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)rné, attirent seuls l’attention des archéoogues.


LESSE s. f. Autre orthographe du mot laisse, corde pour attacher les chiens.

LESSEPS (Jean-Baptiste-Barthélemy, baron de), voyageur et homme d’État français, né en L7Q6, mort en 1834. Son père, Martin de Lesseps, commissaire de marine et agent consulaire français, l’emmena avec lui dans les divers postes qu’il remplit à l’étranger ; aussi, Lesseps fils, familiarisé dès l’enfance avec la plupart des langues européennes, était-il, à l’âge de dix-sept ans, nommé consul à Cronsladt. L’ambassadeur de France en Russie, M. de Ségur, l’ayant envoyé porter des dépêches en France au moment où se préparait à Versailles le voyage d’exploration de La Péiouse, il demunda à faire partie de cette expédition ; sa demande fut agréée, et c’est lui qui fut chargé par La Pérouse de porter en France les dernières nouvelles de l’entreprise. Il mit treize mois à accomplir ce pénible voyage. Nommé de nouveau, après, son retour, consul à Cronstadt, puis à Saint-Pétersbourg, il suivit, en 1794, l’ambassadeur de France à Constantinople, où il fut incarcéré en 1798, à la suite du débarquement des Français en Égypte, fait que la Porte considérait comme une violation des traités. La captivité de Lesseps dura trois ans. Envoyé une troisième fois en Russie, avec le titre de commissaire général des relations commerciales, il resta à Saint-Pétersbourg jusqu’en 1812, époque à laquelle il fut forcé de suivre dans sa retraite 1 année française. Oonsul général à Lisbonne en 1815, il séjourna en Portugal jusqu’en 1833, maintenant haut et ferme le drapeau de la mission française, au milieu des troubles qui affligèrent ce pays, et défendant énergiquement les droits de nos nationaux. Cet honnête homme mourut environné de l’estime générale. Napoléon 1er avait rendu un hommage éclatant à ses talents et à sa probité. Sur un des comptes rendus par ce fonctionnaire, compta s’élevant à plusieurs millions, on trouve cette apostille de la main même de Napoléon : « Dorénavant les comptes de M. Lesseps seront payés sans examen. ■

LESSEPS (Matthieu- Maximilien - Prosper, comte DE), diplomate français, fils du procèdent, né en 1774, mort en 1832. A seize ans, il rigurail comme secrétaire de légation dans l’ambassade extraordinaire envoyée au Maroc, et il remplit, pendant sept années, les fonctions de consul général de France dans cette contrée. En 1800, il rejoignit l’armée française en Égypte. Nommé d’abord sous-commissaire des relations commerciales à Daîniette, il fut, lors de l’évacuation des troupes expéditionnaires, chargé de représenter la France. Commissaire général à Livourne, puis appelé au même poste dans les îles Ioniennes, et enfin préfet du Cantal pendant les Cent-Jours, il fut destitué par la Restauration qui, deux ans après, en 1817, le chargea d’aller acheter des blés dans le Maroc, opération qu’il mena à bonne fin, non sans courir de grands périls. Malgré la réussite de cette importante mission, Louis XVIII laissa M. de Lesseps trois ans sans emploi ; mais, eu 1819, le ministre des affaires étrangères, instruit de sa position précaire, le nomma consul à Philadelphie, puis, en 1821, consul en Syrie, où, après le tremblement de terre d’Alep, il rendit aux familles européennes d’inappréciables services. En 1827, il reçut l’ordre de se rendre à Tunis, pour y occuper le poste de consul général et de chargé d’affaires de France, ton expérience, son tact et sa franchise lui concilièrent l’estime et l’alfection du bey qui, dès ce moment, se montra très-favorable à notre nation. C’est à Tunis que M. de Lesseps termina sa vie, épuisé par le travail et -les fatigues. Il avait épousé ad commencement du siècle une des filles d’un négociant de Malaga, -nommé Grivenée. La seconde fille de ce négociant épousa le comte Kirkpatrick de Closeburn, dont elle eut une fille, qui devint la comtesse . de Montijo, mère deiYl"" Eugénie de Montijo.

LESSEPS (Ferdinand, vicomte de), diplor mate français, fondateur président de la Compagnie de l’isthme de Suez, né à Versailles le 19 novembre 1805. Il est fils du précèdent et lit ses éludes au collège Henri IV à Paris ; il débuta, ayant à peine vingt ans, dans la carrière diplomatique, par l’emploi d’attaché au consulat général de Lisbonne. Employé, en 1827, dans les bureaux de la direction commerciale au ministère des affaires étrangères, il fut nommé, en 1828, élève consul, puis attaché au consulat général de Tunis. En 1831, il passa en Égypte, y exerça successivement les fonctions d élève consul et de vice-consul au Cuire (1833), et fut chargé de la gestion du consulat général d’Alexandrie. Sa belle conduite pendant la grande peste de 1834-1835, qui enleva le tiers de la population, lui valut, en 1836, la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Appelé de nouveau cette même année à’gérer le consulat général et l’agence diplomatique en Égypte, il profita de l’occupation de la Syrie par Ibrahim-Pacha pour faire vendre aux catholiques les grottes de l’Ascension, et assurer à nos religiounaires une protection plus efficace. En outre, il contribua au rétablissement des bons rapports du vice-roi d’Égypte, Méhémot-Ali, avec le sultan. Rappelé d’Égypte,

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M. de Lesseps alla remplir successivement, les fonctions de consul à Rotterdam (1838), à Malaga (1839) et à Barcelone (1842). Le bombardement de cette ville, vers la fin de 1842, et les événements qui en furent la suite fournirentâM. de Lesseps l’occasion de protéger les étrangers établis dans la ville, et même bon nombre d’Espagnols qui avaient sollicité son intervention. En récompense de sa conduite, il fut promu au grade d’officier de la Légion d’honneur, et comblé de félicitations et de décorations par un grand nombre do gouvernements. En 1843, il sauva Barcelone d’un second bombardement. Promu au grade de consul général et maintenu à son poste de Barcelone en 1847, M. F. de Lesseps sa vit, en 1848, dénoncé au gouvernement provisoire comme conservateur et monarchiste. Rappelé à Paris le 25 mars, il fut renvoyé à Madrid par Lamartine, en qualité de ministre de France (10 avril J848). Il obtint que l’église et l’hospice Saint-Louis, ainsi que les biens qui en dépendaient fussent confiés à une administration française ; puis il négocia i et conclut un traité postal, avec une réduction notable de la taxe et avec des facilités qui, depuis soixante-dix ans, avaient été vainement réclamées.

Remplacé, le lo février 1849, par Napoléon-Joseph Bonaparte, il revint à Paris. Il allait être envoyé à Berne avec le titre de ministre plénipotentiaire, lorsque la nouvelle de l’attaque de Rome (30 avril 1849), par les troupes du général Oudinot, fit subitement changer sa destination. L’Assemblée nationale blâma la conduite du général, et fit connaître, par le célèbre vote du 7 mai 1849, que sa volonté était que l’expédition ne fût pas détournée de son but. M. Drouyn de Lhuys chargea alors M. de Lesseps de porter au général Oudinot l’expression de ce vote, et d’en assurer l’exécution. Pendant plus de vingt jours, le diplomaléeut toutes les peines du monde à empêcher le général ûudinot de tenter une revanche de l’échec du 30 avril. Tandis que le camp français l’accusait de partialité poulles Romains, ceux-ci lui reprochaient le temps qu’il leur faisait perdre en négociations, temps précieux que les Français ne se faisaient pas faute de mettre à profit pour fortifier leurs positions. M. de Lesseps ne dissimula pas à son gouvernement les fâcheuses conséquences qu’entraînerait inévitablement l’occupation violente de la ville : l’impopularité du pouvoir pontifical, l’hostilité des Romains, la résistance certaine qu’ils nous opposeraient, etc. Il poussa la franchise et le courage jusqu’à avouer le bien qu’il pensait de Mazziui. Bans un livre, aujourd’hui introuvable, Ma mission à Home (Paris, 1849), dans lequel M. de Lesseps a réuni tous les documents relatifs au rote qu’il remplissait alors, il dit : « Je crains d’autant moins de faire connaître ici l’opinion que j’avais de Mazziui, avec lequel j’étais alors en lutte ouverte, que, dans toute la suite de nos négociations, je n’ai eu qu’à me louer de sa loyauté et de la modération de son caractère, qui lui ont mérité toute mon estime. J’avais fini par ébranler fortement, si ce n’est par dissiper, ses préventions contre le gouvernement français. Aujourd’hui qu’il est tombé dû pouvoir et qu’il cherche sans, doute un asile en pays étranger, je dois rendre hommage à la noblesse de ses sentiments, à la conviction de ses principes, à sa haute capacité, à son intégrité et à son courage. » Pendant que M. Oe Lesseps négociait, l’Assemblée législative, où dominait l’esprit réactionnaire et clérical, remplaçait l’Assemblée constituante et demandait l’écrasement immédiat de la République romaine. M. de Lesseps fut rappelé (29 mai 1849), et les hostilités reprirent immédiatement contre les Romains, que notre diplomatie avait joués. Le ministère désavoua son agent et chargea, en vertu de l’article 99 de la constitution d’alors, le conseil d’État d’examiner les actes relatifs à la mission de M. de Lesseps. De cette façon, il put répondre par une fin de non-recevoir aux interpellations de l’Assemblée, ainsi qu’aux demandes de production de documents. M. de Lesseps réclama sa mise en disponibilité, et se justifia des accusations dont il était l’objet par un Mémoire au conseil d’État et une Méponse à l’examen de ses actes.

Placé sur le cadre des agents diplomatiques, comme ministre plénipotentiaire en disponibilité sans traitement, AI. de Lesseps, rejeté dans la vie privée, se rendit en Égypte en octobre 1851. C’est là que fut décidé, entre le diplomate retiré et le vice-roi Mohammed-Saïd-Pacha, le percement de l’isthme de

Suez. M. de Lesseps se mit aussitôt à l’œuvre, et, depuis cette époque jusqu’en 18S9, il se voua complètement, avec une ardeur, une énergie et une ténacité que rien ne put rebuter, à l’accomplissement de cette gigantesque entreprise. Dès 1855 commencèrent les études préparatoires dont les résultats furent publiés sous le titre de : Percement de l’isthme de Sues, exposé et documents officiels (1856, in-8o). Mais dès que M. de Lesseps’voulut commencer à réaliser son projet, il se vit en butte à des difficultés et à des obstacles de tout genre. Le gouvernement turc, à l’excitation du gouvernement anglais, refusa longtemps d’accorder l’autorisation nécessaire pour ouvrir le canal ; des ingénieurs autorisés, des hommes d’État, condamnèrent hautement l’entreprise comme étant purement chimérique et irréalisable ; enfin il fallait obtenir des

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capitaux énormes. Sans se laisser rebuter, M. de Lesseps parvint, dans de nombreux voyages, par des conférences publiques, par des appels à la publicité, non-seulement à réaliser, par des souscriptions, un capital de 200 millions, mais encore à exciter en faveur de son entreprise un concours de vœux et de sympathies tellement puissant, que toutes les résistances diplomatiques durent céder. En 1859, les travaux commencèrent enfin ; mais, après la mort de Saïd-Paeha (1863), le successeur de ce prince suscita de nouvelles difficultés qui arrêtèrent la continuation de l’œuvre. Toutefois, par suite de l’arbitrage du chef du gouvernement français, les obstacles furent encore une fois écartés (août 1864). En 1868, M. de Lesseps dut faire un nouvel appel de fonds etfutautorisô àémettre des titres d’obligations remboursables avec lots, par voie de tiruge au sort. Enfin, le 15 août 1869, le canal avait reçu presque partout la largeur fixée, et les eaux de la Méditerranée et de la mer Rouge venaient se réunir dans les lacs Amers. Le 20 novembre de la même année, M, de Lesseps put montrer au inonde sa grande couvre achevée. Ce jour-là eut lieu l’inauguration solennelle du canal de Suez, en présence de plusieurs souverains et d’un nombre considérable de savants et de journalistes, invités à assister à cette cérémonie. Cinq jours plus tard, M. de Lesseps, veuf de M’o Delainallé, épousait à Ismaïlia une jeuno créole, M’o Autard de Bragard. Au mois de mai de la même année, il s’était porté candidat.au Corps législatif à Marseille ; mais il avait échoué. Lors des événements du 4 septembre 1870, M. de Lesseps, alors à Paris, se rendit auprès de l’impératrice Eugénie, sa parente, la fit sortir des Tuileries et ne la quitta qu’après avoir pourvu à sa sûreté. Outre les Drochures susmentionnées, on lui doit : Mémoire à l’Académie des sciences sur le Nil Blanc et le Soudan ; Principaux faits de l’histoire d’Âbyssinie et un assez grand nombre de Mémoires, conférences et entretiens, ponant tous sur les travaux de l’isthme de Suez. Il est depuis 1869 grand-croix de la Légion d’honneur.-M. de Lesseps a deux frères : l’aîné, le comte Théodore de Lesseps, ancien diplomate, devint sénateur en 1SG1 ; le second, Jules de Lesseps, remplit à Paris les fonctions d’agent du bey de Tunis. Il a, en outre, une sœur qui a épousé le célèbre docteur Cabarrus.

LESSEPS (Charles), publiciste français, parent du précédent, né en 1809. Il entra de bonne heure dans le journalisme, collabora à la Tribune, puis au Commerce, journal bonapartiste, fondé par Mauguin à qui il succéda comme rédacteur en chef, se signala par sa vive opposition au gouvernement de Louis-Philippe et ne tarda pas à abandonner le bonapartisme pour défendre les idées purement démocratiques dans l’Esprit public (1845). Nommé député de Villeneuve-d Agen aux élections de 1846, M. Lesseps alla siéger à l’extrême gauche, continua son opposition au pouvoir et se démit de son mandat peu avant la révolution du 24 février 1S4S. Sous la Constituante, il fut élu conseiller d’État par l’Assemblée. Non réélu par l’Assemblée législative, il retourna au journalisme et devint un des principaux rédacteurs du Vote universel, organe des idées démocratiques les plus avancées. Après le coup d’État du 2 décembre, il dut abandonner la politique et il s’occupa alors delà nouvelle édition de la" Biographie Michaud.

LESSER (Frédéric-Chrétien), théologien et naturaliste allemand, né à Nordhausen en 1692, mort en 1754. Encore enfant, il se passionna pour l’histoire naturelle ; puis, après avoir étudié la médecine et la théologie, il fut appelé à desservir, en qualité de pasteur, les églises do Frauenberg et de Nordhausen. Ses principaux ouvrages sont : Litho-théologie ou Théologie des pierres (Hambourg, 1735 et 1751, in-8o) ; De sapientia, omnipotentia et providentia divina ex partibus insectorum cognoscenda disquisitio (Nordhausen, 1735, in-4o) ; Insecto-theologia ou Démonstration des perfections de Dieu dans tout ce qui concerne les insectes (Francfort et Leipzig, 1738-1740, in-8o), traduit en français, avec des notes, par Lyonnet (La Haye, 1744 ; Paris, 1745) ; Tesiuceo-theologiu [Théologie des testacées] (Leipzig, 1747, in-8o) ; Mélanges d’histoire naturelle et de physico-théologie (Leipzig et Nordhausen, 1754 et 1770, in-8o).

LESSER’(Augustin CHEUZÉ, baron de), littérateur français. V. Creuzé.

LESSERTIE s. f. (lè-sèr-tt — de Delessert, naturaliste fr.). Bot. Genre de plantes, de la famille des légumineuses, tribu des lotées, comprenant plusieurs espèces qui croissent au Cap de Bonne-Espérance.

LESSINES, en latin Lessinia, ville de Belgique, prov. de Hainaut, arrond. et à 37 kilom. N.-O. de Touruay, sur le Dendre ; 5,000 hab. Huileries, distilleries, raffineries de sel, savonneries, teinturories, tanneries ; commerce très-actif, dont la pierre à paver, la houiile, le bois et les huiles forment les principaux étéinents. Lessines était autrefois entourée de murailles dont il reste encore quelques débris ;’ les remparts qui l’environnaient ont été convertis en jardins. On prétend qu’elle a été fondée pur les Saxons à leur retour d’une expédition contre les Romains, ce qui justifierait le nom de Saxon-

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ville qu’elle a porté autrefois. En 1303, elle soutint un long siège contre les Flamands qui, après l’avojr pillée, y mirent le feu. Les environs de Lessines sont remarquables au point de vue géologique du sol. On y trouva du porphyre siliceux exploité à ciel ouvert.

LESSING (Gotthold-Ephraïm), écrivain allemand, né à Kainenz (Saxe) le 22 janvier 1729, mort à Wolfenbultel le 15 février 1781. Il était le fils d’un pauvre ministre luthérien, qui fut son premier instituteur. En 1741, il entra à l’école de Meissen, où il reçut une instruction gratuite. Doué d’une très-vive intelligence, plein d’ardeur pour le travail, il fit des progrès rapides et s’appliqua, avec un égal succès, aux lettres et aux sciences. En 1746, il suivit les cours de l’université de Leipzig. Ses premières liaisons avec Schlegel, Mylius, Zacharite et Weisso, les relations qui s’établirent entre lui et quelques comédiens, et surtout un penchant irrésistible pour l’art dramatique le firent renoncer à la carrière théologique, h laquelle son père le destinait. A l’âge de vingt-deux ans, il fit représenter à Leipzig une pièco intitulée : le Jeune savant, essai suivi de quelques autres du même genre, qui furent chaleureusement applaudis. Plus tard, il revint sur ces pre • mières productions de sa jeunesse et les apprécia avec une juste sévérité. Il alla même jusqu’à désavouer certaines œuvres qui, grâce au zèle indiscret de quelques amis, avaient vu le jour à son insu. Eu 1750, il entreprit avec Mylius une publication intitulée /Mémoires pour servir à l’histoire et au progrès du théâtre, qui parut à Berlin. En même temps, il étudiait les postes anglais et espagnols et traduisait l’ouvrage du philosophe castillan, Jean Huarte, intitulé : Examen des esprits propres aux sciences. En 1753, après un court séjour à Wittemberg, où il obtint le grade de maître es arts et soutint une vive discussion avec Lange, qui venait de faire paraître une traduction d’Horace, il revint à Berlin et publia des articles dans la Gazette de Voss. C’est alors qu’il se lia avec Moses Mendelssohn et le célèbre libraire Nicolaî. Vers le même temps, il achevait à Potsdam Miss Sarah Sampson, drame joué deux ans plus tard à Leipzig, et qui fut la première pièce de ce genre représentée en Allemagne.

Lessing partait pour aller visiter l’Italie, lorsque les événements de la guerre de Sept ans le forcèrent d’interrompre ce voyage déjà commencé. Il revint habiter Leipzig jusqu’en 1759 et composa sa Bibliothèque des belles-lettres.

Dans un troisième séjour qu’il fit à Berlin, il composa Philotas, tragédie en un acte et en. prose ; en même temps, il publiait ses Lettres sur la littérature du jour, ses Fables en prose et ses Dissertations sur la fable.

Lutter contre le goût français, dont l’influence menaçait d’étouffer en son pays toute originalité, secouer le joug d’une imitation servile, indiquer à ses collègues les sources fécondes où tant d’écrivains après lui devaient puiser une inspiration vraiment nationale, telle était la mission que Lessing s’était donnée et dont il poursuivit l’accomplissement durant toute sa vie. Il ne faut donc point.s’étonner qu’au lieu d’accepter les définitions des critiques français et de suivre l’illustre exemple de La Fontaine, il ait cherché à ramener l’apologue à son typa primitif, remontant, dans la théorie, jusqu à la recherche curieuse et approfondie de l’essence de la fable, et, dans l’application, jusqu’à la reproduction systématique de la brièveté et de la simplicité dont Ésope offrait le modèle. Dans cette voie, Lessing ne sut peut-être pas toujours se préserver de l’exagératiof ■. cette brièveté, cette simplicité dont il s honore dégénèrent souvent en sécheresse ; et, d’autre part, quand il poursuit de ses sarcasmes la légèreté des Français, sa sévérité devient do l’injustice. Pourtant, si nous réfléchissons au culte inintelligent que, de son temps, le plus grand nombre des littérateurs allemands avaient voué à tout ce qui sortait de notre pays, si nous calculons les conséquences nécessaires de cette idolâtrie ridicule, nous comprendrons facilement que l’indignation de Lessing contre les gauches imitations des grâces françaises l’ait emporté au delà des bornes de la modération, et lui ait fait dépasser le but même qu’il se proposait d’atteindre.

Des travaux multipliés affaibliront la santé de Leasing, et la gêne continuelle dans laquelle il vivait le contraignit à accepter une place de secrétaire auprès du général Tauentzien k Breslau (1760). Cinq ans après, il donnait sa démission pour revenir à Berlin, où il publia Laocoon et son drame de Minna de Ùarnhelm (1767). L’année suivante, Lessing, attaché comme directeurau Grand-Théâtre de Hambourg, exposait dans sa Dramaturgie ses opinions sur l’art dramatique, et sur les chefsd œuvre de nos grands écrivains. La Fontaine y est traité avec une sévérité dédaigneuse. La correction du style de Racine ost hautement prisée, mais Lessing se divertit fort aux dépens de Voltaire. Ses appréciations, souvent blessantes, lui suscitèrent do nombreux ennemis. Dans la plupart des discussions qu’il provoqua, il oublia trop souvent ce que le savoir-vivre et l’urbanité peuvent prêter de força et do crédit aux opinions même les mieux fondées, et bientôt il se vit

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