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concitoyens comme troupes de la nation et de la liberté. Cette scène a en même temps électrisé tous les esprits et attendri tous les cœurs jusqu’aux larmes. À peine la réunion des soliiais et des citoyens est-elle effectuée, que tout le peuple de tous les rangs, de tous les âges, de toutes les classes, s’assemble de nouveau sur une grande place située devant le château fort destiné à défendre la ville et qui ne sert qu’à l’opprimer. Là se prononce, au bruit du tambour et d’une manière aussi auguste que solennelle, le serment d’être Adèle à la nation, à la loi et au roi. Le serment, qui a été très-applaudi, a été répété par les spectateurs, avec des acclamations et des cris de joie. Le gouverneur n’est pas inactif ; il est vrai qu’il s’est inutilement flatté d’intéresser lord Surrey en faveur du despotisme, et que celui-ci a repoussé avec indignation des projets tendant à asservir de nouveau un peuple récemment rendu à la liberté ; mais il a trouvé des puissances plus faciles qui lui ont envoyé des troupes, et il se propose de foudroyer la ville du haut des tours de la forteresse où il commande, tandis que les soldats étrangers s’approcheront des murs. Il commence déjà à traiter ses concitoyens comme les habitants d’une cité conquise. Alors tout s’échauffe, s’anime, se réunit, s’encourage ; le tocsin se fait entendre ; les jeunes gens, les vieillards.lesenfants, les femmes même se disputent àl’envi l’honneur de combattre pour la liberté. Une partie du peuple marche au-devant de l’armée ennemie, l’autre attaque la forteresse, qui est bientôt emportée, et les deux troupes victorieuses se réunissent pour vivre désormais libres sous les étendards da la nation. >

On voit qu’à l’exception de quelques incidents et du lieu de la scène, la Liberté conquise représentait les événements mémorables qui s’étaient passés à Paris les 12, 13 et 14 juillet 1789. Le Moniteur de cette époque recommande « à ceux qui conservent encore le barbare et fol espoir d’une contre-révolution • d’aller voir la Liberté conquise ; ils y entendront, dit-il, ■ l’expression des derniers sentiments d’un peuple qui a juré de vivre libre ou d’échapper par la mort à l’esclavage. » Il ajoute : • que les esprits timides, les hommes indécis, les âmes tièdes aillent aussi voir les représentations de cet ouvrage ; qu’ils en écoutent les maximes, qu’ils les méditent ; qu’ils fassent attention à cette ivresse qui remplit tous les spectateurs de l’ardent amour de la liberté, et ils acquerront bientôt ce courage, cette force, cette énergie que réclament aujourd’hui de tous ses enfants les intérêts de la patrie qui leur a donné le jour. ■ Cette ivresse dont parle la Gazette nationale n’est pas exagérée. Tulma, réconcilié depuis peu avec les sociétaires du théâtre de la Nation, jouait le rôle principal et excitait parmi les spectateurs un enthousiasme indescriptible. Quand il disait par exemple :

«Vivre libre ou mourir 1» le parterre se levait comme par un mouvement électrique et répétait avec lui : « Vivre libre ou mourir 1 » L’illustre tragédien et son camarade Naudet se jetaient alors dans les bras l’un de l’autre, puis dans la salle chacun donnait à son voisin le baiser fraternel en répétunt encore les paroles sacramentelles. L’auteur de la Liberté conquise fut demandé à grands cris par le public, qui lui décerna une couronne civique. C’était un homme de lettres connu par quelques ouvrages joués au Théâtre-Italien, et dont on n’entendait plus parler depuis vingt-cinq ans. Il avait donné notamment sur cette scène le joli opéra-comique de Bastieii et Sastienne, de moitié avec Favart, en 1760. La Liberté conquise ou le Despotisme renversé était, on le voit, de sa part une véritable résurrection dramatique, à laquelle d’ailleurs on s’attendait d’autant moins que ses précédentes productions appartenaient à un genre tout différent. Harny n’avait guère jusque-là signé que des vaudevilles, le plus souvent en collaboration.

Liberté (la), (journal des idées et des faits], fondé le 2 mars 1848. Cette feuille, dont le rédacteur en chef était Lepoilevin-Saint-Alme, et qui compta parmi ses rédacteurs Alexandre Dumas, Auguste Vitu et Arthur Ponroy, fut le premier journal quotidien à

5 centimes. Grâce à son prix modique et à la verve de ses rédacteurs, la Liberté eut un succès énorme, et tira jusqu’à 100,000 exemplaires par jour. Dans son programme, qui répondait à son titre, ce journal demandait l’abolition de toutes les entraves, de tous les monopoles ; mais bientôt la Liberté passa du côté de la réaction, et combattit, au profit des idées bonapartistes, le gouvernement du général Cavaignac. Suspendue du 27 juin au

6 août et du 3 septembre au 7 novembre 1848, elle reparut, dans l’intervalle de ces suspensions, sous les vitres de la Liberté de la presse, les Libertés nationales, la Vraie liberté, et cessa complètement de paraître le 16 juin 1850. C’est dans ce journal qu’Alexandre Dumas a publié, entre autres articles, l’excentrique ébieubration intitulée : les Lions de marbre.

Quelques autres journaux, qui n’ont eu qu’une courte durée, ont également porté le titre de Liberté, Tels sont :

La Liberté, journal de la réforme parlementaire (1834) ;

La Liberté, union constitutionnelle, ou la défense des droits civils consacrés par la

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charte, journal rédigé par L.-P. Guérin dans un sens religieux. Fondée en 1844, suspendue en août 1845, elle reparut sous le même titre du mois d’avril au mois de décembre 184S, sous forme de revue mensuelle.

La Liberté, journal quotidien, fondé par Loys L^Herminier et Gustave d’Alaux le 29 février 1848, et qui cessa bientôt de paraître.

Liberté (la), journal politique. Cette feuille, fondée le 15 juillet 1865 par M.Charles Muller, fut achetée, le 1er mars 1866, par M. Emile de Girardhi, la veille du jour où elle allait cesser de paraître. La Presse, que dirigeait M. de Girardin, ayant reçu deux avertissements pour des articles de M. Clément Duvernois, le célèbre publiciste quitta ce journal pour conserver ses libres allures, et acquit à bas prix la Liberté, qui devint sa propriété exclusive. Avec sa hardiesse habituelle, M. de Girardin, voulant obtenir un succès iromédiat, fit vendre à 10 centimes la Liberté, bien que le prix de revient fût beaucoup plus élevé, et vit, en quelques jours, son tirage dépasser 60,000, ce qui constituait une perte quotidienne considérable, mais faisait en même temps de sou journal un puissant organe de publicité. En outre, les circonstances contribuèrent au succès de la Liberté. La guerre venait d’éclater entre la Prusse et l’Autriche ; le public flottant, qui abandonne volontiers les journaux dans les moments de calme plat, était impatient de nouvelles. Le fondateur de la Liberté mit les dépêches télégraphiques et le bulletin de la Bourse au

premier rang, en tète du journal ou à la place du feuilleton-roman. Ces moditications matérielles, qui peuvent avoir leur raison d’être à une époque où chacun court au plus pressé, devaient être suivies d’autres changements moins heureux. Supprimant les cadres ordinaires, nécessairement variables, dans lesquels les journaux distribuent leurs matières, M. de Girardin créa des rubriques nouvelles, et, au besoin, des néologismes bizarres. À la suite du premier-Paris, des petits articles de polémique quotidienne, des correspondances étrangères, des actes officiels, le lecteur trouvait les faits rangés par ordre de matières, avec des rubriques particulières, et voyait ainsi défiler devant ses yeux le monde politique, le monde départemental, le monde parisien, le monde littéraire, le monde sportique, etc., jusqu’au monde gastronomique, où le baron Brisse lui servit un menu par jour. M. de Girardin apporta à la rédaction de cette feuille son vigoureux talent de polémiste, sa verve ardente, sa logique à outrance et ses paradoxes. Il sut, en outre, s’entourer de jeunes rédacteurs : Clément Duveruois, alors républicain, Vermorel, Vf. de Fonvielle, Castagnary, etc., qui contribuèrent à faire de la Liberté un journal plein de mouvement et de vie. En un moment où le pays était plus que fatigué du despotisme impérial, M. de Girardin se fit l’écho de l’opinion publique, li s’attacha à faire ressortir les inconséquences, les contradictions, les périls d’une politique aveugle et compressive, sans programme défini, sans but national, faussant le suffrage universel par les candidatures officielles, méconnaissant les grands principes de nsa, écrits en tête de la constitution, vivant d’expédients, d’aventures et d’abus. Un vigoureux article, dans lequel il protestait contre ces paroles de M. Rouher : « Nous avons conduit la France vers des destinées meilleures, » lui valut, le 6 mars 1867, une condamnation à 5,000 francs d’amende, suivie peu après d’une seconde condamnation et de l’interdiction de vendre la Liberté sur la voie publique. Tout en continuant à combattre l’administration, la Liberté ne suivit point jusqu’au bout la ligne de conduite des journaux de l’opposition. Elle se prononça’ notamment contre les journalistes qui proposèrent la souscription Baudin (1868}, et, à partir de cette époque, elle devint l’organe du tiers parti, dirigé par M. Emile Ollivier, à qui, pendant quelques jours, M. de Girardin abandonna la direction de son journal. Le 31 mai 1870, sur le point d’être appelé au Sénat, M. de Girardin vendit à son neveu, M. Léonce Détroyat, la Liberté, qui, à cette époque, avait beaucoup perdu de sa vogue, depuis surtout que son prix avait été élevé à 15 centimes, comme les autres journaux de grand format. Sous la direction de ce dernier, le journal fut loin de retrouver son ancien succès. Au commencement du siège de Paris, M. Détroyat, qui avait vivement poussé à la guerre contre la Prusse, transporta la Liberté à Tours, puis à Bordeaux, où elle parut jusqu’à la fin de la guerre. M. Gregory Ganesco fut alors chargé de la rédiger, et M. Emile de Girardin y publia plusieurs lettres. Après là guerre, la Liberté se réinstalla à Paris, puis transporta ses bureaux à Versailles en avril 1871, et les rétablit de nouveau à Paris après la chute de la Commune (28 mai 1871). Ce journal devint un des organes de la réaction, et fit partie de l’Union parisienne de la presse, qui se constitua, au mois de juin 1871, pour combattre l’élection des députés républicains de Paris. La Liberté, dont le titre n’avait plus de raison d’être, fut dès lors rédigée par MM. Détroyat, Jules de Précy, Albert Duruy, etc., et, bien que son prix ait été abaissé de nouveau à 10 centimes, elle ne put reconquérir la faveur du public.

Liberté (la), tableau. d’Eugène Delacroix

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(Salon de 1831). Le maître semble avoir voulu réaliser l’idéal des ïambes, d’A. Barbier :

... La Liberté n’est pas une comtesse

Du noble faubourg Saint-Germain... C’est une forte femme ans puissantes mamelles,

À la voix rauque, aux durs appas, Qui, du brun sur la peau, du feu dans les prunelles,

Agile et marchant à grands pas, etc.

La Liberté, demi-nue, coiffée du bonnet phrygien, agite le drapeau tricolore au-dessus d’une barricade jonchée de cadavres ; elle surprend par son aspect fantastique, et reste idéale au milieu des combattants qui l’environnent et qui sont d’une réalité saisissante. « Cette Liberté, dit Gustave Planche, est si belle, si hardie, si guerrière, si noble, que nous serions fort embarrassés de lui appliquer nos idées préconçues. Les cadavres du premier plan sont d’une exécution irréprochable ; le cuirassier à droite râle encore du dernier coup qu’il a reçu. Quelle figure que celle de l’enfant embarrassé dans les bufileteries d’un soldat mort qu’il a dépouillé et tenant un pistolet d’arçon 1 Comme c’est bien le gamin de Paris, cette graine de héros si elle tombe en bon terrain ! L’homme au chapeau poudreux, au pantalon gris, à la redingote lézardée, au visage terreux et amaigri, placé près du gamin, est d’un type ignoblement beau... La Liberté est un beau tableau et une œuvre qui doit durer ; mais, pour la comprendre tout entière, pour apprécier toutes les richesses et toutes les franchises de l’exécution, il faut le même temps et la même étude que pour saisir le Don Giovanni ou la Sémiramide. Il n’est pas donné à l’esprit ou aux yeux de saisir par improvisation ce qui n’a pas été improvisé, de deviner du premier coup, et comme en se jouant, ce que l’artiste a longtemps essayé ou cherché. Ç a été de sa part un travail de conscience, et il faut, pour le juger, la même attention sérieuse à laquelle il s’est lui-même résigné. »

Libéria (théâtre db la), l’un des innombrables établissements dramatiques qui, en 1791, s’élevèrent dans Paris à la suite de la suppression des privilèges. Situé à la foire Saint-Germain, celui-ci était l’un des meilleurs parmi les spectacles de quatrième ordre. Son directeur, nommé Fournier, avait eu l’intelligence de réunir une troupe formée d’assez bons artistes, parmi lesquels on remarquait M110 Fleury, sœur cadette de celle qui se fit à la Comédie-Française une belle réputation, et les deux sœurs de Mme Lesage, l’une des comédiennes et des chanteuses les plus justement renommées du théâtre Feydeau. Ce petit théâtre était parvenu assez rapidement à se former une clientèle et à se créer un public qui l’avait pris en affection ; mais les événements politiques lui firent un grand tort, et bientôt son directeur fut déclaré en faillite. Son existence n’a duré que peu de mois, et il est impossible aujourd’hui (le recueillir aucune espèce de renseignement surkla nature de son répertoire et sur les pièces qui y virent le jour.

LIBERTÉ (île de la), nom donné, sous la première République française, à l’Ile d’Oleron.

LIBERTELLE s. f. (li-bèr-tè-le — de Libert, n. pr.). Bot. Syn. de mémaspork, genre de cryptogames.

LIBERTIC1DE adj. (li-bèr-ti-si-de — du lat. libertas, liberté ; eeedere, tuer). Qui détruit la liberté, qui attente aux libertés publiques : Des projets liberticides. Une loi n UERTICIDE.

Mutilez par le fer, brûlez par les acides La bouche qui vomit les sons liberticides.

HÉa. Moiiëau.

— s. m. Crime de celui qui viole les libertés publiques : Le libërticidu est un crime de lèse-humanité.

LIBERTIE s. f. (li-bèr-tî — du nom de Mlle Libert de Maimédy, bot. allem.). Bot. Genre de plantes, de la famille des iridèes, comprenant plusieurs espèces qui croissent dans les forêts de la zone tempérée australe. Il Syn. de brome et de fdnkie, autres genres de plantes.

LIBERTIN. INEadj. (li-bèr-tain, ine — du latin liberlinus, qui regarde les affranchis ; de libertus, affranchi, qui est pour- tiberatus, délivré, de liberare, libérer, de liber, libre). Déréglé, licencieux, dissolu : Le Français est plus indiscret que confiant, et plus libertin que voluptueux. (Raynal.) Les entretiens polissons préparent les mœurs libertines. (J.-J. Rouss.)

— A signifié Affranchi de la discipline de la foi, indépendant dans ses croyances :

Je le soupçonne encor d’être un peu libertin’, Je ne remarque pas qu’il hante les dglises.

Molière.

On doit craindre le ciel, et jamais libertin N’a fait encor, dit-on, qu’une mauvaise fin.

Corneille.

| Indépendant, impatient de tout frein, de toute contrainte : Je suis tellement libertine, quand j’écris, que le premier tour que je prends règne tout le long de via lettre. (Slm» de Sév.) Il Vagabond, qui s’écarte, qui agit sans règle, sans frein : Une imagination libertine.

— Dissipé, indiscipliné : Un écolier libertin.

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— Fauconn. Se dit d’un oiseau qui ne revient pas à l’appel : Faucon libertin.

— Substantiv. Personne libertine, qui tient une conduite déréglée, dissolue  : Il n y a pas deux hommes plus près d’être des égaux qu’un libertin ruiné et son valet. (D. Visard.) La nature avait fait de Socrale un libertin ; la volonté en fit un sage. (J. Simon.)

Le cœur d’un libertin est fait comme une auberge : On y trouve & toute heure un grand feu bien nourri. A. de Musset.

— Ecolier dissipé : C’est un petit libertin.

— Hist. relig. Membre d’une secte d’anabaptistes qui repoussaient toute sujétion, comme contraire à l’esprit du christianisme.

Il Nom que l’on donnait à Genève, dans le xvig siècle, aux adversaires de Calvin.

— Encycl. Hist. relig. La secte des liberlins, venue de Flandre vers le milieu du xvie siècle, se répandit à Paris, à Rouen, à Genève. Ces hérétiques professaient qu’il n’y a qu’un seul esprit de Dieu répandu partout, qui est dans toutes les créatures ; que notre âme n’est autre chose que cet esprit de Dieu et qu’elle meurt avec notre corps ; que le péché ne consiste que dans l’opinion ; que le paradis est une illusion, et l’enfer un fantôme. Ils prétendaient que les politiques ont forgé la religion pour contenir les peuples dans l’obéissance. Ils ajoutaient à cela des blasphèmes contre Jésus-Christ. Il n’est pas douteux que ces libertins, qui se distinguent si nettement de toutes les autres sectes protestantes par l’absence de tout dogmatisme, ne soient les ancêtres directs des libertins du xvue siècle et des libres penseurs du xixo siècle. Ils furent certainement les précurseurs de la morale indépendante. Il paraît même, et c’est- là un. caractère essentiel qu’il faut noter, qu’ils réagirent contre l’intolérance des protestants en même temps que contre celle des catholiques. L’abbé Bergier nous dit que, lorsque Calvin voulut établir sa doctrine a Genève, il rencontra de leur part de grands obstacles, parce qu’ils ne pouvaient souffrir la sévérité de sa discipline.

C’est d’ailleurs pour lutter contre les libertins que Furel retint à Genève Jean Calvin, jusque-là inconnu. La lutte fut longue et pénible. Les libertins, ayant à leur lèle Castillou, Boisée, Berthelier, réussirent à soulever une première fois les Genevois contre ces farouches convertisseurs. Calvin, d’abord expulsé, fut rappelé à Genève en 1543. Le supplice de Servet, dix ans plus tard, montra que la puissance du réformateur était devenue irrésistible ; les libertins avaient vécu.

LIBERTINAGE s. m. (li-bèr-ti-na-je— rad. libertin). Conduite de libertin, manière de vivre dissolue, débauchée : L’hymen est ordinairement le tombeau du libertinage, d moins qu’on n’ait te diable au corps. (La Chaussée.) L’opulence est l’école de la vanité, de l’ignorance et du libertinage. (Mme de Puisieux.) Citez tes femmes, le libertinage vient presque toujours de la dure nécessité. (Marat.) La réaction du célibat, c’est te libertinage.et la prostitution. (A. Martin.)

— Dévergondage, dérèglement dans les idées, dans l’imagination  : Il y a un libertinage d’esprit comme de cœur. (Mmo de Rosemberg.) Il y a un libertinage d’esprit qui use l’âme, comme la débuuche use les sens. (Lamenn.)

— Indépendance d’esprit en matière de religion : H y en a bien qui croient, mais par superstition ; il y en a bien qui ne croient pas, mais par libertinage. (Pascal.)

Mon frère, ce discours sent le libertinage.

Molière.

— Absence de toute gène, de toute contrainte : J’aime fort la liberté et te libertinage de votre vie, de vos repas. (Maie de Sév.)

— Encycl. Diderot a écrit une jolie page sur le iibertinuyeel les libertins. « Les libertins, dit-il, sont bienvenus dans le monde, parce qu’ils sont inadvertants, gais, plaisants, dissipateurs, doux, complaisants, amis de tous les plaisirs. C’est qu’il est impossible qu’un homme se ruine sans en enrichir d’autres ; c’est que nous aimons mieux des vices qui nous servent en nous amusant que des vertus qui nous rabaissent en nous chagrinant ; "/est qu’ils sont indulgents pour leurs défauts, entre lesquels il y eu a aussi que nous avons ; c’est qu’ils ajoutent sans cesse à notre estime par le mépris que nous faisons d’eux ; c’est qu’ils nous mettent à notre aise ; c’est qu’ils nous consolent de notre propre vertu par le spectacle amusant du vice ; c’est qu’ils nous entretiennent de ce que nous n’osons dire ni faire ; c’est que nous sommes toujours un peu vicieux ; c’est qu’ordinairement les libertins sont plus aimables que les autres, qu’ils ont plus d’esprit, plus de connaissance des hommes et du cœur humain. Les femmes les aiment parce qu’elles sont" libertines. Je, ne suis pas bien sur que les femmes’se déplaisent sincèrement avec ceux qui les font rougir. Il n’y a peut-être pas une honnête femme qui n’ait eu quelques moments où elle n’aurait pas été fâchée qu’on la brusquât, surtout après sa toilette. Que lui fallait-il alors ? Un libertin. En un mot, un libertin tient la place du libertinage qu’on s’interdit. On est, on a été et peut-être u» jour sera-t-on libertin, i