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laîre anglais se réduit à trois mille six cents mots simples, les roots empruntés au grec étant de toutes les langues.

8» Les mots composés se forment souvent par des adjonctions "faciles à reconnaître ; tiess, same, dom, wick, hood, ajoutés aux mots simples blind, trouble, king, bailif, priest, engendrent les composés : bltndness (cécité), troublesome (pénible), kingdom (royaume1, bailiwick (bailliage), priesthood (prêtrise). L’anglais, a l’instar de l’allemand, forme aussi des mots composés en faisant simplement précéder le mot déterminé par le mot déterminant : un pot au lait, a mil/ : pot, en allemand ei’ii milchtopf. Quoique mille et pot ne soient pas intimement liés comme milchtopf, s constituent néanmoins un véritable mot composé. (On remarque le même procédé en persan.)

9° La langue anglaise est une langue synthétique ; ex. ; kin, ou kùid, signifiant relation, famille, Classe, parent, a pour congénères : itind, bon, obligeant ; kind, genre, espèce ; kindly, obligeamment ; kindly, homogène, doux ; kindlincss, faveur, affection ; kindness, bonté, obligeance ; wi-kindly, méchamment ; over-kind, trop bon ; mankind, le genre humain ; marmikin, petit homme, nain (d’où mannequin) ; akin, allié, semblable (ejusdem farince). Comme autre exemple plus probant encore du génie synthétique de la langue an • glaise, on peut citer le radical will (volonté, vouloir), qui ne crée pas moins de vingt et un dérivés ; sans compter les composés des noms propres pour le radical kin, précédemment mentionné, tel que Thomkin, parent ou enfant de Thomas, composé analogue au mot grec Jléraclides, fils ou peuple d’Hercule, et au mot russe Aler.androwitch, ou Alexandrowna, fils et fille d’Alexandre.

10° Beaucoup de mots viennent du latin ; mais un plus grand nombre sortent du saxon ou vieux allemand ; le lecteur tant soit peu versé dans la connnaissance de l’une ou l’autre de ces langues originelles, ne change pas de famille : ainsi, pour le latin, dismal vient do dies malus ; dismiss, de dimissus ; egress, d’egressus ; mob, de mobilis ; elaie, d’elatus ; enc-

lio Bien que l’anglais possède un grand nombre de mots dérivés du latin, de l’allemand et du français, il est a observer que beaucoup de ces mots, s’écrivant ou se prononçant de même, ne conservent pas rigoureusement leur signification primitive ; ainsi, plaint répond à complainte et non à plainte, et comptaint signifie maladie, indisposition physique ; absent veut dire distrait, plutôt qu absent, tandis que distraction signifie généralement folie, égarement d’esprit.

Remarques et notions générales. De l’Article. L’article, tel que nous l’entendons et le comprenons (voir plus loin l’autre variété ou espèce), n’a qu’une forme, t/w, que le substantif soit du genre masculin, féminin ou neutre ; qu’il représente plusieurs personnes, oi objets ; ou une seule personne ou chose. En anglais, le substantif est souvent privé d’article, et est pris alors dans le sens général le plus illimité ; en ce cas, il énonce la matière, abstraction faite de la quantité : iron, fer, le fer, du fer, signifie toute espèce de 1er. Il arrive même que l’article the précédant le substantif le détermine si nettement qu’il joue en certains cas le rôle d’un pronom démonstratif ; ex. : where is the lady ?... où est cktte dame ?— En anglais, il existe encore un article fréquemment employé, a (an devant une voyelle), .qu’on pourrait appeler article énonciatif de l’espèce, et qu’il ne faut pas confondre avec one, signe de l’unité opposé à plusieurs ; ex. : a butterfly isupon the tree, un papillon est sur l’arbre (cet arbro que voilà) ; cet exemple explique l’emploi et la valeur réciproque des deux articles.

De l’Adjectif. Eu anglais, l’adjectif précède toujours le substantif, et si, par une exraption fort rare, il vient après, c’est qu’alors l’attribut ou la qualité exprimée par radjeetif (royal, par exemple) domine le sens ou l’idée que rend le substantif, à moins aussi que l’adjectif n’ait un régime. — L’adjectif, comme l’article, reste invariable, et ne connaît ni genre, ni nombre. Le superlatif et le comparatif peuvent se marquer, comme en allemand, par l’addition au radical des suffixes est et er, ou bien comme en français, par the most, le plus ; more, plus.

pronoms possessifs s’accordent en genre et en nombre, non avec le substantif possédé, niais avec le substantif possesseur, d’où les méprises dos Anglais parlant français ; ainsi l’on dit : lier husband, et non Iris husband (le mari d’elle et non son mari) ; si le substantif possesseur est du genre neutre, le pronom prend également sa livrée. Une forme du pronom possessif, c’est le ’s possessif, qui correspond au génitif de quelques langues, ’et en français à la préposition de placée entre deux substantifs dont l’un est le complément de l’autre (le livre nu maître). On dit donc en anglais : James’s estate, le domaine de Jacques ; il est vicieux d’imiter certains auteurs célèbres (Pope, Addison), qui ont remplacé ce signe, une ou deux fois, par le pronom his ; la terminaison originelle du cas possessif était is, et ie mieux pour les Anglais serait d’écrire : Jamesis estate ; mais, dans leur habitude de tout abréger, ils préfèrent souvent élider le ’*

de la langue allemande, on peut

affirmer que l’anglais ne possède qu’une forme, qu’une conjugaison, qu’un mode. A juger de lu langue anglaise par le développement du verbe, l’a principale partie du discours, on la croirait parlée par quelque peuple primitif incapable de compter au delà de ses dix doigts, et de trouver autre chose, pour toute la série des modes et des temps, que Yinftniiif et ses trois désinences. À cette grave imperfection, la langue anglaise supplée par des artifices, grâce à plusieurs verbes auxiliaires ; elle peut donc établir un semblant de conjugaison normale par la pro-position des auxiliaires : let (laisser, permettre), attribué aux l^s et ses personnes de l’impératif ; will (vouloir) ; shall (devoir) ; may (pouvoir, avoir la permission de) ; can (pouvoir, avoir la puissance de), dont les passés would, should, might et could servent au conditionnel et au passé du subjonctif, ainsi que must et ought (il faut, on doit). Si la négation not est jointe aux verbes, elle précède les trois temps de l’infinitif et suit tous les autres. Les passés et participes passés de tous les verbes réguliers se terminent invariablement en ed, si l’infinitif finit par une consonne ; et en d, s’il finit par un e muet. — Les participes passés voulu, dâ, pu, fallu, manquant on anglais, il faut, dans la traduction, reconstruire la tournure employée ; ex. : J’aurais voulu faire, traduisez : Je voudrais avoir fait (/ would hatic donc).Observation générale sur le Verbe anglais. Le verbe intransitif français revêt très-fréquemment la forme du verbe réfléchi ; alors il se conjugue avec le double pronom. Il ne faut pas oublier que dans les temps composés, soit des verbes neutres, soit des verbes actifs ou réfléchis, notre verbe être est toujours remplacé par l’auxiliaire avoir, to HAVE ; ex. : Il s’est tué (he bas killed himsolf), et non pas lie is killed, qui signifie, il est tué.

Des Adoerbes. L’adverbe peut suivre un verbe sans régime direct ; autrement, il se place après ce dernier ou après le régime indirect, s’il y en a un. Quelques adverbes et locutions adverbiales, when, quand ; tlxen, alors, ensuite ; hère, ici ; therefore, c’est pourquoi, commencent fréquemment la phrase. Les mots alike, too, enough, only et both, sont tantôt adverbes et tantôt adjectifs. Enfin, certains adverbes tiennent souvent lieu d’un second

Des Prépositions. Simples ou composées, elles sont au nombre de trente-six : quelques-unes, qui traduisent différemment les prépositions françaises de, à, par, réclament une attention particulière du commençant ou de l’étranger. Il est inutile de les citer ici. L’usage, la conversation, la lecture, en apprendront plus en une heure que vingt pages d’observa Des Particules. Les particules, préfixes ou suffixes, jouent un grand rôle dans la langue anglaise ; tantôt elles précèdent, tantôt elles suivent le verbe qu’elles modifient. Ainsi, employées, ces particules sont l’équivalentoui, par exemple, — 1° d’un adverbe, 2° d’une interjection, 3° d’une préposition, 4° d’un verbe, S0 d’un adjectif participe passé. La particule up fait l’office 1» d’un adverbe, a« d’une interjection, 3° d’une préposition. Le mécanisme de ces particules, qui paraît peu, compréhensible, sert au contraire à l’intelli- j gence rapide des mots composés, les verbes ’ surtout.

Dans cette dissection sommaire de la grammaire anglaise, nous avons négligé h dessein’ de mettre en relief certaines particularités, certaines définitions ou distinctions que toutes les grammaires supposent, admettent et fournissent : des genres et des nombres ; de la formation du pluriel des substantifs ; de la division des pronoms ; ce sont là des chapitres accessoires, que tout traité développe à loisir, et qu’on peut reconstruire soi-même à l’aide d’un simple vocabulaire anglais. Nous n’avons rien dit non plus des quatre futurs anglais, une les professeurs rendent si redoutables à 1 élève, quand le bon sens, l’attention d’un moment, démontrent la puérilité de ces terribles difficultés ! Il est impossible de se tromper, même une seule fois, sur le choix du verbe auxiliaire qui doit figurer au futur avec l’infinitif d’un autre verbe, si l’on grave d’abord dans sa mémoire la signification respective des auxiliaires ou signes : will (volonté, éventualité), shall (devoir, obligation, garantie), jiay (permission), can (puissance propre, effective), dont les signes correspondants, aux Conditionnels, sont : would, should, might, could, plus deux autres : ought to (obliga tion morale) et must (inévitabilité).

Pour achever ce précis (la syntaxe proprement dite n’existe pas en anglais), il ne nous reste plus qu’à citer certains idiotismes ou singularités. Une bizarrerie, que les Anglais trouvent toute naturelle, est la suppression de que, régime direct ; ex. : le frère que fo’me, the brotlier (whom) / love.Idiotismes : there ivas a child (il y avait un enfant) ; it is two mont lis sinec (il y a deux mois que) ; he had

père) ; nor did 1 expect 1

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soon (je ne l’attendais pas non plus sitôt) ; he is a man to be rewarded (c’est un homme à récompenser), etc.

Conclusion : La prononciation de l’anglais ne peut s’apprendre que dans la fréquentation de la bonne société ; mais la langue elle-même est la plus facile de toutes celles qu’on parle aujourd’hui en Europe.

— VII. Littérature anglaise. L’histoire de la littérature anglaise ne commence réellement qu’à l’époque où la langue anglaise elle-même se forma par l’introduction de l’élément français dans l’idiome anglo-saxon, lorsque Guillaume le Conquérant voulut imposer sa langue à ceux qu’il avait vaincus. On verra à l’article anglo-saxonne (littérature), tout ce qui con-cette littérature primitive, et

tion qui s’opère peu à peu dans la langue.

Les poèmes ou ballades de la première moitié du xivc siècle présentent souvent une particularité assez curieuse : un couplet est en français et un autre couplet en anglo-saxon, alternativement ; quelquefois même un vers français est suivi d’un vers anglo-saxon qui rime avec lui ; les deux langues semblent se faire des concessions réciproques : On peut faire et défaire come fait-il trop souvent T’is rather well ne faire therefore England is Kent. Ces deux vers sont (ires d’une pièce composée sous le règne d’Édouard II. Mais sous Édouard III, quand la guerre de Cent ans excite la haine entre les deux pays, l’amourpropre national se réveille, la langue française est rejetée et la littérature devient réellement originale. « Les poètes anglais, dit Augustin Thierry, prenaient pour sujet de leurs merry taies (contes joyeux) des aventures plébéiennes, telles que celles de Peter Ploughman (Pierre le garçon de charrue) ; et un caractère commun à presque tous ces poètes est une sorte de dégoût national pour la langue de la conquête. » L’ouvrage intitulé les Visions de Guillaume à propos de Pierre le laboureur, ou le Garçon de charrue, fut composé vers 1362 par un prêtre séculier nommé Robert Langland ; on y trouve une peinture satirique et vraie des mœurs du clergé et des classes populaires de l’époque. Vers le même temps parut Chaucer, un des poètes dont l’Angleterre s’enorgueillit avec le plus de justice. Il puisa dans les traditions populaires les sujets très-variés de ses Contes de Canterbury, qui offrent des analogies avec le Décaméron de Boccace, et où l’on trouve des peintures charmantes mêlées à des morceaux du ton le plus élevé. Aussi, comme poète, Chaucer-a-t-il sa place marquée entre Spenser, Shakspeare, Milton et Byron. Cependant, John Wickliffo et Mandeville contribuaient à fixer la langue, l’un par sa traduction, de la Bible, l’autre par ses Récits de voyages, ’en prose.

Le xve siècle n’oil’re que des écrivains de second ordre, parmi lesquels on peut citer le fabuliste-Henryson ; Lydgate, qui raconte l’histoire de Thèbes et la prise de Troie ; Surrey, qui imite Pétrarque, comme Chaucer a imité Boccace ; sir Thomas Wyatt, auteur de sonnets et de chansons, et sir John Fortescue, qui écrit en prose un traité sur la Différence entre une monarchie absolue et une monarchie limitée.

Dans le siècle suivant, Thomas Morus, outre divers écrits religieux remarquables par l’élégance du style, composa sa fameuse Utopie, où l’on voit apparaître pour la première fois les doctrines d’un républicanisme très-avancé et presque communiste. Hugh Latimer et Leland publièrent aussi de savants écrits religieux, et Guillaume Tyndale donna une excellente traduction de la Bible. Mais le nom le plus glorieux de ce siècle est celui du grand poète dramatique Shakspeare, qui suffirait seul à illustrer le règne d’Elisabeth, de « cette belle vestale assise sur le trône d’Occident, » comme il la nomme lui-même. Avant lui John Hcywood, Udall, Sackville, Lyly, Nash, Grecne, Lodge, et surtout Christophe Marlowe, s’étaient déjà distingués par quelques productions dramatiques qui n’étaient pas sans mérite ; Marlowe surtout, dont le Faust a été traduit en français par M. François-Victor Hugo. Mais, comme les étoiles pâlissent et disparaissent devant les clartés de l’astre du jour, ils sont aujourd’hui tombés dans un oubli presque complet. Le théâtre de Shakspeare se compose de trente-cinq pièces, dont une douzaine au moins sont des œuvres de génie ; nous en parlerons plus longuement dans l’article spécial qui sera consacré à ce grand poète. A côté du nom de Shakspeare il faut placer celui de Spenser, auteur de la Reine des fées, poëme où sont reproduites les plus brillantes fictions du moyen âge, et qu’on admire encore aujourd’hui pour le luxe des images et la mélodie du rhythme. Après Spenser, Thomas Carew, Daniell et Fairfax tiennent un rang honorable. Ben Jonson, Webster, Middleton, Thomas Heywood, Shirley, travaillèrent pour le théâtre : les tragédies, toutes romaines, et les comédies de Ben Jonson, jouissent encore aujourd’hui de l’es- I time des connaisseurs. Parmi les prosateurs I de la même époque, il faut remarquer Knox, j

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prédicateur énergique, en Écosse ; Buchanan et Hooker, qui se distinguèrent dans la polémique religieuse ; François Bacon, lord de Verulam, dont le Notium Organum, écrit en latin, contribua si puissamment à ouvrir une ère nouvelle pour la philosophie et pour les sciences ; sir Walter Raleigh, auteur de VHistoire du monde ; Howell et sir Thomas Herbert, qui racontèrent d’intéressants voyages ; Hobbes, philosophe matérialiste ; Burton, auteur de l’Anatomie de la mélancolie, et Jérémie Taylor, surnommé le Shakspeare de la théo Les détails que nous venons de donner nous conduisent jusqu’au milieu du xvne siècle ; car le règne si tourmenté du malheureux Charles Ier fut un temps d’arrêt pour la littérature. Après la restauration de Charles II, Cowley, Waller et Denham composèrent quelques poésies qui furent goûtées du public ; mais Milton, 1 auteur du Paradis perdu, se plaça par cette œuvre de génie au premier rang des poètes épiques. Il avait débuté par la polémique religieuse, puis il avait composé des pamphlets politiques, et quelques poèmes dans le genre descriptif, tels que Cornus, Lycidas, VAllegro et le Penseroso. Mêlé à la politique active sous Cronrwell, il fut disgracié après le retour des rois- ; pour comble de malheur il perdit la vue, et composa son immortel chef-d’œuvre en le dictant vers par vers à l’une de ses filles, qui lui servait de secrétaire. Il fut longtemps sans pouvoir trouver un éditeur ; celui qui consentit enfin à se charger de publier le Paradis perdu n’en voulut donner à l’auteur que dix livres sterling (environ 250 fr.). Ce ne fut qu’après sa mort que les Anglais comprirent la valeur d’une œuvre qui se place immédiatement après Ylliade et l’Enéide, dans un genre de poésie si difficile que presque toutes les tentatives n’ont abouti nu’à de honteux échecs. Samuel Butler publia dans le même temps le poème satirique A’IJudibras, qui eut beaucoup de vogue. C’est un ouvrage plein d’allusions contemporaines, très-difficiles à saisir aujourd’hui. Dryden, poète froid, mais rigoureux observateur de la forme et des traditions classiques, ne ressemble guère aux écrivains du siècle précédent ; on lui assigne cependant une place honorable sur le Parnasse anglais ; il traduisit Virgile, Perse, Juvénal, composa des satires, des fables, des odes, des tragédies, où se fait toujours sentir l’imitation de la poésie régulière et classique de notre grand siècle littéraire. Otway, poète dramatique, sut mieux parler le langage des passions ; deux de ses pièces, l’Orpheline et Venise sauvée, firent couler plus de larmes que les drames les plus pathétiques de Shakspeare. Les écrivains en prose les plus remarquables de ce temps sont : Algernon Sidney, Thomas Burnett, Locke, dont Y Essai sur l’entendement humain opéra une révolution dans la philosophie et servit de base aux travaux de

Thomas Reid, d’André Rudiger, de Condillac, de Condorcet, etc. ; le chancelier Hyde, lord Clarendon, et enfin le chaudronnier Bunyan, dont le Voyage du pèlerin est encore aujourd’hui très-populaire en Angleterre.

Nous arrivons à l’époque littéraire qu’on a coutume de désigner sous le nom de siècle de la reine Annç ; elle est remarquable surtout par sa fécondité. Prior se présente le premier ; sil prend Horace pour modèle et compose des odes, des épîtres, des épigrammes, des contes en vers. Pope, aussi classique que notre Boileau, s’est également illustré dans la poésie lyrique, la satire, la philosophie ; il tradr’Ylliade et l’Odyssée, et ses traductions lui i portèrent autant d’argent que de

Sa Dunciade est une mordante et spirituelle satire ; sa Boucle de cheveux enlevée a été comparée au Lutrin de Boileau, et son Essai sur l’homme fut vanté par Voltaire, au delà peut-être de son mérite réel. Parnell, Gay, Green, de Sommerville, méritent encore d’être cités pour leurs poésies.

Les œuvres dramatiques sont assez pâles : Addison, Southerne, Wickerley, Congrève, composent des pièces régulières, où l’esprit ne manque pas, mais qui n’offrent rien de transcendant. La prose, au contraire, entre dans une phase nouvelle ; la presse périodique se fonde ; Steele, le premier, créa pour les whigs le Babillard, le Spectateur, le Mentor ; Addison collabora au Babillard et au Spectateur, et il acquit dans ce nouveau genre de littérature une réputation justement méritée ; c’est un des écrivains les plus corrects et les plus élégants que puisse citer l’Angleterre. Swift, remarquable par sa verve humoristique, a été appelé par Voltaire le Rabelais anglais ; tout le monde connaît son Voyage de Gulliver, et ses Lettres d’un drapier, bien que moins connues chez nous, ont eu une vogue extraordinaire. Robinson Crusoé, ce roman si plein d’intérêt, qui plaît a l’âge mûr comme à l’enfance, est 1 œuvre de Daniel de Foe, qui s’était déjà fait connaître par divers pamphlets politiques. Arbuthnot et lady Montagu se font un nom dans le genre épistolaire. Le docteur Clarke, l’adversaire de Hobbes et de Spinosa, montre un talent plein de vigueur pour les discussions théologiques. Berkeley et Sliaftesbury représentent dignement la philosophie.

Un peu plus tard, Young compose ses Nuits, œuvre sombre et lugubre d’une âme écrasée par le malheur ; Thomson publie le poème des Saisons ; Collins, Akenside, Gray, Churchill et Chatterton se fontaussi remarquer par diverses productions poétiques ; on sait que ce dernier

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