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jorité désirait la paix, dont les préliminaires furent votés par l’Assemblée le 1er mars 1871. Deux jours plus tard, en vertu d’une délibération municipale, le drapeau tricolore remplaçait à l’hôtel de ville le drapeau rouge qui y flottait depuis le 24 septembre 1870..

Les tendances monarchiques de l’Assemblée s’étant nettement révélées dès ses premières séances, une insurrection formidable éclata à Paris le 18 mars. Cette insurrection eut encore son contre-coup à Lyon. Le 23 mars, une sédition éclata et des bataillons de la Guillotière s’emparèrent de l’hôtel de ville, où la Commune fut proclamée et où s’installa un comité démocratique. Mais, dès le 25, la garde nationale se soulevait contre le comité, dont les membres étaient contraints de fuir, et délivrait le préfet Valentin, qui avait été fait prisonnier. Peu de jours après, le conseil municipal envoyait à l’Assemblée nationale une adresse pour lui demander de reconnaître à Paris le droit de s’administrer et de déclarer qu’aussitôt son mandat rempli par la conclusion définitive de la paix, elle convoquerait une Constituante.

Le 30 avril suivant, jour des élections municipales, une nouvelle insurrection éclata à la Guillotière ; mais elle fut bientôt réprimée grâce à l’énergie déployée par le préfet Valentin, qui paya de sa personne et reçut un coup de feu, et à l’attitude non moins courageuse du procureur de la république, Andrieux.

Le conseil municipal qui venait d’être élu était entièrement composé de membres républicains. Il rétablit l’octroi, vota 20,000 francs pour la fête des Écoles, qui eut lieu le 15 août, et supprima l’enseignement religieux dans les écoles communales. Cette dernière mesure, annulée comme constituant une violation de la loi, attira à la municipalité lyonnaise la haine des cléricaux, qui ne devaient pas tarder à la renverser. Grâce à leur pression, le préfet républicain, M. Valentin, fut remplacé le 24 janvier par un préfet monarchiste, M. Pascal, et à partir de ce moment l’administration préfectorale et l’administration municipale furent presque constamment en lutte. Cette lutte s’accentua encore après la nomination, comme maire, de M. Barodet, qui succéda, le 23 avril 1872, à M. Hénon, décédé. Elle avait principalement pour objet la question de l’enseignement. Le conseil municipal s’était prononcé pour l’enseignement laïque et avait péremptoirement refusé de subventionner les écoles congréganistes. Le préfet, M. Pascal, cassa les délibérations du conseil, qui en appela au conseil d’État et persévéra dans ses délibérations, dont il ne fut tenu aucun compte.

Cette même année, Lyon eut une Exposition universelle internationale. Ouverte le 2 juin 1872 et inaugurée officiellement le 30 juin, elle fut fermée le 31 octobre. Cette exposition, due à l’initiative privée de MM. Cochard, Jame, Chatron et Besson, occupait un vaste emplacement sur la rive gauche du Rhône, tout près du bois de la Tête-d’Or. La série des bâtiments se succédant l’un à l’autre mesurait 1,200 mètres de longueur ; la superficie totale était de 55,000 mètres carrés, 5,000 de moins que l’Exposition universelle de Paris au Champ de Mars. Elle comprenait treize galeries différentes, dont la première et la plus considérable était celle des machines. Sous le promenoir couvert qui longeait les galeries se trouvaient des restaurants, des cafés, des brasseries, des salles de concert. Malgré les efforts les plus louables de l’administration et des exposants, cette exposition a peu réussi.

Au mois de janvier 1873, M. de Ségur présenta à l’Assemblée un rapport sur les marchés faits à Lyon pendant la guerre, et la discussion auquel il donna lieu eut un tel retentissement que nous ne saurions la passer sous silence. Durant le guerre de 1870-1871, depuis le 4 septembre 1870 jusqu’au 27 janvier 1871, l’administration du Rhône dut pourvoir à l’équipement et à la mise en état des mobilisés de ce département. Elle conclut à cet effet des marchés avec les grandes maisons d’équipement et d’armement. Le désarroi dans lequel l’Empire avait laissé la France entière ne permettait point de recourir aux maisons ordinairement chargées de ces fournitures. Des commandes furent faites dans les meilleures conditions et surtout à des personnes qui s’engageaient à livrer tout de suite. La commission des marchés, nommée par l’Assemblée de Versailles pour la vérification des opérations faites, bien qu’elle fût animée d’un esprit hostile aux membres du gouvernement de la Défense et à ses délégués, ne put articuler un grief sérieux contre les administrateurs du Rhône ; elle dut reconnaître leur parfaite honorabilité et se contenter de blâmer certaine précipitation fort naturelle en ces circonstances. Toutefois, l’occasion s’offrait d’attaquer à la fois Lyon et les républicains, et on s’empressa de leur faire un procès en règle dans les séances des 30 et 31 janvier 1873. MM. Ferrouillat et Challemel-Lacour se chargèrent de répondre, de rétablir les faits dénaturés par l’esprit de parti, et leur réponse fut tellement lumineuse et écrasante, que l’attaque des hommes de la droite se changea en une véritable déroute. Ajoutons que le comte de Ségur, qui a publié son rapport sous ce titre ; les Marchés de la guerre à Lyon et à l’armée de Garibaldi (Paris, 1873, in-8o), y a joint le discours prononcé par M. d’Audiffret-Pasquier ; mais il s’est bien gardé de publier celui de M. Challemel-Lacour.

Deux mois plus tard, l’Assemblée était saisie d’un projet de loi, élaboré par une de ses commissions, et ayant pour objet de supprimer la municipalité de Lyon et d’établir dans cette ville le régime d’exception imposé à Paris. Cette loi, qui confère au préfet du Rhône les attributions et les fonctions remplies à Paris par le préfet de la Seine et par le préfet de police, qui supprime la mairie centrale et établit six maires d’arrondissement chargés de la tenue des registres de l’état civil, cette loi fut votée le 4 avril 1873. Aussitôt tous les conseillers municipaux, à l’exception de M. Ducarre, donnèrent leur démission. Sur ces entrefaites, une élection partielle ayant eu lieu à Paris (27 avril), M. Barodet, le dernier maire de Lyon, était porté candidat et nommé député à une énorme majorité ; puis, le 11 mai, le département du Rhône répondait à cette manifestation en envoyant à l’Assemblée deux républicains, le docteur Guyot et un membre du conseil municipal de Paris, M. Ranc.

Le 6 juin, des élections municipales avaient lieu à Lyon, et bien que le scrutin de liste eût été remplacé par le vote par section, les 36 sections lyonnaises élisaient 36 conseillers municipaux républicains.

En ce moment, une coalition des partis monarchiques avait renversé du pouvoir M. Thiers (24 mai), et le nouveau ministre de l’intérieur, M. Beulé, avait remplacé à Lyon, comme préfet, M. Cantonnet par M. Ducros. Chargé par le gouvernement de combat d’engager la lutte contre Lyon et d’y abattre l’esprit républicain, ce fonctionnaire, qui du premier coup a surpassé les plus étonnants préfets à poigne de l’Empire, s’est avisé d’établir « l’ordre moral » par des mesures vexatoires d’une intolérance odieuse, par un système d’avanies préméditées qui frappent les élus mêmes de la cité. Dans cette ville inflammable, où l’esprit de conciliation, de tolérance, d’apaisement, de justice s’impose comme une nécessité de premier ordre, M. Joseph Ducros semble avoir pris pour tâche unique de jeter le trouble et l’irritation. Ses arrêtés sur les porteurs de journaux, sur l’heure des enterrements civils, sur le nombre des personnes qui peuvent y assister, sur l’interdiction de la vente du vin par les épiciers, sur la défense faite aux conseillers municipaux de pénétrer dans l’hôtel de ville et d’assister aux séances du conseil s’ils ne sont munis d’une carte du préfet, etc., sont des monuments administratifs à la fois odieux et burlesques et bien faits pour inspirer des doutes sur la parfaite santé d’esprit de leur auteur.

Plusieurs traités ont été conclus à Lyon. Tels sont : le traité fait entre Philippe le Bel et Ferdinand de Castille (1306), et dans lequel les deux princes prirent l’engagement de ne pas recevoir dans leurs royaumes les bannis navarrais ; le traité du 10 juillet 1349, conclu entre Jean de France et Jean de Chalon, relativement à la possession du Dauphiné ; le traité de paix conclu le 5 avril 1502 par Louis XII et Ferdinand et Isabelle d’Espagne, relativement au royaume de Naples ; le traité d’alliance conclu le 26 septembre 1523 par François Ier et Henri de Navarre ; le traité du 22 septembre 1593, par lequel Henri IV, Philippe II et la confédération suisse s’engagèrent à maintenir la neutralité entre le duché et le comté de Bourgogne ; le traité du 17 janvier 1601, par lequel Henri IV et le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, échangèrent le marquisat de Saluces contre le Bugey, la Bresse et les pays de Gex et de Valromey.

Environs de Lyon. La beauté des environs de Lyon est connue et célèbre depuis longtemps, et Jean-Jacques Rousseau n’a pas été le Seul à la proclamer. Les rives de la Saône, depuis Neuville jusqu’à Lyon, ont un aspect véritablement enchanteur ; elles offrent une succession de collines couvertes de verdure et semées de blanches villas. Au sortir de Lyon, la Saône n’est pas moins gracieuse, surtout le long du quai des Étroits, qui est une promenade des plus agréables et très-fréquentée. Cette belle route n’était naguère qu’un chemin, à l’entrée duquel fut fusillé en 1816 le général Mouton-Duvernet. Presque tous les environs de la ville sont ravissants, par la beauté du site, par la fraîcheur et l’abondance de la verdure, par les pittoresques accidents du terrain. Mais c’est surtout en s’élevant sur les collines environnantes qu’on peut juger de la situation vraiment exceptionnelle de Lyon. Il faut gravir la hauteur de Fourvières, qui s’élève à pic au-dessus de la ville, par ces chemins étroits, roides, escarpés, que sillonnent en tout temps de nombreux groupes de pèlerins. Il faut visiter tous les lieux charmants de cette hauteur, tels que Champvert, les Massues, Sainte-Foye, lieux presque déserts il y a un demi-siècle, aujourd’hui couverts de maisons de campagne et qui vont bientôt être englobés dans l’enceinte de la ville, tant l’accroissement de la population a été rapide. Mais pour bien juger de Lyon et de toute la vallée du Lyonnais, il faut les voir du haut du mont d’Or, montagne éloignée d’environ 8 kilomètres, qui compte trois sommets peu distants l’un de l’autre, le Montoux, le mont Verdun et le mont Ceindre. Sur ce dernier est un ermitage qui sert encore plus de lieu d’excursion que de lieu de pèlerinage. Il est impossible d’exprimer la magnificence du spectacle qui s’offre en cet endroit aux regards éblouis ; sur le premier plan, derrière les bois de Rochecardon, la colline de Fourvières se dessine comme une immense arête, terminée brusquement par l’église au toit pointu et disgracieux ; la ville, avec ses maisons, ses clochers, ses usines, est groupée tout autour ; le Forez, le Bugey succèdent au Lyonnais, puis la plaine du Dauphiné s’étend immense et va mourir au pied des contre-forts des Alpes, dont les sommets neigeux, le mont Blanc en tête, apparaissent distinctement par le vent du midi. Vu au soleil couchant, alors que les rayons de feu vont embraser les vitres des nombreuses maisons semées dans cette plaine et revêtir les montagnes lointaines des teintes les plus douces, ce spectacle est d’une beauté incomparable : la Suisse en a de plus nombreux et de plus variés, mais elle ne peut en offrir de plus grandioses et surtout de plus riches. C’est au pied du mont Ceindre que se trouvent les bois de Rochecardon, où Rousseau aimait à s’égarer. Enfin, il ne faut pas oublier Charbonnières, petit village de 621 habitants, situé à l’ouest de Lyon, et où l’on voit un beau château, dont le parc renferme une source d’eau minérale sulfuro-ferrugineuse, renommée pour la guérison des maladies de peau ; de nombreux visiteurs y affluent chaque année, les uns pour prendre les eaux, les autres pour se promener dans le beau bois de l’Étoile, qui en est voisin.

— Bibliogr. Le Père Ménestrier, Des divers caractères des ouvrages historiques, avec le plan d’une nouvelle histoire de Lyon, le jugement de tous les auteurs qui en ont écrit, et dissertations sur sa fondation et sur son nom (1694, in-12) ; Clerjon, Histoire de Lyon depuis sa fondation jusqu’à nos jours (1829-1840, in-8o) ; Brossette, Histoire abrégée ou Éloge de la ville de Lyon (1711, in-4o) ; Grandperret, De l’état politique de la ville de Lyon depuis le Xesiècle jusqu’en 1789 (1843, in-8o) ; Guillon, Histoire du siège de Lyon (1797, in-8o) ; Lyon ancien et moderne, sous la direction de Léon Boitel (1843, in-8o) ; Balbis, Flore lyonnaise (1827, in-8o) ; Artaud, Cabinet des antiques du musée de Lyon (1816, in-8o) ; et Inscriptions du musée de Lyon (1816, in-8o) ; Delandine, Bibliothèque historique et raisonnée des écrivains de Lyon et des ouvrages manuscrits ou imprimés qui ont quelque rapport à l’histoire ecclésiastique et civile de cette ville (1789, in-8o) ; Breghot du Lut, Biographie lyonnaise, catalogue des Lyonnais dignes de mémoire (1839, in-8o) ; Gonon, Bibliographie historique de la ville de Lyon (1845, in-8o).

Lyon (conciles de). Un grand nombre de conciles ont été tenus à Lyon. Dans le premier concile tenu dans cette ville en 177, les chrétiens condamnèrent Montan, ainsi que la prophétesse Maximille. La même année, dans un second concile, on rédigea l’histoire du supplice des martyrs de Lyon, qu’on envoya aux églises d’Asie.

En 197, saint Irénée, évêque de Lyon, présida dans cette ville une nouvelle assemblée conciliaire. Après avoir accepté le décret du pape saint Victor sur la célébration de la pique, il écrivit, avec l’assentiment du concile, au pape pour l’exhorter à suivre l’exemple de ses prédécesseurs en ne rompant point la communion avec les asiatiques quartodécimans.

Au concile de 199, saint Irénée fit condamner la doctrine des valentiniens.

Un seul canon nous reste du concile de 401. Il concerne la chasteté des prêtres.

À celui de 475, saint Patient fit condamner la doctrine du prédestinianisine.

En 500 ou 501, au moment où l’arianisme trouvait de nombreux adhérents chez les Bourguignons et avait été adopté par leur roi Gondebaud, un concile fut tenu à Lyon, dans lequel saint Avit de Vienne obtint la condamnation des ariens.

En 517, l’archevêque de Lyon, Viventiolus, convoqua dans cette ville des évêques qui firent six canons. On y condamna le préfet du fisc du roi Sigismond, Étienne, pour avoir épousé sa belle-sœur, et on vota diverses mesures disciplinaires.

Le concile de 566 fut tenu, sous la présidence de Nicet, par ordre du roi Gontran, pour juger des accusations intentées contre deux évêques, l’évêque d’Embrun et l’évêque de Gap, qui furent déposés. On y fit six canons, principalement relatifs à la juridiction des évêques, et dont le troisième excommunie ceux qui entreprennent de réduire en servitude les personnes libres.

En 583, sous le règne du roi Gontran, Prisque, évêque de Lyon, présida un concile qui promulgua six canons. On y défendit aux prêtres de garder chez eux des femmes ; on excommunia les religieuses qui quittent leur monastère ; on condamna les mariages incestueux et on ordonna que les lépreux seraient nourris aux frais de l’Église dans des lieux désignés.

Les actes du concile de 829 ne sont point parvenus jusqu’à nous.

En 1245 s’ouvrit à Lyon, dans le couvent de Saint-Juste, un concile œcuménique, présidé par le pape Innocent IV, entouré de cardinaux, qui, pour la première fois, portaient le chapeau rouge, et d’un grand nombre d’évêques. Ou s’y occupa de l’invasion des Tartares, du schisme de l’Église grecque, des hérésies, de la chute de Jérusalem et des embarras suscités à la papauté par l’empereur Frédéric II. Des mesures importantes y furent prises. On condamna et excommunia Frédéric II ; on abandonna, comme subside, à l’empire latin la moitié des revenus des dignités personnelles, des prébendes et bénéfices ecclésiastiques, en exceptant toutefois de cette charge les hauts dignitaires de l’Église ; on décida qu’on mettrait, par l’érection de places fortes, les pays chrétiens à l’abri des incursions des Tartares ; on ordonna que, sous peine d’excommunication, une paix générale existerait pendant quatre ans dans toute la chrétienté ; enfin on y prit toute une série de décisions relatives à l’administration de la justice, à la conservation des biens ecclésiastiques, etc.

Un second concile œcuménique fut tenu à Lyon, sous Grégoire X, en 1274. Les canons qui y furent votés ont trait à la réforme des mœurs, à l’élection des papes, à la réunion de l’Église grecque à l’Église latine, aux moyens de secourir les chrétiens de la terre sainte, aux élections des évêques et aux ordinations des prêtres.

Enfin le concile de 1449 fit dix-huit canons, pour la plupart relatifs à l’ordination, au costume des clercs, à l’abus des indulgences, aux mariages clandestins, etc. Un des canons punissait avec la plus grande sévérité les blasphémateurs et en appelait à l’intervention du bras séculier.

En 1563, un synode protestant, présidé par Viret, a été tenu à Lyon. V. synode.

Lyon (siège de). Après la journée du 31 mai (1793), qui était une nouvelle et sanglante inauguration de la Terreur, soixante départements, excités par les girondins qui avaient échappé à la proscription, se soulevèrent contre la Convention. Ce mouvement formidable se fit surtout sentir dans le Midi, où Lyon, Bordeaux et Marseille prirent les armes en même temps. La première de ces villes devint le chef-lieu de l’insurrection royaliste. Lyon, qui avait vu tarir la source de sa prospérité dans l’anéantissement de son riche commerce de soie et de broderies en or et en argent, avait fait un froid accueil aux idées révolutionnaires. Devant l’émigration des nobles et la proscription des riches qui alimentaient son commerce de luxe, cette ville dut se déclarer de bonne heure contre un bouleversement social qui ruinait ses manufactures et abaissait la noblesse et le clergé. Là comme ailleurs, après le 10 août, on voulut établir le gouvernement de la multitude ; Châlier, imitateur de Marat, se mit à la tête des jacobins, des sans-culottes et de la municipalité de Lyon. Sa hardiesse s’accrut encore après les massacres de septembre et, le 21 janvier, deux partis se dessinèrent nettement dans Lyon : la municipalité, qui recevait son mot d’ordre de Châlier, et les sections, qui obéissaient à la réaction royaliste. Une lutte sanglante ne tarda pas à éclater ; Châlier fut pris et envoyé à l’échafaud ; puis les Lyonnais, croyant la Convention sur le point d’être abattue par la révolte qui menaçait d’embraser la France tout entière, levèrent ouvertement l’étendard de l’insurrection. Ils mirent leur ville en état de défense, formèrent une armée de 20,000 hommes, reçurent les émigrés au milieu d’eux, donnèrent le commandement au royaliste Procy et au marquis de Virieu, et concertèrent leurs opérations avec l’armée sarde, que l’armée des Alpes, commandée par Kellermann, ne pouvait plus arrêter.

La Convention, agissant avec sa résolution accoutumée, décida que Lyon serait assiégé par Kellermann, tandis que le général Carteaux, le futur vainqueur de Toulon qui venait de se livrer aux Anglais, marcherait sur l’armée marseillaise qui remontait le Rhône dans l’intention de secourir les Lyonnais. Carteaux la battit en deux rencontres, la dispersa, et Lyon dut se défendre avec ses propres ressources. Kellermann n’avait que le commandement nominal de l’année assiégeante ; la véritable autorité était exercée par Dubois-Crancé, commissaire de la Convention et ingénieur habile, ayant aussi sous ses ordres 5,000 hommes de troupes réglées et 7,000 à 8,000 réquisitionnaires. Menacé d’avoir bientôt les Sardes sur ses derrières, il s’établit au nord, entre la Saône et le Rhône, en présence des redoutes de la Croix-Rousse ; de ce point, il restait en communication avec la frontière des Alpes, d’où l’armée républicaine pouvait se porter à son secours, et il occupait le cours supérieur des deux fleuves, ce qui lui permettait d’intercepter les vivres qui arrivaient à Lyon par cette double voie. Grâce au système de réquisition qu’il employa avec autant d’habileté que d’activité, il eut bientôt à sa disposition une armée de 60,000 hommes, tirés pour la plupart des villes et des campagnes voisines, 14,000 bombes, 34,000 boulets, 300 milliers de poudre, 800,000 cartouches et 130 bouches à feu. De leur côté, les Lyonnais comptaient environ 15,000 hommes de troupes réglées, et, parmi la population, toutes les têtes étaient exaltées. Les jeunes gens s’enrôlaient, les femmes se montraient près des redoutes ; une caisse militaire se forma et l’insuffisance du numéraire fut couverte par des billets des principaux négociants. Les maisons furent crénelées, on établit des batteries, on fondit de l’artillerie, on fabriqua de la poudre ; tous se