Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/167

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daipnt, i a^eçvuiô.çapidité merveilleuse et semlilgioat couler comme d’une.source iritarissa-i ble- Maiç ce succès refit qu’accroître encore la haine et les persécutions contre les saints dù "iiemier jour. Au mois de juillet 1833, les habitants du Missouri se soulevèrent contre les mormons, de Sion : leur imprimerie fut pillée et détruite ; plusieurs de leurs "chefs furent traités d’une façon, cruelle. Enfin, dan ?, un meeting solepnel, ils décidèrent à l’unar nimjté que les mormons ne pourraient continuer à séjourner sur le territoire du Missouri et que nul dans l’avenir ne serait autorisé à s’y fixer. Les mormons, qui s’étaient vainement adressés à la justice locale pour être, protégés, se virent-dans la nécessité dé prendre les armes pour se défendre. Ils tuèrent deux hommes à leurs adversaires et en per-,1 dirent un de leur.côté ; if y eut de part et. d’autre un grand nombre deilés’sés. Au mois de novembre, ^e-la même année, chassés tje leur ; lviUç, iïti se réfugièrent phur’ia’ plupar j • dans Je comté de Clay, d’où ils furent expûlses peu aprè’s^ mais cette fois non sans.une ’ résistance sérieuse. Ils allèrent alors fonder, • ; dans l’État de l’IÙinois, la ville de Nauvop, où ils élevèrent, le nouveau temple (1840). Ils n’y restèrent pas longtemps, en paix ; le prophète Joseph Smith ef son frère furent tués et Nauvoo réduite en cendres (17 juin 1844), Alors commença le grand exode des nouveaux, saint ?. Guidés par Brigham Young, les mçrmàns abandonnèrent la ville qu’ils ve- ’ liaient de.fonder, Je temple de marbre qui est devenu pour eux ce que la Caaba est pour les.vrais musulmans, et, laissant seuleuient qqqîques frères pour le terminerons traversèrent le Mississipi et, après avoir passé trois ans dans des régions inexplorées, au milieu des plus cruelles souffrances, ils arrivèrent, ’ en juillet 1817, décimés par la famine et les maladies, sur le bord, du lac Salé, cptre.les montagnes Rocheuses et la sierra Nevada de Californie.. ’..-., ..

Ce fut là, dans une contrée qui présentédé, grandes analogies physiques avec la Pales.- ! Une et qui, après avoir.reçu le nom’de Oèsei-et ou.pays de.l’abeille, porte aujourd’hui, !© nom de territoire d’Utah. que les irformans fondèrent Grçai-$alt-Lake-Ciiy, leur ville sainte, la Nouvelle-Sion. Cette villei qui s’é-, lève en ’amphithéâtre sur la pente d’une colfine, non loin de la rive droite du Jourdain et a 2 ou 3 lieues de l’embouchure de ce fleuve dans le grand lac Saïé’, offrait à peine quelques maisons en 1850 ; la plupart.des habitations consistaient en wagons, de voyage alignés le long des sentiers. Aujourd’hui, " Greatr Salt-Lake-City, peuplée d’environ 20,000 ha ? bitants, est une des villes les plus belles îles États-Unis. Toutes les rues, larges de 40 mètres, sont arrosées de. chaque côte par desruisseaux d’eau limpide dout les, bords sont plantés d’une double rangée de saules arborescents. Les maisons, toujours propres et

souvent élégantes, sont séparées, de la rue "par des arbres, des massifs d’arbustes et des plates-bandes de fleurs. De grandes places, pleines de.fraîcheur et d’ombre, interrompent. de distance en distance la monotonie des longues rues tirées au cordeau. Outre des temples, appartenant à diverses sectes, on y voit un grand théâtre, un hôtel de ville, une université, un musée, un jardin zoologique, deux académies, .deux, écoles de commerce, de « ombreuses écoles primaires. Il paraît chaque jour dans la ville quatre journaux, dont deux sont des feuilles d’opposition. Après la traversée de l’affreux désert de saule et do sel, c’est une joie ihexprimablepour les voyageurs de pénétrer dans l’onsis conquise par le travail sur un sol rebelle. Les saints qui arrivent d’Europe ou de Californie se prosternent la face contre terre d’aussi loin qu’ilâ : aperçoivent la cité sacrée, comme les pèlerins musulmans lorsqu’ils distinguentiles édifices de La Mecque ou deMôdine.,

La population de Great-S ; dt-Lake-C ; ty se compose d’éléments où sont représentées toutes les nationalités : Anglais’, ’Écossais, Canadiens, Américains, Danois, Suédois, Norvégiens, Allemands, Suisses, Polonais, Russes, Italiens, Français, nègres, Indous, Australiens, etc. • Tous ces gens, dit M. Jules Rèiny dariS son excellent ouvrage intkuléVoi/fljé au pays des mormons, nés dans des Croyances différentes et souvent opposées, élevés pour la plupart dans l’ignprauce la plus crissé et dans des préjugés divers, ayant vécu les uns dans la vertu, les autres dans.l’indifférence, le plus grand nombre peut-être dans un entier’abandon aux instincts les plus grossiers ; tous ces gens, différant entre eux par le climat, le langage, les mœuré, les lois, la na- ’ tkmalité’, les goûts, se sont rassemblés, se rassemblent tous les jours pour vivre mieux que des frères, dans une harmonie" pâï-fàitë, au milieu du continent américain, où ils forment une nation nouvelle, indépendanté, conv pacte et par le fait tout aussi peu soumise au gouvernement des États-Unis qui, l’héberge qu’aux jirmans du Grand Turc.

■ La plus grande activité règne parmi cette population, où l’on ne voit pas d’oisifs ni de désoeuvrés. Tout le monde, depuis le plus simple fidèle jusqu’à l’évêque et jusqu’à l’apôtre, est occupé a dos travaux manuels. Il suffit de voir les mormons à l’œuvre pour comprendre comment leur colonie, qui n’a commencé qu’il la fin de 1847, se trouve déjà dans un état si florissant, si avancé. Et cette activité ; aussi qdininible." que/ifêçQiida.-u’gEt :

pas, ? comme oh ’pourrait Je ■ Croice^laêônsé- / quence d’une organisation’ du’travail, telle que la rêvent quelques, économistes européens. Chacun travaille-pour, soi ou pour sa famille* sous le triple aiguillon.de la nécessité, de l’intérêt et du bien-être. » n. ;, .’.

La sage politique de Brigham Young, chef actuel des, mormons, s» révèle ■ en toutes choses. Au lieu de laisser les saints se grouper autour du lac". Salé et dans lès vallons fertiles des monts Wahsatch, il -a- distribué avec prévqyance ses colonies -sur toute.l’étendue de la contrée, .de manière et former de. longues chaînes.de villes qui -peuvent devenir autuntde points d’appui ou de centres de) résistance, en-cas de. guerre extérieure ou de retraite forcée. Lorsque-iBrighn m a décrété laifondation.d’une nouvelle colonie, il dési-i gnéi sans les consulter^ lesfidèles-qui : do’tvent partir. tGeux-ci abandonnentieussitôt, leurs demeuresiet s’exilent- au jonrîindiqué, seuls1 ou avec -leurs femmes, -’ suivant la volonté, ’dn prophète. De même que les-, colons, -îles, missionnaires sont expéaiésipar B’righamYouHg.

dans tous les pays dùi rconde, ne : pouvant’ compter que sur eux-mêmes, sans un dollar.-Us se, rendent, en, «utilisant leungenro id’im, dustrier jusqu’au lieu désignérpour- leur apostolat, oùJls essayent de trouverde l’ourvrage et de fonder.-des congrégations.’ C’est Jdans les bas-fonds’de 3a société anglaise que les apôtres mormons font leurs plus" nombreuses1 recrues ;-à la.fin’de l’annééllSSi ; préside. 30,000’néophytes étaient. inscrits sur les registres do la présidence ;.de Liverpool..En Scandinavie ; des milliers de paysans et. d’où-, vriers sont entraînés par la nouvelle ’doctrine, dont la grossière simplicité frappe leur esprit encore.inculte ;’ mais lailsévéritéides lois suédoises retient un grand nombre.d’hérétiques dâns’lé’girôn de, l’Egïf$e o’ffYciétlé. En Danemark, où là’constitution de 18^49 garantit la liberté dès cuites, les 'mormons forment des communautés florissantessUn’fait très-remarquable, ’ c’est que les -prédications marmonnes n’ont de prise ; que sur les habitants des pays du Nord ; parmi les convertis, on compté à peine quelques (.’éntaines’dê Français, d’Italiens et d’Espagnols. Us né font même dans les pays du Soret que de rares prosélytes parmi, les populations ’intelligentes : • dé la leur insuccès actuel da, ns le ? États-Unis, où la npuvel !e, religion a pris naissance ; ils ne recrutent guère en, Amérique que des éraigrarits nouvellement débarqués.,

D’après Te recensement de" 1850,1e nombre des mormons habitant VUtah ne.s élevait qu’à. 12,380 ; en 1870, la population était de 80,786, et, d’après, un recensement fait par Brigham Young en mais 1873, ellés’élevait à 105,229. Lé nombre dKs.mor/noiw daùs l’univers entier est d’environ 200,000., ’..’

La. conduite du gouvernement fédéral enV verslesmçirwoiw témoigna pendant longtemps d’une grande indécision. Ce ne futqu’en 1850, que le pays actuel dé l’Ùtah fut organisé par les États-Unis en territoire, ayant uneChambre haute efune Chambre basse. À céiïèé’poque, M. Fillmore, président des États-Unis, " n’hésita point à donner le titre de gouverneur’ d’Uta-h au chef de la religion, Brigham Young ; mais ce dernier montra’des dispositions si hostiles contre l’Union, qu’après des-rappels et.des changements répétés-des fonctionnai- ’ res’placés sous ses ordres il fut définitive-ment déposé en 1854. Le président-Pierce envoya, la même année, un nouveau gouver- ; neur, le colonel Stepton, qui se démit de ses fonctions presque aussitôt après son arrivée et gagna la Californie avec ses troupes, -après avoir signé une pétition par laquelle les chefs des mormons demandaient le rétablissement de Young. Tous les nouveaux fonctionnaires envoyés postérieurement, par les États-Unis furent expulsés par la population. Le prési^ dentBuchanan établit en 1857.un nouveau gouverneur, Alfred Cumming, auquel il donna un corps de troupes de 2,500 hommes. Après ftvoir fait au début-quelques tentatives de résistance, les- mormons cédèrent.et Buchanan leur accorda une amnistie générale. I, es troupes restèrent-panni eux jusqu’au mois de mai 1SG0. En juin 1862, les mormons demandèrent de nouveau que leur territoire fût incorporé dans l’Union. ; mais leur demande fut repoussée par le congrès, qui rendit en même temps une loi contre la polygamie et contre l’accumulation dans les mains des corporations de propriétés d’une Yaleursupérieurè.à 50,000 dollars (265,000 fr.). Durant la guerre civile, les mormons restèrent neutres et leur repos ne fut pas troublé ; mais, après comme avant cet événement, ils ne reconnurent d’autre chef spirituel et temporel que Brigham Young. Sur les instances de Brigham, le congrès des’ États-Unis décida la construction d’un, chemin de fer allant du MissourLau Pacifique enpassant près du la, c Salé. Après l’achèvemeut de cette ligne (1869), il fit construira l’année suivante un eanuranchement qûlrelia la Souvelle-Sion à ce chemin de fer. La création de ces voies ferrées etla, découverte de riches mines d’argent ont contribué beaucoup à l’accroissement de la population de l’Utah, dans laquelle l’élément n’appartenant pas à la religion mormonne entre aujourd’hni pour un tiers. En 1870, sur la proposition de M. C’ulloin, le congrès des États-Unis vola un bill ayant pour objet de forcer les-mormons de renoncer à la polygamie ou de quitter les États-Unis. Le général Shaeffer fut noimûé gouverneur de l’Utah et chargé de

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faire exécuter-cette loi, .qui rencontra Une vive résistance. Efl. 187 k, des poursuites furent intentées contre Brigham Young, ’ qui quitta l’Utah et, fit, en 1872, un voyagéen Palestine, dans le but, croit-on, de préparer l’émigration des mormons dans cette partie de l’Orient. ’, ..’, ..

r*- .Doctrine, maiurs et, institutions des mormons. Nous en ferons un résumé d’après le savant Voyage de M. Jules Rémy, l’ouvrage le plus complet, le plus impartial qui ait été publié jusqu’ici sur les mormons. Le, premier, caractère qui—frappe quand on regarde le mormoflisme 4e près e (qu’on le ; considère comme religion, c’est son universalité ou do, moins sa-prétention à l’universalité- Chez lui, rien d’étroit et d’exclusif comme dan’s l*i plupart desj religions, même les plus larges et les plus.flexibles. «.La différence la plus saillante que je découvre entre les saints du dernierjour et les autres secte^, disait le i^r janvier 18+3 jqseph Smith à un magistrat qui désirasse rendre compte de sa doctrine ; c’est que. celles-ci sont toutes, circonscrites, dans ua, Credo.particulier qui.ôte aux-membres le privilége-de croire autre chose que ce qui y est, contenw, tandis que nous, nous n’avons pas de symbole exclusif, mais nous sommes prêts à croire tous les vrais principes qui existent, à mesure.qu’ils se révèlent, », Cas. pai-ples, s’il.faut les prendre au pied de la lettre, révèlent une pensée, de large.et ample conciliation, une sorte d’éclectisme compréhensif fort curieux dans un homme d une

culture intellectuelle au, ssi peu avancée que l’élit celle d§ Smith. Dans son iétat actuel, dans la.pratique, le mormonisme veut ce que voulait son fondateur : une religion universelle, progressive, <jui réunisse en une seule foi tous les. cul tes, tous les peuples de la terre. La métaphysique du mormouisme n’est pas une invention qui lui appartient en pror pre. Pour l’appeler de son nom, c’est le vieux matérialisme d’Épicure et de Lucrèce, de d’Holbach et de Lamettrie, avec une dose assez considérable de panthéisme ; mais ce qui lui donne un caractère original, ce qui en fait une véritable curiosité, c’est la façon dont on l’a marié aux idées juives et chrétiennes. "Voici le résumé de la doctrine sur Dieu telle qu’elle a été élucidée par les disciples de Smith : Il y a unéinfinité de dieux ayant à leur tête un pieu chef, la Tète des dieux ; les dieux^mt un corps et des organes semblables aux nôtres ; mais leur corps est immortel. Il y a des dieux femelles de toute éternité, c’est-à-dire coèteroels.aux plus anciens dieux. Ce sont les reines du ciel. Elles sont mères, de nos esprits et des dieux par une génération naturelle aux cieux. Jésus-Christ diffère de son Père en ce qu’il lui est subordonné et ne.peut rien faire de son propre mouvement indépendamment de lui ; mais il fuit toutes choses au nom et par l’autorité du. Père, étant du même avis en toutes choses. Les dieux, les anges et les hommes sont tous, d’une seule raee> d’une grande et unique famille répandue parmi les systèmes planétaires comme des colonies, — des royaumes, des nations. La grande différence qui distingue une portion de cette race d’une autre portion. consiste dans les degrés divers d’intelligence et -de pureté qu’elles possèdent et aussi dans la variété des sphères occupées par chacune dans la série de l’être progrèssif.-Un homme immortel, en progrès de perfection et douéd’un moindre degré de gloire, • est-appelé un ange. Un esprit immortel d’homme, qui n’est pas. uni à un tabernacle de. : chair, s’appelle unesprit. Un homme iramortel, revêtu d’un tabernacle mortel, s’appelle un homme. L’homme, partie de la substance de Dieu, existe de toute éternité ;-il n’est donc pas. né-dans le péché. Dans la religion morijîOHne, il existe, comme-on le voit, une pluralité de dieux ou plutôt une pluralité de. fils de -Dieu, quoiqu’il y ait une tête suprême qui est au-dessus de tout et danstout, et dans son fils par le pouvoir de son esprit. Jésus-Christ et.son Pèré sont deux personnes^ Chacun d’eux a un tabernacle organisé, individuel, composé d’une substance matérielle à l’instar de l’homme et possédant tous les ; organes que l’homme possède. Les hommes, les anges et les esprits sont dieux ou fils de dieux. Mais par-dessus eux tous il y a une présidence ou grande Tête, qui est le. Père de tous. Après lui vient immédiatement Jésus-Christ, le premier-né et le premier héritier de tous les royaumes do la lumière. Dieu, comme tous les, dieux, a un corpB immortel et est soumis aux mêmes passions et aux.méines besoins que l’homme, qui est encore à l’état imparfait tant qu’il n’a pas changé son corps mortel pour un corps immortel. Le Saint-Esprit et les esprits n’ont pas de corps déterminé et, parmi les dieux, ce-sont les seuls qui en soient dépourvus. L’homme, qui est de la race des dieux, deviendra lui-même par des transmigrations un dieu parfait. Les dieux, a3rant un corps et des passions, boivent, mangent, dorment ot font l’amour. Puisque la Tête des dieux a enfanté Jésus-Christ et toute la race des dieux, il lui a fallu des femmes. Aussi est-il marié dans le ciel. Jésus-Christ lui-même était marié sur la terre et, de plus, polygame. Dans le ciel il se promène avec ses femmes, monté sur un char traîné par des chevaux blancs. Le Saint-Esprit, sous le contrôle du grand Elohim, est la gt-ande cause mouvante de toutes les intelligences et le moyen par lequel elles agis MOKM

Sent. Le Saint-Esprit, sur l’ordre du Tout-Puissant ou do ses agents, met en mouvement tous tes mondes, fait Içs miracles, ressuscite les. morts, guérit les malades, transporte les montagnes et change la rotation de la içrre. Les autres dieux ne peuvent jamais être qu’à une place à. la fois, tandis que lui peut être en même temps en autant d’endroits qu’il a de parties, et ses parties sont infinies. Cet enseignement des théologiens mormons est sujet a plus d’une variante, comme bien on pense : on peut ctre excellent mormon sans croire à tout cela et même en l’ignorant complètement ; l’essentiel est de se montrer soumis au prophète et à son successeur.

Tout en prétendant que l’authenticité du Livre de Mormon est mieux établie que celle delà Bible, les théologiens de l’Utah s’appuient beaucoup plus souvent.sur celle-ci pour défendre.et soutenir leur doctrine. Ils en torturent le, texte, à plaisir e.t, lorsqu’on leur reproche de ne point l’entendre comme les chrétiens, ils se tirent d’affaire en disant que les traductions sont fautives et qu’il faut s’en rapporter à la version donnée par Joseph Smith, version qui, si elle existe, n’a pas été publiée jusqu’à ce jour. Ils ont également un respect extrême pour l’Évangile ; mais, de même que pour- l’Ancien Testament, ils l’entendent à leur, manière, il ne faut point s’étonner de ce qu’ils citent rarement le Livre de Mormon, attendu que ce livre ne renferme que l’histoire du peuple hébreu en Amérique et que la morale qui y est contenue est presque tout entière tirée de la Bible.

Les mormons ont certaines cérémonies analogues aux sacrements.des autres Églises. Chez eux le baptême s’administre par immersion, dans les, lacs, dans les rivières, dans les sources assez profondes. Le baptême n’a d’autre vertu que d’effacer les péchés, et l’on ne baptise pas les enfants. Un prosélyte ne devient mormon que par l’imposition des mains, qui communique le Saint-Esprit et ses donsj on peut la recevoir, de même que le baptême, .un nombre de fois illimité. Les vivants n’ont pas exclusivement le privilégo de recevoir le baptême : on a étendu son application jusqu’aux morts eux-mêmes. Le baptême pour les morts s’administre sur les vivants au profit des parents ou amis qui, faute d’avoir été purifiés en ce monde par les eaux saintes, n’ont pu entrer en état do justice dans la nouvelle phase de leur existence éternelle.

À ces sacrements il faut ajouter la cène, l’ordre, le mariage et une sorte de friction oléagineuse qu’on applique aux malades et qui rappelle l’extrême-onction catholique, ce, qui porte a six le nombre des sacrements admis par. les saints. Le rit du mariage en Utah est semblable à celui qui est suivi dans la plupart des Églises protestantes. L’État des mormons est une communauté théocratique, à la tête de laquelle est placé un grand prêtre président, assisté de deux autres grands prêtres avec lesquels il forme un quorum de la présidence de l’Église. Ensuite viennent les douze conseillers voyageurs, qui ne sont que les douze apôtres.ou témoins spéciaux du nom de Jésus-Christ dans tout l’univers. Ces Douze forment un quorum dont l’autorité et le pouvoir égalent ceux.des trois présidents mentionnés ci-dessus. En troisième lieu se placent les Septante, appelés à prêcher l’Évangile et à être los témoins spéciaux pour les gentils par toute la terre : ils forment un quorum égal en autorité à celui des douze apôtres. Toute décision prise par l’un de ces quorum doit être votée à l’unanimité ; cependant la majorité peut suffire quand les circonstances l’exigent. Dans le cas où une décision de l’un ou de l’autre de ces quorum aurait été prise contre le droit et le bien, il peut en être appelé devant une assemblée générale des divers quorum. Au-dessous de ces autorités supérieures se placent immédiatement les évê- ’ ques, qui sont chargés spécialement d’administrer les choses temporelles et de recueillir les dîmes. Au-dessous du corps êpiscopal se trouve le clergé inférieur, tel que les prêtres, les catéchistes et les diacres. Il n’y a pas d’habit particulier, pas d’uniforme, pour aucun des corps de l’Église. Rien ne distingua extérieurement le président d’un apôtre ou du dernier des fidèles. Tout le monde est libre de suivre pour son habillement la mode ou sa fantaisie. Aucune espèce de titre n’est attaché aux honneurs. Le seul titre en -usage parmi les mormons est celui de frère ou de sœur, et il s’applique à tous les fidèles, depuis le prophète jusqu’à la dernière brebis de son troupeau, depuis le vieillard jusqu’à l’enfant. LesmormoHs n’ont qu’un temple ou une chapelle pour chaque ville ou village ; dans les missions cependant, à Londres par exemple, ils ont dans la même ville plusieurs endroits destinés ait culte, et cela pour faciliter la prédication et favoriser le prosélytisme. Lorsque le grand temple du lac Salé sera construit, on reprendra les sacrifices d’animaux tels qu’ils se faisaient sous la loi antique. En attendant ce moment, les mormons se contentent des privilèges spirituels que les révélations leur ont accordés jusqu’à ce jour et qui consistent à opérer des guérisons, à faire des miracles, à chasser les démons par la puissance du Christ et à posséder le don des langues. Par le don des langues, ils entendent une faculté, une sorte de grâce communiquée aux uns pour articuler des sons étranges, inintelligibles à la personne même qui les