simplicité. Un Français se rend aux États-Unis vers l’année 1831, dans l’intention de s’y fixer, se dirige vers l’immense plaine du lac Huron, et pénètre dans l’intérieur du Michigan. Dans cette contrée, il rencontre un compatriote, nommé Ludovic, qui vit depuis cinq ans dans la solitude, et qui, pour édifier le voyageur sur la société américaine, lui raconte ses aventures. Lui aussi était venu chercher fortune en Amérique. S’étant fixé à Baltimore, il n’avait pas tardé à être reçu dans la maison d’un ministre presbytérien, nommé Nelsan, qui avait un fils nommé George et une fille appelée Marie. Cette jeune fille est un modèle de douceur et de vertu, et Ludovic la demande en mariage ; mais, avant d’accorder son consentement, le père tient à lui apprendre que Marie, par sa bisaïeule maternelle, est d’origine mulâtresse, et que cette origine est pour ses enfants, aux yeux de la société américaine, une tache indélébile et une cause permanente d’outrages et de persécutions. Bientôt Ludovic en juge par lui-même. Étant allé avec George au théâtre, son oreille est subitement frappée des clameurs violentes qui s’élèvent dans l’assemblée : « Qu’il sorte ! c’est un homme de couleur ! Quelle honte ! un mulâtre parmi nous ! Qu’il sorte ! le misérable ! l’infâme ! » Et presque aussitôt il voit George appréhendé, emporté et jeté à la porte par les hommes de la police, contre lesquels il se débat vainement. Le spectacle de ces insultes ne fait que redoubler l’affection de Ludovic pour cette digne et malheureuse famille, et Nelsan finit par consentir à l’union de Ludovic avec Marie ; mais cette union d’un blanc avec une femme de couleur excite une émeute. Maria, Ludovic et Nelsan sont obligés de quitter Baltimore et de se réfugier à Siginaw, où, épuisée par les fatigues physiques et par les tortures des longues persécutions endurées, la frêle et vertueuse Marie ne tarde pas à succomber. Pendant ce temps son frère George périssait en combattant, à la tête des hommes de couleur, les oppresseurs de sa race. Nelsan et Ludovic, désespérés, demeurent quelques jours sur les bords du lac Huron, puis le malheureux père retourne dans les États du sud, laissant Ludovic « qu’il s’était en vain efforcé d’attirer près de lui, mais qui ne voulut point quitter sa solitude et la tombe de Marie. »
Tel est le cadre dans lequel M. de Beaumont a esquissé les principaux traits de la société américaine. Il a fait ressortir ces deux points essentiels et caractéristiques des mœurs des États-Unis : l’esclavage qui pesait alors sur plus de deux millions d’hommes, et la violence du préjugé qui trace aujourd’hui encore une ligne de démarcation si profonde entre les nègres et les blancs. L’auteur s’est attaché surtout à montrer que ce préjugé tend à creuser de plus en plus l’abîme qui sépare les deux races, qu’il les suit dans toutes les phases de la vie sociale et politique, qu’il gouverne les relations mutuelles des blancs et des hommes de couleur, corrompt les premiers en les accoutumant à la domination et à la tyrannie, et fait naître entre les bourreaux et les victimes des haines terribles qui ont amené quelquefois de sanglantes représailles.
Ces observations, d’une très-grande exactitude il y a encore quelques années seulement, ont heureusement commencé à perdre de leur justesse depuis la guerre de sécession, à la suite de laquelle l’esclavage a été légalement aboli aux États-Unis.
Au sujet principal de son livre, M. G. de Beaumont rattache, sous forme d’appendices et de notes, un grand nombre d’observations diverses sur les mœurs américaines, l’égalité sociale, le duel, les sectes religieuses, les Indiens, etc. Ces suppléments remplissent la moitié de l’ouvrage. On ne doit pas oublier qu’en peignant la société américaine l’auteur ne présente que des traits généraux, et que l’exception, bien que non relatée, se rencontre souvent à côté du principe. Ainsi, il dit dans un passage qu’il n’existe en Amérique ni littérature ni beaux-arts ; cependant on rencontre en ce pays des hommes de lettres distingués, des artistes habiles et de brillants orateurs. On y trouve des salons élégants et des cercles polis, des sociétés intellectuelles à côté des sociétés industrielles.
Marie-Jeanne ou la Femme du peuple, drame en prose, en cinq actes et six tableaux, par MM. Dennery et Maillan, représenté sur
le théâtre de la Porte-Saint-Martin le 11 novembre
1845. Nous ne saurions mieux faire
que d’emprunter à M. Théophile Gautier l’analyse
de ce drame, dont le succès a été très-grand.
« Ce drame, dit-il, commence par où
les vaudevilles finissent ordinairement, c’est-à-dire
par un mariage. Il y en a même deux
qui viennent d’être célébrés quand la toile se
lève. Le premier est celui d une couturière
et d’un charpentier, de Marie-Jeanne et de
Bertrand, mariage d’inclination ; le second,
celui d’une demoiselle de grande famille et de
M. J ules de Bussières, mariage de convenance
ou plutôt mariage d’argent. Avant de se
mettre en ménage, jour a jour, sou par sou,
la digne ouvrière est parvenue à réaliser
1,500 francs, une fortune, un trésor qu’elle
croit inépuisable. Aussi, qu’importe que Bertrand
soit un peu bambocheur, qu’il néglige
parfois l’ouvrage pour le plaisir ? ne serontils
pas toujours assez riches ? D’ailleurs, Ber
MARI
trand Be corrigera ; il l’a promis. Hélas ! promesse d’ivrogne 1 Au bout d’un an les l,500 fr. sont dévorés ; Marie-Jeanne est réduite à la misère la plus affreuse ; en vain elle emploie à travailler les jours et les nuits que son mari passe au cabaret, les dettes s’accumulent ; le boulanger lui refuse crédit, le propriétaire lui donne congé. Chose cruelle surtout ! Marie-Jeanne est mère, elle adore son enfant, et il lui faut s’en séparer, parce que les jeûnes l’ont épuisée, et qu’elle ne peut
filus le nourrir de son lait. Pour payer d’avance es premiers mois de nourriture, elle a mis de côte, à l’insu de Bertrand, une trentaine de francs. Eh bien I ces 30 francs, Bertrand les trouve un jour ; il les vole et il va les boire. Accablée par ce dernier coup, et n’ayant plus d’espoir que dans la charité publique, Marie-Jeanne prend son fils en pleurant, le cache sous ses haillons, et va le porter à l’hospice des Enfants trouvés. Au moment où le tour se referme, elle pousse un cri déchirant, un cri de mère qui va réveiller un ivrogne endormi, près de là, dans le ruisseau. C’est Bertrand ; il reconnaît sa femme, il apprend combien il est coupable ; il se jette à ses pieds en la suppliant de lui pardonner, mais elle le repousse avec horreur : « Adieu I lui dit-elle, mauvais époux, mauvais père ! 11 n’y a plus rien de commun entre nous, je ne vous reverrai que le jour où vous me ramènerez mon enfantI ■ Voilà où Marie-Jeanne est arrivée après un an de mariage. Qu’est devenue M"8 de Bussières ? Elle a été plus heureuse ; elle a perdu son mari qu’elle n’aimait pas, et conservé un fils chéri que les médecins avaient condamné. Le sauveur de l’enfant est un certain Appiani, soidisant docteur de la Faculté de Bologne. Il a demandé, pour prix de cette guérison, la main de la jeune veuve, qui, en bonne mère, n’a pas cru devoir refuser. Le mariage ne peut tarder à se conclure, car Appiani, qui était allé soigner l’enfant chez sa nourrice, vient de le rapporter à Paris, sinon très-bien portant, du moins hors de tout danger. Pour les apprêts de sa toilette de noce, Mme de Bussières a fait chercher une ouvrière habile. On lui présente Marie-Jeanne : reconnaissance et épanchement. La grande dame s’émeut au récit des malheurs de la femme du peuple, et lui donne la somme nécessaire pour le rachat de son enfant. Transportée de joie, Marie-Jeanne court à l’hospice de la rue d’Enfer ; mais bientôt elle revient éperdue, criant, sanglotant ; on lui a volé son filsl Le jour même où elle l’a déposé, un homme qui n’a pas dit son nom est venu le réclamer comme le sien. Mme de Bussières cherche à la consoler, à lui redonner quelque espoir : « Vous le retrouverez ; lui dit-elle, il y a un Dieu pour les mères ! Le ciel m’a bien rendu mon enfant, que je ne croyais plus revoir ! > Et elle lui montre le berceau où dort l’innocente créature I Marie - Jeanne s’en approche... « Ah 1 c’est lui, mon Charles ! cest luil s’écrie-t-elle. — Lui ! votre fils ! pensez-vous ? — Oui, le voilà, je le reconnais I — Cette femme est folle, » dit froidement Appiani, qui est présent à la scène ; puis, appelant les domestiques et leur montrant Maria-Jeanne, il leur ordonne de*la conduire dans une maison d’aliénés. La malheureuse y est retenue depuis quelque temps déjà, sans avoir pu faire comprendre qu’elle n’est pas folle, et ne sachant plus elle-même si elle possède bien toute sa raison, lorsqu’un jour Bertrand vient la trouver, Bertrand qui ne devait la revoir qu’en lui ramenant sou fils. Il a découvert, en effet, que le jeune de Bussières est mort chez sa nourrice, entre les bras du docteur Appiani, et il apporte pour preuve l’acte de décès de l’enfant. Grâce à cette pièce, Marie-Jeanne obtient sa liberté, et court à l’hôtel de Bussières, où elle s’introduit furtivement afin de reprendre son fils, lorsqu’il serait beaucoup plus simple de se le faire restituer avec l’assistance de M. le procureur du roi. Surprise par Appiani, elle est près d’expier chèrement son imprudence, lorsque heureusement Bertrand accourt à son aide et démasque le prétendu docteur italien, qui n’est autre qu’un échappé des galères de Naples. Il y a dans cette pièce des tableaux vrais sans doute et des détails bien observés, mais elle est, à cause de cela même, infiniment pénible à entendre. Cependant le succès a été complet ; il a été magnifique, et on ne doit pas hésiter à l’attribuer au jeu puissant deMln< ; Dorval, qui jouait le rôle de Marie-Jeanne. Tout ce qu’on pourrait dire pour exprimer l’effet qu’elle produisait serait au-dessous de la réalité. ■ Laissons la plume à Alex. Dumas : ■ La pièce, c’était Dorval, c’est-à-dire, comme elle me l’avait raconté elle-même, une mère qui a perdu son enfant. Troi3 choses me frappèrent entre toutes : la voix dont elle disait à son mari : « Vous m’avez condamnée à être une mauvaise mère, je ne vous connais plus ! t la façon dont elle refermait la porte quand elle partait pour l’hospice ; puis enfin l’accent avec lequel, arrivée devant le tour où son enfant va disparaître, le tenant sur ses genoux comme la Madeleine de Canova tenait la croix, elle disait : «Adieu, mon petit ange ; adieu, mon ange adoré ; adieu, mon enfant chéri ; non, pas adieu, au revoir ! va, nous nous reverrons... Oh ! oui, oui, uous nous reverrons !» Oh ! la salle tout entière éclatait en sanglots et en gémissements. Je me précipitai dans la coulisse après l’acte, je la trouvai exténuée,
MARI
mourante. • Entends-tu, lui dis-je, entendstu comme on t’applaudit ? — Oui, j’entends, me dit-elle avec insouciance. — Mais jamais je n’ai entendu le public applaudir une autre femme comme il t’applaudit.’— Je crois bien, > médit-efleuvee un indicible mouvement d’épaules, les autres femmes lui donnent leur « talent ; moi, je lui donne ma vie. » C’était vrai : elle donnait sa vie au public, cette grande comédienne qui devait, quatre ans plus tard, mourir de douleur devant le berceau vide d’un enfant. »
Marie, opéra-comique en trois actes, paroles de Planard, musique de Hérold, représenté
pour la première fois à l’Opéra-Comique
le 12 août 1826. Cet ouvrage a révélé au
public l’un des maîtres les plus aimés de l’école
française, le successeur de Boieldieu.
Le poerae est intéressant et de bon goût ; les
caractères sont bien dessinés ; des situations
tour à tour gracieuses et touchantes ont offert
au compositeur un cadre approprié à la
faîcheur de ses idées et à son exquise sensibilité.
On ne trouve pas dans la partition de
Marie la couleur, les effets variés qui distinguent
celle du Pré aux clercs, ni la richesse
presque exubérante de Zampa ; le sujet simple
et presque épisodique de Marie ne demandait
que la vérité dans la déclamation,
du charme et de la grâce dans la partie vocale,
et une instrumentation sobre et élégante.
Hérold a rempli toutes les exigences
de ce programme sans dépasser la mesure.
Marie est l’œuvre où le génie d’Hérold, épuré
par le travail et dégagé des hésitations d«
la jeunesse, s’épanouit dans toute sa grâce
et donne la mesure de sa force. C’est dans
Marie qu’Hérold arrive pour la première fois
à la conscience de lui-même : il y met cette
tendresse ineffable d’un premier amour, ces
mélodies suaves et faciles qui s’exhalent de
l’âme comme le parfum de la fleur, et que
l’on ne peut donner qu’une seule fois dans la
vie. La scène du désespoir de Marie : Je suis
donc parvenue au comble du mat/ieur, la seule
vraiment pathétique de l’ouvrage, a été traitée
avec beaucoup d’énergie. Presque tous
les motifs de cet opéra ont joui d’un succès
prompt et populaire. Est-il besoin de rappeler
la cavatine si délicatement écrite : une
robe légère, que nous donnons plus loin ; la
barcarolle : Batelier, dit Lisette (v. batelier) ;
la romance : Je pars demain, il faut quitter
Marie ; l’air : Comme en notre jeune âge ;
enfin, les couplets : Sur la rivière ?
Amiante.
m
zm
ne ro- be lé"
fà=£
mm
4r
EfHS
=Fzs :
D’u- né en-tiè - re blan - cheur,
|S1
- =
■V—v-y Un. cha-peûu de ber - gè • re.
De nos bois u - ne fleur.
»B5
!ÈB=feQ
Ah ! tel- le est la pa - ru
3
f—z—►> feg
BHiEEEÊEEIEï
EEE
Dont je suis en - chan - té ;
aS3=sE5
m
znz
=t-
Et tou-jours la na - tu - re
i^n^^i^i
Em - bel - lit la beau - té, -£1£jêl±L
ÉSpgÉÈœiÊ
Et toujours La na- ture embel- lit, em - bel-lit — ll^fclppË
la
beau - té !
Marie de Rohan, opéra de Donizetti. V. Rohans.
MARIE (Pierre), écrivain ascétique et jésuite français, né à Rouen en 15S9, mort à
Bourges en 1645. Il s’adonna à la prédication,
et composa deux ouvrages qui ont eu un
MARI
grand nombre d’éditions : la Sainte solitude ou les Entretiens solitaires de l’âme (Douai, 1636) ; la Scierte du crucifix en forme de méditations (Paris, 1642),
MARIE (François), capucin et savant français,
né dans la seconde moitié du xvue siècle.
Il est le premier physicien qui ait conçu
un projet de photomeuie. Son traité sur ce
sujet parut en noo sous ce titre : Nouvelle
découverte sur la lumière, pour en mesurer et
compter les degrés (Paris, in-S°). Il proposait
de prendre pour mesure de l’intensité d’une
lumière le nombre d’écrans translucides, d’une
espèce donnée, qui seraient nécessaires pour
e.n intercepter tous les rayons. Il raisonnait
mal, même à son point de vue, puisque, d’après
les notions admises de son temps, l’intensité
des rayons transmis à travers les
écrans successifs aurait dû décroître en progression
géométrique. Mais on sait aujourd’hui
que la question est beaucoup plus compliquée
qu’elle ne pouvait paraître en 1700.
Bouguer réfuta lo Père Marie, dans son Essai d’optique sur la gradation de la lumière,
qui parut en 1729.
MARIE (l’abbé Joseph-François), savant français, né à Rodez en 1738, mort à Memel
(Prusse) en 1801. Après être entré dans les ordres
et avoir pris le grade de docteur en Sorbonne,
il devint successivement professeur
de philosophie au collège du Plessis, censeur
royal, professeur de mathématiques au collège
Mazarin en remplacement de Lacaille
(1762), sous-précepteur des fils du comte d’Artois,
et il obtint, en 1783, l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe,
près d’Angoulêine. Au commencement
de la Révolution, l’abbé Marie
suivit dans l’émigration le comte de Provence,
qui, appréciant son esprit et ses talents, l’employa
en maintes circonstances et le garda
auprès de lui à Mittuu, où il se fit aimer
de la famille royale pour l’agrément de sa
conversation et son caractère faeiie. Lorsque
Louis XVIII se vit contraint d’aller habiter
Varsovie, l’abbé Marie, le jour du départ, fut
trouvé dans son lit, mort, ayant un couteau
enfoncé dans le côté. On a cru qu’il s’était
frappé lui-même dans un moment de démence.
Marie était un habile professeur de mathématiques.
Il a aidé 1 abbé Godescard à traduire
les Vies des Pères, des martyrs et des
autres principaux saints d’Alban Butler (1761
et suiv.), et donné des éditions, avec des
explications et additions, de trois ouvrages de
Lacaille : Tables des logarithmes (176S) ; Leçons élémentaires de mathématiques (1770) ;
Traité de mécanique (1774).
MARIE (Alexandre-Thomas), homme politique et avocat, membre du gouvernement provisoire de 1848, né à Auxerre en 1795, mort
à Paris en 1870 :4Lfut reçu avocat à Paris en
1S19, concourut pour une chaire à la Faculté
de droit, s’occupa quelque temps de travaux
philosophiques et enfin se consacra entièrement
au barreau. En 1830, il était déjà honorablement
connu ; en peu de temps les procès
politiques le firent arriver à la célébrité. Défenseur
des accusés de juin 1832, de Cabet,
de Pépin (affaire Fieschi), il était considéré
comme une des notabilités de l’opposition de
gauche, lorsqu’il fut nommé député de Paris
en 1842. Il parla peu d’ailleurs, et manifesta
son opposition par ses votes plus que par ses
discours, comme s’il eût voulu se dérober
aux luttes parlementaires et garder toutes
ses forces pour le palais. Il avait d’ailleurs
conquis une juste renommée dans les procès
de presse et les causes démocratiques.
Réélu en 1S4G, il prit part à la campagne
des banquets et parut se rapprocher de la
démocratie radicale en prononçant au banquet
d’Orléans un toast à l’amélioration du
sort des travailleurs. Le 24 février, il monta
le premier à la tribune pour combattre la
proposition de régence et proposa lui-même
la nomination d’un gouvernement provisoire,
motion qui fut reproduite par Lamartine et
Ledru-Rollin, et acclamée. Placé sur la liste
dressée à la Chambre, Marie alla s’installer
avec ses collègues à l’Hôtel de ville et fut
chargé en outre du ministère des travaux publics.
Il fit partie de la fraction la plus modérée
du gouvernement. Ce fut lui qui organisa
les ateliers nationaux, moins peut-être
pour soulager la misère des ouvriers sans travail
que pour faire échec au socialisme et à
Louis Blanc, pour élever autel contre autel,
comme il l’a dit lui-même, enfin pour contrebalancer
les ouvriers sectaires du Luxembourg
et les ouvriers séditieux des clubs, comme le
dit Lamartine avec autant de franchise que
d’inconvenante crudité.
Nommé représentant de la Seine à l’Assemblée constituante, Marie fut désigné par 702 suffrages pour faire partie de la commission exécutive. On connaît son rôle au début des terribles événements de Juin. Recevant au Luxembourg une délégation des ouvriers, il exagéra la fermeté, s’emporta en paroles véhémentes, lui dont le devoir eût été de calmer les passions, et’contribua ainsi à pousser les travailleurs au désespoir et à l’exaspération et à précipiter la guerre civile.
Il tomba avec la commission exécutive, mais fut appelé au ministère de la justice par C’avaignac. Ce fut lui qui présenta la loi contre la presse, du 11 août 1848, et qui obtint de l’Assemblée l’autorisation de poursuites contre Louis Blanc et Caussidière. Jusqu’à l’élection présidentielle, d’ailleurs, on le vit s’associer à toutes les mesures de réaction et vo-