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quelques-unes aux. descendants de leurs premiers détenteurs ; ainsi se formèrent les énormes possessions des ducs de Monte-Leone, des comtes de Valle, de San-Miguel de Aguayo, de Sun-Jago et tant d’autres. Des dons et des legs pieux livrèrent d’immenses domaines au clergé séculier et régulier, Les acquisitions faites par de riches Espagnols des domaines de l’État et des biens des indigènes, au temps où lu terre avait fort peu de valeur, constituèrent une troisième classe de grands propriétaires, et plusieurs domaines privés très-considérables s’établirent ainsi. Enfin, les possessions de petites exploitations rurales, désignées sous le nom de haciendas et situées, pour la plupart, autour des villes ou des localités importantes, formèrent une quatrième classe de détenteurs du sol. Toutes les possessions, grandes où petites, que nous venons d énumérer, ne tardèrent pas à être entre les mains des Espagnols. Les neuf dixièmes au moins des Indiens, autrefois maîtres du pays, et des créoles de sang mêlé, pauvres et avilis par l’opinion, se virent insensiblement réduits à la qualité de serviteurs des gens aisés et durent vivre dû travail de leurs mains. Il en résulta qu’au bout de peu de temps ils restèrent absolument étrangers au gouvernement du pays. La disposition physique du Mexique lui permettait difficilement de devenir un empire commerçant, dans l’acception la plus large de ce mot. La métropole ne jouait, en réalité, que le rôle d’intermédiaire entre les sujets mexicains et les producteurs européens, et, par le fait, c’était aux mains de ces derniers que passait la plus grande partie des métaux précieux du Mexique. Le monopole frappa également les produits de la terre ; certaines cultures furent interdites à la Nouvelle-Espagne, afin de ménager les intérêts de la métropole ; i ! y en avait d’autres qui eussent pu devenir pour le pays une source d’incalculables richesses, telles que le café, l’indigo, le cacao, etc., et qui, sévèrement réglementées, ne furent plus permises que dans la limite de la consommation espagnole. Ces fautes eurent de très-fâcheuses conséquences. Le Mexique s’était dépeuplé il la suite de la conquête et des maladies contagieuses ; bientôt de vastes territoires, d’une admirable fertilité et compris dans les provinces les plus heureusement situées de l’ancien empire de l’Anahuac, se convertirent en solitudes incultes et improductives. Sur les trois millions d’individus de race blanche et de rare mixte qui peuplaient le Mexique, les dix-huit vingtièmes ne savaient ni lire ni écrire. La société était dirigée par un clergé presque aussi ignorant, mais qui eut assez d’astuce et d’ambition pour se rendre maître, durant trois cents ans, de la plus grande partie des biens du pays. Ce clergé, outre l’influence qu’il exerçait par ses immenses richesses, avait monopolisé l’éducation et égaré l’esprit du peuple dans les collèges, dans la chaire et dans les confessionnaux, où il répandait les idées les plus propres à assurer sa puissance dominatrice. En s’introduisant dans le sein des familles, il observait et dirigeait les plus secrètes actions de la vie privée, s’érigeant ainsi en censeur tyrannique et abusant très-souvent de la confiance qu inspirait son caractère pour commettre les actes les plus odieux et les plus immoraux ; enfin, ce clergé, qui avait acquis le droit de diriger toutes les affaires publiques, avait en même temps la prétention de ne dépendre en rien du gouvernement ni de la nation même, sous le prétexte qu’il remplissait, disait-il, une mission divine sur la terre. Sous l’influence d’une institution aussi monstrueuse, le Mexique, démoralisé, énervé, abâtardi, devait être constamment la victime des vicissitudes et des maux les plus funestes à sa prospérité. L’homme dont l’habitation était placardée d’images de saints et qui allait entendre la messe tous les jours, qui se confessait et communiait souvent, était regardé comme un homme exemplaire, bien qu’il fût criminel et se livrât aux vices les plus honteux. L’hypocrisie était célébrée au Mexique comme a première des vertus, et la franchise, la loyauté châtiées comme un crime. Telle était alors, telle est encore aujourd’hui au Mexique la religion de la multitude.

Dans les principales villes du Mexique, le peuple était plongé dans la plus affreuse misère, conséquence de l’état d’abjection et d’abrutissement dans lequel on le maintenait. Accoutumé à la paresse, à une vie vagabonde, il avait pour divertissements favoris les combats de coqs et de taureaux, les processions, ’qui étaient presque journalières, les neuvaines, et en dernier lieu les tripots et les tavernes, où il passait le temps à jouer ou à s’enivrer, car plus de la moitié de l’année se composait de jours de fête. Il était naturel qu’une population livrée à de tels passetemps fût misérable et dégradée et qu’elle manquât du nécessaire, même pour couvrir sa nudité. Ce peuple, cependant, occupait les trois quarts des grandes villes de la Nouvelle-Espagne. Les classes aisées du pays, qui sa composaient de quelques comtes, marquis et autres nobles, de propriétaires, d’agriculteurs et de commerçants, manquaient généralement d’instruction, et l’on pouvait dire avec raison qu’ils ne se distinguaient du vulgaire que par l’habit et parce qu’ils savaient imparfaitement lire, écrire et compter. Les seuls livres qu’ils connussent étaient l’Almanach, le Catéchisme du Père Ripalda, l’Année chrétienne, la Vie des saints et autres de ce genre. La noblesse se distinguait par son ignorance absolue. Pour la vie tranquille et monotone de ce pays, le savoir était inutile, surtout pour les Mexicains, qui étaient exclus de tous les emplois et à qui il était absolument interdit de s’immiscer dans la politique. Pour une telle vie, l’instruction était de trop, et ce qui importait le plus était de se procurer assez d’argent pour jouir le plus possible de la vie matérielle. La classe la plus distinguée du Mexique se composait des hommes qui exerçaient les professions dites libérales, telles que celles d’avocat, de médecin, et même ceux-ci étaient-ils loin d’être regardés comme des hommes instruits. Les chefs d’institution et les professeurs ne jouissaient d’aucune considération et étaient assimilés dans la société aux artisans les plus humbles. Dans les collèges, on enseignait, le latin du moyen âge, les canons et la théologie scolastique. À cette instruction vicieuse, on joignait les principes les plus faux en matière administrative ; aussi la vraie science était celle qui consistait a acquérir de la fortune, quels que fussent les moyens employés. Les exemples contagieux de plusieurs vice-rois, tels que Branciforte, Yturrigaray, Apodaca, qui emportèrent des millions avec eux, séduisaient quiconque maniait les deniers publics.

Malgré la corruption à peu près générale et l’abaissement des caractères, les privilèges exclusifs dont jouissaient, au détriment des colons, les Espagnols de naissance, ces privilèges, qui froissaient profondément la fierté aussi bien que les intérêts des familles castillanes devenues mexicaines, avaient développé chez celles-ci un ferment de jalousie et d’aversion que la première occasion devait faire éclater. Le Mexique renfermait tous les éléments d’une.guerre de castes, la plus acharnée, la plus implacable de toutes les guerres. On sait quels événements en furent le signal. En 1808, Joseph Bonaparte fut placé sur le trône d’Espagne. À la première nouvelle de ce changement de dynastie, les Espagnols du Mexique manifestèrent l’antipathie la plus vive contre l’usurpateur et se prononcèrent en faveur du prince déchu. Une profonde agitation s’empara du pays ; mais, dès le premier moment, on put reconnaître à de sourds indices qu’un autre sentiment se mêlait à cette explosion de fidélité monarchique. Deux millions de créoles, si longtemps effacés sous la suprématie insolente de quelques milliers d’Espagnols envoyés par la métropole pour administrer et pour exploiter la colonie, voyaient enfin se lever le jour de la réparation. Les Indiens eux-mêmes, travaillés par des idées d’indépendance, sortaient de leur apathie et faisaient entendre des clameurs de menace. Un vaste mouvement s’organisait dans toutes les provinces ; ce fut un prêtre patriote du Guanaxuato, le curé Miguel Hidalgo, qui en donna le signal. L’explosion éclata, dans la nuit du 10 novembre 1810, aux cris de : « Vive Ferdinand VII ! vive la sainte Vierge de Guadalupe ! » cris auxquels se mêlait, et que dominait souvent, le cri sinistre de : « Mort atix Guchupinos ! » sobriquet par lequel les colons et les Indiens désignent communément les Espagnols (ce mot, dans la langue des Indiens, signifie, dit-on, les hommes aux éperons, les cavaliers). Le curé Hidalgo fut vaincu à la bataille de Calderon, par le général royaliste D. Félix Colleja, et mis à mort en 1811. D. José-Maria Morelos prit la place de Hidalgo, réunit un congrès composé de quarante membres, et publia, en 1812, -une constitution, par laquelle Ferdinand VII était encore reconnu roi ; mais il fut bientôt condamné au dernier supplice, le congrès fut dissous, et l’autorité royale entièrement rétablie. Xavier Mina, qui suscita une nouvelle insurrection en 1815 et qui obtint d’abord des succès assez brillants, n’eut pas une fin plus heureuse. Vers le milieu de 1S20, la nouvelle de la révolution de l’Ile de Léon arriva au Mexique ; le vice-roi Apodaca refusa do reconnaître la constitution des cortès ; alors une insurrection s’organisa sous l’influence des patriotes les plus attachés aux intérêts de la mère patrie. Le vice-roi ôta au général Amigo, connu par son dévouement à la constitution, le commandement des troupes stationnées entre Mexico et Acapulco, et le remplaça par Augustin Iturbide ; celui-ci, loin de favoriser les projets d’Apodaca, publia, le 24 février 1821, à Iguala, un manifeste par lequel il déclarait le Mexique un empire constitutionnel indépendant de l’Espagne, et appelait au trône Ferdinand VII ou un prince de sa famille. Apodaca se vit obligé d’abdiquer, et O’Domiju, envoyé par les cortès pour le remplacer, confirma, par le traité de Cordova, du 24 août 1822, le manifeste d’Iguala. Les cortès ayant refusé de ratifier ce traité, le congrès mexicain profita de ce refus pour s’arroger le droit d’élire un empereur, et son choix tomba sur Iturbide, qui fut proclamé sous le nom d’Augustin Ier. Cependant cette mesure fut désapprouvée par une partie du congrès : une opposition armée se forma sous les généraux Vittoria et Guerrero, et au moment où Iturbide se faisait couronner avec une magnificence extraordinaire, les insurgés proclamèrent la république. Après une lutte sanglante, l’empereur consentit à abdiquer, en mai 1823, et partit pour l’Europe. Un nouveau congrès, présidé par Vittoria, publia en janvier 1824 un acte constitutionnel, qui organisait les États-Unis mexicains sur les principes de !n constitution des États-Unis du Nord, excepté quant à la tolérance religieuse. Vers la fin de 1824, Iturbide tenta de reconquérir son trône, mais il fut presque aussitôt arrêté et fusillé. Le général Guadalupe Vittoria, nommé président de la république, était peut-être le patriote le plus pur de tous ceux qui avaient figuré dans la révolution. Un emprunt de 24 millions de piastres, contracté avec plusieurs banquiers anglais, activa momentanément les ressorts du gouvernement, qui contracta des alliances avec l’Angleterre, les États-Unis, la Colombie, etc. Cependant les Espagnols étaient encore en butte aux haines de la majorité : la vengeance ne semblait pas assez complète, parce que, tout abattu qu’il était, leur parti effrayait encore les Mexicains. Le peuple réclamait à grands cris leur expulsion, et il l’obtint partiellement en 1827. Dès cette époque commence une interminable série de luttes intestines, qui devaient déchirer le pays et le plonger pendant tant d’années dans une déplorable et désastreuse anarchie. On voit successivement les fédéralistes et les unitaires, le parti clérical et le parti libéral se disputer le pouvoir avec acharnement. Des généraux ambitieux suscitent des insurrections militaires pour s’emparer du gouvernement, sont renversés, remplacés par d’autres ambitieux, et des troubles à peu près constants désolent le pays. Tel est le spectacle que le Mexique n’a cessé de donner au inonde, et qui provient de l’absence de mœurs politiques, causée par la déplorable influence du clergé sur les masses. Dès 1828 s’ouvre l’ère des pronunciainentos. Le vice-président Pedraza ayant été élu président, une insurrection éclate à Mexico et, après trois jours de lutte sanglante (24 septembre 1828), Pedraza forcé de fuir abdique le pouvoir et est remplacé par le démocrate Vincent Guerrero, auquel on adjoint comme vice-président le général Anastase Bustamente. À peine installé, Guerrero songea à mettre à exécution la promesse solennelle de sa profession de foi politique, l’expulsion des Espagnols. Le congrès seconda ses vues et rendit une loi qui frappait 6,000 Espagnols. Au milieu de l’agitation des esprits et de l’explosion des haines populaires, on apprit tout a coup le débarquement d’un corps d’Espagnols, composé de 3,000 hommes, aux ordres u brigadier Barradas, avec des munitions et un armement pour une armée nombreuse, dans le cas où les mécontents viendraient grossir les rangs du corps expéditionnaire. Le président donna ordre aux généraux Santa-Anna et Teran de se porter avec 6,000 hommes sur Tampico de Tamaulipas. Mais Barradas, général sans talents et sans courage ; ne pouvait trouver que te désappointement et la honte sur la plage mexicaine. Après quelques escarmouches, il demanda quartier et signa une capitulation désastreuse (1829). Trois mois s’étaient à. peine écoulés depuis la capitulation de Tampico, lorsque le général Bustamente, vice-président de la république, se révolta contre l’administration de Guerrero avec les troupes de sa division. Guerrero, à la tête de la garnison de Mexico, marcha contre lui. Mais à peine fut-il parti que les insurgés renversèrent l’autorité établie, déposèrent le président et nommèrent à sa place le général Bustamente (1830) ; mais celui-ci s’aliéna bientôt le parti patriote eu rapportant le décret qui frappait les Espagnols et en montrant des tendances aristocratiques.

Le général Santa-Anna (1832) se mit à la tête d’une conspiration, battit Bustamente à Puebla, le renversa du pouvoir et fit proclamer Pedrozza président ; mais, à la suite des élections de mars 1833, Santa-Anna, représentant le parti libéral et fédéraliste, fut porté à la présidence de la république. Il ne tarda pas à favoriser les prétentions de l’armée et du clergé, et divers mouvements insurrectionnels éclatèrent. Ayant donné sa démission le 2 février 1835, il fut remplacé comme président par le général Miguel Baraganjmais peu après Santa-Anna se mit à la tête d’une nouvelle révolution militaire, devint centraliste ardent, prononça la dissolution du congrès et comprima toute résistance par de sanglantes mesures. Ayant résolu de centraliser le pouvoir à Mexico et de soumettre les États à une même volonté, il publia dans ce but l’édit du 23 octobre 1835 et convoqua un nouveau congrès. Les nouveaux députés, chargés de reviser la constitution, proclamèrent la république mexicaine une et indivisible, changeant en départements relevant du gouvernement central les États qui avaient été proclamés souverains par la constitution de 1824. L’édit de Santa-Anna et les débats du congrès provoquèrent l’insurrection et la séparation du Texas, qui protesta en faveur des droits fédéraux et se déclara indépendant (2 mars 1836). Pour comprimer ce mouvement, Santa-Anna envahit le Texas avec une armée ; mais il fut battu par Hauston au passage de la rivière San-Jacinto, et fait prisonnier. On lui accorda la vie, à condition qu’il donnerait aux troupes mexicaines qui se trouvaient de l’autre côté du San-Jacinto —l’ordre d’évacuer le Texas et qu’il userait de son influence, non-seulement pour que la guerre ne se renouvelât pas, mais encore pour que le congrès mexicain reconnût l’indépendance de la jeune république. Santa-Anna souscrivit à tout. La nouvelle constitution mexicaine avait été jurée au commencement de 1837, et pendant l’absence de Santa-Anna le vœu des départements avait porté à la présidence Anastase Bustamente (1838). À peine ce fonctionnaire eut-il pris possession du palais national, que des révoltes éclatèrent sur plusieurs points. L’année 183S amena encore de plus grands embarras au Mexique. La France, pour appuyer les réclamations de son ministre, dut envoyer une escadre dans les eaux du golfe et bloquer les ports de lu république du côté de l’orient. Le contre-amiral Baudin parut devant Vera-Cruz à la tête de plusieurs bâtiments de guerre. Le 27 novembre, le fort d’Uloa fut attaqué et pris après une défense de trois heures. L’amiral Baudin, pressé d’en finir par un avis secret de Louis-Philippe, se résigna à accepter la médiation anglaise. Délivré de l’agression française, le gouvernement mexicain ne jouit pas pour cela de beaucoup do tranquillité. Santa-Anna, mis en liberté par les Anglo-Américains au bout de quelque temps de captivité à Washington, revint au Mexique, et, après la signature du traité de paix avec la France, il fut appelé par intérim a la présidence, le titulaire étant allé en-personne pacifier les provinces de l’Est. En 1841, le général Paredes s’insurgea à Guadalaxara contre le gouvernement. La chute de Bustamente et la réunion d’un congrès extraordinaire appelé à régler les destinées futures de la république étaient réclamées par le vœu public, dont le cri de guerre de Paredes n’était que l’écho. Santa-Anna fut élu chef provisoire de la nation, et une assemblée des notables abolit la constitution de 1830. Bientôt après les bases organiques, dites de Tacubaya, le rendirent tout-puissant : le septième article lui conférait tacitement la dictature. Il livra les finances aux agioteurs ; la corruption et le désordre parvinrent au comble ;• son arrogance avec les puissances étrangères lui attira des démêlés avec les États-Unis, -la France, l’Angleterre. Enfin l’opinion publique, trompée dans son attente, se prononça ouvertement contre lui le 6 décembre 1844. Paredes s’étant soulevé à Guadalaxara contre Santa-Anna, celui-ci marcha contre les rebelles avec une quinzaine do mille hommes ; mais, à peine était-il arrivé à Lagos, que la ville de Mexico donna son adhésion au plan de Paredes ; le congrès proclama la déchéance du président, et le général Herreia entra en fonction comme chef provisoire de l’État. Le nouveau gouvernement, a la tête duquel il se trouvait, dut consentir à reconnaître l’indépendance du Texas, ainsi que son incorporation a l’Union, qui eut lieu dans l’été de 1845. L’envoi d’un corps de troupes de l’Union, destiné à protéger le Texas contre toute attaque que pourrait tenter le Mexique, puis les difficultés relatives à la délimitation des territoires respectifs du Mexique et du Texas, délimitation fixée par le traité d’union au moyen du cours du Rio Grande del Norte, tandis que le gouvernement mexicain soutenait que ce devait être le Rio Nueces, situé beaucoup plus au nord, et en conséquence exigeait qu’on lui laissât la possession de tout le territoire intermédiaire, amenèrent, le 16 juillet, une déclaration formelle de guerre du Mexique contre les États-Unis. Les troupes de Cette puissance se concentrèrent sur les bords du Rio Nueces, et les troupes mexicaines, commanmandées par le général Ampudia, à Matnmoros, sur le Rio Grande del Norte. Herrera sut s’entourer d’hommes recommandables, et parvint à étouffer, avec l’aide du colonel Uraga, la révolte de Rangel en faveur de Santa-Anna ; mais il ne p.ut vaincre celle de Paredes et tomba du, pouvoir en décembre 1845. Envoyé par Herrera pour repousser l’agression des Anglo-Américains, Paredes, de son quartier général de San-Luis de Potosi, avait refusé obéissance au gouvernement et, marchant sur Mexico, il y était entré sans coup férir (1840). Aussitôt qu’il eut saisi les rênes du gouvernement, il s’appliqua à. faire rentrer dans le trésor tous les fonds publics, à mesure qu’ils étaient perçus par les receveurs de la capitale et des départements ; puis il suspendit les payements qui n’étaient pas de première nécessité. Dès qu’il vit un million de piastres dans ses coffres, il rit marcher ses troupes à la frontière contra les Américains, sous le commandement du général Arista. Le général Taylor, qui avait sous ses ordres une division de 3,000 hommes cantonnés au Texas, franchit la rivière de la Nueces et s’avança vers Matamoros. Le 8 et le 9 mai, le canon gronda à Pato-Alto et au ressac do Guerrero, sur les bords de la rivière du Nord. Arista attaqua mollement les Américains et fut repoussé avec des pertes considérables. Son artillerie, mal servie, fit peu de mal à l’ennemi, tandis que celle de Taylor foudroya ses colonnes. Plus de 1,000 Mexicains restèrent sur le champ de bataille, et un grand nombre se noyèrent dans le fleuve en cherchant a fuir ; la déroute fut complète. Cependant le gouvernement de Paredes était devenu de plus en plus impopulaire ; les revers qu’il avait essuyés à la frontière ne contribuaient pas peu a lui aliéner l’esprit national. Ce fut un officier du nom de Salas, homme inconnu jusqu’alors, qui lui porta la coup fatal : il souleva contre son autorité les troupes casernées dans la citadelle de Mexico,