■ Perses tenaient prêts à être lancés. Devant le front de sa première ligne, il disposa habilement ses frondeurs, ses archers et ses gens de trait, afin d’épouvanter les chevaux et les énormes éléphants de Darius par une grêle de pierres et de flèches. Lui-même prit le commandement de l’aile droite, et Parménion celui de l’aile gauche, comme il en avait l’habitude. Quant à Darius, placé au centre de sa première ligne et environné de l’élite de ses soldats, il s était de plus fortifié de l’infanterie grecque qu’il avait à sa solde, la jugeant seule capable de résister à la phalange macédonienne.

Ce furent les chariots armés de faux qui engagèrent la bataille ; ils jetèrent d’abord du désordre dans l’aile gauche, et Mazée, le plus habile des généraux de Darius, en profita pour s’emparer des bagages et délivrer les prisonniers. Parménion envoya aussitôt prévenir Alexandre et lui demander le parti qu’il devait suivre en un danger si pressant. « Diteslui, répondit Alexandre en grand capitaine, que si nous remportons la victoire, nous ne recouvrerons pas seulement ce qui nous appartient, mais que tous les trésors de l’ennemi tomberont en notre pouvoir. Qu’il laisse donc les bagages et ne songe qu’à combattre comme il le doit pour la gloire d’Alexandre et de Philippe. « Les chariots armés de faux pénétrèrent jusqu’à la phalange macédonienné, au de laquelle ils s’engouffrèrent, grâce à la "™"ndation*l.'Alexandre ; mais bientôt les = refermèrent ; les soldats percèrent

les chevaux de leurs longues piques, et tirant à terre les combattants montés sur les chariots, ils en firent un effroyable carnage. Pendant ce temps-là, Alexandre s’apercevant que l’aile gauche des Perses avait été dégarnie pour jeter les Bactriens à l’attaque des bagages, se précipite sur ses bataillons éclaircis et y sème le désordre et la mort. Les deux rois se trouvaient presque en présence : Darius sur un chariot, A lexandre à cheval,

de l’un de ces illustres ennemis. Autour dJ

se mêlent hommes, chevaux, dans un affreux tourbillon, et si les Macédoniens n’avaient pas su opposer le sang-froid de l’expérience k l’aveugle fureur des Perses, c’en était fait d’Alexandre. La résistance devint si opiniâtre et le danger si terrible, que ce conquérant, pour ranimer ses soldats, dut recourir à la superstition. Par son ordre, le devin Aristandre s’avança au milieu des troupes, revêtu d’une robe blanche, et s’écria qu’il voyait l’aigle de Jupiter voltiger au-dessus de la tête d’Alexandre. Les Macédoniens se précipitèrent alors dans la bataille avec une nouvelle ardeur ; le conducteur du chariot de Darius tomba percé d’une javeline, et ce prince, pressé de toutes parts, tira son cimeterre et se demanda s’il ne devait pas éviter une fuite ignominieuse par une mort honorable. Voyant alors de tous côtés les Perses céder à l’irrésistible impétuosité des Macédoniens, il étoull’a les inspirations du désespoir, et, espérant se dérober à la mort pour des jours meilleurs, il s’arracha au massacre qui se faisait autour de lui, pour songer à sa sûreté. Quant à Alexandre, après avoir été obligé plusieurs fois de changer de cheval dans cette effroyable mêlée, il pressait lui-même par des coups terribles le carnage auquel se livraient ses Macédoniens éinportés par la chaleur du combat, tandis que Darius fuyait rapidement ce champ de bataille ensanglanté. Mais à l’aile gauche, où commandait Parménion, les péripéties du

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combat devenaient menaçantes pour les Macédoniens. Mazée les avait pris en flanc, en chargeant résolument à la tête de toute sa cavalerie. Enveloppé de toutes parts, Parménion résistait avec une héroïque opiniâtreté aux efforts de tant d’ennemis ; cependant un désastre devenaitinévitable pour lui, s’il ne recevait pas bientôt du renfort. Dans ce danger pressant, ilenvoya prévenir Alexandre de sa situation désespérée, et lui fit dire que, s’il n’était pas bientôt secouru, il allait infailliblement être écrasé par le nombre. Alexandre était déjà lancé à la poursuite de Darius, qu’il espérait atteindre dans sa fuite. Frémissant de rage de se voir ainsi arracher des mains le plus noble trophée de sa victoire, il s’arrêta néanmoins pour voler au secours de son lieutenant. Mais Mazée avait appris la défaite de Darius, et il ralentissait visiblement la vigueur de ses attaques., craignant de voir bientôt toute une armée victorieuse se précipiter sur lui. Parménion ne sut d’abord à quoi attribuer l’indécision soudaine des ennemis ; mais, en homme supérieur, il pressentit qu’elle ne pouvait être occasionnée que par les événements de la bataille, dont il ignorait encore l’issue. Ce qui n’était qu’un espoir, il le donna comme une nouvelle certaine a ses soldats, et ranima ainsi leur vertu guerrière. Ils fondirent en masse serrée sur les Perses, qui commencèrent à reculer, et finirent par prendre ouvertement la fuite. Toutefois, Parménion, ne voyant point encore paraître Alexandre, n’osa les poursuivre vivement, et Mazée put traverser le Tigre avec les débris de ses troupes, et se retirer à Babylone. Cependant Darius continuait sa fuite rapide ; il arriva à Arbelles vers minuit, tandis que son armée, dispersée sur tous les chemins, qu’elle laissait couverts de ses malades et de ses blessés, cherchait elle-même, dans un désordre épouvantable, à se soustraire aux coups d’un ennemi victorieux. Alexandre, recevant l’avis de Parménion, arrêta ses Macédoniens dans l’ardeur de leur poursuite. Toutefois, à peine avait-il fait volte-face, que des cavaliers de Parménion lui vinrent annoncer la victoire que leur général avait remportée de son côté. Ce fut en ce moment qu’Alexandre courut le plus terrible des dangers qui l’assaillirent dans cette journée célèbre. Comme il ramenait ses troupes au camp, dans le désordre de la joie et de la victoire, il se heurta contre une masse de cavalerie qui, en voyant le petit nombre des Macédoniens, les chargea avec fureur. Confiant dans cette fortune qui venait de lui prodiguer des marques de faveur si éclatantes, Alexandre lança son cheval à la rencontre du chef de cette troupe, le perça de son javelot, et tua successivement plusieurs de ses officiers. Animés par un tel exemple, les Macédoniens se jetèrent impétueusement au milieu des cavaliers et y semèrent l’épouvante et le désordre. La nuit commençait à envelopper le champ de bataille de ses ténèbres, et les Perses en profitèrent pour assurer leur fuite. Ce fut le dernier épisode de cette bataille, dont le héros macédonien dut le succès bien plus à son génie qu’à sa fortune, car il n’avait rien négligé de ce qu’une profonde connaissance de 1 art de la guerre prescrit aux généraux qui comptent plus '

fureur de leurs soldats. — Quinte-Curce porte à quatre cent mille le nombre des Perses qui périrent dans cette journée fameuse, et à moins de trois cents celui des Macédoniens. Arrien, plus exact dans ses appréciations, dit trois cent mille Perses et douze cents Macédoniens. Mais quelque chiffre que doive adopter l’historien, la Grèce n’en était pas moins glorieusement vengée des invasions de Xerxès.

Arbelles (bataille i>'), tableau d’Altdorfer' ; musée de Munich. Cette composition représente divers épisodes de la victoire d’Alexandre le Grand sur Darius. Les personnages sont en costumes du temps de l’artiste (commencement du xvie siècle), et le sujet est traité comme une description de roman de chevalerie : paladins revêtus de cottes démaille, de surcots brodés d’or ; chevaux avec des chanfreins ; lances et étriers étincelant au soleil ; armes de toute espèce formant un ensemble d’une richesse indescriptible. « Ce tableau, dit le professeur Waagen, est la vive image d’une bataille comme en livraient, à la fin du moyen âge, Charles le Téméraire ou Maximilien 1er. Au centre de la composition se détachent les héros de l’action : Alexandre, la lance en arrêt, fond sur son adversaire, qui regarde autour de lui et qui déjà commence à faiblir ; tous deux sont couverts de brillantes armures d’or. Le paysage occupe une place très-importante dans cette page : des montagnes rocheuses et la mer couverte de vaisseaux forment à l’horizon la plaine immense ; le soleil levant, la lune qui blanchit dans te ciel, offrent comme un présage du destin de cette journée. En outre, l’exécution des détails, la vivacité et l’expression d’une foule de figurines dépassent tout ce qu’on en pourrait dire. » Cette immense mêlée s’agite dans un étroit espace de 4 pieds 11 pouces de haut sur 3 pieds 8 pouces et demi de large. C’est l'œuvre capitale d’Altdorfer.

Arbelles (bataille d'), une des cinq grandes compositions de Ch. Lebrun, si connues sous' le titre de Batailles d’Alexandre (V. Alexandre). Au premier plan, à gauche, on voit une partie des chariots de Darius renversés, trisés ;