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Isocrate, Aristote, Démosthfene, Épicure... bien d’autres encore.

Aussi grand que tous les grands noms que nous venons de citer, plus grand peut-être, il faut inscrire le nom de Périclès.

Périclès plus qu’Auguste, plus qu’Al-Mamoun, plus que Léon X, plus que François Ier, plus que Louis XIV, a mérité de donner son nom au siècle pendant lequel il a vécu. Poète, artiste, philosophe, orateur, politique, il ne fut pas seulement la plus vaste intelligence de son époque, il en fut aussi, peut-être, le plus honnête homme. Ses amis rassemblés autour de son lit de mort, rappelaient les belles actions que devait admirer la postérité. • Vous oubliez, dit le mourant, ce qu’il y a de plus grand, de plus glorieux dans ma vie : c’est que je n’ai fait prendre le deuil à aucun

Cet homme, quoique de race noble, tout entier se donne au peuple. Il veut cultiver son esprit, épurer ses mœurs, élever son intelligence ; il veut faire Athènes, jusqu’.

-b sert-il ? Il favorL-... „.,

les lettres, les sciences ; il se fait le protecteur, l’ami et comme l’inspirateur de tous les génies que nous avons nommés tout à l’heure : voilà pourquoi, plus qu’eux., il nous parait grand.

Mais si, auprès de celui que ses contemporains surnommèrent l’Olympien, nous trouvons un guide, si nous trouvons une nymphe Egérîe, faudra-t-il la dire moins grande que lui ?

Il y a un mot charmant du vainqueur de Ta célèbre bataille que nous rappelions tout à l’heure, de Thémistocle. «Vous voyez ce petit bambin, disait-il en montrant son fils qui n’avait pas cinq ans, en bien, il gouverne le monde, car il gouverne sa mère, sa mère me gouverne, je gouverne les Athéniens, et les Athéniens gouvernent les Grecs, qui gouvernent le monde. »

Or, après Thémistocle, ce fut à Périclès de gouverner le monde... et d’être gouverné

de sublime le gouvernement de Pi c’est-à-dire de cette femme, on peut sans hésiter répondre à l’interrogation de tout à

que lui. Autant que lui, à coup mérité de la civilisation.

Ne craignons pas de voir sourire les rhéteurs, de voir grimacer ceux que Juvénal appelait les mangeurs de cumin ; allons plus loin, et avouons qu’il nous semble injuste de dire le Siècle de Périclès. On devrait dira le Siècle de Périclès et d’Aspasie.

Ayant à présenter Aspasie, nous ne pouvions pas ne pas présenter d’abord Périclès. L’un nous intéresse à cause de l’autre, l’un nous aide à connaître l’autre. L’historien ne peut pas, ne doit pas séparer ces deux amants dont l’union fut si vraie, si forte, surtout si profitable au progrès.

aise, longuement. Hélas 1 nous savons d’elle si peu de chose ! Ici, à force de fouiller, nous trouvons un mot ; là, une ligne ; un peu plus loin, une phrase ; un peu plus loin encore, presque un chapitre... Courage I mais plus rien. Et H n’y a point assez pour reconstruire la statue... Cependant, toute mutilée qu’elle est, la Vénus de Milo est un chef-d’œuvre. Le peu que nous savons de l’épouse de Périclès doit nous intéresser.

Aspasie eut pour père un certain Axîochus et naquit à Milet, colonie ionienne. Naître à Milet comme naître à Lesbos, ces deux villes oui pourvoyaient la Grèce d’hétaïres, c’est déjà un crime abominable de la part d’une femme. Et les trop sévères ont déjà mesuré, jugé, condamné Aspasie. Que ce ne soit pas sans appel. Sapho, née à Lesbos, n’était pas Lesbienne, dans l’immorale acception du mot ; Aspasie, née à Milet, ne fut pas davantage Milésienne.

Au reste, et tant mieux si cela peut être une circonstance atténuante, elle resta bien peu longtemps dans sa patrie. Bientôt, elle partit pour Athènes, accompagnée de Thargélie, « femme aussi célèbre par son esprit que par sa beauté, • dit Plutarque.

Que le voyage dut être long au gré de ces deux jeunes filles inconnues, sans fortune, sans naissance, et qu’un secret instinct menait vers la grande cité, que l’une ne doit quitter <jue pour aller épouser un roi de Thessalie, où 1 autre doit trouver pour mari plus qu’un roi. C’est ainsi qu’un peu plus de deux mille ans après, une jeune, belle, intelligente, mais pauvre créole, sera, par le hasard des circonstances, " conduite à Paris et deviendra impératrice.

Il nous semble voir les deux voyageuses. Depuis longtemps debout à la proue du navire ; elles cherchent des yeux la célèbre cité hellénique. Enfin, elles aperçoivent au loin une colline où Tonne distingue rien encore... mais elles savent que c’est Athènes et sentent en elles un trouble indéfinissable. Elles se regardent, et chacune d’elles se demande pourquoi sa compagne a rougi. Elles abordent. Elles mettent le pied sur le port du Pirée et battent joyeusement des mains ; car le premier trouble est passé.

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Ensuite elles longent les murs d’enceinte que vient de faire bâtir Thémistocle, en dépit de la jalouse Sparte... Les voilà arrêtées par la foule qui se presse autour du berna, placé dans le Pnix, en face de la mer. Un orateur occupe la tribune aux harangues... Qui sait ? peut-être Périclès, alors il commençait à paraître dans les affaires. Ce matin, il a fait auxdieux sa prière habituelle, il leur a demandé que de sa bouche ne s’échappât aucun mot qui pût blesser les oreilles des Athéniens. Et les dieux ont exaucé sa prière sans doute, car voyez-les, tous ces amoureux du beau langage, voyez-les, suivant l’expression du poëte latin, suspendus aux lèvres de celui qui parle !

Aspasie dut s’arrêter longtemps, elle aurait voulu sans doute rester plus longtemps encore ; maisThargélie est impatiente. Il faut atteindre l’autre partie du faubourg appelé le Céramique, où elles doivent habiter. Elles pressent le pas, traversent les jardins de l’Académie. Et ce qui attira leur curiosité, en ce lieu, ce ne fut point, là-bas sous les portiques, Platon discoursnt avec ses disciples, mais sans doute, dans une autre partie de l’agora, sous les allées ombreuses, les vierges folles étalant leurs beautés, et les jeunes fous courant après elles en laissant fastueusement traîner leur robe de pourpre.

Mais il est déjà tard. Les deux jeunes femmes sont lasses-. À demain pour parcourir la ville pleine de merveilles encore, malgré lo lieutenant de Xerxès, Mardonius, qui a cru l’avoir pour jamais anéantie.

Le lendemain, .c’était fête à Athènes, solennité nationale. Le théâtre avait toutes grandes ouvert ses portes, même aux esclaves. On jouait une tragédie, de Sophocle sans doute, Eschyle dédaigné s’était depuis longtemps exilé, il venait de mourir... Mais s’il venait de mourir, il commençait à vivre ; ses œuvres devaient être jugées plus belles, à coup sûr, ainsi se passent les choses d’habitude, que celles de Sophocle qu’on lui avait d’abord préféré... Décidément, c’était de l’Eschyle qu’on jouait. Or ; parmi les trente mille spectateurs il y avait, vous le devinez, les deux nouvelles débarquées, Thargélie et Aspasie.

Il y avait aussi Périclès. Il se trouvait même, à ce qu’il paraît, assez près de la belle Milésienne, et put la voir tout à son aise.

Ici, nous voudrions bien donner le portrait d’Aspasie. Mais les poètes anciens n’aimaient

Eoint, comme nos poètes d’aujourd’hui, à délier

ceinture de leur ’ héroïne, à la décrire

minutieusement :

Lis, ébène, corail, veine d’azur etc.

mère. Didon est très-belle, écrivait Virgile. Et puis ? Plus rien. Ils oublient de nous dire si elles étaient brunes ou blondes, ils oublient de nous faire remarquer la couleur de leurs cheveux, ils oublient de mesurer leur taille, la grandeur de leurs yeux, la petitesse de leurs pieds. Ils oublient même de noter leur âge. À vous de deviner, de rêver quel fut le genre de beauté de la fille de Tyndareetde la reine de Cartilage.

Aspasie était belle ! il faut nous contenter de cela. Elle était belle, et Périclès, en la voyant, ne put s’empêcher de l’admirer, de

Or, que se passait-il quand un jeune Athénien aimait une femme venue de Lesbos, de Corinthe ou de Milet ? M. Dufour va nous le dire (Histoire de la prostitution). « Le Céramique n’était pas ce beau quartier d’Athènes qui tirait son nom de Céramos, fils de Bacchus et d’Ariane ; c’était un faubourg qui renfermait le jardin de l’Académie et les sépultures des citoyens morts les armes à la main. Il s’étendait le long de la muraille d’enceinte, jusqu’à la porte Dipyle. Là, des bosquets d’arbres verts, des portiques ornés de statues et d’inscriptions, présentaient de frais abris contre la chaleur du jour. Les courtisanes du premier ordre venaient se promener et s’asseoir dans ce lieu, qu’elles s’approprièrent comme si elles l’avaient conquis sur les illustres morts qui y reposaient. Ce fut bientôt le marché patent de la prostitution élégante. On y allait chercher» fortune, on y commençait des liaisons, on s’y donnait des rendez-vous, on y faisait des affaires d’amour. Lorsqu’un jeune Athénien avait remarqué une hétaïre dont il voulait obtenir les faveurs, il écrivait sur le mur du Céramique le nom de cette belle, en y ajoutant quelques épithètes flatteuses. Lucien et Alciphron font allusion à ce singulier usage. La courtisane envoyait son esclave pour voir les noms qui avaient été tracés le matin, et, lorsque le sien s’y trouvait, elle n’avait qu’à se tenir debout auprès de l’inscription pour

et à faire ses conditions, qui n’étaient pas jours acceptées, car les hétaïres en vogue n’avaient pas toutes le même tarif, et elles se permettaient d’ailleurs d’avoir des caprices. »

Certes, c’était un « bon parti, » celui que sa naissance, ses richesses, son génie surtout, désignaient déjà comme devant être le chef de la démocratie athénienne, et plus d’une hétaïre eût envié un tel amant à Aspasie. Mais Aspasie n’allait pas au marché de femmes qui se tenait à l’agora ; elle n’était pas courtisane, elle n’était pas Milésienne, nous l’avons dit.

Périclès répudia sa femme, qui était aussi

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porte que l’épouse délaissée se consola bien vite.

La beauté de la jeune fille de Milet avait seule attiré vers elle le plus célèbre citoyen d’Athènes ; d’autres qualités, les qualités éminentes que nous allons dire, l’y attachèrent bientôt et l’y retinrent-pour jamais.

Aspasie aimait Périclès autant qu’elle en était aimée, et du jour où elle put le nommer son époux, elle devint sa compagne. Eh bien, oui, sa compagne, dans le sens chrétien de ce mot ; l’aidant de toutes ses forces à supporter le lourd fardeau de la république, l’encourageant dans sa guerre contre l’aréopage, contre l’aristocratie, au profit du peuple, le consolant des attaques de ses ennemis, travaillant avpc lui, travaillant pour lui. ’ Bien souvent, Platon le dit expressément, Périclès prononça des- discours faits par sa compagne.

À propos de l’oraison funèbre pour les soldats morts à Lechœum, oraison si belle que les Athéniens décidèrent qu’elle serait prononcée tous les ans, usage qui existait encore au temps de Cicéron, voici ce que dit le divin Platon dans son Ménexène : i

ménexène. Qu’aurais-tu dit si tu avais été obligé de parler ?

socrate. Peut-être aurais-je été très-embarrassé ; mais hier, j’ai entendu Aspasie dire l’oraison funèbre de ces morts. Elle avait appris que les Athéniens devaient choisir quelqu un pour prononcer ce discours. Elle en improvisa une partie. Quant à l’autre partie, je crois qu’elle l’avait préparée, puisque o’est elle qui a fait l’oraison funèbre que Périclès

ménbxknb. Te souviens-tu de ’ ce qu’a dit

socratb. Oui, si je ne me trompe, car je l’ai appris par cœur, et peu s’en est fallu qu’elle ne me punît à cause de ma mauvaise

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te, et i

« a parente, et épousa Aspasie. Plutarque rap Et Socrate ayant, sur la prière de son ami qui lui promet d’être discret, récité la fameuse oraison funèbre, ajoute ensuite : > C’est là, ô Ménexène ! l’oraison d’Aspasie de Milet. MaiSj encore une fois, ne me trahis pas, et je pourrai te faire connaître bien d’autres de ses discours sur les affaires civiles. »

Vous voyez qu’Aspasie n’était pas seulement lettrée, éloquente ; elle était encore versée dans les affaires civiles. Lucien, à son tour, la dit très-habile en politique. Elle aimait les arts aussi, et savait en causer avec Phidias. Avec Socrate, qui l’appelait son maître, elle dissertait sur les plus hautes questions de philosophie.

Qu’on n’aille pas cependant prendre notre Aspasie pour une des femmes savantes de Molière, elle était bien loin de leur ressembler. Elle n’avait point même la prétention de Théano, la fille de Pythagore, qui, publiquement, -enseignait la philosophiej.de Corinne, qui se posait en rivale de Pindare ; de Sapho, qui tenait école de poésie et formait des élèves : Erinne, Télésilla.

On a prétendu, et l’on prétend encore, qu’Aspasie avait écrit deux ouvrages, l’un en vers, l’autre en prose. Mais aucun des deux ne doit, croyons-nous, lui être attribué. En ffet, le premier, dont des fragments ont été ofiiAillw n»r H^rniîifim disciple de Cratès, sûtes à Socrate r pour Alcibiade. Or, philosophe et de son élève, elle savait très-bien que ni l’un ni l’autre n’avaient besoin d’être détournés du vice infâme, qui malheureusement, a trop souillé la Grèce. Donc, elle n’a pas pu écrire les vers qu’on lui attribue. Allons 1 pas de ces viles chenilles sur une aussi belle rose ! Quant à l’autre ouvrage, c’est un recueil de recettes pour la toilette ; plusieurs ont été conservées par Aétiusjmais il suffit d’en lire dix lignes pour être convaincu qu’il n’appartient pas à la célèbre épouse de Périclès : une telle temme n’a besoin que de ses charmes naturels pour être toujours belle.

■ C’était en se jouant, dit très-excellemment E. Deschanel, et sans rien perdre de sa grâce, qu’Aspasie < enseignait. »

Nous avons montré l’amie de Thargélie, belle et d’une intelligence supérieure. Voulezvous la voir bonne, aimante, persuasive ? Ouvrez le De inventione de Cicéron au livréXXX. L’orateur latin traduit un dialogue d’Eschine, disciple de Socrate.

« Dites-nous, demande Aspasie à l’épouse de Xénophon, si votre voisine a de l’or d’un titre au-dessus du vôtre, lequel préférerez-vous ? —^"Le sien ? répond la femme «h, Xénophon. t — Et, continue Aspasie, si elle a des ajustements, une parure plus riche que la vôtre, laquelle préfererez-vous ? — La sienne. — Et « si son mari vaut mieux que le vôtre, lequel préférerez-vous ?-

La femme de Xénophon rougit et ne répondit pas.

Aspasie, s’adressant ensuite à Xénophon lui-même : « Si votre voisin, lui demandet-elle, a un cheval meilleur que le vôtre, lequel préférerez-yous ? — Le sien. — S’il a une terre d’un meilleur produit que la vôtre, laquelle préférerez-vous ? — La sienne. — Et s’il a une femme meilleure que la vôtre, laquelle préférerez-vous ? » Xénophon à son tour garda le silence. ■ « Puisque chacun dé vous, dit alors Aspasie, n’a pas voulu me répondre sur le seul point que je voulais savoir, je vais répondre pour vous deux. Vous, vous désirez le meilleur des

époux ; et vous, Xénophon, la meilleure dos femmes. Si vous ne réussissez à devenir, l’un l’homme le plus parfait, l’autre la femme la plus accomplie, vous regretterez toujours de n’avoir point fait un meilleur choix... »

Remarquons que cette manière de raisonner était celle de Socrate. Notons surtout que, par ces paroles, Aspasie sut réconcilier avec sa femme l’illustre auteur de la Retraite des dix mille.

Soyez triste, et qu’un zéphyr.parfumé enveloppe tout à coup votre visage, la gaieté, renaît : voilà l’influence de la femme belle, bonne, et supérieure.

Voulez-vous la voir encore indulgente ? écoutez : Un jour- Alcibiade, le plus beau et le plus débauché des Grecs, dans un transport de fol amour, se jette aux genoux d’Aspasie. Périclès entre sur ces entrefaites..Que fait la jeune femme outragée ? Elle va, le sourire aux lèvres, au-devant de son époux, en lui disant : « Jamais votre pupille ne m avait récité des vers plus chaleureusement. » Le3 méchants prétendront que l’anecdote ne dit rien de bon pour Aspasie. Pour nous, ellemontre la jeune femme pleine d’indulgence, pleine de grâce, pleine d’amour pour Périclès, pleine de respect pour elle-même. Et Périclès peut-être devina tout ; mais, indulgent comme elle, il embrassa deux fois son Aspasie.

« Ainsi faisait-il, rapporte Plutarque, à chaque fois qu’il entrait chez son épouse, à chaque fois qu’il la quittait. »

Cependant, grandissait la renommée de Périclès, sou ascendant, sa popularité. Son gouvernement était une véritable dictature. Et l’aristocratie inquiète cherchait à renverser de son piédestal celui qu’on avait surnommé l’Olympien. N’osant s’attaquer à lui directement, elle attaqua d’abord ses amis. Phidias fut le premier. Accusé d’avoir dérobé une partie de l’or qui lui avait été confié pour la statue de Minerve, l’immortel sculpteur put confondre ses accusateurs. Mais il s’était représenté lui-même sur le bouclier de la déesse, et il fut condamné à l’exil comme sacrilège. Ensuite, ce fut le tour du maître de Périclès, du philosophe Anaxagore, qui, lui aussi, fut accusé d’impiété, et s’exila pour échapper à la peine, capitale. Ce fut enfin Aspasie qui, appelée devant l’aréopage pour crime de « libre pensée, » se défendit elle-même. « Mais, rapporte Athénée, son éloquence ne l’eût point sauvée, si Périclès n’avait attendri les juges par ses larmes. •

Depuis ce jour, les poôtes comiques Eupolis, Cratinus, etc., qui usaient, pour diffamer Périclès, de la liberté qu’il leur avait octroyée, surnommèrent Aspasie nouvelle Omphale et Déjanire. *

L’Eupolis que nous venons de citer (écrivons ceci entre parenthèse et afin qu’on ne puisse pas nous accuser d’être passé à côté de certains documents) met en scène Périclès, dans une de ses comédies, et le.fait parler

ion fils naturel vit-il encore ?

îi, et depuis longtemps il

serait marié, s’il ne craignait d’avoir une

femme aussi libertine que sa mère.

Triple sottise, que nous ne relèverons pas.

Le nom d’Hélène fut donné aussi à Aspasie

lorsque.’par son influence, éclata la guerre de

nèse, dit Fontenelle, d’après Athénée, vint de ce que de jeunes Athéniens, qui avaient bu, allèrent à Mégare enlever la courtisane Simœtha, et qué ceux de Mégure, pour se venger, enlevèrent deux des suivantes d’Aspasie : ce qui fut cause que Périclès, qui était tout a fait dans les intérêts d’Aspasie, fit traiter Mégare d’une manière si dure, que cette ville fut obligée d’implorer le secours des Lacédémoniens. »

Aristophane, le profond moqueur, mais le moqueur quand même, se met fort en colère en songeant que « c’est une courtisane qui inonda la Grèce de sang. » Et après lui tous les rhéteurs, un M. de Burigny, par exemple, Vie d Aspasie, tous les hommes graves, un certain abbé Pagnier, cité par le comte de Bièvre, ont jeté la pierre à la célèbre épousede Périclès, ne songeant pas que, si elle fut l’occasion de la lutte suprême entre Sparte et Athènes, elle n’en fut pas la’ cause. Cette lutte était inévitable et depuis longtemps prévue.

Moins sévères, alors que tout le Péloponèse était bouleversé par la guerre civile, les Grecs, en voyant passer Aspasie, répétaient ce que les vieillards troyens disaient en regardant l’épouse de Mênélas : « Non, on ne saurait en vouloir à deux peuples d’endurer depuis si longtemps de si grands maux pour une telle femme, car vraiment elle ressemble aux déesses immortelles. »

Plus que vous tous, rhéteurs à toque et à rabat, Aspasie dut regretter la guerre entre

n influence ; i

retour d’une expédition sur la côte de l’Argolide et de la Laconie, où sa compagne avait voulu le suivre et partager ses dangers, Périclès fut frappé de la peste et mourut.

« Un dernier trait, dit E. Deschanel, achèvera de ■ peindre le pouvoir d’Aspasie. Déjà sur le retour, elle s’empara, ce qui ne veut’ point dire, comme l’ont prétendu plusieurs : elle prit pour amant ou pour mari, elle s’empara de Lysiclès, homme sans éducation et sans valeur, le frappa de sa baguette, le força de suivre son char, et transforma ce marchand