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fit un traité secret avec les Espagnols et essaya de soulever son armée ; ses troupes l’abandonnèrent. Encore fut-il mal récompensé de sa trahison intentionnelle : la duchesse, qui lui souriait lorsqu’il était question de marcher sur Paris, ne pouvait plus le souffrir dès qu’il lui parlait de son amour. Les princes ayant alors été rendus à la liberté, elle se remit à négocier avec la cour, et il en résulta un rapprochement qui ne devait pas être beaucoup plus sérieux que le premier.

De retour à Paris, elle oublia un moment la politique pour reprendre les occupations beaucoup plus frivoles de sa première jeunesse ; c’est l’époque où elle se mit à la tête des champions poétiques du sonnet d’Uranie contre celui de Job ; mais bientôt le prince de Condé ayantde nouveau rompu avec la cour, la duchesse, qui, dans cette dernière partie de la Fronde, montra à son frère un dévouement infatigable, se remit en campagne. Elle se rendit à Bourges, puis à Bordeaux, où la résistance avait pris un caractère plus démocratique que partout ailleurs. Là, elle rencontra des déboires sans nombre. Le peuple était plein de défiance à l’égard des princes ; elle eut à lutter constamment pour maintenir son influence, et prévenir les violences qui compromettaient la cause de l’insurrection. Son frère, le prince de Conti, l’abandonna, et la Rochefoucauld, qui avait fait jusgue-là parade d’un dévouement si chevaleresque, rompit sans retour avec elle. Mazarin, grâce à d’habiles négociations, triomphait enfin de la Fronde, et Condé était réduit à fuir en Espagne.

Blessée dans ses affections, désenchantée des hommes, la duchesse de Longueville résolut de renoncer à la fois à la politique, à l’amour et au monde. Son mari, qui était resté à la cour depuis qu’on l’avait relâché de Vincennes, négocia son pardon ; la duchesse ne demandait d’ailleurs que la permission d’aller vivre, dans la retraite, auprès de sa tante, la veuve de Montmorency, supérieure du couvent de la Visitation, à Moulins. Anne d’Autriche la lui accorda gracieusement. Mme de Longueville resta peu de temps à Moulins ; son mari la réclama et l’emmena dans son gouvernement de Normandie. Mazarin la redoutait toujours, quoiqu’elle vécût de manière à faire oublier tous les orages du temps passé ; on en trouve la preuve dans cette parole qu’il adressait à l’ambassadeur d’Espagne plaidant la cause des Condé : « Vous autres Espagnols, vous en parlez à votre aise ; vos femmes ne se mêlent que de faire l’amour ; mais, en France, ce n’est pas de même, et nous en avons trois qui seraient capables de gouverner ou de bouleverser trois grands royaumes : la duchesse de Longueville, la princesse Palatine et la duchesse de Chevreuse. »

La paix des Pyrénées rouvrit les portes de la France à Condé ; sa sœur put reparaître à la cour ; mais, quoique à quarante ans elle fût belle encore et pût compter sur des succès, elle se tint à l’écart des fêtes et des plaisirs ; elle habitait tantôt Rouen, tantôt Paris, où elle faisait des visites assidues au couvent des Carmélites et semblait chercher à se faire oublier.

En 1663, la mort du duc de Longueville la mit en possession de sa liberté ; elle n’en profita que pour se plonger dans une retraite plus complète et se soustraire aux obligations sociales qu’elle avait été obligée de subir du vivant de son mari. Elle passait son temps dans l’hôtel d’Épernon qu’elle venait d’acheter rue Saint-Thomas-du-Louvre, et plus encore dans le logement qu’elle s’était fait bâtir chez les Carmélites. Elle repoussait les avances qui semblaient lui promettre un retour d’influence à la cour. Toutefois, elle ne restait pas inactive et son crédit se fit sentir en plusieurs circonstances graves. C’est par sa médiation que fut conclu, sous le pontificat de Clément IX, l’arrangement qui réconcilia momentanément les jansénistes avec le saint-siége.

Un coup cruel vint alors la frapper. Son fils qui lui était né en 1649, ce brillant duc de Longueville que la haute société traitait en enfant gâté et que la diète de Pologne venait d’appeler au trône de ce pays, fut tué au passage du Rhin, le 12 juin 1672. Atteinte d’une profonde douleur, Mme de Longueville sentit croître encore son éloignement pour le monde, et s’ensevelit presque complètement aux Carmélites. Elle aimait aussi à se rendre à Port-Royal-des-Champs, parmi ses amis les jansénistes, avec qui elle se plaisait à converser. Lorsque la persécution dispersa les disciples de Saint-Cyran, quelques-uns d’entre eux lui durent d’échapper à la captivité ; elle abrita chez elle, sous un déguisement, le grand Arnauld, que toutes les recherches furent impuissantes à trouver.

Après une vie si agitée, Mme de Longueville avait enfin le calme. « Pendant vingt-cinq années, dit son éloquent biographe, en Normandie, aux Carmélites et à Port-Royal, elle ne vécut que pour le devoir et le repentir, s’efforçant de mourir à tout ce qui naguère avait rempli sa vie, les soins de sa beauté, les tendresses du cœur, les gracieuses occupations de l’esprit. Mais sous le silice comme dans le monde, aux Carmélites et à Port-Royal comme à l’hôtel de Rambouillet et dans la Fronde, elle garda ce qu’elle ne pouvait jamais perdre, un angélique visage, un esprit charmant dans la plus extrême négligence, avec une certaine hauteur d’âme et de caractère.»

Elle mourut aux Carmélites le 15 avril 1679 ; son corps fut inhumé dans le cimetière du couvent ; son cœur fut porté à Port-Royal.

Longueville (MADAME DE), par Victor Cousin (1853, in-8°), une des œuvres les plus curieuses de l’érudition moderne. Avec une patience et une sagacité singulières, l’illustre éclectique a appliqué à l’étude d’un caractère historique et à celle d’une des périodes les plus embrouillées de notre histoire, la Fronde, les procédés d’investigation savante qu’il avait l’habitude de mettre en œuvre pour éclairer les ténèbres des systèmes philosophiques, et, de ces recherches, il est résulté cet intéressant volume. Épris pour son héroïne d’un amour très-vif, quoique posthume, il n’a rien négligé pour en mettre en lumière tous les mérites ; il a lu tous les documents originaux, lettres, mémoires, chroniques, confronté tous les portraits, et il est parvenu à ressusciter une image qui doit être très-ressemblante. Par un artifice singulier, V. Cousin a publié cet ouvrage en trois parties, en laissant longtemps une solution de continuité entre la première et la dernière ; de cette façon, il exposait d’abord la jeunesse pure et sans tache de Mme de Longueville, puis sa fin pieuse, et il ne s’est décidé que plus tard à relier ces deux extrêmes par l’anneau intermédiaire, c’est-à-dire par les désordres et les fautes qui marquèrent le milieu de sa vie. Encore n’a-t-il traité ce sujet qu’avec des ménagements inouïs.

En même temps que Mme de Longueville, tous les personnages de la Fronde sont esquissés avec un soin pareil ; les caractères et les événements sont l’objet de délicates analyses. Aussi trouve-t-on dans ce livre, qui pourrait n’être qu’une monographie, un chapitre complet de notre histoire. Cette étude est on ne peut plus consciencieuse dans les grandes lignes ; on ne peut reprocher à V. Cousin qu’une partialité, très-excusable d’ailleurs, pour Mme de Longueville, et une froideur glaciale pour ses amants ; il est évident que le philosophe en voulait, par delà le tombeau, à Coligny, à la Rochefoucauld, de lui avoir enlevé le cœur de la duchesse.

De tous les titres de Cousin à la célébrité, à coup sûr le moins contesté est son talent d’écrivain. Celui qui a su revêtir d’une forme attrayante l’aridité de la philosophie était bien plus à son aise pour traiter avec grâce un sujet gracieux par lui-même, et Madame de Longueville restera comme une œuvre accomplie au point de vue du style.


LONGUEVILLE (Charles-Paris d’ORLÉANS, duc DE), fils de la duchesse de Longueville, né à l’Hôtel de ville de Paris en 1640, tué au passage du Rhin en 1672. C’est le fils que la malignité publique attribuait au duc de La Rochefoucauld. Destiné d’abord à l’état ecclésiastique, il ne tarda pas à manifester ouvertement son antipathie pour cette carrière et partit comme volontaire dans l’armée du roi. Il se distingua dans les campagnes de 1667 et de 1669 à Candie. L’abbé Choisy parle de ce jeune duc de Longueville comme d’un des plus accomplis gentilshommes de son temps. Il était de haute mine et très-galant ; une de ses maîtresses, Madeleine d’Angennes, maréchale de La Ferté, sœur de la comtesse d’Olonne, lui donna un fils, Charles-Louis d’Orléans, connu sous le nom de chevalier de Longueville, légitimé en 1672. Pour rédiger l’acte de légitimation, le parlement ne demanda que le nom du père et ne s’informa même pas de celui de la mère, qui était mariée ; la chose fut remarquée, même de ce temps-là. Le duc de Longueville était appelé au trône de Pologne lorsque, la guerre éclatant entre la France et la Hollande, il périt au début des hostilités, au passage du Rhin, victime d’une bravoure inconsidérée, quelque peu fanfaronne, qui faillit amener la perte de l’armée et compromit la vie de Condé lui-même. Mme de Sévigné a raconté, dans une admirable lettre, comment la nouvelle de cette mort imprévue fut apportée à la duchesse de Longueville. Son fils naturel, le chevalier, fut également tué à un fait d’armes, au siège de Philippsbourg, en 1688. — Charles-Paris de Longueville avait un frère aîné, Jean-Louis-Charles de Longueville, homme d’une intelligence bornée, dont on fit un moine. On le força de renoncer à son droit d’aînesse, c’est-à-dire à plus de 300,000 livres de rente, en faveur de son frère cadet, et il prit le nom d’abbé d’Orléans. À la mort de Charles-Paris il rentra dans ses droits, mais pour peu de temps. Sa famille le fit enfermer dans un couvent de bénédictins, où il mourut en 1694. Avec lui s’éteignait la postérité du bâtard d’Orléans, le beau Dunois.


Longueville (hôtel de), vieille résidence historique, illustrée par les Luynes, les Chevreuse et les Longueville, qui l’habitèrent successivement. Cet hôtel était situé rue Saint-Thomas-du-Louvre, près des Tuileries. L’agrandissement de la place du Carrousel a exigé sa démolition et la suppression de cette rue tout entière. Bâti au commencement du XVIIe siècle par l’architecte Clément Métezeau, pour le marquis de La Vieuville, il passait pour une des plus somptueuses résidences de la capitale. D’après Sauval, le portail était orné de pilastres et de colonnes d’un très-bel effet et d’une ordonnance superbe. Le dedans présentait deux ordres de colonnes qui, par leur disposition, répondaient à la face du logis et donnaient à l’ensemble un aspect magnifique. Les entre-colonnements, hauts et bas, étaient garnis de niches, et les chapiteaux travaillés avec beaucoup de délicatesse.

Le duc de Luynes l’acheta 175,000 livres du marquis de La Vieuville et l’agrandit considérablement (1620). À sa mort, sa veuve le céda au duc de Chevreuse, qui y logea, entre autres nobles hôtes, le brillant duc de Buckingham. La duchesse de Chevreuse le vendit à son tour 400,000 livres au duc de Longueville, mari de la célèbre héroïne de la Fronde, et cet hôtel, désormais appelé l’hôtel Longueville, fut le quartier général de l’opposition à Mazarin pendant tout le temps de la Fronde.

Après la mort de la duchesse, il passa aux mains de sa belle-fille, Mme de Nemours, son héritière, puis en celles du comte de Soissons. Vers 1749, il fut vendu aux fermiers généraux, qui en firent l’entrepôt des tabacs ; à la Révolution, on y installa un bal public. Sous l’Empire, Napoléon l’acheta, et cet édifice fut dès lors la propriété de la liste civile. Il demeura debout jusqu’en 1832, époque à laquelle on livra cette illustre résidence à la pioche des démolisseurs.


LONGUEVILLE (Edme-Paul-Marcellin), philologue, né à Paris en 1785, mort dans la même ville en 1855. Atteint dès l’enfance d’une paralysie qui lui ôta l’usage des jambes, il consacra sa vie tout entière à l’étude et composa des ouvrages destinés à répandre la connaissance de la langue grecque. On lui doit un cours de thèmes grecs (1825); une traduction de la Grammaire grecque raisonnée de A. Matthiæ (1831-1836, 3 vol.) ; Traité élémentaire d’accentuation grecque (1845); Prosodie grecque (1848); Traité théorique et pratique de l’accentuation grecque (1849), etc. Longueville a collaboré activement au Dictionnaire grec d’Alexandre et à la nouvelle édition du Thésaurus linguæ græcæ de H. Estienne.


LONGUE-VUE s. f. Lunette d’approche, instrument qui amplifie les objets lointains et permet de les distinguer plus nettement : Depuis le lever du soleil, le commandant, armé d’une excellente longue-vue, se promenait sur le pont en interrogeant tous les points de l’horison, (E. Sue.)

LONGUI s ; m. (lon-ghi). Comm. Sorte de taffetas à carreaux, que l’on tirait anciennement de l’inde.

LONGUP s. m. (lon-gup). Ornith. Nom vulgaire d’une espèce de geai.

LONGUS, écrivain grec sur la vie duquel on n’a aucun détail. On pense qu’il vivait vers le milieu du rve siècle ; mais, au reste, comme les auteurs anciens ne parlent pas de lui, on n’est même pas certain que Longus soit son véritable nom. Il est l’auteur du délicieux roman de Daphnis et Chloé, pastorale pleine de naïveté, mais à laquelle ou peut reprocher un peu de licence. Amyot en a donné une traduction au style inimitable, que P.-L. Courier a revue, corrigée au point de vue de la fidélité et augmentée, grâce à la découverte dans une bibliothèque de-Florence, en 1810, d’un fragment précieux, qui manquait dans toutes les éditions antérieures. Les éditions de la pastorale de Longus sont extrêmement nombreuses. La première en date est celle qui parut à Florence (1598, in-4»). Les plus belles et les plus remarquables sont celle d’Amsterdam (1754), de Paris (1776), de Bodoni (Panne, 1786), de Didot (Paris, 1802), avec do belles gravures, de Schœfer (Leipzig, 1803), de Courier (Rome, 1810). Parmi les traductions françaises, celle d’Amyot (Paris, 1559), souvent rééditée, est restée justement célèbre. Nous citerons encore celles de Marcassus (1626), de l’abbé Mulot (L783), de Debure-Saint-Fauxbin (Paris, 1787, jn-40), livre de luxe avec gravures, de Ze.vort(lS55), etc. Al’article Daphnis et Chloé, le Grand-Dictionnaire a donné une appréciation de cette célèbre pastorale. Nous y renvoyons le lecteur.

LONGUS (Velius), grammairien latin, qui vivait dans le ne ou le (ne siècle après J.-C. Il a laissé un commentaire sur XËnëide de Virgile, qui est aujourd’hui perdu, et un traité De orthographia, publié dans les Grammalics latins auctores antiqui de Pustch (Hanovre, 1605).

LONGUYON, bourg de France (Meurtheet-Moselle), chef-lieu de canton, arrond. et à 40 kilom. N.-O. de Briey, sur la rive gauche de la Crusne ; pop", aggl. 1,507 hab,pop. tôt. 1,830 hab. Forges à fer, hauts fourneaux, fours d’affinerie ; martinets ; les fers de Longuyou et de Lopigneux sont excellents pour la fabrication des armes blanches et des armes à feu ; coutellerie, brasseries. Aux environs, ruines pittoresques du château de Mussy.

LONG-VESTU s. m. Métrol. anc. Monnaie d’or de Charles le Bel.

LONGWOOD, plaine de la partie orientale de l’Ûe Sainte-Hélène, célèbre par le séjour qu’y fit Napoléon Bonaparte. Près et à l’O. de cette plaine est le tombeau, aujourd’hui vide, de ce dernier. Il V. Hélène (Sainte-).-

LONGWY, en latin Longovicus, ville de France (Meurthe-et-Moselle), chef-lieu de

LONG

canton, arrond. et à 42 kilom. N.-O. de Briey,

sur la Cbiers ; pop. aggl. 3,088 hab. — pop. tôt. 3,213 hab. Haut fourneau, faïencerie, brasseries, tanneries, fonderie en fonte douce, ateliersde construction de machines. Longwy, place de guerre de deuxième classe, appartenant à la première ligne de défense du côté du Luxembourg, est divisée en ville haute et en ville basse, et bâtie en amphithéâtre sur une hauteur dont la Chiers baigne le pied. Le corps de la place forme un hexagone régulier de 2,338 mètres de périmètre, composé de six bastions et de deux cavaliers. Dans l’intérieur de la ville, on remarque : l’hôtel de ville, construit en 1730 ; l’église paroissiale, flanquée d’une tour carrée très-élevée, du haut de laquelle on découvre une vue très-étendue. Aux environa de Longwy, on voit les débris du fameux camp romain connu sous le nom de Titelberg.

Longwy fut fondée vers le vue siècle ; elle dépendait au xme siècle du duché de Bar, elle devint la capitale d’un duché particulier, fut réunie à la Lorraine, puis cédée à la France en 1678. Louis XIV fit construire les fortifications qu’on y voit aujourd’hui. Celte place fut prise par les Prussiens en 1792, après quelques jours de bombardement, mais elle tut évacuée après la bataille de Valmy. En 1815, 15,000 Prussiens se concentrèrent autour de cette place et s’en emparèrent après un siège désastreux. Longwy fut prise de nouveau par les Prussiens le 25 janvier 1871.

Longwv (prises de). I. La journée du

10 août décida la coalition à pousser la guerre avec activité, et ce furent la Prusse et l’Autriche qui lui servirent d’avant-garde. 138,000 hommes parfaitement organisés et disciplinés marchèrent sur nos frontières du nord : les deux souverains de Prusse et d’Autriche, qui s’étaient rendus à Mayence, avaient formé le projet d’envahir hardiment la France en pénétrant par les Ardennes, et de se porter jusqu’à Paris, ne s’imaginant pas qu’une armée de tailleurs et de savetiers, comme ils appelaient dédaigneusement nos braves volontaires enrôlés au chant de la Marseillaise, pussent songer à leur résister. 60,000 Prussiens, tout frémissants encore des traditions de gloire léguées par Frédéric, s’avancèrent par Luxembourg sur Longwy, une de nos plus fortes places du nord, tandis qu’ils étaient appuyés à droite par 20,000 Autrichiens, et à gauche par 26,000 Autrichiens et Hessois. Le 19 août 1792, les Prussiens se montrèrent devant Longwy. La citadelle présentait un hexagone régulier, défendu par cinq ravelins et un ouvrage à corne ; la ville comptait dans ses murs 1,800 hommes de garnison, 72 pièces de canon, et renfermait des magasins considérables. Il y avait donc là tous Tes éléments d’une énergique résistance ; mais il y manquait un Boufflers, pour donner l’âme à cette garnison, pour allumer et entretenir dans tous les coeurs le feu sacré du patriotisme. Le commandant de la place était un homme sans caractère, dépourvu même de cet amour-propre de soldat qui tient lieu quelquefois de courage et de talent. Il mollit à la première sommation, et fit trop voir qu’il n’en attendait une seconde que pour sauver les apparences. Dans la nuit du 21 au 22 août, les assiégeants lancèrent quelques obus dans la ville ; on leur riposta par un feu si mal dirigé que les Prussiens ne parurent pas même s’en apercevoir. Néanmoins, cette tentative de résistance les contraignit à envoyer chercher quelques mortiers à Luxembourg. Ils jetèrent alors quelques bombes dans Longwy. Deux maisons furent incendiées et le feu prit à un magasin de fourrages. C’en fut assez pour effrayer la population, qui prit une attitude menaçante à l’égard des municipaux, membres du conseil de défense. Le commandant et les officiers cédèrent à la peur et capitulèrent dans la matinée du 23 août.

Un seul des municipaux eut le courage de refuser sa signature à cet acte déshonorant.

11 en fut puni par l’incendie de sa maison. Quelques jours après, cet intrépide citoyen fut arrêté, par les ennemis, qui se vengèrent de son patriotisme en le condamnant a être pendu. Comme on venait de l’enlever, le clou se détacha et il retomba à terre ; il s’élança alors dans la rue, précipita sa course, sortit de la ville et parvint à se réfugier dans les rangs de l’armée française, où il fut tout aussitôt nommé lieutenant.

La reddition de Longwy jeta la consternation dans la capitale ; on craignit que la lâcheté ou la trahison ne livrassent toutes nos places du nord et n’ouvrissent le chemin de Paris aux coalisés. Les Prussiens, en effet, bloquèrent aussitôt Thionville et marchèrent sur Verdun, beaucoup inoins capable de résister que la place de Longwy. Mais, passé l’enivrement de quelques triomphes faciles que leur avait valus la peur, ils allaient rencontrer les Thermopyles de la France dans les défilés de l’Argonne. Après la bataille de Valmy, ils commencèrent à s’apercevoir qu’il leur faudrait, pour arriver à Paris, plus de temps que ne l’avait promis le manifeste de Brunswick. Tenus en échec par Dumouriez, qui avait arrêté court leur marche offensive, décimés par les maladies, surtout par la dyssenterie. manquant de vivres et menacés de se voir coupés de leurs communications, ils firent taire la voix da