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cipaux personnages sont : Scaramouche, le paysan Beauvisage, Lélio et Sandrina, la servante espiègle. La musique de Frédéric Ricci est gracieuse, bien écrite pour les voix, son orchestration vive et élégante. La partition-ne compte pas moins d’une vingtaine de morceaux, parmi lesquels nous citerons le chœur d’introduction Cite visembra ;e terzetto pour voix d’hommes, la Scena è un mure ; l’air de basse, Son Tomaso ; le duetto pour voix de femmes, le Più leogiadre, et le joli duo, Se vuûl far la banderuota, pour soprancet baryton. M. de Forges a fait une traduction française de cet opéra, qui a été représentée, sur le théâtre de Versailles, dans (e mois de juin 184Î. On en a chanté, dans les concerts, Je nocturne, dans l’ombre et le mystère, et le duo, Va, Vénus n’est pas ta mère. La partition italienne, retouchée par M. de Flotow, a été exécutée au Théâtre-Italien le Î6 février 1840.

Aventure ! (LES) de Télémaque, Vaudeville

en deux actes, de MM. Dumersan, de Leuven et Brunswick ; représenté à Paris, sur le théâtre des Variétés, en août 1844. Ce n’est point parce que cette bouffonnerie est la parodie d’un ballet, joué en 1844 à l’Opéra, Éucharis, de M. Corally, que nous en donnons ici l’analyse ; c’est parce que l’imitation burlesque, qui cette fois vaut mieux que l’original, nous offriraitau besoin, soit ditsans offenser l’ombre de Fénelon, dont l’épopée a coûté tant de pensums aux pauvres écoliers, une sorte d’enseignement littéraire bon k méditer, presque une moralité. Un certain Cantalou, facteur et inventeur de serinettesrqui exécutent plusieurs airs à la fois, ce qui est on ne peut plus ingénieux, est pénétré d’admiration pour l’œuvre du cygne de Cambrai. Il a donné k son fils le nom du héros de ce poëme en prose, et lorsqu’il l’a mis en pension, il a recommandé qu’on lui inculquât le Télémaque exclusivement sous toutes les formes, thèmes, versions, narrations, etc. Cantalou, deuxième du nom, n’a pas eu la tête assez solide pour résister à cet exercice, aussi peu récréatif qu’abrutissant ; il est devenu fou ; se croyant le fils d’Ulysse, il n’a plus qu’une idée hxe : aller à la recherche de son père. Le sieur Cantalou, pour ramener son héritier à des projets plus raisonnables, se décide à le faire voyager. Il le confie à un Mentor qu’il s’est

Ïirocuré par l’entremise des Petites Affiches, equel, de son vrai nom s’appelle Rabâchard et exerce la profession de marqueur de billard. Inutile d ajouter, car déjà cela se devine, que ledit Rabâchard est loin de personnifier la sagesse qui conviendrait k son nouvel emploi. Télémaque Cantalou et Mentor Rabâchard font naufrage en traversant la Seine, non loin de Saint-Denis. Ils gagnent une petite île appartenant à M"» Létoffé, graveuse en musique, romanesque personne, qui vientchaque dimanche, en compagnie de ses ouvrières, parodier dans son lie quelque scène mythologique, sous le costume classique. Elle représente Calypso, rôle qui convient à la maturité de ses charmes. Ses compagnes, aussi légèrement vêtues qu’il convient, figurent Eucharis et les nymphes. La subite arrivée de deux hommes, s’appelassent-ils Télémaque Cantalou et Mentor Rabâchard, n’est pas sans faire pousser a des demoiselles aussi peu vêtues, fussent-elles graveuses en musique, les cris les plus variés. Heureusement, Mlle Létoffé trouve dans le nez proéminent du jeune Cantalou (qu’il nous suffise d’ajouter que ce nez, pignon sur rue, est la propriété de M. Hyacinthe) des lignes et des méplats qui. ô hasard, voilà de tes coups I lui rappellent un ingrat qui lui fut cher. Elle ordonne à ses nymphes de conduire les deux étrangers dans la grotte qui sert de vestiaire, et de les vêtir à 1 antique. Ces demoiselles ont cessé de crier et se sont vite apprivoisées ; Télémaque et Mentor échangent donc la tunique de lycéen et la redingote en alpaga contre des costumes gréco-romains, dignes en tous points de l’Antiquité travestie de Daumier. Puis Cantalou, qui sait son Fénelon sur le bout des doigts, s’accoude nonchalamment en face de la Calypso de Saint-Denis, et -entreprend le récit dé ses aventures : • Je suis né, dit-il, de parents cossus mais honnêtes, qui, voyant mon intelligence précoce, me mirent en pension à Picpus, où je ne-tardai pas à devenir fort, non-seulement en thème, mais encore dans l’art d’élever les cochons de Barbarie et de deviner les charades ; ce qui ne m’eispécha pas d’acquérir une science géographique à faire honte au Dictionnaire de Vosgien. Ce fut moi qui, dans un examen, le plus brillant dont on ait mémoire, expliquai pourquoi l’Italie a la forme d’une botte : parce qu’elle est au pied des Apennins. Telle est la solution hardie que je donnai de ce problème, dont le Créateur semblait seul avoir la clef. C’est encore moi qui signalai à la France étonnée les trois départements où l’on fait tout cuire à l’huile : Aisne, Aube, Eure. (Haine au beurre.) » Ce récit épique est interrompu par une irruption subite de gendarmes et de gardes champêtres, qui, sans égard pour la couleur locale, viennent réclamer prosaïquement le payement d’un déjeuner dont le grave Mentor a mis le prix’ dans sa poche, avec ce laisser-aller qui convient aux héros. L’ex-marqueur de billard, qui connaît, il parait, plus d’un procédé, détache k son élève un coup de pied oui vaut à lui seul un long poème, et qui envoie Télémaque tomber la tête la première dans la Seine, où il ne tarde pas à le suivre, échappant ainsi à la brigade stupé AVE

faite. Les voyages hors banlieue et les voyages* en pleine Seine ne guérissent nullement le jeune Cantalou, qui s’obstine de plus en plus à la recherche d’Ulysse. Cette folie, hélas I est doublée d’une passion qui ronge son cœur de lycéen. L’Eucharis de Mlle Létoffé, une jolie ouvrière, par ma foi ! a allumé en 1m une flamme que le plongeon en eau douce n’a pu éteindre.. Cependant les quatre cent cinquante francs que le facteur de serinettes avait consacrés au voyage de son malheureux fils tirent à leur fin. Le bon Rabâchard éprouve le besoin de ramener son élève à l’Ithaque fortunée où il a recu’le jour et appris le culte passionné qu’on doit aux chefs-d œuvre. Il affirme au naïf jeune homme qu’il le mène chez Sésostris. Télémaque s’habille en berger de trumeau, sans oublier les faveurs roses, la houlette etl’agneau pomponné, et croit de la sorte chercher avec plus de fruit l’Ulysse, objet de ses préoccupations. Mentor bourre sa pipe et l’allume ; ce bon Mentor, qui-a le gousset vide, s’est endetté de dix francs. C’est le moment de remonter au ciel. Connaissant le cœur humain, il fait venir l’Eucharis de Saint-Denis, qui, dans le monde ordinaire, s’appelle Francinette. Cette aimable et délurée personne n’est autre qu’une fille oubliée par lui autrefois dans un champ d’épinards. La vue de Francinette opère une heureuse diversion sur les idées du petit Cantalou, et le grand Cantalou, ravi de voir son fils abandonner l’espoir de retrouver Ulysse, consent à lui donner pour femme Eucharis-Francinette. Puissent les deux époux vivre longtemps et faire beaucoup de... serinettes 1 Hélas 1 qu’aurait pensé de nous Fénelon, si, le 1S août 1844, il avait occupé un fauteuil d’orchestre au théâtre des Variétés ? Aujourd’hui, on parodie tout ; rien n’est sacré pour un vaudevilliste. Ne désespérons pas de voir un jour sur nos scènes de genre Neptune porteur d’eau, Bacchus marchand de vin, Hercule fort de la halle, et Vénus écaillière.

’ Aventurea de Mnudrin (les), mélodrame en cinq actes et dix tableaux, de MM. Louis Judicis et Alphonse Arnault, représenté pour la première lois k Paris, sur le théâtre de la Galté, le 9 mai 1856.

Cette pièce retardait de cinquante ans sur les pièces du cru lorsqu’elle vit le jour pour la première fois. Elle est un revenant du répertoire fossile où dorment, parmi des débris de berlines et de diligences, de feutres à plumes de coq et de bottes jaunes évasées, de pistolets tromblons, de valises et de ■ papiers importants, » trois ou quatre vérités aussi frappantes que celle-ci : ■ Apprenez que si la Providence retarde quelquefois la punition des méchants, c’est pour la rendre plus terrible, et que leur châtiment suit de près leur triomphe. ■ Toutes les conditions d’un genre qui fit les beaux -jours du boulevard du crime s’y trouvent naïvement réunies : le niais, ahuri, fourvoyé dans la caverne des brigands, comme un ânon parmi les loups ; le père Cassandre, stupide et débonnaire, ou plutôt le bon M. Germeuil, cette caricature de la victime, qui, cette fois, s’appelle M. Lambert ; le capitaine de voleurs, bandit facétieux à ses heures, dé fuisé en gentilhomme et rival de l’officier de ragons chargé de l’arrêter ; la jeune fille inconsolable de la perte de son fiancé, l’officier de dragons, qu’elle croit tombé sous les coups des brigands, mais qui a été sauvé par la maitresse du chef de la bande, et qui ne tarde pas k remplir son rôle de troubadour libérateur ; un vieux château, avec des trappes, des chaînes et des souterrains ;■ des fantômes simulés qui éloignent, par leur tapage nocturne, les curieux dr alentour ; des surprises, des assassinats, des massacres, des coches arrêtés, des postillons couchés en joue, des rapts, des pillages, des déguisements, un cachot ; enfin, le capitaine de voleurs conduit au supplice ; bref, le crime puni selon la formule... On nous pardonnera si nous hésitons à nous risquer à travers les ruines de toiles peintes où gisent les férocités plaisantes du traître à barbe rousse cher à Ducray-Duminil et consorts, mais quelque peu démodé. Le sérieux nous manque pour analyser l’idiome des classiques du genre que MM. Judicis et Arnault font retentir de si bonne foi à nos oreilles stupéfaites. Nous sommes induits à une hilarité plus qu’homérique par les phénomènes arriérés du lycopode et les coups de foudre trop prévus des machinistes. Les grandes phrases sifflantes et ronflantes qu’un tonnerre en fer-blanc accompagne à la cantonade, glissent sur nous comme la pluie sur le caoutchouc.. M. Dennery, qui est de son temps, M. Dennery qui, s’il rainasse parfois la perruque de ^Pixérécourt, sait au inoins la rajeunir, nous’a rendu sceptique à l’endroit de bien des choses. Il s’est fait réaliste, et, détrônant M. Bouchardy, le dernier des ogres dramatiques, il nous a peu à peu fait oublier ces productions bâtardes, terribles jusqu’au burlesque, vieillottes et archiridicules, que le premier Empire a pu admirer, mais que le second trouve usées jusqu’à la corde, comme la culotte d’un grognard au retour de Russie. La naïveté cousue de fil blanc, surannée et bêtasse des pères dindons de la restauration, si fertile en sentences, moralités et lieux communs, s’est à tout jamais noyée, avec ses culottes beurre frais et son habit bleu barbeau, dans les grosses larmes de nos grand’mères : Ducray-Duminil est distancé, Victor Dueange est enfoncé, Benjamin Antier est tombé dans le troisième dessous, et

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l’on désespère de Bouchardy. Que viennent donc faire en cette extrémité les Aventures de Mandrin ? Est-ce que ses auteurs se lèvent quand les autres se couchent, et sont-ils venus au monde à l’âge où les dramaturges qui se sont fait ermites réclament le viatique ? Nous sommes tenté de le croire, nous, critique, qui voyons défiler devant nous bien des drôleries, mais qui, jamais, n’aurions songé qu’on pût s’élancer du sein de sa mère avec une canne à pomme d’or, des besicles et le style à queue de morue du sieur’Caigniez, de sombre mémoire. Notez que ces deux messieurs fils se sont mis deux '), notez que ces frères siamois du rococo n ont conservé de leurs modèles, gris de poussière, que le côté plat et burlesque, qu’ils n’ont pas gratté l’os de Cuvier pour en extraire la moelle, mais pour en tirer ces lourdes... choses dont Robert Macaire semblait pourtant avoir fait justice. IIS n’ont pas vu, fripiers malhabiles, brossant une défroque, ils n’ont pas vu que cette défroque recouvrait autrefois une chose qu’ils ne pouvaient faire revivre et qui est la seule excuse de leurs devanciers, leur gloire : la sincérité. Il était sincère, le chevalier vertueux qui, dans un drame de la bonne époque, disait : « Vénérable vieillard, le crime triomphe et la vertu désespère. » Il était sincère, le vénérable vieillard qui répondait : « Entendez-vous les sifflements aigus de cet ouragan qui renverse vos édifices, brise vos arbres, détruit l’espoir de vos récoltes ? C’est l’image de la désolation qui vous poursuit sur la mer orageuse de la vie ; c’est l’emblème du sort qui vous plonge dans l’abîme, au moment où vous croyez toucher à la félicité. ■ Mais aujourd’hui, on ne peut plus entendre ces choses sans rire, et nous nous étonnons que, de sang-froid, des auteurs osent encore les écrire, des comédiens les dire et des hommes ayant qualité de Français, majeurs, vaccinés, jouissant de leurs droits civils et politiques, sains de corps, mémoire et entendement, les écouter. C’est à n’y pas croire. Vite, qu’on nous ramène à la Femme à deux Maris, k II y a seize ans, à Robert, chef de brigands, à tous les mélodrames du bon coin ; nous ne demandons pas mieux que de célébrer l’hymen de Stephano et de Rosalba ; nous pleurerons, s’il le faut, sur les malheurs de la jeune fille i chargée de fers ■ ; nous danserons avec les « bons villageois » ; nous donnerons un sourire au • pieux pèlerin > bardé d’écaillés, et nous tremblerons, s’il le faut, lorsque le voyageur à carrick et à portefeuille traversera le pont du Torrent ; mais, au nom du ciel, laissons toutes ces espèces éteintes, tous ces types disparus, toutes ces choses couvertes de toiles d araignées, aux curieux d’histoire littéraire, et ne perdons pas notre temps à vouloir galvaniser le cadavre du geôlier à bonnet fourré ; ne troublons pas le sommeil éternel de ces traîtres risibles qui ne parlaient que de pendre et de massacrer, dans un style exhalant l’acre parfum du renfermé.

Et d’ailleurs, puisqu’il faut l’avouer, Mandrin n’était’pas ce qu’un vain peuple pense, et les auteurs du drame ont bel et bien fait tort à sa mémoire en le noircissant de tous les crimes. Ils ont tracé de lui un portrait affreux ; ils lui ont donné le poil et l’humeur du loup ; ils l’ont peint brutal et féroce, fumant de sang et d eau-de-vie, si bien que nous aurions grande envie de crier à l’injustice, si la chose en valait la peine. Quoi 1 c’est là Mandrin, cette bête sauvage et puante, qui enlève les belles filles dans ses bras velus et fait l’amour à la façon des orangs-outangs I Mandrin, qui s’amuse à traîner de caverne en caverne, par les cheveux, les malheureuses dont il se fa

appétit de chair fraîche ? Allons doncl Ignorez-vous, messieurs les auteurs, ce que Voltaire a dit du personnage que vous traitez si cruellement : « C’était le plus magnanime (vous entendez !), le plus magnanime des contrebandiers ; et, dans les temps anciens, il eût été un héros. ■ Ah I voilà donc comme on écrit l’histoire sur les planches de la Galté 1 Ah 1

frand homme, illustre Mandrin, héros digne es temps antiques, ce ne sera pas la faute de MM. Judicis et Arnault si nous possédons jamais dans nos murs ta statue coulée en bronze I Tu n’es grand qu’à Epinal. Les presses vosgiennes n’ont pas assez de têtes de clous pour répandre sur papier gris tes exploits qu’une plume alsacienne a retracés. Chaque année, la patrie des images jette scrupuleusement au monde entier le touchant.récit de ta fin malheureuse, et croit faire œuvre pie. Quel chef-d’œuvre a jamais eu cinq cents éditions ? Eh bien, le roman de ta vie, Y Histoire de Louis Mandrin, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, avec un détail de ses cruautés, de ses brigandages et de ses supplices, peut se vanter de les avoir eues. Que ton ombre soit satisfaite 1... Au moment de l’exécution de Mandrin, rapporte la légende, le bourreau se mit k pleurer. « Ce n’est pas moi, dit le condamné, ce sont mes crimes que tu dois pleurer. • Puis il ajoute : «Jeunesse, prenez exemple sur mon châtiment, et vous, employés aux fermes, je vous demande pardon ! » C’était finir en bon larron. Qn retrouve dans ce langage dépouillé de forfanterie le Mandrin tel que nous le dépeignent les relations contemporaines, doué a une physionomie si douce qu’il intéressait tous ceux qui le voyaient ; excellent jeune homme (il avait trente ans lorsqu’il fut roué vif), qui n’avait pas l’air farouche et les allu AVE

res de tigre qu’on lui prête au théâtre. Quelle pitié I Nos dramaturges ont fait de Mandrin un chef de voleurs sans grandeur, un vulgaire détrousseur de grands chemins, un Barbe-Bleue sans scrupule ; et cela est bien fait pour affliger les amis de la vérité. Mandrin était un chef de contrebandiers, je vous l’accorde, ô dramaturges, mais non un féroce assassin. 11 respectait le bon M. Germeuil de son temps, et ne portait aucun dommage k la vertu des femmes. Sa spécialité est nettement définie, car il s’était créé une spécialité, ce coureur d’aventures. Il ne connaissait d’ennemis que messieurs les commis aux fermes, les douaniers et la maréchaussée, ne leur faisant de mal que quand il ne pouvait pas l’éviter. Bon prince, au demeurant. À la tête d’une troupe considérable, il mit plusieurs fois en déroute des escouades tout entières de douaniers et des détachements de soldats, montrant toujours une intrépidité extraordinaire dans les combats. Au lieu de voler des provinces, de piller des villages, conformément aux habitudes invétérées de quelques monarques, ses contemporains, cet honnête brigand se contentait de les mettre à contribution, et cela de la façon la’plus courtoise. Des villes importantes, telles que Beaune et autres, eurent l’honneur de le posséder dans leurs murs, et en vérité elles eurent bien moins à s’en plaindre que des diverses invasions dont elles furent, avant et après, sous prétexte de politique ou de religion, tant de fois les victimes. 11 déposait dans les endroits où il passait des marchandises qu’il évaluait à un certain prix,

de bon goût que ne connurent iamais les rois et roitelets, lesquels ont prélevé ici et là, sans abandon de marchandises, des contributions k main armée, assaisonnées de violences de toutes sortes. Mais nous ne taririons pas, en vérité, si nous voulions entamer le procès aux innombrables erreurs que propagera, au grand dommage de Mandrin, le

mélodrame de MM. Judicis et Arnault, mélodrame gros de succès, faut-il l’avouer ? auquel les représentations en province et k Paris n’ont pas manqué ; car ils sont encore nombreux, ces virtuoses qui se sont initiés à la connaissance du beau en contemplant les enluminures de leur alcôve et les troubadours de plâtre à treize sous de leur cheminée ; ces amateurs qui ont étudié la vie et ses mystères dans la bibliothèque des romans illustrés, et l’histoire de France dans les premiers-Paris du Petit-Journal. Oui, ils sont nombreux encore, pleins de vie et chargés de descendants, ceux pour qui les gros sous littéraires forment tout le régal. Or (cet aveu nous soulage), depuis longtemps monnaie de billon dramatique pareille aux Aventures de Mandrin n’était venue tomber pile ou face en deçà du manteau d’Arlequin, faisant hurler le traître et ânonner le niais. Bien et dûment passée au tripoli, comme les chenets d’un rentier, et remise à neuf par le Châtelet qui, défiant la canicule et comptant sur le grossier appétit d’un certain public, l’a ramassée en plein été, elle a reparu avec assez d’avantage à ce dernier théâtre en mai 1865, dissimulant son millésime à la faveur d’une mise en scène qui, cette fois, avait le luxe et l’imprévu d’une féerie... Allons relire le Misanthrope et voir comme Molière écrivait en vers, afin d’oublier comme ces messieurs écrivent en prose.

Acteurs qui ont Créé les rôles principaux dans les Aventures de Mandrin : Alph. Arnault, un des auteurs, Mandrin ; Febvre, de Simiane ;Alexandre, de Boissec ;Perr , Beauvoisin ; Francisque jeune, Thomas ; M">e Naptal-Arnault, Marguerite. Lors de s~ :~

obtenu en province des triomphes dont Paris s’est montré plus avare ; M. Maurice Coste, de Simiane ; Mme Vigne, Marguerite, etc.

Le mot aventure entre encore dans le titre d’un grand nombre d’anciennes pièces de théâtre ; nous citerons seulement les suivantes pour mémoire :

Aventures comique. d’Arlequin (LES), pièce

en trois actes, par Raguenet, jouée à la foire Saint-Germain (1711).

Aventure* de Cythère (les), comédie en quatre actes, par Charpentier, jouée à la foire Saint-Laurent (1715).

Aventure, de la rue Qainquempoii (LES), comédie en un acte, en prose, avec des divertissements, par Carolet, jouée aux Italiens

(1719).

Aventure, de Nuit (i.es), comédie en cinq actes, en vers, par Chevalier (1666).

Aventure, de Panurge (LES), comédie en

cinq actes, en vers, par Montauban (1674).

Aventure.de Poltcundre el de Bn.olie (LES),

tragédie de Vieuget (1632).

Aventure* de Ro.iléon (les), pastorale en cinq actes, envers, par Pichou, tirée de 'Astrée (1629).

Aventure, des Cbai»p*-Ély*éea (les), comédie en trois actes, en prose, mêlée de vers et de musique, par un anonyme, aux Italiens (1693).

Aventure* du camp de Porehé-Fontaine (les), comédie en un acte, en prose, dont les paroles sont de Dominique, et quelques airs de divertissements de Quinault le comédien, aux Italiens (1718).