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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/154

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entre le comtéid’York au N., de. Nottinghanv, detLeicester et de Rutland à l’O., de Northnmpton et de Cambridge au S., de Norfolkau S.-O., et baigné à l’O.par lamerdu Nord ; cjui forma au S. le Wash, et reçoit, au N. 1 Hu.mber, La.superficie du comté, est- de 7, ^06 kilorii. carrés, dont 6^200 déterres cultivées, prés, et pâturages ; il renferme 407,422 hâbf.’fé’partis en. 658’paroisses, *" qui forment trois districts : Lindsey ; Kesteren et Uolldnd. LèLindsey, ’qui s’étend depuis Foss-Dyk’é(nom’d’unébaie du Wash)j et depuis le"Wïttiam’a’U' N.’-O : jusqu’à l’Huinber, forme . plus de la moitié du (comtéde Lincoln,1 et/ comprend aussi l’île d’Ancho !me ;/vasteiétendue.de terrain’ marécageux, formée île long, déjà côte.ipar le Trent, l’Idle, et le. Don. Le Kesteven ; partie la plus sèche et la plus fertilédu comté, se trouve au S :-,0. elle, Holland au. S.-E. du W^ash. Ce dernier districtnet se compose guère j que de murais, et n a besoin d’être protégé par de fortes-, digues. contre l’invasion.des eaux de la mer et les inondations du Glen, du Welland, et de quel-s ques, autres cours d’eau. Sur quelquespoints, le sol marécageux a conservé son état primitif, mais presque partout ailleurs-ilaa été transformé par le. drainage en champs fertiles et. en excellents1 paturâgVsT ;’Au delà dès marais, le.sol s’élève légèrement ondulé, surtout dans la partie septentrionale du comté.’ Cetté conformation du sol prive le comté de Lincoln de tout aspect pittoresque. Les eaux y sont généralement sa’umâtres et’ le climat humide et malsain. En revanche, le. Lincotnshire produit de riches récoltes en céréales, choux’, navets, étc. !, et ouyélève peut-être plus de bestiaux que dans toute autre partie de l’Angleterre. Le mouton dii comté de Lincoln na pas de cornes ; il a la tète blanche, la toison longue et fournit, avec ceux du comté de Kent et du Leicester, la meilleure laine de l’Angleterre. On doit aussi mentionner, parmi les produits de cécomté, ’ la volaille et surtout les oies. Les fabriques et les manufactures y sont sans aucune importance. Le principal cour a d’eau -.est, le Witham, que 1 on a rendu navigable depuis Boston jusqu’à Lincoln ; à partir de cette dernière ville j.la communication., par eau

. ’ par un grand

sent plusieurs.canaux latéraux. Plusieurs, voies ferrées sillonnent en outre en tous sens, le territoire du-comté ; dont-toutes les productions agricoles trouvent un facile écoulement dans les autres.parties de l’Angleterre. Ce comté, habité-d’abord par les Coiiiaiii, .fit partie de la Bretagne Ire sous, la domination romaine, puis forma une grande, partie du royaume-, dei Merin, au temps de l’heptarchie, ., . ;

LINCOLN, port sur’la côte méridionale de laNou’velle-Hollande, terre déFlinders, dans la partie S.-O. du golfe Spencer, par 34" 48’ de lat. S. et 133" 24’ de long. E. C’est un beau port, mais les environs sont stériles etdépour-., vus.d’eau.’•.’. ’.., ’.,


LINCOLN, petite île de-1’archipel des Parocels, dans la mer de Chine, par 16° 40’ de lat. N.et 110° 20’ de long. E. Elle est entièrement environnée d’écueils.


LINCOLN (Abraham), président de la république des États-Unis, né dans le Kentucky le 12 février 1809, assassiné à Washington le 15 avril 1865. Un de ses ancêtres, qui appartenait à la secte des quakers, vint se fixer vers 1650 en Amérique, dans l'État de Virginie, que ses descendants abandonnèrent pour aller s'établir comme colons dans le Kentucky. Le grand-père d'Abraham y tomba sous les flèches des Indiens et son père mourut jeune, laissant une femme et trois enfants, dont le futur président, âgé seulement de dix ans, se trouvait l’aîné. La pauvre famille alla chercher des ressources dans l'Illinois, où le jeune Lincoln, pour venir en aide à sa mère, se fit successivement gardeur de troupeaux, batelier et enfin bûcheron et fabricant de palissades. Il dut à ce dernier métier le surnom de Rail Splitter (fendeur de bois), qu'il a toujours conservé depuis.

Vers 1830, Lincoln se dirigea vers la frontière de l'Illinois et vécut là pendant deux ans de la rude vie des pionniers. Mais au bout de ce temps le désir de se rapprocher du monde civilisé le ramena vers l'est, où, pour gagner quelque argent, il se fit conducteur de trains de bois sur le Wabash et l'Ohio. Dans ses moments de loisir, il lisait les journaux qui lui tombaient sous la main, les revues à bon marché et achetait sur ses épargnes des livres élémentaires pour compléter l'éducation très élémentaire qu'il avait reçue.

C'est surtout la géométrie qui frappa son esprit. Il entrevit immédiatement les applications utiles qui pouvaient être faites de cette science dans un pays neuf, où le commerce des terrains était alors très-actif. Il étudia l'arpentage, et lorsqu'il se crut suffisamment instruit, il parcourut son État la chaîne à la main, mesurant les propriétés, évaluant la superficie des terres encore incultes, etc. Cette nouvelle profession fut d'abord assez lucrative ; mais, ruiné par la stagnation des affaires en 1837, il fut obligé de vendre ses instruments et de revenir à son état de bûcheron, puis d'entreprendre celui de portefaix sur les bateaux du Mississipi. Grâce à son économie, il parvint à réaliser une petite somme, qui lui permit d'établir à Decatur une modeste boutique d'épicerie. Le soir, son magasin fermé, il instruisait des enfants et des ouvriers adultes. De professeur à légiste il n'y a que l'épaisseur d’un code ; il entra bientôt dans l'étude d'un procureur, d'où il sortit pour fonder, en société avec M. Sewart, un office d'homme de loi, qui, grâce à sa probité, à son expérience précoce des affaires, à son affabilité personnelle, eut en peu de temps une nombreuse clientèle. Ses concitoyens l'envoient d'abord à la législature de l'Illinois, et ensuite au congrès, de 1847 à 1849. En 1858, il dispute une élection de sénateur à M. Stephen Douglas, qui l'emporte sur lui. Deux ans plus tard, il se porte candidat à la présidence de la république, en compétition avec MM. Douglas, John Bell et Breckenridge et l'emporte sur eux, grâce à la division qui règne dans le camp des esclavagistes.

Voilà donc l'ancien gardeur de troupeaux arrivé à la magistrature suprême d'un pays qui comptait, à l'heure où son nom sortait de l’urne, une population de 31,709,281 âmes ! Le 11 février 1861, à huit heures et demie du matin, le nouveau président quitta Springfield, sa résidence habituelle, pour se rendre au siége de son gouvernement. Sa route ne fut qu’une ovation continuelle. Mais pendant que les États du Nord célèbrent et fêtent dans leur élu la victoire remportée par le parti abolitionniste, les États du Sud, humiliés de cet échec politique, se préparent à une guerre fratricide. Pendant son voyage, Lincoln faillit tomber dans un guet-apens, préparé, disait-on, par des hommes d'État et des banquiers du Sud et dont l'exécution avait été notifiée à des aventuriers. Prévenu à temps, il échappa au danger en changeant son itinéraire et en s'affublant d'une longue capote militaire, pour arriver à Washington incognito. Le 4 mars 1861, Abraham Lincoln inaugure sa présidence par un discours rempli de modération et d'idées conciliatrices et prête serment à la constitution américaine. En réponse au programme pacifique du président, les sécessionnistes commencent les hostilités dans la Caroline du Nord en s'emparant du fort Sumter. Lincoln, si modéré la veille, sent le besoin d'agir avec vigueur pour étouffer la révolte à son origine ; il demande une armée de 75,000 hommes et lance un premier emprunt. À dater du 4 mars 1861, la biographie de Lincoln se confond avec l'histoire de la guerre civile entre le Nord et le Sud.

Durant cette guerre, Lincoln se révèle comme un organisateur de premier ordre ; nouveau Carnot, il crée les armées de terre et de mer, lève les milices, désigne les généraux, dirige les affaires, les défend législativement, et bouleverse l'art de la guerre maritime en construisant et lançant ses terribles monitors. Il diplomatise en politique consommé, protége les intérêts de chacun. Il bat monnaie, avec un succès attestant la mutuelle confiance du peuple et du président dans leur patriotisme commun. L'acte d'émancipation des esclaves couronne cette grande politique.

En novembre 1864, Lincoln était si parfaitement en état de maîtriser la situation difficile que la guerre avait faite aux États de l'Union, que le peuple n'hésita point à le nommer pour la seconde fois président des États-Unis. La guerre fut poussée avec une nouvelle énergie ; le 1er avril 1865, Richmond, capitale des confédérés, tombe au pouvoir du généralissime Ulysse Grant, et, le 9, Lee battu à Burkesville dépose les armes et accepte une honorable capitulation.

Lincoln avait fait pressentir dans son discours le jour de la réconciliation et la fin de l'esclavage. À la nouvelle des succès qui permettent de compter sur une paix prochaine, il ne parle plus que de concorde. Son caractère franc et bon s'ouvre sans méfiance aux plus douces espérances. Mais aucun de ses rêves ne devait être réalisé pour lui et il ne devait pas avoir le temps de jouir de son triomphe.

Dans l'après-midi du vendredi 14 avril 1865, M. Lincoln était dans d'excellentes dispositions d'esprit. Le tour favorable que semblait prendre depuis quelques jours la situation politique, joint à sa bonne humeur naturelle, lui donnait une animation et une allégresse de bon augure pour la soirée. Il résolut d'aller au spectacle, et les ordres étaient donnés en conséquence, lorsqu'un des amis personnels du président, M. Ashmun, se présenta avec une autre personne pour l'entretenir d'une affaire privée. Il était trop tard : Lincoln prit une carte sur laquelle il écrivit quelques mots, par lesquels il priait son ami de « renvoyer au lendemain cette affaire sérieuse. » À huit heures, le président et sa femme montèrent en voiture. Mme Lincoln donna l'ordre au cocher de passer par la maison du sénateur Barris. Mme Barris monta dans l'équipage avec son gendre, M. Rashburn, d'Albany. Un instant après, ces quatre personnes arrivaient au théâtre, où elles prenaient place dans l'avant-scène de gauche. On donnait une pièce assez gaie, intitulée Our american cousin ; on était au troisième acte, et le président penché en avant, la tête appuyée dans sa main avec le sans-façon qui lui était habituel, riait franchement, les yeux tournés vers la scène. Tout à coup on entendit un coup de feu. Au même instant, un homme saute de la loge sur la scène, et, brandissant un poignard, s'écrie en regardant les spectateurs : « Sic semper tyrannis ! Le Sud est vengé ! » Ces mots, entendus distinctement de toute la salle, y éclatèrent comme un coup de tonnerre. La soudaineté de l'action, le ton déclamatoire des paroles, firent croire un instant à un épisode théâtral. Mais ce fut la durée d'un éclair. L'inconnu s'élança dans les coulisses. Un avocat, M. Stewart, se précipita en même temps sur la scène ; il allait atteindre le meurtrier lorsque celui-ci lui échappa en lui fermant la porte au visage. Le temps de rouvrir cette porte, l'assassin avait disparu ; mais il avait été reconnu pour un acteur nommé J. Wilkes Booth, espèce de fanatique qui, par une coïncidence fatale, avait contribué au meurtre juridique du malheureux John Brown. V. BOOTH.

Le président avait reçu une balle dans la tête. Dès le premier moment, on avait reconnu qu'il n'y avait pas d'espoir de le sauver. Il fut immédiatement transporté dans la maison de M. Paterson, située en face du théâtre, et là, le lendemain, à sept heures vingt minutes du matin, il rendit le dernier soupir sans avoir repris connaissance. Les médecins procédèrent à l'autopsie et la balle fut extraite du lobe antérieur du cerveau. Le corps embaumé fut placé dans un cercueil, sur lequel on mit une plaque d'argent avec cette inscription :

ABRAHAM LINCOLN

SEIZIÈME PRÉSIDENT DES États-Unis

NÉ LE 12 FÉVRIER 1809

MORT LE 15 AVRIL 1865.

Les obsèques de Lincoln se firent avec une grande solennité au milieu d'une foule consternée ; la mort semblait avoir révélé à tous ce que valait cet honnête homme. Ainsi disparut de la scène du monde ce grand citoyen vers lequel étaient en ce moment tournés, non-seulement tous les yeux de ses concitoyens, mais, on peut le dire, les yeux de l'Europe entière.

Qu'on nous permette de reproduire ici un portrait fidèle de cet homme de bien, qui tiendra une si grande place dans l'histoire de son pays. Nous empruntons ce portrait au récit du voyage de M. Russell, correspondant du Times pendant les premières années de la guerre américaine : « Nous vîmes, dit le journaliste anglais, introduit par M. Seward dans le salon de réception de la Maison-Blanche, entrer d'un pas incertain, irrégulier, presque chancelant, un homme long et maigre, ayant 6 pieds de haut, avec des épaules voûtées et de grands bras pendants terminés par des mains d'une dimension extraordinaire, moins extraordinaire cependant que celle de ses pieds. Il avait pour vêtement une redingote noire, usée, montrant la corde, déformée, qui rappelait vaguement l'uniforme d'un employé inférieur des pompes funèbres. Une cravate de soie noire, dont les bouts flottaient de chaque côté, était négligemment nouée autour de son cou, dont son col rabattu laissait voir les muscles saillants. Une chevelure tout à fait sauvage surmontait et encadrait de ses mèches indisciplinées la tête et le visage du président. L'impression produite par l’exagération de ses extrémités, par ses oreilles larges et écartées de la tête, s’oubliait aisément quand on contemplait la bonté, la sagacité et la véritable bonhomie empreintes sur sa physionomie. Sa bouche est vraiment extraordinaire. Elle s'étend d'un favori à l'autre et semble à peine contenue par deux sillons profonds qui partent des narines pour aboutir au menton. Le nez, singulièrement proéminent, s'avance d'un air inquiet et interrogateur, comme s'il aspirait quelque émanation subtile de l'atmosphère. Les yeux, noirs, enfoncés, sont pénétrants, mais pleins de douceur. Le front, sillonné de rides, va se perdre dans le désordre des cheveux. Si l'on rencontrait M. Lincoln dans la rue, on ne le prendrait certainement pas pour ce qu'on est convenu d'appeler un gentleman ; mais le plus indifférent ne le laisserait pas passer sans le remarquer. »

Le président Lincoln a bien mérité de sa patrie et du genre humain. Il a prouvé pendant la guerre que le bon sens et l'honnêteté dominent souvent et dépassent en portée les conceptions des politiques tortueux, et qu'en fin de compte c'est à la justice et à la raison qu'appartiennent les victoires définitives et les jugements sans appel.

La fin tragique de ce grand homme de bien, à qui revient l'honneur d'avoir aboli dans son pays la plus monstrueuse des iniquités sociales, l'esclavage, ne causa pas seulement d'unanimes regrets aux États-Unis ; elle produisit une sensation énorme en Europe. Non-seulement dans tous les parlements européens des voix s'élevèrent pour rendre hommage à la mémoire de Lincoln, mais encore, particulièrement en ce qui concerne la France, un grand nombre d'adresses furent envoyées au peuple des États-Unis, soit par les représentants de la presse démocratique et libérale, soit par les loges maçonniques, pour exprimer à la fois le regret et l'indignation causés par la mort du grand libérateur des nègres aux États-Unis. Grâce à l'initiative de M. Mangin, rédacteur du Phare de la Loire, on ouvrit une souscription populaire à 10 centimes pour offrir une médaille d'or à la veuve d'Abraham Lincoln, au nom de la démocratie française. Cette médaille, frappée à Genève et gravée par M. Franky Magniadas, fut envoyée à Mme Lincoln le 1er décembre 1866 par 40,000 souscripteurs.

Cette même année, les ouvriers lyonnais se cotisèrent pour envoyer au président Johnson et au congrès un magnifique drapeau, chef-d’œuvre de tissage, en témoignage de sympathie pour la perte qu'avait faite la démocratie américaine. Enfin, en 1867, l'Académie française choisit pour sujet du prix de poésie la mort du président Lincoln.


L1NCOLNV1LLE, bourg des États-Unis d’Amérique, dans l’État du Maine, à 28 kilom. O. de Castine, à l’embouchure du Ponobscot ; 3,500 hab.


■ LINCONIE s. f. (lain-ko-nt — de Lincon, sav. angi.). Bot. Genre de sous-arbrisseaux, de la famille des brnniaeées, comprenant plusieurs espèces qui croissent au Cap de BouneEspérance.

L1ND (James), médecin anglais, mort en 1794. Il s’est avantageusement fait connaître par divers ouvrages dont plusieurs ont été traduits en’français ; tels sont : Traité du scorbut (Édimbourg, 1748), devenu classique ; Essai sur les moyens de conserver la santé des marins (1757) ; Ji’ssai sur les maladies auxquelles sont exposés les marins dans les pays chauds (176S), ouvrage fort remarquable et qui a été traduit en plusieurs langues.

LIND (Jenny), célèbre cantatrice suédoise, née à Stockholm en 1820. Dès l’âge de huit ans, elle étudia le chant sous la direction des professeurs Crœliu, s et Berg, et du compositeur Lindblad, au conservatoire de sa ville natale, et, k seize ans, elle débuta au théâtre dans les opéras de Freysc/iutz, d’iiuryanthe, de Robert te Diable etdelu Vestale. Convaincue, malgré les ovations qui lui furent fuites, des lacunes qui existaient dans son éducation musicale, elle vint à Paris en 1841, et choisit pour professeur Manuel Garcia, qui pendant un an, dit-on, lui fit faire des exercices de vocalisation sans lui faire lire un seul morceau de chant ; au bout de ce temps, il l’abandonna à ses propres inspirations, en lui disant : « Va, ma fille, tues maintenant la première cantatrice du monde. » Forte de ce suffrage, et de la sympathie de Meyerbeer, M11*1 Lind obtint une audition à la direction de l’Opéra en 1842, et débuta, sans aucun succès, en 1843. Blessée au cœur par l’indifférence du public, la cantatrice voua une haine mortelle a Paris, et, depuis lors, elle n’a jamais consenti à s’y faire entendre. Engagée au théâtre de Berlin, sur la recommandation expresse de Meyerbeer, elle y débuta eu 1845 avec un succès immense dans Norme, et créa, au grand enthousiasme du public, le rôle principal dans le Camp de Silésie, devenu, avec variantes, VÉtoile du Nord. Après diverses excursions, elle parut en 1846 sur le Grand Théâtre de Vienne, souleva les mêmes transports dans son auditoire, et, l’année suivante, partit pour Londres, où l’attendaient des ovations tout à fait extraordinaires. L’Angleterre parcourue et exploitée dans tous les ’ sens, Jenny Lind signa un engagement avec le fameux entrepreneur Barnuin, et partit pour l’Amérique eu compagnie de Beuedict. La frénésie adtnirative des Yankees ayant dépassé toutes les espérances, la cantatrice, non moins habile calculatrice que virtuose accomplie, rompit le contrat qui la liait ù Barnuin et géra seule ses affaires.

De retour en Europe en 1852, après avoir gagné des sommes considérables, Jenny Lind, devenue pendant son excursion M’io Goldschmidt (1851), cessa de se produire en public et se retira à Dresde, où elle se reposa pendant quelques années. En 1856, elle retourna en Angleterre et y trouva le même empressement et les mêmes adulations qu’autrefois. Sa série de concerts épuisée, M"" Goldschmidt regagna l’Allemagne, et depuis ce moment, sauf dans des concerts donnés à Londres et à Cannes en 1866, le rossignol suédois est devenu muet. «Jenny Lind, a dit Berlioz, est un talent supérieur à ce qu’on entend dans les théâtres français et allemands à cette heure. Sa voix, d’un timbre incisif, métallique, d’une grande force, d’une souplesse incroyable, se prête en même temps aux effets de demiteinte, à l’expression passionnée et aux plus fines broderies. C’est un talent complet et magnifique. >

« Bien des cantatrices, dit Blaze de Bury, ont reçu de la nature des dons égaux, sinon supérieurs, aux facultés dont dispose cette étrange tille du Nord. Il en est qui ont la voix plus étendue et plus souple, il en est même qui chantent mieux, mais aucune ne chante comme elle. Pureté, force, tout le secret de ce talent, de cette individualité, se résume en ces deux mots. On comprend dès lors quelles affinités mystérieuses devaient exister entre elle et certains types féminins de la Grèce antique. Vierge du Nord, Velléda même si l’on veut, mais surtout prêtresse de Diane, c’est là une impression à laquelle on ne saurait résister lorsqu’on la voit s’avancer dans la première scène de Norma, sa faucille d’or à la main, le front couronné de ses opulents cheveux et son regard pur et profond. élevé vers l’astre de la nuit. Il y a un sérieux dans ce talent, une loyauté qui dépasse tout ce qu’on imagine. On dirait qu’elle se ferait scrupule de dérober à la moindre note sa valeur, sa part.légitime de sonorité. Peut-être même lut doit-on reprocher comme un défaut cette préoccupation, peut-être met-elle trop de soin à vouloir produire au dehors les intentions du maître, k chercher des sens dans