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et presque aussi largo. Ella résume les attributs de Quetzacotl, le serpent emplumé, dieu du vent ou du souffle, de Tlaloc, dieu du tonnerre, des nuées et des pluies, et de Vitzpopoltili, dieu de la guerre. Sous la plante de ses pieds est sculpté en bas-relief Miclanteutli, dieu de l’enfer et de la tombe. C’est également dans ce musée qu’on voit la prétendue pierre des sacrifices, expliquée par de Humboldt, et ornée de bas-reliefs représentant des scènes de combat. Par suite d’un accident, cette pierre fut percée au centre et fendue d’une sorte de rigole. L’illustre savant crut voir, à tort, dans cette rigole, le canal par où s’écoulait le sang du guerrier sacrifié en combattant sur la pierre. D’après certains archéologues, cette pierre porte l’effigie du soleil et des signes dédicatoires ; selon d’autres, c’est un monument commémoratif des victoires du roi Tizoc sur les tribus insoumises autour de Mexico. Cette pierre en porphyre basaltique a 2D1,67 de diamètre et 0>n,53 d’épaisseur. Le musée contient en outre : une belle statue de femme coiffée de plumes ; une statuette du dieu Tlaloc, le plus ancien de la terre selon les Mexicains ; une grande statue trouvée au sommet de la montagne de Tepulco en 1847 ; plusieurs images, du dieu Quetzacotl ; une figure qui, selon de Humboldt, représente une prêtresse, dont les yeux sont de cuivre ; une statuette de personnage accroupi, fréquemment sculptée sur les monuments, mais inexpliquée jusqu’ici ; un bas-relief où se voient les rots Tizoc et Ahnitzotl offrant une libation de sang humain au Feu ; une pierre sculptée constatant l’érection du téocalli ou temple de Mexico en 1487 ; une grande pierre provenant d’un édifice appelé le Tlachtli, sorte de gymnase où se jouait le jeu de paume ; un modèle en petit de temple. Parmi les ustensiles et objets portatifs a l’usage des anciens Mexicains, on peut citer des encensoirs à brûler le copal, ■ des pipes, des haches, des lances en obsidienne, le teponatzli ou tambour sacré, des sifflets, des flûtes en terre cuite et autres instruments de musique ; une sorte de joug en serpentine polie et gravée qui servait] a assujettir le cou des victimes humaines sur les pierres de sacrifices ; des masques de représentations théâtrales ; un symbole chronologique, consistant en un faisceau de baguettes orné de signes particuliers ; un sabre dentelé, le macuahuitl, avec lequel les guerriers tranchaient d’un coup la tète d’un cheval ou fendaient un homme en deux ; des bannières en plumes de l’oiseau nouiniô quetzalli, et qui étaient les insignes honorifiques des grands dignitaires civils et militaires de la couronné, le hinizanuatl et le tizovahua-

Parmi les autres curiosités de Mexico, nous signalerons : le couvent de l’Incarnation, dont l’église renferme une statue de la Vierge en argent massif et du plus beau travail ; les deux hospices ; l’église de l’hôpital do Jésus, qui renfermait le mausolée de Cortez, son fondateur ; la place Santo-Domingo, ornée d’une petite fontaine ; la Douane, vaste édifice à la porte duquel se fait un grand mouvement ; la fontaine de Salto-del-Agua, qui offre des colonnes torses avec chapiteaux corinthiens supportant’deux figures symboliques de l’Amérique et de l’Europe.

Terminons par quelques considérations générales sur les mœurs et usages des habitants de Mexico, empruntés aux intéressants ouvrages de MM. de Charnay et E. Vigneaux.

« Uno population bizarrement mélangée se succède sans interruption, bien que sans tumulte, dans les rues do Mexico. Suivant un dicton qui avait cours à Paris il y a quelque cent ans, on ne pouvait s’arrêter un quart d’heure sur le pont Neuf sans voir passer un cheval blanc, un soldat, un moine et une jeune fille ; on peut en dire autant de chaque coin de rue à Mexico ; il faut y ajouter les pordioseros. Le pordiosero est le mendiant. L’habitude de demander au nom de Dieu, por Dios, lui a valu ce nom que l’usage a consacré. Une des choses qui donnèrent à Cortez une haute idée de la civilisation aztèque, à son arrivée à Mexico, ce fut le nombre des mendiants : il y en avait autant, dit-il, qu’en aucun pays civilisé. Cette observation était de bonne logique chez un homme qui ne pouvait pas concevoir la société autrement que divisée en clergé, noblesse et tiers état, et qui comprenait cependant que, pour qu’il y eût des gens très-riches avec une pareille organisation, il fallait qu’il y en eût de très-pauvres. Si Cortez revenait, il jugerait très-favorablement du développement moral du

Mexique, en voyant la quantité de pordioseros de la capitale, sauta aller rectifier ses idées aux États-Unis. Jamais les cours des Miracles n’ont vu, je crois, de types plus vigoureusement accentués, plus sévères et

plus navrants que ceux dequelques mendiants de Mexico, deini-nus sous des lambeaux de guenilles. L’opinion publique, dans les pays chauds, n’a pas de ces pudeurs qui s’effarouchent devant un torse nu, et, sans descendre jusqu’aux mendiants, il n’est pas rare de rencontrer un marchand de vieux oing portant sur sa tête sa dégoûtante marchandise, et n’ayant d’autre vêtement qu’un petit caleçon de cuir. Parmi les figures attristantes de Mexico, il faut mentionner les présidarios ou galériens, que l’on emploie au balayage des rues et promenades. Us vont enchaînés deux it deux et escortés d’un piquet d’infanterie ;

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les soldats se montrent fort tolérants envers eux, du reste, et les laissent volontiers s’échapper, s’ils peuvent le faire sans trop se compromettre.

Le centre de la ville est européen, presque français. Dans les rues Plateros, San-Francisco, de la Professa, del Espiritù-Santo, etc., on entend aussi souvent le français que l’espagnol ; presque tous les gens bien élevés parlent notre langue. Dans ces quartiers, le paletot et la redingote dominent, le chapeau noir est bien porté ; les jeunes gens y sont mis à la dernière mode. Chaque mois, le paeket anglais les éclaire à ce sujet ; aussi les tailleurs font-ils fortune.

’ Le peuple de Mexico est composé de métis de toutes les teintes et de quelques Indiens fournissant au commerce les domestiques mâles ou femelles, les cargadores ou les porteurs d’eau. Dans les faubourgs, c’est une fourmilière de femmes et d’enfants en guenilles, d’ignobles bouges d’où s’échappent des odeurs méphitiques. Tous ces êtres rongés de vermine, les cheveux épars, ne présentent que l’aspect d’une population étiolée par le mauvais air, ’ la mauvaise nourriture et la débauche. Souvent, sur la porte des masures, une femme accroupie tient entre ses genoux la tête, d’un enfantj elle semble s’efforcer, mais en vain, d’arrêter la fécondité de la population parasite qui le dévore ; quelquefois, c’est un heureux soldat qui jouit de ce doux privilège.

Le tepero de Mexico a sur ses congénères de la république la même supériorité que celle du fazzarone de Naples, auquel il ressemble tant, sur ses pareils des autres villes d’Italie. Il est plus malin, plus subtil, plus audacieux, plus effronté, plus narquois, plus spirituel ; son intelligence et son imagination ont un rayon plus vaste : il est plus complet, en un mot. Il a au service de son humeur gouailleuse un répertoire aussi riche que celui du gamin de Paris lui-même. Les moines et les padres forment avec les leperos une alliance indissoluble. Us se traitent de père à fils, et ces derniers habitent presque tousses maisons qui appartiennent aux corporations religieuses ou au clergé. L’un est toujours le débiteur de l’autre ; mais celui qui reçoit le plus n’est pas celui qu’on pense ; aussi le ptidre peut-il impunément traverser des routes infestées de voleurs ; on les dépouille rarement, et quelques esprits forts se hasardent seuls à leur demander la bourse ou la vie. On appelle ordinairement les voleurs du nom familier de compères, compadres. >

La principale curiosité des environs de Mexico est Chapullepec, le mont aux Cigales, séjour favori de Montézuma et des rois de sa dynastie qui l’avaient précédé. Montézuma y possédait un magnifique palais entouré de délicieux jardins et sur l’emplacement duquel s’élève un château construit en 1785 par le vice-roi don Bernardo. Ce château a été transformé en école militaire. Du haut de sa plate-forme, on découvre un superbe panorama. Sur l’emplacement des jardins croissent de gigantesques cyprès de plus de 50 pieds de circonférence. Leurs longues branches entrelacées forment, à une grande hauteur, une coupole verdoyante que les rayons du soleil ne peuvent percer et sous laquelle la voix.humaine résonne comme sous les voûtes d’un temple.

Entre Chapultepec et Mexico se trouve le petit pueblo de Popotla, où la tradition veut que Cortez ait mis pied à terre pour voir défiler son armée en déroute. Dans le parvis de l’église bâtie par le conquérant en mémoire de ce jour néfaste, se voit un vieux cyprès sous lequel se reposa le guerrier espagnol.,

Nous dirons peu de chose de l’histoire dé Mexico, parce qu’elle est intimement liée à celle du Mexique (v. ce mot). Cette ville possédait plus de 300,000 habitants et était la capitale des Aztèques lorsque Montézuma fut vaincu par Cortez (1521). Elle tomba alors au pouvoir des Espagnols qui la gardèrent, ainsi que tout le pays, jusqu’en 1810. Mexico devint à cette époque la capitale du gouvernement national. Il a été depuis le théâtre de nombreuses révolutions politiques, notamment de celle de 1828. En 1863, un corps expéditionnaire français l’occupa, et, l’année

suivante, Mexico devint la capitale d’un empire éphémère, créré en faveur de l’archiduc Muximilien d’Autriche, qui fut fusillé en 1867. Le président Juarez reprit alors possession de Mexico et y rétablit le gouvernement national.


MEXIMIEUX, bourg de France (Ain), ch.lieu de cant., arrond. et à 40 kilom. E. de Trévoux ; pop. aggl., 1,766 hab. ;— pop. tot., 2,172 hab. Petit séminaire, château.


MEXIQUE, vaste contrée de l’Amérique septentrionale, comprise entre les deux Océans, l’Amérique centrale et une ligne tirée du cap Saint-François jusqu’aux sources du Rio del Norte, suivant ensuite le cours des rivières Rouge et Sabine jusqu’à l’embouchure de cette dernière. Après avoir appartenu pendant trois siècles à l’Espagne, le Mexique a été démembré en plusieurs États indépendants : la république du Mexique ; le Nouveau-Mexique, la Nouvelle-Californie et le Texas, annexés aujourd’hui aux États-Unis anglo-américains ; les républiques de l’Amérique centrale et la colonie anglaise de Balize.


MEXIQUE, État de l’Amérique du Nord, qui s’étend au S. des États-Unis américains ; ses limites sont, à l’E., l’océan Atlantique, qui y forme le grand golfe du Mexique ; au S., la république de Guatemala et la colonie anglaise de Balize ; à l’O., l’océan Pacifique ; enfin, au N., les États-Unis. D’après le traité conclu avec le gouvernement de ce dernier pays le 30 décembre 1853, la frontière part de l’embouchure du Rio del Norte ; elle remonte le cours du fleuve jusqu’au 3l<> 27’ de latitude qu’elle suit à l’O. pendant 150 kilom., descend ensuite au S. jusqu’au 31» 21’de latitude, le suit jusqu’au 113020’ de longitude du méridien de Paris ; puis elle se dirige au N.-O. jusqu’à la rencontre du Rio Colorado avec le 32° 29’ 45" de longitude, et enfin elle suit le cours de cette rivière jusqu’à la rencontre de la ligne qui divise les deux Californies et vient aboutir à 5 ou 6 kilom. au S. de la baie de San-Diego. Le Mexique, situé entre 80" 55’ et 119° 30’ de longit. O., et 15» et 329 40’ de latit. N., a 2,500 kilom. de l’O. À l’È., 3,800 kilom. du N.-O. au S.-E., et une population d’environ 8,280,000 hab., dont les deux tiers sont indigènes.

Aspect général ; montagnes, rivières, lacs. Le Mexique est une contrée tropicale, non dans sa totalité, mais pour la moitié au moins de son étendue. Le tropique du Cancer, qui enveloppe notre hémisphère sous le 23e degré et demi de latit. N., coupe le territoire mexicain en deux parties presque égales, laissant au delà du tropique, c’est-ii-dire au nord, la portion du territoire la plus large de l’est à 1 ouest, et en deçà, c’est-à-dire au sud, une partie beaucoup plus longue, mais qui va se resserrant de plus en plus jusqu’à la limite du Guatemala. Sa frontière septentrionale, du côté du Texas et de la Californie, présente une ligne de plus de 2,000 kilom. Le développement de ses côtes, sur le grand Océan, est de 3,200 au moins, et de 2,000 environ sur le golfe du Mexique. Si la puissance des États se mesurait à l’étendue relative de leur territoire, le Mexique serait quatre fois plus puissant que la France, et sept fois plus que la Grande-Bretagne. Mais sur une superficie de près de 200 millions d’hectares, on ne trouve qu’une population insuffisante et peu éclairée.

Le Mexique comprend presque en entier un immense plateau aride et sablonneux, qui s’incline un peu vers le nord et qui est formé par la chaîne des montagnes Rocheuses, dont la crête le traverse en prenant les noms.de sierra Madré, de sierra de Acha, de sierra de los Mimbres, etc. Suivant l’observation de ’ Humboldt, il existe à peine sur le globe un point dont les montagnes présentent une construction aussi extraordinaire que celles de ce pays.« La chaîne de montagnes qui forme le vaste plateau du Mexique, dit ce savant, est la même que celle qui, sous le nom d’Andes, traverse toute l’Amérique méridionale ; cependant la construction ou charpente de cette chaîne diffère beaucoup au S. et au N. de l’équateur. Dans l’hémisphère austral, la Cordillère est partout déchirée et interrompue par des crevasses ; s’il y existe des plaines élevées de 2,700 à 3,000 mètres, comme dans la république de l’Equateur, et plus au N. dans la province de Pastos, elles ne sont pas comparables en étendue à celles du Mexique. Ce sont plutôt des vallées longitudinales, limitées par deux branches de la grande Cordillère des Andes. Au Mexique, au contraire, c’est le dos même des montagnes qui forme le plateau ; c’est la direction du plateau qui désigne, pour ainsi dire, celle de toute la chaîne. Au Pérou, les cimes les plus élevées constituent la crête des Andes ; au Mexique, ces mêmes cimes, inoins colossales, il est vrai, mais toutefois hautesde4,900à5,400 mètres, sont ou dispersées sur le plateau, ou rangées d’après des lignes qui n’ont aucun rapport de parallélisme avec l’axe principal de la Cordillère. En général, le plateau mexicain est si peu interrompu par les vallées, sa pente est si uniforme et si douce, que jusqu’à la ville du Durango, située à 140 lieues de ’ Mexico, le sol reste constamment élevé de 1,700 a 2,000 mètres au-dessus du niveau de l’oeéan voisin. Le plateau du Mexique s’abaisse insensiblement vers le N. ; aucune masure n’a été faite, au Mexique, au delà de ■ Durango ; mais les voyageurs observent que le terrain s’abaisse visiblement vers le Nouveau-Mexique et vers les sources du Rio Colorado. » Parmi les quatre plateaux situés autour de la capitale du Mexique, le premier, qui comprend la vallée de Toluca, a 2.G00 mètres ; le second, ou la vallée de Tenochtitlan, 2,274 ; le troisième, ou la vallée d’Actopan, 1, ’JGG mètres ; et le quatrième, ou la vallée d’Istla, 981 mètres de hauteur. Ces quatre bassins diffèrent autant par le climat quo par leur élévation au-dessus du niveau de l’Océan. Chacun d’eux offre une culture différente : le dernier, et le moins élevé, est propre à la culture de la canne à sucre ; le troisième, à celle du coton : le second, à la culture du blé d’Europe, et le premier à des plantations d’agaves, que l’on peut considérer comme les vignobles des Indiens Aztèques. Les montagnes les plus élevées sont celles de Citlatlepetl (5,308 met.), Nevada de Toluca (4,623 met.), Cofre de Peroto (4,088 met.). Les habitants du Mexique considèrent à peine les montagnes volcaniques comme une curiosité, tant elles y sont nom MEXI

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breuses. Presque tous les sommets des Cordillères américaines offrent des cratères. Celui du Popocatepetl, dont l’élévation est de 5,400 mètres, peut avoir 2 kilom. de circonférence. L’Orizaba (5,295 met.) est également un volcan qui, en 1545, fit une éruption, et continua de brûler pendant vingt années ; cotte montagne est nommée par les Indiens Citlatlepetl ou montagne de l’Étoile, en mémoire de Quazalcohnatl, surnommé l’Étoile du matin, et que la légende fait disparaître au pied de cette montagne. On peut mentionner encore, comme étant en activité, les volcans de Colima (3,658 met.), de Jornllo et celui situé entre Alvarado et le fleuve Goatzacoaleo ; les cendres de ce dernier, qui fit éruption en 1793", arrivèrent jusqu’à Perote, à 240 kilom. de distance en droite ligne. Les flancs de ces colosses coniques, ornés de belles forêts de cèdres et de pins, ne sont

f> !us bouleversés par des éruptions, ni silonnés par des torrents de lave enflammée ; il paraît même que les coulées de lave proprement dites sont rares au Mexique. Cependant, en 1757, les plaines de Jorullo, sur les bords de l’océan Pacifique, furent le théâtre d’une des catastrophes les plus grandes qu’ait jamais essuyées le globe ; dans une seule nuit, il sortit de la terre un volcan de 1,300 mètres d’élévation, entouré de plus de 2,000 bouches qui furent encore aujourd’hui. Humboldt et Bonpland descendirent dans le cratère embrasé du grand volcan jusqu’à 84 mètres de profondeur perpendiculaire. Malgré ses nombreuses montagnes, le Mexique est en général mal arrosé. Il manque d’eau et de rivières navigables. Le Bravo del Norte et le Colorado sont les seuls grands cours d’eau qui puissent fixer l’attention, tant à cause de la longueur de leurs cours qu’à cause de la grande masse d’eau qu’ils portent à l’Océan ; mais le premier coulant à la frontière et dans la partie du Mexique la plus inculte, l’autre ne lui appartenant que dans la dernière partie de son cours, ces deux fleuves resteront longtemps sans intérêt pour le commerce. Dans toute la partie équinoxiale du Mexique, on ne trouve que de petites rivières dont les embouchures sont considérablement larges. La forme étroite du continent y empêche la réunion d’une grande masse d’eau, et la pente rapide de la Cordillère donne plutôt naissance h des torrents qu’à des fleuves. Dans la partie méridionale, les principaux cours d’eau sont : le rio Guatzacualco, et les fleuves Ta- ’ basco et Uzumacinta, tous les deux à l’est de la Vera-Cruz, et propres à faciliter les communications avec le Guatemala ; le rio de

Montézuma, qui porte les eaux des lacs et de la vallée de Tenoehtitlan au rio de Panuco, et par lequel, en oubliant l’élévation du terrain, on a projeté une navigation depuis la capitale jusqu’à la côte orientale ; le rio Tamesi ; le rio de Zacatula, que l’on nomme encore Mexcala ; le grand fleuve de San-Iago ou Tololotlan, formé de la réunion des rivières de Lerma et de las Lajas, qui pourrait porter les farines de Salainatica, de Zelaga, et peut-être celles de tout l’État de Jalisco au port de San-Blas, Sur les côtes de l’océan Pacifique Les lacs dont le Mexique abonde, et dont la plupart diminuent annuellement, ne sont que des restes de ses immenses bassins d’eau qui paraissent avoir existé jadis dans les grandes et hautes plaines de la Cordillère. Nous citerons le grand lac de Chapalla, entre les États de Jalisco et de Mechoacan, qui a près de 2,550 kilom. carrés ; les lacs de la vallée de Mexico, qui occupent le quart de la surface de cette vallée : ces lacs sont ceux de Tezeueo, le plus grand de tous ; de Xochimilco, de Cholco, de San-Christobal et de Zumpango ; le lac de Patzenaro, dans l’État de Mechoacan, un des plus pittoresque du globe ; le lac de Mextitlau et celui de Parras, dans l’État de Durango.

Climat, flore, faune, productions minérales. Sous le rapport du climat et des cultures, le Mexique offre trois grandes divitions que les Espagnols avaient depuis longtemps désignées par des noms caractéristiques, et qui pourraient se sous-diviser elles-mêmes presque à l’infini, soit en raison des altitudes successives, soit par l’effet de plusieurs circonstances, notamment la diversité des expositions. La première de ces trois zones, appelée la Terre chaude (Tierra caliente), part du littoral et s’étend jusqu’à une certaine hauteur sur le plan incliné par lequel on monte au plateau. La nature végétale y est d’une puissance exubérante, par l’excès même de la température et par la présence des eaux courantes, qui s’y montrent plus qu’ailleurs. Cette zone a une végétation particulièrement active sur le versant oriental du Mexique, parce que les vents dominants, les vents alizés, arrivent de ce côté chargés de l’humidité qu’ils ont recueillie dans leur longue course sur la surface de l’Océan. Elle se distingue par les cultures connues sous le nom de tropicales, c’est-à-dire par celles du coton, du sucre, des bananes, de l’indigo, etc. Malheureusement, sur plusieurs points, surtout dans le voisinage des ports que baigne l’océan Atlantique, elle est désolée par la fièvre jaune, dont le foyer pestilentiel est dans des marécages que l’industrie humaine réussira quelque jour à dessécher, quand elle voudra y appliquer les puissants moyens dont elle uispose aujourd’hui. Au-dessus, à mi-hauteilr sur le

plan incliné, s’étend la zone appelée la Terre