Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 1, Mémoire-Moli.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

200 MEXI MEXI MEXI MEXI

du continent par une chaîne de montagnes d’un accès très-difficile, le territoire est plat, avec une lisière de lagunes et de marécages qui cessent à une lieue environ de la mer pour faire place à un sol pierreux, sec, plat, formé d’un calcaire coquillier caverneux, très-friable, couvert seulement d’une végétation rabougrie où se remarquent des yuccas, des bromélius, des bignonias, des céibas, etc. Du côté de Campèche, le sol, un peu plus fertile, était autrefois le théâtre d’une exploitation fructueuse du bois de campèche, qui y abondait. Aujourd’hui, les forêts sont à peu près épuisées, et, comme on n’a pas pris soin de les renouveler, avec elles a disparu la source de revenus qui attirait de ce côté un certain mouvement de population. Dans cette contrée, il y a peu de bétail. Toute la culture consiste à brûler les broussailles et les taillis un peu avant la saison des pluies et à jeter la semence dans des trous creusés au moyen d’un pieu. Dans les pays secs, on ne cultive guère que le maïs et le jeneqiten, espèce d’agave, qui fournit une fibre dure, lisse et résisLante avec laquelle on fait des hamacs et des cordages. Sur les bords des cours d’eau, on cultive, en outre, le riz, la canne à sucre. Ces diverses récoltes ne peuvent être obtenues plus de deux à trois fois sur le même écobuage- On ne revient à la même place qu’au bout de quinze ans. Les semailles du maïs se font en juin, aussitôt après les premières ondées ; la récolte a lieu dans les mois de février ou de mars de l’année suivante. Au mois d’octobre, on ploie les tiges de manière à incliner les épis vers la terre, pour éviter la pourriture. L’usage de la charrue n’a commencé à s’introduire que dans les districts de Campèche, de Hopelchen et de Champoton. La culture du jenequen est en quelque sorte propre au Yucatan. Le jenequen se multiplie au moyen de drageons. Au bout de cinq ans, il est susceptible d’être exploité, et ne dure guère ensuite que six ans, après lesquels il périt d’épuisement. La fibre se tire des feuilles, que l’on enlève tous les mois.

L’État de Tabasco, dans la région maritime, est formé d’alluvions. Les rivières et les fleuves y sont aussi abondants qu’ils sont rares dans le Yucatan. Les inondations y sont périodiques à l’époque des pluies et couvrent de vastes espaces, surtout aux bords de la mer. Cette humidité surabondante, jointe aune haute température, donne à la végétation une vigueur extraordinaire, mais est très-funeste à la vie humaine. Aussi la population y est-elle très-clair-semée. Malgré la fertilité extrême de la contrée, le manque de bras borne l’industrie agricole à la culture du cacao et à la coupe du bois de campèche. On plante te cacaotier au pieu, après écobuage, à raison de 1.00O pieds par hectare. Pendant les quatre premières années, la plante est délicate, et il faut des soins constants pour la défendre contre l’envahissement des mauvaises herbes et contre les attaques des quadrupèdes et des oiseaux, qui en sont très-friands. Pour la préserver des rayons brûlants du soleil, on place entre les cacaotiers un arbrisseau qui lui sert d’abri. Au bout de quatre ans, les cacaotiers entrent en plein rapport. Dès lors, leurs branches sont constamment chargées de fruits. On fait quatre récoltes par an. En moyenne, la récolte est de 600 livres espagnoles de fèves par hectare. Une plantation de ce genre peut durer de trente à quarante ans. Le bois de campèche donne lieu à une exploitation très-fructueuse. Ce bois est, dans le Tabasco, d’une qualité supérieure. 11 est connu dans le commerce sous le nom de bois de la Lagune, du nom du port qui est son principal centre d’exportation. On ne cultive que la quantité de maïs strictement nécessaire aux besoins delà consommation, et l’on a dû renoncer, faute de bras, à la culture du café, du tabac, du riz, bien qu’ils réussissent admirablement. Le manque de travailleurs est tel, que les propriétaires n’hésitent pas à employer les moyens les plus atroces pour retenir les ouvriers, la plupart Indiens, qui ont eu le malheur de s’aventurer sous ce climat meurtrier. Ils leur font des avances qui les lient jusqu’à la mort ; car, ne pouvant se libérer, ils sont, de par la loi, obligés de servir le maître dont ils ont eu le malheur de se constituer débiteurs. Celui-ci ne se contente pas de ce gage ; il les force à se marier, parce qu’il sait que c’est là un moyen sûr d’augmenter les charges du malheureux travailleur. Dès lors, ce dernier n’est plus un homme ; il est la chose de son maître, qui peut, selon son caprice, le frapper, le moitié au carcan, le charger de chaînes. Le maigre salaire qu’il reçoit est tout juste suffisant pour l’empêcher de mourir de faim. Sa compagne elle-même est soumise aux plus durs travaux par le maître impitoyable, qui ne lui donne pas la moindre rétribution.

L’isthme de Tehuautepec pourrait avoir une grande importance au point de vue du transit entre les deux océans. Le territoire de l’isthme forme un État où l’on trouve do nombreux cours d’eau et des terres d’alluvion couvertes d’une riche végétation forestière. Les moyens de transport sont fournis par le Rio Guatzacualeo et ses nombreux affluents. Le maïs donne trois récoltes par an ; cependant, la population végète misérablement dans la misère la plus profonde. Les inondations du Guatzacualco rendent son bassin extrêmement insalubre. La principale culture de cet État est-le cacao. Elle est en grande partie concentrée dans la région centrale, qui, malgré son climat brûlant, est encore la moins insalubre.

L’État de Vera-Cruz est le lieu de débarquement et de passage des étrangers qui vont à Mexico. Ses plages sablonneuses et marécageuses n’ont pas moins de 000 kilomètres de développement et se prolongent de 40 à 80 kilomètres en avant dans les terres. Les denrées des environs de Puebla, à 60 lieues de Vera-Cruz, ne peuvent arriver dans cette dernière ville, à cause de la difficulté des communications et des frais de transport, qui sont très-onéreux. Les habitants de Vera-Cruz préfèrent tirer leurs farines de la Nouvelle-Orléans, qui est pourtant située à plus de 300 lieues de distance, Sur les plages de cet État, la disette de bras et le manque de population rendent les cultures peu variées et très-restreintes. Le tabac, la vanille, le coton y donnent pourtant des produits remarquables. Les hautes terres, bien qu’un peu plus peuplées, ne sont guère mieux cultivées. En revanche, les productions naturelles de l’État de Vera-Cruz sont d’une variété merveilleuse, et il n’en saurait être autrement sous un climat tantôt torride, tantôt tempéré et même froid, mais toujours humide, sur un sol qui du niveau de la mer atteint jusqu’à 5,300 mètres d’altitude. Le bétail abonde ; mais le défaut de consommateurs, les frais de transport énormes et les pertes résultant de la longueur des routes qu’il faut parcourir rendent cette ressource purement illusoire. On voit par là que, dans ces régions si merveilleusement favorisées par la nature, les conditions de la vie humaine ne sont pas des meilleures. C’est ce qu’il peut être utile de rappeler à ceux qui seraient tentés d’aller chercher fortune dans ces parages lointains.

Les parties du territoire mexicain situées sur le sommet de la Cordillère sont généralement plus élevées vers le sud, On y trouve de vastes plaines, coupées çà et là par les rameaux de la chaîne principale. La plaie de ces contrées est la sécheresse Les végétaux, après avoir été brûlés par le soleil dans la journée, gèlent quelquefois durant la nuit suivante. La plante la plus cultivée est le maïs, qui fait la base de la nourriture des habitants. Le bétail est abondamment nourri durant les mois pluvieux ; mais, à mesure que la saison sèche s’avance, il souffre de plus en plus de la disette d’eau et de fourrage. Par suite d’un phénomène singulier, les productions de nos régions tempérées y demeurent languissantes ; nos fruits n’y mûrissent qu’imparfaitement, tandis qu’à côté on peut voir prospérer l’agave, le nopal, l’obvier On attribue cette anomalie à ce que l’air, peu dense, n’est pas échauffé suffisamment par les rayons du soleil.

Cet examen rapide montre l’agriculture du Mexique sous un jour peu avantageux ; le sol fertile est peu ou mal cultivé, des déserts immenses séparent les villes et un grand état de misère règne dans le pays. La production ne dépasse pas la consommation, si même elle peut y suffire. L’absence de routes, dans un pays parsemé d’obstacles naturels presque insurmontables, oppose d’ailleurs une barrière à l’exportation, si elle pouvait se produire.

Il serait difficile de donner le chiffre exact du commerce du Mexique, tout le inonde, dans ce pays, se livrant au négoce, la contrebande s’y faisant sur une grande échelle, et le gouvernement n’ayant pour la réprimer sur 2,000 kilomètres de côtes qu’environ 400 hommes, c’est-à-dire moins d’un homme par 4 kilomètres ; nous nous bornerons à dire, pour ce qui concerne la France, que le montant de nos importations n’excède pas 30 millions. Depuis quelques années, l’industrie mexicaine a pris un développement remarquable ; elle s’exerce surtout sur le tissage des cotons (manias), les draps grossiers, les étoffes de laine pour manteaux et couvertures) les rebozas ou écharpes de coton ou de soie pour les femmes, la sellerie, la chapellerie, la carrosserie et surtout l’orfèvrerie. Les mines d’or et d’argent du Mexique forment aujourd’hui encore sa principale richesse et donnent lieu à un certain mouvement d’affaires, surtout dans la partie méridionale des hauts plateaux. Les principaux ports de la république sont, dans le golfe du Mexique : Vera-Cruz, Tampico, Matamoros, et, dans la mer Pacifique : Huatuloo, San-Blas, Mazatlan et Guaymas.

Population, mœurs. En 1793, suivant le rapport adressé au roi d’Espagne par le comte de fîavellagigedo, la population du Mexique, a l’exclusion des intendances de Vera-Cruz et de Guadalaxara, était répartie de la manière suivante :

Indiens 2,319,741

Européens 7,904

Créoles 677,458

Métis, nègres, mulâtres, etc. 1,478,42G

Total....... 4,483,529

Quant à la population des intendances de Vera-Cruz et de Guadalaxara, elle était, d’après le recensement de 1803, de... 786,500

Population du Mexique à la fin du dernier siècle 5,270,029

De Humboldt, en 1803, estimait cette mime population à 5,837,100 ; en 1824, Poinsett l’évaluait à 6,500,000, et, en 1830, M. Bqrkhardt, savant voyageur allemand, la distribuait ainsi :

Indiens 4,500,000

Blancs 1,000,000

Nègres 6,000

Métis et autres mélanges... 2,490,000

Total 7,906,000

Aujourd’hui, la population du Mexique est de 8,283.083 hab. Les éléments dont elle se compose sont très-inégalement répartis. Le siège principal des blancs, originaires d’Europe, est sur les plateaux, particulièrement au centre, dans les États de Puebla, de Mexico, de Queretaro, de Mechoacan, de Chianasuato, de Zacatecas et de Jalisco, ainsi que dans les États d’Oaxaca et de San-Luis de Potosi. Les différentes races indiennes sont également concentrées dans ces mêmes États, qui comprennent tout le territoire de l’ancien empire d’Anahuac et ceux des royaumes et des républiques alliés, amis ou tributaires de cet empire. Au N., on ne rencontre presque exclusivement que des descendants de blancs. Ils sont issus pour la plupart de colons basques, navarrais et catalans, et comme ils sont restés purs de tout mélange avec les indigènes, ils s’en montrent très-fiers. Ils ont conservé le ; mœurs et les qualités de leurs ancêtres. Ils sont entreprenants, braves, hospitaliers, polis, intelligents et adroits. Les Indiens nomades (hidianos bravos), qui, autrefois, se livraient à la chasse dans ces contrées, comme les Apaches et les Comanches, — se retirèrent à l’époque de la conquête, mais après avoir longtemps résisté aux envahisseurs, dans le Bolson de Maphni, dans les montagnes de San-Saba, entre le Rio del Norte et les frontières méridionales des États-Unis, et dans les régions inhospitalières du N -O. On les voit sortir quelquefois, mais rarement, de leurs forêts, pour commercer avec les blancs ou inquiéter leurs établissements. Dans le Durango, le Chihuahua, le Nouveau-Léon et Cohahuila, la race indienne pure est totalement inconnue. On la retrouve dans l’État de Sinaloa et dans la Sonora, où les vainqueurs arrivèrent à temps pour arrêter l’émigration des tribus et les empêcher de passer le Rio Gila. On rencontre encore çà et là des tribus d’indigènes en Californie ; mais, dans ce pays, les Indiens à demeure fixe vivent partout séparés des blancs. Sur les côtes des deux océans, ainsi que dans les profondes vallées chaudes et humides de l’intérieur, habitent des nègres, des mulâtres et des zambos, qui y cultivent’ la canne à sucre et les bananes. Les zambos sont des espèces de mulâtres issus de noirs et d’Indiens : ils sont de haute taille, forts, robustes et parfaitement propres aux travaux de la Tierra ca’-iente. Ceux qui habitent les côtes y exercent, dans les villes, les métiers pénibles et y font tous les gros ouvrages. Quant aux métis, ils composent la liasse moyenne de la population, et sont ouvriers, fermiers, petits marchands ou petits employés. Les Indiens purs, que l’on pourrait croire au premier abord ne former qu’une seule grande masse, se divisent en une foule de dénominations d’origine, en général, tout à fait différente. Voici quelles sont les principales familles d’Indiens que l’on retrouve encore dans le Mexique. 1° dans l’État de Yucatan, les Mayas ; 2° dans l’État de Chiapa et dans une partie de celui de Tabasco. les Teochiapanèques, les Zoques, les Cendales et les Marnes ; 3° dans l’État d’Oaxaca, les Za- potèques, les Mixtèquos, les Mijes, les Chinantèques, les Chontales, les Ûuieatèques, les Chochus, les C’hatènes, les JJuabes, les Huatequimanes, les Izcatèques, les Almoloyas, les Sollèques, les Triques, les Paleuques, les Amurgos, les Zoques, sur les frontières de l’E., et des Aztèques disséminés çà et là ; 4° dans les États de Mexico, de Puebla et de Vera-Cruz, les Aztèques en général ; on trouve encore, dans l’État de Puebla, des Totonaques ; dans l’État de Vera-Cruz, au N -E, des Popolucas et desTlapanèques, et, sur les frontières d’Oaxaca, des Mixtèques ; dans l’État de Mexico, des Huastèques et des Cuitlatèques ; 5° dans l’État de Mtchoacan, des Tarrasques et des Otomis ; 6° dans l’État de Queretaro, des Otomis, quelques familles de Chichimèques et des colonies d’Aztèques ; 7° dans l’État de Guanajuato et dans celui de Zacatecas, les ramifications chichimèques des Pâmas, des Capuces, des Samues, des Mayolias, des Guainaues et des Guachichiles, avec des colonies d’Aztèques ; 8° dans l’État de Jalisco, des Gazcanes, des Guachichiles, des Guainaues, des Tenosquines, tous autant de rameaux de la grande famille chichimèque, ainsi que des Matlacingoa et des Jaliscos ; 9° sur les frontières des États de San-Luis de Potosi, Nouveau-Léon et Tamaulipas, quelques faibles restes des tribus chichimèques et de colonies d’Aztèques ou plutôt ne Tlascaltèques ; 10° dans les États de Durango et de Chihuahua, les Tepehuanes et leurs ramifications, c’est-à-dire les Topias, les Acaxis, les Xtximes, les Sicurabas, les Heimas et les Huimis, avec quelques colonies aztèques ; en.outre, les Acotlanes, les Cocoyanes, les Yanos et lés Tarahumaras dans les gorges de Tarahumara-Alta ; 11° dans l’État de Sinaola, les Tubars, les Sinaloas et les Cahitas, au N. ; 12° l’État de Sonora renferme un nombre considérable de tribus indiennes, dont les plus importantes sont : les Mayos, les Yaquis, tes Seres, au S. ; les Pinas, les Apaches, etc., au N. ; 13° dans la presqu’île californienne, au S., les Pericues, les Monguis, auxquels se rattachent, les Guaycuras et les Coras, des Cochimas ou Colmis, des Laimones, des Utchitas ou Vehitis et des Icas. Quelque séparées les unes des autres que soient ces nombreuses tribus, quelque grande différence qu’on remarque dans leurs langues, leurs mœurs, leur constitution physique même, elles ont cependant toutes des traits qui leur sont communs entre elles et avec toutes les autres familles de la grande race américaine, depuis le Saint-Laurent et le lac Mackensie jusqu’au détroit de Magellan et à la Terre de Feu.

Auprès de cette population indigène, qui constitue l’élément indien, se trouve l’élément mexicain, composé de descendants des Espagnols et de sang-mèlé. Tout ce qui n’est pas Indien pur est Mexicain. Depuis l’époque de l’affranchissement, les vieilles dénominations de créoles (criolles) et de métis (niesiizos) sont censées abolies. Mais en ceci, les habitudes, les mœurs, le préjugé ont survécu à la prescription légale. Une tradition séculaire ne s’efface pas dans un jour. Il se passera du temps encore avant que le blanc (ce qu’on nommait autrefois le créole), celui qui peut se vanter d’avoir conservé dans ses veines ta pureté sans mélange du sang européen, admette le mestizo plus ou moins foncé, celui qui est plus ou moins mêlé de sang indigène, sur un pied de parfaite égalité. L’aristocratie mexicaine, représentée par un certain nombre d’anciennes familles, par les dignitaires ecclésiastiques, par les grands propriétaires et par un certain nombre de noms éminents à divers titres, est concentrée dans un petit nombre de villes importantes, mais principalement à Mexico. Il n’y a qu’une voix parmi les voyageurs pour vanter l’exquise politesse, l’aménité de caractère et la facilité de relation de cette classe supérieure, qui constitue ce que, dans notre langue parisienne, nous nommons la société. L’étranger, admis dans cette classe privilégiée, peut se croire encore au sein des meilleurs salons de Paris, de Londres ou de Pétersbourg. Un homme qui, par sa profession et sa longue résidence, a été à même de bien voir et de bien juger, le docteur Jourdanet, dans son remarquable ouvrage, les Altitudes de l’Amérique tropicale comparées au niveau des mers, nous donne ainsi son impression sur le caractère mexicain : « Le Mexicain est de taille moyenne ; sa physionomie porte l’empreinte de la douceur et de la timidité ; il a le pied mignon, la main parfaite. Son œil est noir, le dessin eu est dur, et cependant, sous les longs cils qui le voilent, et par l’habitude de l’affabilité, l’expression en est d’une douceur extrême ; la bouche est un peu grande et le trait en est mal défini, mais sous ces lèvres, toujours prêtes à vous accueillir d’un sourire, les dents sont blanches et bien rangées. Le nez est presque toujours droit, quelquefois un peu aplati, rarement aquilin. Les cheveux sont noirs, souvent plats, et couvrent trop amplement un front qu’on regrette de voir si déprimé. Ce n’est pas là un modèle académique, et pourtant, quand la suave expression féminine vous présente cette forme américaine que l’école traiterait peut-être d’incorrecte, vous imposez silence aux exigences du dessin et vos sympathies approuve»’ le nouveau modèle. Le Mexicain des hauteurs a l’aspect calme d’un homme maître de lui ; H a lu démarche aisée, les manières polies. Quoi que vous ayez fait contre lui, quoi qu’il médite contre vous, son habitude de l’urbanité vous assure toujours une politesse exquise en dehors du cercle de ses ressentiments. Beaucoup de gens appellent cela de la fausseté de caractère ; je les laisse dire et je ne m’en plais pas moins à vivre parmi des hommes qui, par la douceur do leur sourire, l’aménité de leurs manières et leur obstination à me plaire, m’entourent de tous les dehors de l’amitié et de la plus cordiale bienveillance. Le Mexicain aime à jouir, mais il jouit sans calcul ; il prépare sa ruine sans inquiétude et se soumet avec calme au malheur. Ce désir du bien-être et cette indifférence dans la souffrance sont deux nuances du caractère mexicain bien dignes de remarque ; ces hommes craignent la mort, mais ils se résignent facilement quand elle approche : mélange étrange de stoïcisme et de timidité. Dans la basse classe, le mépris de la mort est de boa ton, et, comme les gladiateurs romains, ils aiment à poser en mourant. C’est pour cela qu’ils font échange de coupa de poignard, comme nous donnerions des chiquenaudes. Et puis, à l’hôpital, ils vous disent avec calme au milieu de leurs mortelles souffrances ; « Bien touché ! » rendant hommage avant d’expirer à l’adresse de leurs adversaires. »

Il existe malheureusement au Mexique un funeste préjugé, provenant des anciens Espagnols qui, dominés par leur idée de noblesse et de chevalerie, enseignèrent à leurs descendants à regarder avec mépris tout homme qui exerce un métier. Pour être un. homme considéré, il faut être officier, employé, ecclésiastique, avocat ou médecin. Toutes les autres classes, sont inférieures