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mammifères quadrumanes : Les lagotiirix habitent les forêts Je l’Amérique méridionale (E. Desmarest). V. lagotriciie.

LAGOTIS s. m. (la-go-tiss — du gr. lagàs, lièvre ; ous, dtos, oreille). Mamra. Genre de mammifères rondeurs, voisin des chinchillas et des viscaehes.

— Bot. Syn. de gymnandre.

LAGOTRICHE s. m. (la-go-tri-ehe — du gr. lagàs, lièvre ; thrix, trichas, poil.) Mamm. Genre de sajous qui habitent 1 Amérique. Il On dit aussi lagothrix.

— Encycl. Les lagotriches, qui appartiennent à la famille des quadrumanes sajous, se distinguent par les caractères génériques suivants : cinq doigts aux quatre, mains ; queue prenante, nue et calleuse en dessous et ù 1 extrémité ; pelage moelleux, presque laineux, assez semblable à celui du lièvre ; ongles peu arqués, en gouttière, excepté ceux des pouces qui sont plats. Ces singes habitent 1 Amérique du Sud. C’est à M. de Humboldt qu’on doit les premières notions sur ces animaux. Spix les a ensuite rencontrés au Brésil. Voici ce qu’il en dit : • Les habitants des bords de la rivière des Amazones distinguent deux espèces de singes de ce genre. Néanmoins, ils les désignent indifféremment sous le nom de barigudas (gros ventres), à cause de leur gros ventre et de leur gourmandise. Ces singes s’apprivoisent assez facilement et deviennent même très-familiers ; ils s’approchent de la table pendant le tllner de leur maître, se placent près de lui et attendent avec patience qu’il veuille bien leur donner quelque chose. Ils mangent des viandes cuites, des fruits, surtout des oranges, dont ils sont très-friands. Nous en avons eu un qui nous a accompagné, même pondant notre voyage sur mer, jusqu’aux Açores, où il est morf- de froid. On trouve ces singes, au mois de novembre, sur les bords de l’Amazone, avec leurs peiits nouvellement nés, qu’ils portent sur le dos ou so-us le ventre. Leurs membres sont assez bien proportionnés au volume du corps ; ils ont aux quatre mains cinq doigts de longueur moyenne. Leurs ongles sont plies en goûttière, comprimés et peu développés. Leur tète est arrondie, le cerveau volumineux, et le trou occipital rentré sous la base du crâne. La face est large et courte ; les yeux sont grands et rapprochés, les narines proportionnellement plus larges que hautes ; les

oreilles petites. Le système dentaire ne diffère pas sensiblement de celui des atèles. Il se compose de quatre incisives à chaque mâchoire, deux canines et douze molaires à couronne mousse, comme celles de l’homme. L’os hyoïde, quoique élargi à sa partie centrale, n’est point assez gros pour faire saillie à la gorge, ni pour modifier la voix. Celleci, douce, iiùtée, ne devient aigre et perçante que sous l’influence de la crainte ou de la colère ; elle ressemble alors à un claquement. Le pelage, laineux, très-doux au toucher, est d’une couleur assez variable ; son aspect, qui ressemble un peu à celui du lievie, a valu au genre le nom de lagotricàe, que les savants lui ont imposé (de. tayds, lièvre ; thrix, puil). Ces singes sont monogames ; ils vivent néanmoins en bandes nombreuses dans plusieurs contrées de l’Amérique du Sud. Un ne les trouve que dans les forêts arrosées par des cours d’eau. Leur naturel, quoique assez vif, est doux, docile et susceptible d’éducation ; leur intelligence, très-développée, n’a d’égale que leur gourmandise. On connaît trois espèces de lagotriciie : 1° le lugocriche de Humboldt. Cette espèce a le pelage uniformément gris, la queue grosse et plus longue que le corps. Sa jourrure est généralement épaisse, ample, moelleuse. La tète est noire et couverte de poils très-courts ; la face est velue et noirâtre ; les mains sont également noires ; la queue est très-touffue. Ce layotriche vit eu bandes nombreuses sur les bords du Rio-Guaviare et près de l’embouchure de l’Orénoque. Les habitants le désignent sous le nom de caparro- 2° le lagotriche yrisou. Celui-ci habite le Brésil ; c’est très-probablement, d’après Isidore UeOifroy siaiut-Hilaire, le guslrimargus olioaceus de Spix. Ce singe a le dessus du corps d’un gris olivâtre, la partie supérieure des membres, la tète, la queue et les parties inférieures du corps d’un brun plus ou moins cendré ; 3° le lagotriche de Castelnau, Son pelage brun est tiqueté de blanc ; la tète et les mains sont noirâtres, ainsi que l’extrémité supérieure de la queue. Cette espèce habite le Brésil, le Pérou, et surtout les bords de l’Amazone. Elle est bien proportionnée dans tous les membres du corps, et paraît douée d’une agilité qui fait gèuérulement défaut aux deux précédentes. »

LA GOULETTE, ville de la Tunisie, port militaire et place forte ; son port de commerce est le plus important de la régence ; le bey y réside durant six mois de l’année. Sa population, qui est assez considérable lors du séjour du bey, décroît des deux tiers après son départ, et se borne à 3,000 âmes, dont la moitié professent la religion chrétienne ; la construction de nombreuses habitations en dehors des fortifications a néanmoins augmente sensiblement ces chiffres. La Goulette est le chef-lieu d’un ouaten ; sa rade est presque foraine et assez souvent dangereuse par les tempêtes du nord-est.

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LAGOUMDJI s. m. (ta-goumm-dji). Nom de3 mineurs, dans l’armée ottomane.

LA GRANDIÈRE (Pierre-Paul-Marie DBl, marin français, né en 1807. Admis à treize ans dan3 la marine, il devint enseigne en 1827, assista, cette même année, à la bataille de Navarin, fut nommé lieutenant de vaisseau en 1833, reçut, quelque temps après, le commandement de la Vigilante, avec laquelle il explora le Parana et l’Uruguay, et se conduisit d’une façon très-brillante à l’attaque de l’Ile Martin-Garcia. En 1849, M. de La Grandière obtint le grade de capitaine de vaisseau. Il commanda à ce titre des bâtiments dans les stations de La Plata et de Terre-Neuve, fut chargé de diverses missions, reçut, au début de la guerre de Crimée (1854), le commandement provisoire d’une division navale, prit part aux expéditions contre le Kumehatka et Sitka, et se distingua lors du sanglant débarquement de troupes qui eut lieu à Petropolowski, ce qui lui valut la croix de commandeur de la Légion <i honneur. Pendant la guerre d’Italie (1859), M. de LaGrandière commanda le Breslaw, puis, l’année suivante, fut mis à la tête de la division navale de Syrie. Promu contre-amiral en 1861, il devint ensuite préfet maritime, vice-amiral horscadre(1865), gouverneur et commandant en chef dans la Cochinchine. Là, muni de pleins pouvoirs civils et militaires, il lit des essais de colonisation, poursuivit des opérations de guerre et s’empara des trois provinces occidentales (1867). De retour en France, M. de LaGrandière entra au conseil de l’amirauté. Lors des élections complémentaires du 2 juillet 1871, il s’est porté comme candidat à l’Assemblée nationale, dans le département d’Ille-et-Vilaine, mais il a échoué.

LA GRANGE (Jean Le Lièvre de), seigneur de Bougival, magistrat français, né vers 1400, mort en 1525. Bien qu’il appartînt aune ancienne famille d’épée, qui s était illustrée dès le xive siècle, il entra dans ia magistrature, et fut chargé par Louis XII de réformer les coutumes du royaume. Il devint, en 1510, premier avocat général au parlement de Paris. Il fit preuve d’une grande indépendance de caractère dans les débats auxquels donna lieu le concordat conclu, en 1517, entre le pape Léon X et François Ier. Il déclara que l’abolition de la pragmatique était un attentat formel aux libertés de l’Église gallicane, et refusa longtemps de consentir à ce que le concordat fût enregistré par le parlement. Il ne consentit enfin qu’en faisant admettre des conditions restrictives qui réduisaient grandement l’importance de cette-mesure. — Grille La Lièvre de La Grange, petit-fils du précédent, mort en 1595, fut d abord un ligueur ardent et signa, en 1592, le fameux manifeste Principem contra pro Deo ; plus tard, il fut l’un de ceux qui s’entremirent pour assurer le trône au Béarnais, à condition qu’il embrasserait la religion catholique. Il fut cependant exilé par Henri IV en 1594. Il se retira à l’abbaye de Marmoutiers, où il mourut. — Nicolas Le Lièvre de La Grange, neveu du précédent", mort en 1636, devint président honoraire et doyen des maîtres en la chambre des comptes. Ami de François de Sales, il se distingua par sa piété et sa charité, et acquit l’estime de Henri IV.

LA GRANGE (Thomas Le Lièvre, marquis de Fourilles et de), baron d’Huriel, magistrat français, petit-fils de Gillesde LaGrange, né en 1600, mort en 1669. Il devint successivement intendant de justice, police et finances dans la généralité de Paris, membre du conseil d’iîtat et du conseil privé, premier président du grand conseil et conseiller d’honneur au parlement. Pendant les troubles de la Fronde, il soutint l’autorité du roi et reçut, à diverses reprises, les plus grands éloges de la régente. — Un de ses fils, Pierre-François Le Lièvre de La Grange, né en 1645, mort en 1677, embrassa l’état militaire, devint colonel en 1671, et se distingua aux batailles de Turckheim et du Mont-Cassel. Il fut tué à cette dernière.

LA GRANGE (François-Joseph Le Lièvre, marquis de Fourilles et de), général français, né en 1726, mort en 180S. Il fit ses premières armes à la bataille de Fontenoy, où il était aide de camp du maréchal de Saxe, prit part à tous les combats de la guerre de Sept ans, et devint successivement brigadier de cavalerie, maréchal de camp et lieutenant général des armées du roi. Souple courtisan, il était fort avant dans les bonnes grâces de Louis XV, qui lui témoigna un jour d’une façon éclatante l’intérêt qu’il lui portait. De La Grange, alors capitaine aux gardes françaises, avait tué en duel le marquis de Chauvelin ; non-Seulement le roi empêcha toute poursuite contre lui, mais encore, pour couper court à tout ressentiment ultérieur, il voulut que les enfants des deux familles fussent élevés dans la plus étroite intimité. Le marquis de La Grange possédait une immense fortune, et prêta 40u,000 livres au duc d’Orléans, lors du mariage de Mademoiselle d’Orléans avec le duc de Bourbon. Cette somme ne fut remboursée à ses enfants par les héritiers du duc d’Orléans que sous la Restauration et à la suite d’un long procès.

LA GRANGE (Adélaïde-Biaise-François Le Lièvre, marquis de Fourilles et de), général français, fils aîné du précédent, né à Paris en 1766, mort en 1833. Entré au service

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en 1781, il était colonel de dragons en 1792, et servit successivement sous Luckner, Dumouriez et Kellennann, Arrêté en 1793, il fut enfermé dans la prison d’Arias et rendu à la liberté par la chute de Robespierre. Il prit part alors à l’insurrection du 13 vendémiaire et marcha contre le Directoire à la tête de la section de Brutus (quartier Montmartre). Après le 18 brumaire, il rentra au service avec le grade de commandant de dragons, fit les campagnes d’Autriche et de Prusse, et conquit, en 1807, le grade de général de brigade à la bataille d’Heilsberg, où il fut grièvement blessé. Il passa l’année suivante en Espagne, où il fit partie de la division du général Vedel, appartenant elle-même au corps d’armée placé sous les ordres du général Dupont. Celui-ci, s’étant laissé cerner à Andujar avec le gros de l’armée, signa la honteuse capitulation de Baylen, non-seulement pour les troupes qu’il avait avec lui, mais encore pour celles qui étaient restées en arrière. Le général de La Grange, qui faisait partie de celles-ci, se trouva donc compris dans la capitulation, et fut le seul parmi ses collègues qui osât protester contre le droit que Dupont s’était arrogé de capituler pour les troupes qui n’avaient pas combattu avec lui. Il dut, cependant, céder à l’avis de la majorité et rendre son épée ; mais, à son arr>vée en France, il ne fut pas atteint par la disgrâce qui frappa les autres généraux compris dans la capitulation de Baylen. L’empereur l’appela immédiatement à un nouveau commandement en

Espagne. Bientôt après, il passa à l’armée d’Allemagne, et fut promu général de division après la bataille d Essling, où il avait eu le bras emporté par un boulet. Il fut ensuite chargé du gouvernement de la haute Autriche (1809), et, après l’expédition de Flessingue, de la défense des côtes et du commandement de la citadelle et de la place d’Anvers. Placé, pendant la campagne de 1812, à la tète de la 2« division du 2" corps de la grande armée, il se vit ensuite appelé à plusieurs fonctions importantes, et, en dernier lieu, au commandement de la levée en masse du département de Seine-et-Marne. L’un des derniers généraux qui abandonnèrent l’empereur après son abdication, il fut cependant nommé par Louis XVIII commandant de la deuxième compagnie des mousquetaires noirs. Bien que, pendant les Cent-Jours, il eût refusé un commandement important que lui oifrail l’empereur, il n’en fut pas moins accusé, en 1815, d’avoir trahi la cause des Bourbons, et, en juin de la même année, au moment où il arrivait à Arnouville pour se justifier auprès du roi, il se vit assailli par plusieurs militaires, et échappa àgrand’peine à la mort. Le roi le rappela au commandement des mousquetaires noirs et le nomma, en outre, gouverneur de la 20» division militaire. Le général de La Grange avait épousé M !’o Hall, fille du célèbre peintre en miniature. Elle avait eu pour premier mari le malheureux Suleau.

LA G RAN GE (Ange-François Le Lièvre de), officier français, frère du précédent, né en 1778, mort en 181G, Il servit d’abord dans les hussards de Lauzun, sous les ordres de son frère, fut destitué sous la l’erreur, rentra au service après le 9 thermidor, fit les campagnes d’Italie et d’Allemagne, et devint chef d’escadron. Envoyé, en 1809, à Vienne, comme parlementaire pour sommer cette ville de se rendre, il fut, au mépris du droit des gens, attaqué avec son escorte par une compagnie de hussards autrichiens, qui le renversèrent de son cheval, lui donnèrent six coups de sabre sur la tête et le traînèrent ensuite dans les rues de Vienne, au milieu d’un peuple irrité. Il parvint cependant à, se rétablir de ses blessures. Il en reçut encore une nouvelle à la bataille de Wagram, fit la campagne de Russie, comme adjudant-colonel du général Durosnel, et mourut trois ans plus tard des fatigues qu’il avait supportées pendant la retraite.

LA GRANGE (Auguste-François-Joseph Le Lièvre de), frère des précédents, né en 1780, mort en 1825. Il entra au service en 1800, et fit, comme aide de camp de Munit, les campagnes d’Italie, d’Allemagne et d’Espagne. Il fut fait prisonnier en allant à Valence accomplir une mission auprès du général Moncey. Enfermé d’abord dans ta tour de Majorque, puis transféré sur les pontons anglais, il réussit à s’évader, et reçut, en 1812, le commandement d’un régiment de chasseurs à

cheval, à la tête duquel, pendant la retraite de Russie, il franchit la Bérésina pour protéger la construction du pont qui devait être le suprême moyen de salut pour notre armée.

LA GRANGE (Amand- Charles -Louis Le Lièvre de), général français, frère des précédents, né en 1783, mort en 1864. Engagé volontaire en 1800, il fit les dernières campagnes de la République ce celles de l’Empire. Il fut promu successivement capitaine à Austerlitz, chef d’escadron à Eylau, adjudantcommandaut à Tilsitt. Il fut créé baron par l’empereur en 1807, le suivit en Espagne, puis en Allemagne, et, proposé pour le grade de général de brigade après la bataille de Wagram (1809), il fut trouvé trop jeune par l’empereur, qui le créa comte de l’Empire en dédommagement. Trois ans plus tard, il fut

nommé général de brigade, et fit la campagne de Russie, où, pendant la retraite, il corn LAG&

manda le quartier impérial. Il décida plus tard du succès de la oataille de Hanau, en commençant brillamment l’attaque à la tête de ses cavaliers, Pris par Blùcher a la bataille de Paris, il se dégagea par une hardie manœuvre et rentra dans Paris après l’abdication de Fontainebleau. Louis XVIII le nomma commandant en second de la 2<* compagnie de mousquetaires, et en même temps général de division, grade que Napoléon lui conserva aux Cent-Jours. Louis-Philippe l’éleva à la dignité de pair de France en 1832, et Napoléon 111 l’appela au Sénat en 1859.

LA GRANGE (Adélaïde-Édouard Le Lièvre, marquis de Fourilles et de), homme politique français, fils d’Adélaïde-Biaise-François, né en 1796, mort en 1876. Entré au service en 1813, il était, deux ans plus tard, capitaine d’état-major. Mais il ne tarda pas a quitter l’état militaire pour la carrière diplomatique, fut successivement attaché aux ambassades de Madrid (1821) et de Vienne (1824), assista aux conférences de Miiau (1825), et devint ensuite chargé d’affaires à Vienne, puis à, La Haye (1828). Rentre dans la vie privée après la révolution de Juillet, il fut élu, en 1837, membre de la Chambre des députés par le département de la Gironde, qu’il représenta dans cette Assemblée jusqu’en 1848. Il y soutint, en général, la politique conservatrice et prit part à presque toutes les discussions sur les questions poliiiques et industrielles. Après la révolution de Février, il fut envoyé par les mêmes électeurs, en 1849, à l’Assemblée législative, où il vota avec la majorité monarchique. Après le coup d’État du 2 décembre, il fit partie de la commission consultative, et, en janvier 1852, il fut appelé au Sénat.

On lui doit des traductions de deux romans allemands de Caroline Pichler : les Suédois d Prague (1827, 4 vol. in-12), et la Délivrance de Uude (1829, 4 vol. in-12) : une édition des Mémoires de Jacques Nompar de Caumonl, duc de La Force, et diriërents travaux de numismatique, insérés dans la Jieuue de numismatique, et qui le firent admettre, en 1846, à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il a publié, en outre : les Pensées de JeanPaul litdtter lS3d) ; Sur les octrois en général et sur l’octroi de Paris dans ses rapports avec les boissons (1846) ; De la noblesse comme institution impériale (1857) ; le Voyaige d’oultremer en Jérusalem par le seigneur de Caumont l’an MCCCCXV/JI (1858), etc.

LA GRANGE (Guillaume de), littérateur français du xvie siècle. On ne sait rien sur lui, sinon qu’il était né à Sarlat et qu’il fut plusieurs fois couronné aux Jeux floraux. Il nous reste de lui quelques poésies et une tragédie en cinq actes, intitulée llidon (Lyon, 1582) ; toutes ces œuvres sont écrites dans un style.d’une naïveté qui nous fait sourire, habitués que nous sommes à ia pompe déclamatoire du xviic siècle, mais qui est, bien plus que ce style néo-grec, dans le vrai sentiment de l’antiquité. Quand Didon désespérée s’écrie :

Si avant ton départ j’étois grosse ds toy Ou si, ayant desia Luoine réclamée, Tu me laissois ici quelque petit Enée... elle exprime un sentiment vrai et même délicat, en un style simple, ce qui est, quoi qu’on en dise, le vrai caractère du théâtre grec. Si de pareilles idées, ainsi exprimées, pro voguent noire rire, la faute en est à notre éducation littéraire et au faux classique dont on nous a imbus au collège.

LA GRANGE (Claude de), historien français, qui vivait au xvie siècle. On manque complètement, de renseignements sur cé, écrivain, qui signait ses ouvrages du nom de Gnuifrtcua, et appartenait k la religion réformée. Nous citerons de lui : Libri ill de secundo betto civiti ab anno 1563 (Montauban, 1589, in-8°) ; Commen tari us de bello melitensi à Solymanno gesio (Montauban, 1582, in-4») ; Discours du siège de Vitlemar en Languedoc, inséré dans les Mémoires de la Ligue. On lui attribue divers écrits, entre autres : Réplique du tiers estât du Danphiné à la défense de la noblesse (in-4u) ; la Juste plainte et remontrance faiete au roy par le pauvre peuple du Dauphiné (1597, in-8<>).

LAGRANGE (Isaac de), poète et érudit français, mort dans la première mottiédu xviiesiècle. Il était maître de pension à Vendôme. On a de lui : Lamentation sur la mort de Henri le Grand (1610), pièce en vers héroïques ; Commentarii in Dec» Juoenalis Aquinatis satiras sexdecim (Paris, 1614) ; Commentaria in Prudentii libros 11 contra Symmachum (Paris, 1614, in-8°). On lui doit aussi une traduction du Dédain amoureux, pastorale italienne de Bracciolini, qui fut jouée au théâtre du Marais en 1603 et imprimée en 1612,

LA GRANGE (Charles Varlet, sieur de), comédien de la troupe de Molière, né à Amiens, mort à Paris le l" mars 1692. Excédé par les chicanes de son tuteur, il se fit acteur, courut quelques années la province avec assez de succès, et s’engagea ensuite dans la troupe de Molière, qui débuta à Paris en 1658. Molière prit plaisir à le former ; aux leçons d’un si grand maître, La Grange devint un excellent artiste. L’illustre poëte comique va nous en fournir la preuve. Dans l’Impromptu de Versailles, Molière donne dea avis à plusieurs de ses camarades ; mais quand vient le tour de La Grange : « Pour vous, lui