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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/202

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mande. M. Pierron s’en est défendu avec raison. Il a fait une œuvre qui lui appartient en propre, tant pour le plan que pour les développements, et il ne pouvait lui être interdit de profiter, pour un travail de cette nature, des grands ouvrages de ses devanciers.

Littérature ancienne (mÉMOIRIÎS DE), par M. Egger (1862, in-8°). C est surtout de littérature grecque que l’auteur s’occupe dans ce recueil, composé d’études diverses, remarquables par leur érudition. M. Egger est un chercheur, et ce sont les coins ignorés qu’il aime à mettre en lumière. La liste des cha Îlitres donnera une idée suffisante de la vaeur du livre : 1" Aperçu général de la littérature grecque ; ï » Du nouvel esprit de la critique en matière de littérature grecque ; 3° Conclusions sur les poèmes homériques ; 4° Aristarque ; 5° Des traductions d’Homère ; 6° Des livres attribués à Homère ; 7° De la philosophie et des postes gnomiques ; 8° Des origines de la prose dans la littérature grecque ; 9° Introduction à l’étude des historiens grecs ; 10° Si les Athéniens ont connu la profession d’avocat ; 11° Sur la collection des frugments des orateurs romains, avec quelques observations sur les fragments des orateurs attiques ; lgo Aperçu de critique sur le théâtre grec ; 13° Esquisse d’une introduction à l’histoire de la littérature grecque durant le siècle d’Auguste ; 140 Examen des fables de Babrius.

Littérature romaine (HISTOIRE DE LA), par Schœll (1815, 4 vol. in-8°). Ce grand ouvrage est le pendant de la Littérature grecque, du même auteur, et reste un des monuments’ philologiques et historiques les plus remarquables du siècle. Tout en suivant un ordre méthodique rigoureux, Schœll a intercalé dans sou ouvrage une masse de dissertations précieuses sur tous les points de détail sujets à contestation et éclairé les faits les plus obscurs avec le soin méticuleux, qu’apporte à ces sortes d’investigations l’école historique allemande. L’ouvrage est divisé en six périodes, que Schœll, assez puérilement, assimile aux âges de l’humanité:l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge de fer, etc. La première comfirend l’histoire de la littérature latine depuis a fondation de Rome jusqu’à la fin de la seconde guerre punique, 841 av. J.-C, en tout un espace de cinq cent treize années. Malheureusement, l’absence de documents ne

permet pas d’étudier sérieusement cette longue période. On n’en a conservé, en effet, que quelques phrases se rattachant à des poèmes épiques, des inscriptions et d’assez nombreux fragments de la loi des Douze-Tables. La seconde période va jusqu’à la mort de Sylla, 78 av. J.-C. Schœll trouve ici de nombreux sujets d’étude ; c’est là que la satire apparaît avec Lucilius, le poSme épique régulier avec Ennius, utilisé par Virgile. Piaute et Térence écrivent leurs comédies, Fabius Pictor son histoire ; Caton l’Ancien, les deux Gracques, Licinius Crassus et Marc-Antoine prononcent des discours restés célèbres parmi les contemporains de Cicéron. C’est aussi à cette époque que la philosophie fait, avec Pythagore, son entrée en Italie. La troisième période n’embrasse qu’un seul siècle ; mais c’est le siècle d’Auguste, l’âge d’or de la littérature romaine. C’est incontestablement ta partie la plus remarquable de son œuvre. Nulle part les grands écrivains latins n’ont été mieux appréciés. Les chapitres consacrés à Cicéron et Virgile dénotent une profonde connaissance de l’antiquité, et en outre une puissance de style qui s’élève, à de certains moments, jusqu à l’éloquence. Schœll appelle âge d’argent la quatrième époque, qui s’étend depuis la mort d Auguste jusqu’au règne d’Adrien, de 14 ans ap, J.-C. jusqu’en l’année 117. Elle commence avec Perse, Juvénal et Sénèque, et finit avec Pline, Quintilien et Tacite. La cinquième période part de l’année 117 et va jusqu’à la fin de la littérature latine. Schœll a fait précéder chacune des cinq périodes de son Histoire abrégée de ta littérature latine d’une introduction, ou plutôt de dissertations historiques qui servent à relier entre elles les différentes parties de son livre. La première formerait à elle seule un ouvrage des plus importants. Elle traite de l’origine de la population de l’Italie et de l’origine de la langue latine, menant de front une question géographique et une question philologique, qui se compliquent et s’éclairent réciproquement. Il élucide de même la période assez obscure qui marque la fin des lettres latines, dans une curieuse dissertation sur les dignités des empires d’Orient et d’Occident au ve siècle ; c’est un tableau complet de la civilisation à la fois romaine et barbare de cette époque.

Littérature romaine (HISTOIRE DU LA), pal’

M. Alexis Pierron (1852, in-18). Comme le précédent, ce livre est le corollaire du Précis de littérature grecque, du même auteur ; il est fait sur le même plan et dans le même but. M. Pierron a pu s’étendre un peu davantage, la littérature latine n’ayant guère que sept siècles d’existence, contre les quinze siècles de la littérature grecque ; il a de même réservé toutes les lettres sacrées. L’idée dominante du livre est que, sans la littérature grecque, il n’y aurait point eu de littérature latine, et elle est bien développée. M. Pierron en donne pour preuve cinq siècles entiers, les cinq premiers siècles de Rome, au travers desquels il est impossible de rien

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apercevoir qui mérite le titre d’œuvre littéraire, ni de relever un nom, un seul nom de poète ou de prosateur. L’éloquence elle-même, en dépit des institutions qui semblaient la provoquer à grandir, reste dans les langes jusqu’au moment où les hommes d’État romains commencent à lire Eschine et Démosthène.

M. Pierron « a dépouillé, dit-il, autant qu’il était en lui, toute prétention littéraire et toute pédanterie, cherchant, non pas à se faire admirer, maïs à faire admirer avec lui les chefs-d’œuvre de la langue latine. » Il a fait, en somme, un excellent résumé, un livre qui peut servir de guide sûr dans.l’étude des origines et des développements de cette littérature ; mais c’est dans d’autres ouvrages, dans celui de Schœll, par exemple, qu’il taut les suivre, pour en avoir l’idée complète.

Littérature du midi de 1 Europe, par SlS mondi (1812, 4 vol. in-8°). Un cours public, professé à Genève en 1811, sur la littérature des peuples méridionaux, a donné matière à cet excellent livre, qui ouvrit des horizons nouveaux sur une période littéraire presque ignorée et poussa les érudits à l’étude des langues romanes.

Les littératures provençale, italienne, espagnole, portugaise, issues de la grande souche latine, se sont développées sous des conditions différentes ; elles ont des ressemblances de forme et des particularités caractéristiques ; elles ont une originalité propre et des éléments d’emprunt. En soumettant à des analyses habiles les monuments de cette culture poétique, qui marquent des phrases successives du moyen âge, Sismondi a considéré chacune des littératures méridionales dans ses rapports avec l’histoire politique et religieuse de la nation qui l’a produite.

Sismondi reconnaît comme classiques, c’est-à-dire comme dignes d’examen et de critique, toutes les littératures, au rebours des érudits de l’Empire, qui ne reconnaissaient ce titre qu’aux littératures grecque et romaine, et des poètes qui s’exténuaient à copier des formes usées. C’est aux sources mêmes du vieux français, à notre ancienne littérature nationale tombée en discrédit, qu’il essayait, dans ce livre, de nous ramener, ainsi qu’à.l’étude des littératures sœurs de la nôtre.

Frappé de l’épuisement dans lequel se mourait la littérature française du xvme siècle, il veut démontrer aux poètes et aux critiques que l’étude des littératures étrangères offre des ressources nouvelles aux hommes de talent ; et il importe de remarquer que les productions littéraires du nord et du midi de l’Europe étaient pour la plupart ignorées, et quelques autres mal appréciées. Il ne veut pas seulement qu’on cherche dans les littératures étrangères des matériaux et des inspirations, mais encore qu’on y puise des

principes et des règles. Il veut, avant tout, que chaque peuple écrive et pense d’après lui-même.

Excellent dans son but et dans son ensemble, l’ouvrage de Sismondi pèche par quelques erreurs, dues surtout au peu d’avancement des sciences philologiques, au moment où il l’entreprit. Deux chapitres, le vue et le vme, sont consacrés au roman wallon ou à la langue d’oïl. Ces chapitres, qui nous intéressent plus directement comme se rapportant à l’origine de notre langue, sont ceux qui ont été le moins épargnés par la critique moderne. Une analyse plus profonde de la langue et de l’épopée des trouvères a démontré, dans l’une et dans l’autre, l’existence d’éléments celtiques, dont Sismondi niait la présence. Les chapitres bien plus importants où il traite de Dante, de Pétrarque et de la poésie provençale restent à peu près inattaquables.

Littérature française avant le *ue siècle

(histoire db la), pur J.-J. Ampère. V. France (Histoire littéraire de la).

Littérature française au moyen âge (TA-BLEAU db la), par Villemain (1840,’2 vol. in-18), un des principaux ouvrages du célèbre critique. Reprenant la thèse de Sismondi, mais sous une forme littéraire beaucoup plus élevée, Villemain a limité son sujet aux peuples de l’Europe latine; toutefois, aux trois contrées que la civilisation romaine a particulièrement pénétrées, la France, l’Italie et l’Espagne, il a réuni l’Angleterre, dont l’idiome est mixte comme le génie. L’Europe chrétienne, l’Europe littéraire du moyen âge renfermait d’autres peuples ayant déjà une poésie populaire, l’Allemagne et la Scandinavie. Mais l’auteur avoue, sur ce point, l’insuffisance de son érudition, et avec une modestie bien spirituelle:« J’ai jeté, dit-il, la moitié de mon sujet parce que je n’y entendais rien ; j’abandonne toute la partie germanique, noa que je ne l’admire, non que je n’aperçoive de loin, avec une vue confuse et faible, tout ce qu’il y aurait de grand et d’instructif dans les vieux monuments de ce génie du Nord, qui florissait dans l’Islande républicaine, au milieu du monde barbare, qui, sous le nom de gothique, traversa tout le midi de l’Europe, et, sur sa terre natale, montra tant de vigueur indigène. Mais enfin je sais tout cela trop peu et trop mal ; je ne puis en parler. • Il ne s’occupe pas non plus du moyen âge latin, non par insuffisance d’érudition, assurément, mais parce que c’était le sujet du cours professé en ; nême temps par Ampère, qui s’est attaché à découvrir dans les monu LITT

ments primitifs de cet âge les indices de l’esprit français. Son but était d’étudier la formation du génie moderne, de réunir sous un point de vue comparé les premiers développements de la civilisation renaissante dans une partie de l’Europe, en montrant leur unité et leur diversité.

La naissance de la langue romane ou langue intermédiaire de l’Europe, la généalogie des idiomes issus de la souche latine, les nouvelles littératures qui surgissent de ce chaos en fermentation, tout ce nouveau monde intellectuel, vivifié par le christianisme et animé par l’influence de la civilisation arabe, en deçà, comme au delà de la Loire, en Angleterre, en Espagne, en Italie, voilà le spectacle, l’enseignement que présente ce bel ouvrage. L’auteur s’occupe avec sagacité des troubadours, des trouvères, des chroniqueurs, des romans de chevalerie ; l’Espagne, le Portugal, l’Italie apportent leurs contingents d’informations et de rapprochements. Villemain trace un léger sillon ; il indique la voie aux études approfondies ; l’horizon intellectuel se trouve agrandi.

Les chapitres les plus intéressants sont consacrés à la poésie des troubadours, à l’influence de Dante et des immenses travaux de la poésie italienne, à l’histoire de la littérature espagnole depuis le romancero du Cid, aux vieux drames français, mystères et sotties ; dans toutes ces études si variées, Villemain fait preuve de l’érudition la plus sûre, touche à mille sujets et présente une foule de considérations, d’aperçus, de réflexions, qui conservent leur ton d’originalité après les travaux des Sismondi, des Raynouard, des Fauriel.

Littérature française au jtwiQ siècle (TA-BLEAU de la), par M. Philarète Chasles (1820, il-8°). Composé d’abord pour le concours académique de 1828, cet ouvrage partagea le prix avec celui de M. Saint-Marc Girardin, dont nous parlons ci-après ; mais M. Philarète Chasles ne le livra au public que considérablement augmenté et remanié. L’histoire littéraire du xvie siècle est difficile à faire,

farce qu’elle est liée plus qu’aucune autre à histoire politique et religieuse et au grand mouvement de la Renaissance italienne. Les lettres, les sciences et les arts s’éveillent au bruit des armes et des disputes religieuses. La Grèce expirante lègue à l’Europe ses précieux manuscrits ; nos armes ouvrent à la curiosité de nos grossiers ancêtres les portes de cette Italie qui, derrière le rempart de ses monts, avait su profiter de nos folies superstitieuses et guerrières. Elle s’offre à eux brillante et civilisée déjà, avec ses monuments majestueux et ses ruines plus majestueuses encore, sa vieille littérature latine et sa poésie moderne. À côté des calmes études poétiques et des labeurs de l’érudition, il faut que l’historien donne place à la littérature passionnée des pamphlets, des prêches, des mémoires, des controverses. Chaque nom l’attire dans cette mêlée, où se coudoient Ronsard, Marot, Régnier, Malherbe, Montluc, Brantôme, de Thou, Pasquier, Rabelais, Montaigne et Amyot. Il faut parler des écoles et de leurs chefs, signaler leur génie et leurs erreurs, et rattacher sans cesse aux progrès des lettres les passions politiques et religieuses qui en étaient l’âme. C’est ce qu’a fait M. Ph. Chasles. Il raconte moins qu’il ne peint. Il est court et donne à sa pensée de la précision et du relief. Une partie excellente est celle qui traite de l’art dramatique et des prédicateurs burlesques de l’époque, véritables tribuns en chaire. Les progrès de la science grammaticale, les utiles veilles de ces hommes modestes, qui travaillaient incessamment sur des particules et des accents, les vicissitudes de la prononciation, la mort et la naissance d’un grand nombre de mots, tiennent aussi une place assez large dans l’ouvrage. Les recherches de M. Chasles, à cet égard, sont à la fois savantes et ingénieuses. Son ouvrage ne le cède guère en mérite qu’au l’ableau de la poésie française au xvie siècle, de Sainte-Beuve.

Littérature française au xvl<* siècle (TA-BLEAU DE la), par M. Saint-Marc Girardin (1862, in-8u). « Depuis 1828, dit l’auteur avec une feinte bonhomie, mes amis m’ont souvent conseillé de publier cet ouvrage. Je leur répondais que je voulais, avant de le publier, le refaire. J’ai gardé cette résolution pendant trente-trois ans, sans l’accomplir, et je commence à douter, du temps qui me reste. Je publie donc l’ouvrage-tel qu’il a été écrit en 1828, et j’y joins quelques études sur le même sujet, c est-à-dire sur l’histoire littéraire du xvie siècle. Mais j’ai la vanité de croire que tout cela ne vaut pas l’ouvrage que je voulais faire, et qui me parait d’autant meilleur que je l’ai toujours imaginé et jamais fait. » On ne peut guère mieux excuser la faiblesse de cette amplification académique; rien n’y vibre, rien ne pourrait faire penser que l’on a affaire à l’une des périodes les plus pleines et les plus étonnantes de notre histoire littéraire. Ce Tableau comprend six divisions méthodiques : Politique et Religion, — Histoire,

— Morale, — Philosophie, — Poésie,

— Style. Dans ces six chapitres fort courts, l’auteur a la prétention d’exposer le mouvement des lettres, la marche des idées et le progrès de la langue durant ce fécond xvie siècle. « Ne vous avisez point, dit Ch. Labitte, d’y chercher une étude minutieuse et

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savante : l’auteur se garde de pénétrer ; il court sur son sujet, il 1 effleure avec grâce. Les recherches lui ont peu coûté ; il a pu trouver dans les dictionnaires historiques et dans les mélanges littéraires la petite somme de notions superficielles, de détails biographiques et de jugements sommaires qu’il s’est contenté de mettre en œuvre. La phrase est claire, correcte, académique, et c’est le seul mérite du livre. » Des quelques fragments ajoutés au volume, trois se rapportent au xvie siècle ; dans un autre l’auteur étudie littérairement le poëme de Berthe aux grauts pies.

Littérature de 1 Europe pendant les ive, it>6 et XVM& siècles (INTRODUCTION A L’HIS-TOIRE de la), par Hallam. Ce livre, qui a paru en anglais (1837-1839, 4 vol. in-s » ), a eu une quatrième édition en 1348. Comme les autres travaux de Henri Hallam, il se recommandenon-seulementpar ladisposition même

des matières qu’il traite, mais encore par son exactitude. L’auteur y fait preuve d’une certaine impartialité. En réalité, VIntroduction à l'histoire de la littérature de l’Europe est un vaste tableau, assez substantiel, mais où les détails ne pouvaient trouver place.

Littérature (MÉMOIRES SUR La), de PalisSOt

(1771, in-8°). J. Chénier regarde ce livre comme une production hors ligne, mais ce n’est qu’un ouvrage très-superficiel. Il faut se défier surtout de la partie qui regarde les contemporains de l’auteur. Palissot y rend guerre pour guerre ; il se venge d’attaques personnelles par un oubli complet de plusieurs écrivains aussi connus que ceux qu’il apprécie. Bien plus, il a substitué la satire à l’éloge, d’une édition à l’autre, au gré de ses rancunes privées ; il ne témoigne d impartialité que dans la partie consacrée aux morts, encore fait-il preuve d’injustice à l’égard de Regnard. Palissot affecte de priver ce poète comique du premier rang à la suite de Molière ; il laisse cette place vacante, sans doute parce qu’il y prétend lui-même. C’est peut-être aussi sous l’influence de ce sentiment ambitieux qu’il s’occupe avec complaisance des auteurs qui ont cultivé le théâtre. En général, il émet de bonnes réflexions sur l’art dramatique, quoiqu’il ait peu d’idées neuves. Ses appréciations critiques sur Corneille, Racine, Molière, Boileau, sont judicieuses. On voit aussi, par quelques chapitres, qu’il savait payer aux philosophes ses contemporains un certain tribut d’admiration. Nul n’a rendu plus d’hommages au laborieux, modeste et vertueux. Bayle ; nul n’a plus vanté Montesquieu et J.-J. Rousseau ; nul enfin n’a loué de meilleure foi Fréret, Duclos, ûumarsais, Condillac. L’ancienne critique excellait dans l’analyse des détails, mais elle manquait de cet esprit généralisateur, de cette étendue de compréhension qui a fait de l’histoire littéraire, entre les mains de la nouvelle école, une branche de la philosophie de l’histoire.

Littérature française pendant le ivniG siècle (tableau de la), par M. de Barante (1803, in-8°). Quoique écrit à un point de vue purfois réactionnaire, hostile aux grandes choses de la Révolution, cet ouvrage a du mérite ; il est surtout remarquable par la finesse des analyses. Le temps na fait que ratifier le jugement que Mmo de Staël en a porté à l’époque où il parut. « Dans l’ouvrage que nous annonçonsj.dit-elle, la littérature du xvmasiècle est considérée a un point de vue général ; plusieurs auteurs y sont juges avec une sagacité profonde : mais c’est’surtout la question principale qui y est approfondie dans tous les sens. Cette question consiste à savoir s’il faut accuser les écrivains du xvuic siècle des excès qu’on reproche à la Révolution, ou si leurs tendances étaient bonnes et leurs intentions pures. L’auteur cherche à prouver que leurs erreurs étaient le résultat des circonstances politiques dans lesquelles ils se sont trouvés, de ce relâchement de principes sociaux, préparé par la vieillesse de Louis XIV, la corruption du régent et l’insouciance de Louis XV. Mais il croit voir un sincère amour du bien dans le désir général qu’éprouvaient alors les hommes éclairés d’accomplir ce bien par les lumières… On aime à rencontrer dans les opinions et dans le caractère des jeunes écrivains un mélange heureux d’austérité dans les principes et d’indulgence pour les hommes ; niais ce qui domine avant tout dans ce discours, c’est l’esprit français, l’amour de la patrie. Composé originairement pour un concours académique (1808), le Tableaude la littérature au xvme siècle n’a pas obtenu de prix ; il fut publié l’année suivante, anonyme, et successivement augmenté par l’auteur. Il en a été fait, en 1847, une septième édition.

Littérature au iiiu’siècle (TABLBAU DE

LA), par M. Villemain (183S, i vol. in-so). Ce livre reproduit les éloquentes leçons faites à la Sorbonne de 1827 a 1829. Le sujet de ce Tableau n’avait été traité que dans une certaine mesure par MM. de Barante, Jay et V. Fabre. M. Villemain, s’instituant juge et historien dans des conditions d’indépendance morale qui ne s’étaient pas présentées jusqu’alors, eut à faire la part du bien et du mal, du blâme et de l’éloge ; il dut aussi réagir contre le mépris des productions étrangères et contre l’oubli de l’antiquité. En introduisant le lecteur sur la scène bruyante qu’il va parcourir d’un pas rapide, il commence par