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pôle nord, à dos noir et à ventre blanc ; le macareux glacial, ne différant du précédent que par le bec, qui est plus fort et coloré d’une teinte orange uniforme ; le macareux huppé, enfin, a pour caractère diatinctif la face et les joues blanches, et de chaque côté de la tète de longues plumes jaunes en forme de huppe. Cette espèce habite les régions polaires de l’Asie et de l’Amérique.

MACARIBO s. m. (ma-ka-ri-bo). Mamrn. Renne d’Amérique, qu’on appelle aussi caribou.

MACA.RIE s. f. (ma-ka-r1). Entom. Genre de coléoptères, de la famille des coccinellides, comprenant deux espèces américaines, la première originaire du Brésil, et la seconde de Cayenne.

MACAB1E, fille d’Hercule et de Déjanire. Les Athéniens avaient à soutenir une guerre terrible ; l’oracle déclara qu’ils obtiendraient la victoire si un des enfants d’Hercule Se dévouait pour eux. Macarie accepta ce généreux sacrifice et décida ainsi la victoire pour les défenseurs de sa famille. Les Athéniens reconnaissants lui élevèrent un temple sous le nom d’Eudémonie, et lui consacrèrent la fontaine de Marathon.

Ce sujet a inspiré un des contes les plus touchants d’IIégésippe Mot-eau. V. Contes à ma. sœur. ^.

MACARIEN s. m. (ma-ka-riain — de Macarius, personnage consulaire qui sévit contre les douatistes). Hist. relig. Nom de mépris donné par les donatistes aux catholiques.

— Encycl. Ce nom fut donné aux catholiques par les donatistes d’Afrique. En voici 1 occasion. En 348, l’empereur Constant envoya en Afrique deux personnages consulaires, Paul et Macarius ou Maeaire, pour contraindre les donatistes à rentrer dans le sein de l’Église. Macarius convoqua à plusieurs reprises les évêques hérétiques et les menaça de la colère de l’empereur s’ils persistaient dans leur schisme. Ceux-ci répondirent que l’empereur n’avait rien à voir dans les affaires ecclésiastiques, et le peuple prit parti pour eux. Macarius fit alors intervenir la force armée, qui réprima violemment le peuple ; et quand l’affaire fut terminée, il fit, pour l’exemple, égorger les évêques et les donatistes les plus obstinés. La population, justement indignée de ces massacres, en acquit une haine plus grande encore contre le catholicisme ; elle ne cessa de reprocher aux orthodoxes les temps macariens, c’est-à-dire les exécutions faites par Macaire, et elle nomma les catholiques macariens.

C’est en vain que saint Augustin, dans ses ouvrages contre les donatistes, s’efforce de démontrer que les catholiques ne sont pour rien dans les exécutions ordonnées pur Macaire ; il renonce même à ce moyen de défense pour soutenir que ces excès sont moindres que ceux qu’avaient commis autrefois les circoncellioiis. Optât de Milève nous apprend que cette persécution épouvanta les donatistes et en fit rentrer un grand nombre dans le giron de l’Église. C’est le procédé ordinaire du catholicisme.

MACARISME s. in. (ma-ka-ri-sme). Littér. gr. Psaumes commençant en grec parle mot makarios ou makarioi, en latin beatus ou beati. Vieux en ce sens, il Hymne de l’Église grecque en l’honneur des saints.

MACARON s. m. (ma-ka-ron — de l’ital. maccherane, sorte de pâte. On ne connaît pas l’étymologie de ce mot ; les uns le rapportent au grec makar, heureux, le mets des heureux ; d’autres à l’italien macco, bouillie de fèves pilées ; d’autres au grec makaria, mets de bouillon et de farine d’orge). Petite pâtisserie ordinairement de forme ronde ou ovale, dans laquelle il entre principalement du sucre et des amandes douces ou amères : Macaron soufflé. Macaron aux noisettes. Manger des macarons, du macaron. C’est surtout aux Champs-Élysées que l’on remarque ces innombrables macarons sur feuilles, amoncelés au bout des tables de jeu de rouge et noir. (P. Vinçard.) Les fêtes publiques ont pour ornements inéoitables les saltimbanques et les marchands de macarons. (Duplessis.)

— Techn. Ornement en forme de macaron. Il Peigne de forme ovale avec lequel les femmes relèvent et retiennent leurs cheveux, il Sô"rte de clou courbé et armé d’une tête arrondie, auquel on suspend divers objets, comme chapeaux, robes, manteaux, ombrelles, etc.

— Mar, Morceau de bois court, placé debout de distance en distance, pour soutenir les fargues d’une embarcation.

— Encycl. On fabrique des macarons aux amandes, aux avelines, aux noix vertes, etc. Le procédé est à peu près le même dans tous les cas. Nous allons décrire la manière de faire les macarons aux amandes.

On met dans un poêlon d’office 125 grammes d’amandes douces mondées, auxquelles on ajoute deux amandes amères ; on torréfie à une chaleur modérée et l’on remplace ces amandes par une même quantité d’autres. Quand les premières sont refroidies, on les pile à moitié avec une petite quantité de blanc d’œuf. Si l’on opère sur 500 grammes, par exemple, on réunit ensuite les quatre portions pilées séparément ; on y ajoute 250 grammes de sucre en poudre, un blanc d’œuf, du zeste de citron râpé ; on pile très-MACA

soigneusement, on remue avec une spatule, on dresse la pâte par petits ronds sur des feuilles de papier, on mouille légèrement avec les doigts, et l’on fait cuire trois quarts d’heure dans un four modérément chauffé.

MACARONÉ, ÉE adj. (ma-ka-ro-né — rad. macaron). Techn. Se dit d’une pâte façonnée comme celle des macarons : Pâte macaronée,

MACARONÉE s. f. (ma-ka-ro-né — Le nom des macaronées ou des vers macaroniques vient sans doute de celui des macaronis). Littér. Sorte de poésie burlesque, dans laquelle on emploie les mots de la langue vulgaire, avec des terminaisons latines : Dans la macaronék, le sel de l’expression résulte principalement de la nouveauté singulière et hardie d’une langue pour ainsi dire individuelle, qu’aucun peuple n’a parlée, qu’aucun grammairien n’a écrite, qu’aucun lecteur n’a entendue. (Ch. Nod.)

— Encycl. On désigne sous le nom de macaronée une espèce de poésie burlesque où les mots de la langue vulgaire reçoivent une terminaison lutine. Quelquefois aussi ces mots travestis et latinisés sont amalgamés avec des mots de pure latinité. Tel est le commencement de la cérémonie du Malade imaginaire

Quant à l’étymologie de macaronée, les Italiens ayant fait les premiers usage du style maearonique, il est fort probable que de mot vient de 1 italien macaroni, pâte composée de divers ingrédients. « Il n’y a rien de plus naturel, en effet, dit Ch. Nodier, que de comparer un discours hybride et confus à un mets hétéroclite dans lequel il entre des ingrédients de différentes natures, et cette forme se reproduit à tout moment chez nous dans salmi, macédoine et pot-pourri, qui signifient indistinctement l’un et l’autre. »

La règle essentielle de la poésie maearonique est exprimée dans le vers suivant, qui renferme à la fois le précepte et l’exemple : Qui nescit motos, forgere débet eos.

De toutes les macaronées que l’on connaît, la plus ancienne fut écrite par Tisi degli Odassi, sous ce titre : Carmen macaronicum de Palavinis quibusdam arte magica delusis (1490). Théophile Folengo, plus connu sous le nom de Merlin Coccaie, ou Merlin le Cuisinier, se fit une grande réputation par sa macaronée sur les Auentures de Dalbus (1517). On a souvent loué la verve de ce poïïme. "Selon Naudé, il n’est pas de plus divertissante raillerie. Le cardinal Mazarin le savait par cœur, et en récitait quelquefois des trois et quatre cents vers de suite.

Polengo trouva de nombreux imitateurs parmi ses compatriotes (Guarino Capella, Bernardino Stefonio, André Baîani, César "Vosinius, etc.). D’Italie le genre maearonique passa en Erance. Celui qui, parmi nous, s’y est le plus distingué estAntoinede LaSable, connu sous le nom d’Antonius de Arena. Le meilleur de ses ouvrages a pour titre : Meygra enlrepriza catoliqui Imperatoris, quando de anno Domini 1536 veniebat per Provensam bene carrossatus, in postam prendere Fransam cum villes de Provensa ; propter grossas et menutas gentes rejohiri, per Antonicum Arenum (Avenione, 1537, in-8°). Ce récit burlesque de la désastreuse expédition de Charles-Quint en Provence est d’autant plus curieux qu’il renferme beaucoup de particularités intéressantes, omises par les historiens contemporains. Le même auteur a composé encore un Poema macaronicum de bello hugonotico, où il fait un portrait peu flatté des huguenots :

Nunquam visa fuit canailla brigandior Ma ; Egorjanl iiomines, spoliant, forçantque puellas.

Massacrant, inque rivieras

Nudos dejiciunt mortos, pascuntque grenouillas.

Auriculas sacras pretris monachisque revellunt, Deque itlis faciunt andouillas atque bodinos, Aut ceroellassos praties de more Milani.

Rabelais a fait un heureux usage du style maearonique dans le chapitre xix du 1er jj. vre de Gargantua : la Harangue de maistre Janotus de Bragmardo, faicte à Gargantua pour recouvrer tes cloches.

On connaît encore la macaronée de Cécile Frey, sur la querelle entre les vignerons du village de Rueil et les archers de Paris : Jlecitus véritabilis super terribili esmeuta paysanorum de Ruellio. Mais une macaronée bien plus connue que les précédentes, et que l’on sait par cœur dans tous les collèges, c’est le Funeslissimus trepassus Micheli Morini. Le pauvre Michel Morin est assis sur la branche d’un orme qui se brise :

De brancha in brancham dégringolât, et faciens pouf, Ex arma cadit, et dunes obvertit Olympo....

MACARONI s. m. (ma-ka-ro-ni — mot ital., pi. de macarone, macaron). Pâte de fine farine, que l’on prépare en tubes allongés : Macaroni au fromage, au gratin, à l’italienne. Les Napolitains sont très-friands de macaroni.

— Méd. Poudre de sucre et de protoxyde d’antimoine, autrefois employée contre la colique de plomb, particulièrement par les religieux de la Charité de Paris.

— Encycl. Les fabricants du macaroni se servent de la farine du grano duro ou grano del mar Nero, qui n’est autre chose que le blé dur de la mer Noire.

Les Napolitains ne parlent qu’avec un ex MACA

trême dédain des macaronis que l’on vend dans le reste de l’Italie ; et, en vérité, le Voyageur le moins prévenu ne saurait s’empêcher de reconnaître que peu de vanités nationales sont fondées sur des titres aussi incontestables. Dans les familles aisées de Naples, on sert à table le macaroni deux ou trois fois au moins par semaine, et même, dans quelques-unes, une fois au premier service de chaque dîner. À chaque pas, dans la ville de Naples, on trouve des marchands de macaroni. Quelques-uns sont établis dans des espèces de boutiques ou de cuisines ; mais le plus grand nombre d’entre eux ont de simples fourneaux ambulants et débitent en plein air. Leurs clients ne se servent le plus souvent ni de cuillers, ni de couteaux, ni de fourchettes, ni même d’assiettes oud’écuelles ; ils élèvent le macaroni aussi haut qu’ils peuvent au-dessus de leur tête, et le laissentiiler avec adresse dans leur bouche sans en rompre les tubes. Autrefois, les marchands s’installaient sans façon aux portes des palais et le long de la strada Toledo ou des autres rues principales de Naples ; on est parvenu à les en écarter peu à pe, u ; mais il leur reste les carrefours, les allées, les avenues extétérieures de la ville. « Cuisine merveilleuse ! Ici l’on mange bien et l’on dépense peu ! » Telles sont les inscriptions que l’industriel fixe aime à. peindre ou à crayonner sur la muraille. Il expose au-dessus de la voie publique un drapeau blanc sur lequel est brodé le mot magique : Macaroni ; et à la flèche du drapeau il suspend une large couronne de laurier. 11 soulève en épaisses cuillerées les longs tubes fumants, et il porte le bras bien haut, certain que s’il vient a passer dans la rue, si loin que ce soit, un estomac vide et une bourse qui ne le soit pas entièrement, il n’aura point perdu sa peine. < Avec trois piastres par mois, dit M. Emile Maison, il. est facile à une famille de lazzaroni de se procurer un logement dans une cave, et de manger du macaroni depuis le matin jusqu’au soir. »

Dans tgutes les préparations que le macaroni peut subir, on commence par le faire cuire dans de l’eau bouillante ou mieux dans du bouillon, jusqu’à ce qu’il fléchisse aisément sous le doigt. On l’égoutte ensuite.

Si l’on veut préparer du macaroni à l’italienne, on fait fondre un morceau de beurre dans une casserole, on dispose dessus un lit de macaroni, puis du parmesan ou du gruyère râpé, un autre lit de macaroni, etc. ; on ajoute du poivre, une cuillerée de sauce italienne ; on remet quelques instants sur le feu et on dresse sur le plat.

Si, de plus, on gratine légèrement le dessus du macaroni, après l’avoir saupoudré de fromage râpé, on a le macaroni au gratin, cher aux Parisiens, qui ne le mangent guère autrement. On le prépare encore à la milanaise en l’arrosant de jus du viande, etc., etc. On peut aussi en faire des timbales ; mais alors on obtient un plat qui ressemble à une attrape, les convives supposant volontiers que les flancs d’une timbale recèlent autre chose qu’un vulgaire macaroni. Quant à y ajouter des truffes, comme font quelques prodigues, c’est gaspiller pour un trop mince résultat le précieux tubercule.

MACARONIQUE adj. (ma-ca-ro-iii-kerad. macaronée). Littér. S’est dit d’abord d’un genre de poésie burlesque dans laquelle on mêlait les mots italiens aux mots latins, et, plus tard, d’un autre genre de poésie burlesque, dans lequel on emploie des’mots de sa propre langue avec des formes latines : Vers macaroniques. Poésie MACARONIQUE.

— Encycl. V. macaronée.

Maearonique* (les) (Macaronea], de Merlin Coccaie (Théophile Folengo), le chefd’œuvre de ce poète et du genre maearonique. Cette épopée burlesque, écrite en vers latins mêlés de patois, d italien et de mots latinisés d’une manière facétieuse (ce qui constitue le langage maearonique), est le prototype de Gargantua et de Pantagruel ; Rabelais s’en est visiblement inspiré. Elle a pris droit de cité chez nous par une traduction du commencement du xvne siècle, un peu archaïque pour l’époque, traduction qui est elle-même un chef-d œuvre d’esprit, de verve, et que le bibliophile Jacob attribue à Robert Angot, sieur de L’Eperonnière (1COC). Cette traduction a été depuis réimprimée (Paris, 1859), sous le titre d’Histoire maearonique de Merlin Coccaie, avec l’excellente notice de G. Brunet sur son autour Th. Folengo.

Le poème de Merlin Coccaie est divisé en vingt-cinq macaronées, c’est-à-dire vingt-cinq chants. La donnée en est amusante, mais un peu confuse. Cela tient à la fois de l’Arioste et du Pulci, que Folengo, le poetè mantouan, imitait, et de Rabelais qui l’a imité à son tour. Mais, dans l’enchevêtrement des aventures, des descriptions et des récits, Folengo ne sut pas mettre l’art admirable du chantre du Itoland furieux, et l’auteur du Pantagruel l’a de beaucoup dépassé en imagination burlesque, en verve satirique.

Les héros du poème sont Balde, le géant Fracasse et Cingar, trois types vraiment curieux. Balde est le fils de Gui, descendant du fameux Renaud de Montauban et de Balduine, fille de Charlemagne, qu’il a enlevée et qui meurt dans le bourg de Cipade, en accouchant de son fils, comme Gargamelie de Gargantua. L’enfance de Balde, qui, destiné

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à être un géant, mange avec la voracité d’une autruche, et, pour se désaltérer, boit l’eau d’un bain, n’est pas sans de grands rapports avec celle du héros rabelaisien. Le livre III, qui traite des lectures qu’on lui fait faire pour lui aiguiser l’esprit, est, comme certain chapitre du Don Quichotte, précieux au point de vue de la bibliographie romanesque du temps. Devenu grand, Balde s’associe aux plus illustres des Cipadiens, à Fracasse, « qui mangeoit un veau à son déjeuner, et dont quatre-vingts pains à grand’peine pouvoient remplir les tripes, » et à Cingar, « Cingar l’afflneur, le subtil, la vraie sausse du diable, larron très-accord, toujours prêt à tromper, » qui a fourni bien des traits à Rabelais pour créer son Panurge. On le voit, en effet, toujours prompt à parler, prompt à marcher, prompt à faire mauvais guide aux passants sur les chemins, dit le poète, portant toujours certaine escarcelle pleine de crochets et de limes sourdes «avec lesquelles il entroit de nuit es boutiques de marchands, » dépouillant les hôtels, crochetant les troncs d’église et échappant toujours à la potence. Balde, Cingar et Fracasse remplissent de terreur la petite ville de Cipade, puis Mantoue. Dans cette dernière ville, a la suite d’une affaire, Balde est emprisonné ; Cingar, déguisé en cordelier, vient pour recevoir sa confession et le fait évader. Balde devient alors dans le poëme une sorte de chevalier errant, parcourant les terres et les mers ; il combat des pirates, extermine des sorcières et découvre les sources du Nil. C’est pur là qu’il pénètre aux enfers avec se3 compafnons. Il y a là de jolis épisodes, des traits e satire mordants. À la porto du paradis, Balde rencontre Pasquin, qui y a établi une auberge peu hantée des passants, o Or, vous saurez, dit le malheureux aubergiste, que nous avons tenu ici hôtellerie par l’espace de quarante ans avec fort peu de gaing, car les portes estoient toujours cadenassées et tourillées et toutes moisies, pourn’estre souvent remuées... »Le poète, après avoir promené ses héros dans les contrées souterraines et avoir fait recevoir leur confession par Merlin, confession assez irrévérencieuse entre parenthèses, les fait pénétrer dans le quartier des charlatans, des sorciers, des nécromants et des poètes, et, trouvant qu’ils sont là comme chez eux, il les y laisse et met fin à sa burlesque épopée.

Cette œuvre bizarre est bien, comme l’a dit le vieux traducteur français dans sa préface, a une histoire de belle invention autant diversifiée d’allégories et d’heureuses rencontres que les esprits et les goûts les plus différents sauroient désirer. Ainsi qu’en une table bien couverte, ajoute-t-il, chascun y peut rechercher des viandes à son appétit ; le subjet est universel. » Comme dans Rabelais, la satire des mœurs du temps, et surtout des mœurs du clergé, les parodies souvent irrévérencieuses de la religion, ou plutôt des

prières de l’Église, une certaine crudité d’expressions, qui cependant, étant latines, bravent un peu moins, comme dit Boileau, l’honnêteté, forment les traits distinctifs de ces Macaronea. Les traits satiriques dirigés par Folengo contre les moines sont cependant plus nets, plus francs que ceux de Rabelais, qui pousse au plus haut degré l’art de les masquer, sans les rendre inoins piquants. Comme Pulci, qui commence nombre de chants de son poème (Morgant le géant) par des versets d’Évangile, In principio erat Verbum, Gloria in excelsis, etc., Folengo ne se gêne pas de commenter irrévérencieusement saint Matthieu : Non in solo pane vivit homo, sed in ornni verbo quod proccait ex’ore Dei. Non homo, Cingar ait, solo de jiane cibatur, St’.d bovis et pingui vervecis carne ; probatur Istud Evangelio, quod nos mdt pascere verbo : Divide ver à bo, poteris cognocere sensum.

En divisant verbo, on a, en effet, vervex (mouton) et bo$ (bœuf). Quand Cingar s’habille en cordelier, il ne se croit pas moine seulement, il se croit digne d’être canonisé, l’habit lui ayant donné toutes les vertus.

Jam non is Cingar, sed sanctus rempe videlur.

Sub tvnicis latitant sacris quant sœpe ribaldit

Les reliques sont aussi spirituellement parodiées dans l’histoire du couteau de saint Brancat, qui ressuscite les gens auxquels il a servi à couper la gorge. Le plus grand mérite des Macaroniques- est dans ces satires piquantes, dans la création des types qui ont inspiré Rabelais : Balde, Fracasse, Cingar, et surtout dans ce style hybride, dont la saveur tient principalement, comme le remarque Ch. Nodier, « à la nouveauté singulière et hardie d’une langue pour ainsi dire individuelle, qu’aucun peuple n’a parlée, qu’aucun grammairien n’a écrite, qu’aucun lecteur n’a entendue et qu’il comprend toutefois sans peine, parce qu’elle est faite par le même art et des mêmes matériaux que sa langue naturelle. >

Maearonique (HISTOIRE DE LA POÉSIK), par

le docteur Genthe (1831, 1 vol. in-8"). Cette savante étude est consacrée, pour sa plus grande partie, à Th. Folengo (Merlin Coccaie) et à Antoine Arena, les deux poètes qui ont, le premier en Italie, le second en France, appliqué spécialement leur talent et leur verve à des compositions macaroniques. L’auteur a donné des détails précieux.sur leur vie et leurs productions, qu’il a analysées et