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dans la société mexicaine, sans en exempter les instituteurs et les commerçants, appelés du terme méprisant de traperos. Par suite de ces idées aussi pernicieuses que ridicules, aucun père de famille un peu aisé ne veut donner à ses enfants une profession artistique, et il a honte de les placer commis dans une maison de commerce, parce que, en vertu des sots préjugés qu’il conserve contre le commerce et les arts mécaniques, il regarde comme dégradant d’entrer au service d’un maître, comme il dit, soit dans un magasin, soit dans une manufacture. Ces préjugés sont tels, que beaucoup d’artisans, qui ont passé une vie honorable et confortable dans leur profession, loin de l’enseigner à leurs enfants, les mettent dans un collège pour étudier le droit et la médecine, et, aussitôt qu’ils savent imparfaitement lire, écrire et compter, ils s’adressent à quelque personne influente afin d’obtenir du gouvernement mexicain un emploi civil ou militaire. Rien n’est plus facile à obtenir avec de l’argent ; et l’ouvrier enrichi, tout orgueilleux, de voir que ses enfants sont plus que lui, ne pense pas au mépris qu’il en recueillera plus tard. Il y a aussi beaucoup de pères qui, plutôt que de donnera leurs fils une profession, préfèrent les laisser vivre en aventuriers. Ne voyant de honte que dans le travail manuel, ils ne croient pas qu’on se déshonore en menant la vie d’un vagabond ou d’un escroc. D’où il résulte que, tandis que la république mexicaine compte les généraux par centaines, les officiers, les employés, les ecclésiastiques, les avocats et les médecins par milliers, elle ne possède pas un seul artiste ou industriel de talent ; dans toutes les villes, le meilleur architecte, le meilleur sculpteur, le peintre habile, le bon carrossier, le tapissier et l’ébéniste intelligents, le meilleur doreur ou serrurier, le bon tailleur et même le bon cordonnier ne sont point des Mexicains, ce sont des étrangers. Disons enfin que le peuple mexicain est généralement très-dévot et subit l’influence du clergé. Fort heureusement que, depuis une vingtaine d’années, il s’est produit dans les classes éclairées une très-vive réaction contre cette influence, et que, grâce à elle, le Mexique tend chaque jour davantage à se pénétrer des idées modernes. Au Mexique, comme, en. Espagne et en Italie, les voleurs et les prostituées ont une dévotion qui leur est propre ; ils honorent les images des saints, auxquels ils adressent de nombreuses prières pour se voir délivrés des persécutions de la justice, et, en sortant de leur demeure pour se livrer a leur genre d’industrie, ils ne manquent jamais de faire le signe de croix en prononçant ces paroles : Voyons ce que Dieu va nous donner aujourd’hui ! Les bandits et les assassins croient qu’ils leur suffit de prononcer quelques paroles mystiques, de porter l’image de la Vierge ou de quelque saint dans un scapulaire, pour pouvoir dévaliser ou tuer sans scrupules ni remords.

Gouvernement, administration. Le Mexique forme une confédération républicaine qui comprend, outre un district fédéral, vingt-cinq États et trois territoires, c’est-à-dire trois provinces qui n’ont pas d’administration intérieure indépendante, et sont régies par l’Union fédérative. Chaque État a son gouvernement particulier, ainsi que ses trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, distincts. Le district fédéral, Mexico, est le lieu qui sert de résidence aux pouvoirs suprêmes de la confédération.

DÉPARTEMENTS OU ÉTATS. CHEFS-LIEUX.

Mexico. Toluca.

Mochoacan.

Queretaro.

Aguas-Calientes.

Zacalecas.

Jalisco ou Xalisco.

Sinaloa,

Sonora.

Guanaxuato.

Guerrero.

Chihuahua,

Durango.

Cohahuila.

Nouveau-Léon.

San-Luis-Potosi.

Tainaulipas.

Vera-Cruz.

La Puebla.

Oaxaca.

Chiapa.

Vucatan.

Tabasco.

Tehuantepec.

Sierra-Gorda.

Carmen.

Moreles.

Hidalgo.

Morelia ou Valladolid. Queretaro. Aguas-Calientes. Zacatecas. Guadalaxara. Culiacan. Urès.

Guanaxuato. Tixtlan. Chihuahua. Durango. Saltillo. Monterey. San-Luis-Polosi. Victoria. Vera-Cruz. La Puebla. Oaxaca. San-Christobal. Merida. " San-Juan-Bautista. Tehuantepec.

TERRITOIRES.

Basse-Californie. La Paz.

Colima. Coliraa.

Tlascala. Tlascala.

DISTRICT FÉDÉRAL.

Mexico.

Le pouvoir exécutif de la confédération est confié à un citoyen qui prend le titre de président des États confédérés mexicains ; il est suppléé par un vice - président ; tous deux sont nommés pour quatre ans. Le pouvoir législatif est confié à un congrès général formé de deux chambres ; le sénat se compose de deux sénateurs par chaque État ; il se renouvelle par moitié tous les deux ans. La Chambre des représentants se compose d’un nombre de représentants qui varie selon la population des États ; ils sont élus pour deux ans. Le pouvoir judiciaire est exercé par une cour suprême de justice, et par les tribunaux d’arrondissement et les audiences de district. La religion du pays est le catholicisme ; trois archevêques et quinze évêques sont a la tête du clergé. Quatre ministères se partagent l’administration : 1° les finances, auxquelles sont annexés l’agriculture et le commerce ; 2° les relations extérieures et intérieures ; 30 la justice et les affaires ecclésiastiques : 40 la guerre et la marine. Les revenus du Mexique s’élèvent, année moyenne, à 42 millions de francs. Ces revenus se composent des droits de douane, qui montent à 20 ou 25 millions de francs.

Les cadres de l’armée mexicaine, ayant l’expédition française de 1863, se composaient, en temps de guerre, de 12 généraux de division, 18 de brigade, et 16,417 hommes fournis par le contingent de tous les États.

L’instruction primaire, dit M. Chauveau, correspondant du Moniteur pendant l’expédition française, est beaucoup plus développée au Mexique qu’on ne le croit généralement. On trouverait plus d’une contrée en Europe qui, sous ce rapport, ne pourrait pas soutenir la comparaison avec la république mexicaine. Les villages indiens ont leurs écoles tout aussi bien que les grandes villes, écoles do filles et écoles de garçons, non moins assidûment fréquentées les unes que les autres, et entretenues aux frais du gouvernement. On y apprend, outre la lecture et l’écriture, les éléments de la langue espagnole, les quatre règles et les fractions, et les principes de la géographie. Toutes les classes de la population apprennent donc à lire couramment l’espagnol. Aussi, lorsque l’autorité fait apposer quelque affiche au coin des rues, voit-on tous les leperos (vagabonds et gens sans aveu) s’arrêter devant elle et prendre, un peu platoniquement, connaissance de leurs devoirs civiques. Outre ces écoles primaires gratuites, chaque ville un peu importante possède un certain nombre d’institutions particulières très-prospères, où l’on donne un enseignement analogue, mais plus développé. La jeunesse des deux sexes y apprend à connaître et à parler les langues étrangères, l’anglais, et le français.

Langue. On désigne sous le nom de langues mexicaines toute une famille de langues américaines appartenant à la division du plateau d’Anahuac ou du Mexique. La famille mexicainé ou aztèque a pour type le nahuatl ou mexicain proprement dit, parlé d’abord par les Toltèques ou Nahoas, que le baron de Humboldt appelle les Pélasges du nouveau continent, et adopté ensuite par les Aztèques ; parlé également par les Chichimèques et les Colhues, ainsi que l’a démontré l’étude des noms de lieux. C’est celui des idiomes de l’Amérique centrale qui est aujourd’hui le mieux connu, et le seul qui ait donné naissance à une littérature, grâce à l’emploi d’une écriture spéciale, symbolique, désignée généralement sous le nom d’hiéroglyphes mexicains. Le nahualt fut introduit au Mexique, à la suite de la conquête, 279 ans av. J.-C. « L’idiome primitif, dit M. l’abbé Brasseur de Bourbourg, dans son Histoire des nations civilisées du Mexique, l’idiome primitif, que l’on suppose être le maya, se subdivisa en plusieurs dialectes. Sur ses débris, la langue nahualt fonda sa suprématie, aidée par la force des armes, par la persuasion religieuse ou par une supériorité irrésistible ; en une foule de lieux elle se substitua entièrement à l’ancienne langue, et des rives de Gila à l’isthme de Panama elle obtint un ascendant que rien encore n’a pu détruire. Ce qui, depuis l’époque d’Alexandre, a fait la gloire de la langue grecque et lui donne encore tant d’illustration sur le continent européen, ce que la langue latine a obtenu par l’extension des armes romaines, continue également, depuis des siècles, sur le continent américain, a faire la gloire de la langue nahualt ou mexicaine. Des hauteurs les plus sublimes do la métaphysique, elle descend aux choses les plus vulgaires avec une sonorité et une richesse d’expression qui n’appartiennent qu’à elle ; elle embrasse toutes les sciences, elle a des mots pour toutes les branches, pour toutes les individualités, soit de la médecine ou de la musique, de la minéralogie, de l’histoire naturelle des plantes ou des animaux, et ces mots sont ceux dont on se sert dans toutes les langues de ces contrées, et dont les Européens eux-mêmes usent aujourd’hui à défaut d’autres. » Cette observation a été faite personnellement par l’auteur que nous venons de citer, sur une étendue de près de 1,000 lieues, de l’extrémité de l’Amérique centrale jusqu’à la Sonora, qu’il a parcourue à petites journées, s’arrétant longtemps dans un grand nombre d’endroits. La plupart des étrangers résidant dans l’Amérique centrale usent, en parlant l’espagnol du pays, de termes mexicains sans le savoir. Cette grande extension de la langue nahuall a souvent étonné les voyageurs, qui l’ont attribuée les uns à la dispersion des Toltèques au XIe siècle, les autres à Alvarado, qui amena dans le Guatemala une troupe nombreuse de soldats mexicains. Cette dernière supposition, pour peu qu’on y réfléchisse, ne saurait être admise.

Le nahualt présente le caractère holophrastique qui appartient aux langues de 1 Amérique du Nord, c’est-à-dire que le mot renferme en lui seul tous les éléments d’une pensée complexe, sans que ces éléments puissent former des mots séparés. Ainsi l’expression nicakhihua signifia : « Je construis ma maison, » et se compose des éléments ni, cal, chihua, signifiant : « Je, maison, fais, • sans qu’aucun de ces éléments puisse être employé comme mot isolé. Les substantifs propres surtout offrent un sens étendu et complet, ainsi que cela se voit pour les noms de lieux et les noms d’hommes. Ainsi le nom d’une ancienne ville du royaume d’Acolhuacait était Achichillacachocan, lequel signifie : à Lieu où lus hommes pleurent parce que l’eau est rouge. » Ce mot est formé pur agglutination de atl, eau, chichiltic, rouge, ttacatl, homme, choca, pleurer.—Tenochtiltan, nom indigène de Mexico, se décompose en le, pierre, nochtl, le cactus nommé nopal, et titlan, près. La pierre et le nopal se rapportent à une légende relative à la fondation de cette ville, et entrent encore dans la composition de ses armoiries. Les noms des personnes semblent rappeler sou vent quelque aventure ou quelque trait du caractère. Celui du prince Nezahutdcoyotl signifie : «Renard affamé» ou «à jeun, » et indiquerdit-on, la sagacité naturelle et les privations de la jeunesse de ce prince.

En nahuatl, les substantifs se réduisent presque toujours à de simples radicaux, et sont dépourvus des désinences substantives caractéristiques li, tli, tl, in, qu’on peut cependant y joindre ; les noms géographiques, invariablement terminés par une préposition (co, ilan, pan, etc.), ne reçoivent presque jamais ces désinences. Quoique la langue mexicaine soit une de celles qui portent davantage les traces du mouvement intellectuel et du progrès social, les formes grammaticales y sont encore d’une grande simplicité : la conjugaison offre peu de modes, peu de temps, peu d’inflexions, et on y remarque l’absence de l’infinitif ; mais, en revanche, on y trouve une première personne impérative et certaines dérivations communes à d’autres langues américaines. Le verbe actif ne peut être employé seul ; il n’entre dans la phrase qu’avec son complément et son sujet. Pour la conjugaison, on ne pourra pas dire « porter, garder, aimer, » ni même «je porte, je garde, j’aime ; » il faudra conjuguer : je porte ou je garde quelqu’un ou quelque chose ; tu portes ou tu gardes quelqu’un ou quelque chose, etc., le mexicain distinguant avec soin, en pareil cas, les personnes des choses même animées ; lia exprime les choses, te les personnes. Conjuguant ainsi : nitlapia, je garde quelque chose ; titlapia, tu gardes quelque chose, la troisième personne, tlapia, signifie à la fois : « il garde quelque chose » et « un garde, » et tepia, « il garde quelqu’un » et « un gardien de personnes. » Cette troisième personne du temps, répondant à peu près à notre indicatif présent, est, comme dans les langues sémitiques la même personne du prétérit, le véritable radical ; et tlapia exprimant aussi bien l’action que l’état, la première et la seconde personne du même verbe, nitlapia, titlapia, traduites intransitivement, signifient : « je suis garde, tu es garde. » Le verbe fournit de la sorte, dans un sens réfléchi, une foule d’appellatifs mexicains. Par exemple Mozoma, troisième personne indicative de zoma (nino), je ma fâche, donnera, en incorporant teutltli, seigneur, le nom de l’empereur Moteuhzoïna (vulgairement Montézuma), signifiant ainsi : « qui se fâche en seigneur, souverainement courroucé, grandement irrité ou sévère. »

Quant au système phonétique, le nahualt est assez pauvre. Il lui manque les sons correspondant aux signes de l’alphabet français b, d, f, g, j, ll mouillés, gn doux, r, v, w, z (le z étant toujours prononcé comme s dur), eu et u et la plupart des nasales. Il n’y a de plus que le ch espagnol, l’anglais (tch) et l’aspiration uh, hu, voisine du w anglais, et qui, de même que ce w, est souvent remplacée dans les dialectes par le son gou. En outre, aucun mot mexicain ne commence par la lettre l, si fréquente en cette langue. La vocalisation aztèque présenté en général une douceur qui rappelle celle des langues japonaises, et qui contraste avec la dureté et l’étrangeté des sons appartenant aux langues aborigènes de la famille quicho-maya.

M. Buschmann, un savant philologue de Berlin, qui s’est beaucoup occupé de l’étude des idiomes américains, a retrouvé un grand nombre de mots aztèques dans les langues athapaskas, dans celles des Kinai. De plus, il a découvert de nombreux éléments aztèques dans le tarahumara et le tepeguana, parlés dans le nord de la province de Sonora, dans le cora, idiome de la partie méridionale de la province mexicaine de Sinaloa, et le cahita, idiome de la partie septentrionale de la même province. À ces quatre langues peut se rattacher l’idiome des Indiens Pimos, qui constitue un cinquième rameau, et dans lequel reparaissent également des éléments aztèques.

La langue des affaires, au Mexique, est l’espagnol mélangé de beaucoup de termes indigènes. La langue indigène la plus répandue est le nahuatl et ses dialectes ; viennent ensuite l’othomi, dont le domaine a pour limites, au sud, les anciens royaumes de Tenochtitlan et d’Acolhuacan, et au nord les plaines sauvages du Nouveau-Mexique, le huastèque, le tlapanèque parlé dans l’État de Puebla, le tarasque, le pirinda, langue des Pirindis dans le Mechoacan, le popolouque, le chochona, le mazatèque, le mixo, le chiuantèque, le mixtèque, le zapotèque, le totonaque, le matlazinga, parlé dans la vallée de Toluca, etc., etc.

Les peuples aztèques, comme jadis les Péruviens et autres nations de l’Amérique méridionale, ainsi que de quelques-unes de celles du Canada, de l’Asie centrale et orientale et de l’Afrique, se servirent de quipos ou nœuds tressés avec des fils de plusieurs couleurs, pour garder la mémoire des événements. Ces quipos mexicains se nommaient nepo/tultzitziu, et le chevalier Boturini, dans le dernier siècle, a pu en trouver encore quelques-uns dans le pays des Tlascallèques. Mais ce procédé fut remplacé, vers le milieu du vil" siècle de notre ère, par l’écriture figurative que les Mexicains ont portée à un haut degré de perfection. Du temps de Montézuma, des milliers de personnes étaient occupées à peindre des ouvrages de leur composition ou à copier ceux qui existaient déjà. La facilité avec laquelle on fabriquait le papier avec les feuilles de magney ou aloès-pitte (agave) n’a pas peu contribué à rendre si fréquent dans ce pays l’emploi de la peinture symbolique. Les manuscrits mexicains qui ont été conservés sont peints, les uns sur de la peau de cerf, les autres sur de la toile de coton, mais le plus grand nombre sur du papier de magney. Ces manuscrits renferment des hiéroglyphes particuliers aux Aztèques, qui avaient des signes graphiques spéciaux pour l’eau, ’ la terre, l’air, le vent, le jour, la nuit, le milieu de la nuit, la parole, le mouvement, etc. ; ils en avaient pour les nombres, pour les jours et les mois de l’année solaire. Ces signes, ajoutés à la peinture d’un événement, marquaient si l’action s’était faite le jour ou la nuit, quel était l’âge des personnes qu’on voulait désigner, si elles avaient parlé et laquelle d’entre elles avait parlé le plus. On trouve aussi chez les anciens Mexicains des hiéroglyphes phonétiques, c’est-à-dire indiquant des rapports, non avec la chose figurée, mais avec la langue parlée. M. Aubin, à qui la philologie doit un savant Mémoire sur l’écriture figurative et la peinture didactique des anciens Mexicains, a donné la nomenclature d’une centaine de signes phonétiques.

Littérature. Au moment de la conquête espagnole, les Aztèques passaient pour avoir une assez riche littérature ; mais les ignorants et barbares conquérants de Cortez s’appliquèrent si bien à en détruire tous les monuments qu’ils rencontraient, comme témoignages d’une civilisation païenne, que c’est à peine si un petit nombre de manuscrits échappèrent. Quelques-uns sont aujourd’hui répandus dans les principales bibliothèques de l’Europe. Cette littérature consistait principalement en annales historiques, en rituels sacerdotaux, écrits astrologiques et géographiques, etc. Les manuscrits que l’on possède sont en caractères hiéroglyphiques ; cependant, un des manuscrits de Paris et un autre de Dresde paraissent présenter des caractères phonétiques. Il est inutile de dire que personne n’a encore pu les déchiffrer ; Afexandro do Humboldt et W. Prescoti, s’y sont appliqués avec’ardeur, mais on en est encore a se demander s’il faut lire de bas en haut et de droite à gauche, ou de gauche à droite et de haut en bas. Les lignes font les circuits les plus capricieux, et sont interrompues par des représentations figurées qui éclaireront le texte quand on saura ce qu’elles veulent dire. Le premier archevêque de Mexico, Juan de Zumarraga, avait établi, en 1553, une chaire où l’on expliquait les hiéroglyphes des Aztèques ; un siècle après lui. cette étude était tout à fait abandonnée et les indigènes eux-mêmes étaient dans l’impossibilité de lire leurs anciennes écritures. Le plus ancien ouvrage qui parait avoir été composé en nahualt est le fameux livre appelé Teoumoxtli, rédigé à Tula en 600, par l’astrologue Huetmatzin. On y trouvait l’histoire du ciel et de la terre, la cosmogonie, la description des constellations, la division du temps, les migrations des peuplés, la mythologie et la morale. Dans le XVe siècle, Nezahualeojolfc, roi d’Acolhuacan ou Tezcuco, qu’on pourrait appeler le Salon de l’Amérique, composa en langue aztèque" soixante hymnes en l’honneur de l’Être suprême, une élégie sur la destruction de la ville d’Azcapozalco, et une autre sur l’instabilité des grandeurs humaines, prouvée par le sort du tyran Tezozomoc. Ces deux dernières ont été traduites en espagnol par son petit-neveu Ferdinand Alba lxtilxochitl, et se sont conservées, de même qu’existent encore en manuscrits les quatre-vingts lois promulguées par ce grand prince. Les volumes que les premiers missionnaires de la Nouvelle-Espagne appelaient des livres mexicains renfermaient des notions sur toutes sortes de sujets : c’étaient des annales historiques de l’empire mexicain, des rituels indiquant le mois et le jour auxquels on devait sacrifier à telle ou telle divinité’, des représentations cosmologiques et astrologiques, dos calendriers indiquant les intercalations de

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