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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 1, P-Pate.djvu/101

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lapidé, bous le règne de Louis l’Econome, en dépensas clandestines, J35 millions. Et c’est en si peu de temps ! Tu ne sais donc pas que lions avons eu en France douze contrôleurs généraux des finances, qui ont été pendus et exposés à Montfauçon ? » Et Loustalot écrivait de son côté, dans ses Révolutions de Paris : * Noua croyons la contre-révolution impossible depuis la publication duLivrerouge ; il en faudrait tirer 24 millions d’exemplaires.»

La même année, la discussion sur les biens du clergé soulève les passions les plus violentes. Charles l.ameth est forcé de dénoncer à l’Assemblée le libelle intitulé ; la Passion de Louis XVI ; les prières mêmes vendues à la porte des églises prennent la forme lia pamphlet, et on lit à la fin d’une neuvaine, citée par la Chronique de Paris : « O Jésus-Christ, notre Sauveur et notre Dieu I la colère de votre Père s’estdéchalnée contre nous. Sa fureur nous a enveloppés... Votre Père venge sa gloire de ce tas de scélératesses qui demandent plus hautement vengeance que les infamies de Sodome et de Gomorrhe. »

Les écrivains royalistes-des Actes des Apôtres aiguisent contre l’Assemblée nationale leurs épigrammes les plus sanglantes : Il est trois façons d’être, où.chacun prend son rang ;

Salarié, voleur ou mendiant ; Mirabeau vous l’a dit, et son aréopage A fait des trois façons l’équiiable partage :

De mendier le peuple a le bonheur ; D’un salaire au clergé restera l’avantage ;

À ce Sénat, si décent et si sage, Que restera-t-il donc ? — Le métier de voleur.

À ces attaques virulentes, le parti libéral répond avec la gaieté que donne l’assurance du succès. Le journal de Condorcet, la grave Chronique de Paris, riposte aux épigraimnes par des acrostiches. Mais c’est surtout l’abbé Maury, le champion du clergé, qui excite la verve des pamphlétaires. Il voit tomber sur lui, comme des grêlons : le Grand accident arrivé à l’abbé Maury ; l’Histoire de Maury fouetté par des écoliers ; l’Assassinat eonimis "oar l’abbé Maury sur son perroquet ; le Mariage de l’abbé Maury avec l’abbessede Montmartre, et surtout le Testament de l’abbé Maury, dont les détails les moins édifiants de sa vie privée font tous les frais.

À la chute des privilèges du clergé succède la chute des privilèges de la noblesse. Le décret de l’Assemblée nationale, du 19 juin 1790, supprime les titres et les armoiries. Les gentilshommes sont dans la consternation. Eh quoi I • on discute jusqu’à la source de l’auguste sang de nos princes ! ■ Un pamphlétaire ose écrire que » Monsieur Capet, le pouvoir exécutif suprême, descend de Laurent Babou, notaire à Bourges, i S’il ne m’est pas permis de le dire au papier, J’irai creuser la terre, et, comme ce barbier, Faire dire nux roseaux, plutôt que de me taire : ■ Capet, le roi Capet est le fils d’un notaire. ■

Un autre pamphlétaire divulgue, dans le Vrai miroir de ta noblesse, l’origine souvent obscure, parfois honteuse, des plus grands noms du royaume. L’auteur érudit n oublie ni les filets et la caque de Villeroi, sous François 1er ; n i l’état de Boucher de Georges Vert ; ni Saint-Simon, oiseleur sur le quai delaFerraille, du temps de Louis XI ; ni Breteuil, naguère bahutier sur le pont Notre-Dame : À la fraiche qui «eut boire ? ni la baguette d’huissier et les Paix là ! de Villequier ; ni la seringue de Mazarin, des d’Uzès, des Lamoignon ; ni la serviette et la livrée des Noailles, etc., etc.

Les complots de la contre-révolution se croisent de tous les points ; on amasse en secret des armes, on recrute des soldats étrangers, on s’assure la complicité des officiers, on intrigue avec les princes et les rois de l’Europe ; la France se sent prise dans les filets d’une vaste conspiration. Tout a coup éclate, le 26 juillet, comme le premier coup du canon d’alarme, le terrible pamphlet de Marat ; C’en est fait de nous ! Voici les conclusions du formidable ami du peuple :

« Citoyens, ... c’en est fait de nous pour toujours si vous ne courez aux armes, si vous ne retrouvez cette valeur héroïque qui, le 14 juillet et le 5 octobre, sauvèrent deux fois la France ;

Volez à Saint-Cloud, s’il en est temps encore ;

Ramenez le roi et le dauphin dans vos murs -,

« Tenez-les sous bonne garde, et qu’ils vous répondent des événements.

Renfermez l’Autrichienne et son beau* frère ; qu’ils ne puissent plus conspirer.

Saisissez-vous de tous les ministres et de leurs commis ;

■ Mettez-les aux fers ;

Assurez-vous de la municipalité et des lieutenants du maire ; « Gardez à vue le général ;

« Arrêtez l’état-major ;

Enlevez le parc d’artillerie de la rue Verte ;

Emparez-vous de tous les magasins et moulins à poudre ;

■ Que les canons soient répartis entre tous les districts ;

Courez, courez... Cinq à six cents têtes abattues vous auraient assuré repos, liberté et bonheur ; une fausse humanité a retenu vos bras et suspendu vos coups ; elle va coûter lu vie à des millions de vos frères. Que vos ennemis triomphent, et le sang coulera à grands Ilots ; ils vous égorgeront sans pitié ; xu.

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ils éventreront vos femmes, et, pour éteindre à jamais parmi vous l’amour de la liberté, leurs mains sanguinaires chercheront le cœur dans les entrailles de vos enfants. »

C’en est fait de nous est dénoncé à la tribune par Malouet, et des poursuites sont décrétées contre l’auteur par l’Assemblée nationale.

Ce n’est point seulement contre le farouche ami du peuple que l’Assemblée doit sévir. Elle a aussi à réprimer les attaques des autres partis. Frondeville, condamné à la censure pour un discours insultant prononcé à la tribune, répand dans tout Paris et dans les provinces ce même discours sous forme de brochure, avec cette épitaphe ;

Dat veniam corvis, vexât censura columbas ; « Ils pardonnent aux noirs corbeaux et poursuivent l’innocente colombe ; » et, en tête de l’Aoant-propos, ces lignes provocantes : « Ceux qui prendront la peine d’examiner mon discours devineraient difficilement pourquoi je lo fais imprimer, si je ne me hâtais de leur apprendre qu’i7 a été honoré de la censure de l’Assemblée nationale.» Frondeville sut cependant se soumettre à des excuses, qui ne lui épargnèrent point le châtiment humiliant de huit jours d’arrêts dans sa propre maison.

Le départ d’un curé qui a refusé de prêter le serinent civique fournit à Camille Desmoulins une de ses plus jolies pages. La scène se passe à Ruel, près de Paris. « M. le curé monte en chaire et ne dissimule pas qu’il est décidé à refuser. Les paroissiens ne s’amusent pas a l’interrompre ; mais une partie de l’auditoire s’écoule. Tandis que le pasteurs’échauffe et se démène en son surplis, on déménage le presbytère avec la plus grande précaution, afin de ne rien casser ni endommager, et tout ce qui ne tenait pas a fer et à clou est mis sur des charrettes. Le sermon fini, M. le curé descend. On s’empresse autour de lui ; on lui serre la main, on lui frappe sur l’épaule. « Adieu, monsieur le curé, adieu I — Qu’est-ce, mes chers paroissiens, et pourquoi ces tendres adieux ? » Jl sort de 1 église. Son étonnement redouble. Il voit le déménagement fait, Javotte en pleurs, déjà, dans la charrette, t Où comptez-vous aller coucher, monsieur le curé ?—À Fontainebleau, » répond l’aristocrate, la cœur gros de soupirs. Pendant que M. le vicaire rit, que le maître d’école a la larme à l’œil en disant adieu à lavotte, le charretier jure après ses chevaux, qui entraînent M. le curé. Il a déjà perdu’de vue son clocher, et ses paroissiens goguenards lui crient encore de loin : « Adieu, monsieur le curé ! Portez-vous bien, mon■ sieur le curé 1 Monsieur le curé, bon voyage ! »

Bientôt les clubs commencent à jouer, en dehors de l’Assemblée, ce rôle terrible oit le premier acteur en scène était le peuple. Tout d’abord commence l’habitude des dénonciations, manie d’abord, fureur ensuite. Les Subbats jacobites se moquent, ainsi des jacobins, qu’une défiance patriotique porte les premiers aux soupçons, a la délation, à l’espionnage politique :

Je dénonce l’Allemagne,

La Portugal et l’Espagne,

Le Mexique et la Champagne,

La Limagne et le Pérou.

Je dénonce l’Italie,

L’Afrique et la Barbarie,

L’Angleterre et la Russie,

Sans même excepter Moscou. L’auteur de ce pamphlet périodique, F. Marchand, avait emprunté à la Satire Ménippée cette épigraphe :

Gardez, messieurs, que l’on s’accorde

Sans vous en demander avis ;

Car, après, sans miséricorde,

Pourriez bien, au bout d’une corde.

Faire la moue a vos amis.

Le duc d’Orléans n’est pas plus épargné que les autres jacobins, ses collègues. Le pamphlet lui fait dire :

La France n’est pas ce que j’aime ;

J’aime le trône de Louis.

Je voudrais bien m’y voir assis,

À quoi son fils, le duc de Chartres, plus tard Louis-Philippe, répond’ :

Ne comptez jamais sur cela,

Papa, papa, papa, papa : ■ Que je vous plains : Vous ne régnerez pas !

Chansons de pantins. Et ce sont les jacobins que l’on traitait comme des marionnettes !

Les Actes des Apo7res-joignent leurs vers de mirlitons à’ceux des Sabbats jacobites.

Parmi les pamphlets contre-révolutionnaires, un des plus drôles est VAnn’quin liredouille, de Gorjy, qui parut en petits volumes de 1790 à 1793 ; l’auteur s’y moquait de tout, des fédérations, des clubs, de la patrie en danger, du canon d’alarme, des sections armées de piques faute de mieux, et le réveil d’un grand peuple ne lui paraissait guère qu’une farce plaisante : mais ces quolibets n’étaient pas bien méchauts. Les pamphlets royalistes ont d’ordinaire plus d’acrimonie ; la plupart prenaient à dessein le langage le plus grossier et dénonçaient les clubistes en style des halles. Avec eux, nous ne sommes plus au retour de Saint-Cloud, comme avec les Actes des apôtres, mais à la descente de la Courtille. Le Jean-Bart s’exprime uinsi ;

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« On ne parle plus maintenant que clubs, qu’assemblées, que tripots patriotiques. Eh 1 je me f... bien, ventre mille dieux I de tout ce s.... patriotisme à la toise... Je rencontre

, partout des babillards, des motionnaires et des motionneux, et, au milieu de ce gâchis, il n’y a pas encore assez de Français. Et puis, admirez la contradiction 1 La France se soulève contre l’esprit de parti : elle sait combien les marchands de bon Dieu ont été nuisibles à son bonheur, elle supprime les moines. Eh bien, j’entre dans une société où je suis inconnu : « Qu’est-ce que cet habit bleulà avec sa grande culotte ? — Madame, c’est JeanBart. — Est-ilcordelier ?Est-il prémontré ? Est-il feuillant ? Est-il jacobin ? — Je suis marin, f...... madame, pour la vie, et

pas f.... pour être moine. — Vous n’êtes pas

au courant, monsieur le marin. — Triple Dieu ! madame, je vous demande mille millions d’excuses, mais je croyais, comme un j...-f...... que l’homme libre ne pouvaits’ho norer d’un plus beau titre que celui de Français....Jacobin ! ... Eh ! je me f... bien d’aller

dans une église où des moines criminels de lèse-nation armèrent Jacques Clément pour frapper Henri III et firent croquer une hostie à ce scélérat... Jacobin !... Je hais ce nom et j’embrasse les vrais Français que la ■ malheureuse mode a transformés en jaeo binaille. Ces b -là sont mes frères, et je

rejette avec exécration tous ceux qui osent avec une carte se dire bons citoyens et « achètent pour six francs de patriotisme. Point de partis, nom d’un million "de boulets rames 1 Point de partis I L’esprit de corps est le poison de la liberté. »

De tous côtés, les pamphlets pleuvent sur les jacobins, pamphlets dont le titre seul fait souvent l’achalandage et où, sur un fond de banalité, ne font tache en vigueur que des calomnies ou des obscénités. Tels sont : l’Aiiiijacobinisme, les Secrets du club des Jacobins confiés au peuple, les Jacobins dévoilés, le Carnaval jacobite, Dialogue entre un jacobin et un en j’ont, la Pièce est pire que le trou, Ça ira-t-il ou ça n’ira-t-il pas, et, pour ça, faut-il être jacobin ou feuillant ?

La constitution civile du clergé ou, comme on disait dans ce temps, « le grand schisme de l’Église, • soulève des tempêtes. Les aristocrates crient h l’abomination ; ils maudissent et anathématisent ; les esprits libéraux déploient leur bonne humeur, et toute la France de rire, car, chez nous, les mœurs du clergé ont toujours été une des sources les plus abondantes des bonnes gauloiseries. Il circule à Paris un livre, tiré, dit-on, d’un manuscrit trouvé à la Bastille, et portant ce titre : la Chasteté du clertjé dévoilée ou Procès-verbal des séances du clergé chez les filles de Paris. Camille Desmoulins en fait l’analyse dans ses Révolutions de France et de Brabant. Ne citons que quelques anecdotes. > Le savant bénédictin dom Carpentier raconte qu’un quidam, ayant rencontré une jeune fille de quinze à seize ans, « lui requit qu’elle voulust < qu’il eust sa compaignie charnelle, « ce qui lui fut accordé par elle, parce qu’il promit de lui donner robe et chaperon, et de l’argent pour acheter des souliers et « aller à confesse le jour de Pâques. » Combien était grande l’avarice du fanatisme, puisqu’une fille de campagne était obligée de consentir au sacrifice de sa virginité pour payer au confesseur les 5 sous du temps pascal, en sorte qu’elle était obligée de faire la faute pour avoir l’absolution 1 » Plus loin, Camille Desmoulins suit l’auteur dans ses découvertes sur la police amusante, faite, au profit des plaisirs de S. M. Louis XV, par M. de Sartines’, lin chasseur d’amourettes ecclésiastiques. « C’est ainsi, dit-il, ô monsieur l’abbé Aubert, que vous surprit un jour le commissaire Siribeau, comme Dieu surprit Adam, au milieu de son péché. C’était l’an 1758, le vendredi 7 janvier, dies Veneris, jour de Vénus, vers les huit heures du soir, rue de Grenelle-Saint-Honoré, maison de la dame Viard, au premier étage, sur le devant... Vous aviez alors trente ans, monsieur l’abbé Aubert, et votre poëme des Aviours de Psyché vous avait mis en belle humeur... »

—1791. Le massacre du Champ-de-Mars excite l’indignation publique. Mais, par-dessus toutes les clameurs, s’élèvent les cris forcenés de Marat.» Que faire ? s’écrie-t-il dans l’Ami du peuple, que faire ?... Couper les pouces à tous les valets-nés de la cour et aux représentants de la ci-devant noblesse et du haut clergé, non comme infidèles, mais comme ennemis. Quant aux députés du peuple qui ont vendn au despote les destinées de la nation, aux Sieyès, aux Le Chapelier, aux Duport, aux Target, aux Thouret, aux Voidel, aux Barnave, aux Emmery, aux Bureaux de Pusy, aux Prugnon, empates-les tout vivants, et qu’ils soient exposés, sur les créneaux du Sénat, pendant trois jours, aux regards du peuple. «

Mirabeau se meurt, et il peut entendre crier sous ses fenêtres : • la Confession générale du comte de Mirabeau, pria ; : bien 1 • ou bien : « la Vie publique et privée de Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau !»

Plus la Révolution se précipite, plus les attaques deviennent personnelles ; les principes sont devenus une chose trop vague et ne suffisent plus à satisfaire les Desoins de haine : c’est l’homme môme que l’on veut prendre corps a corps dans l’ennemi politique et torturer à plaisir. Lespamphlets, les journaux

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deviennent de véritables listes de proscription. Ils s’intitulent : La Fayette et liailly démasqués ou Dénonciation des nouveaux actes lyramiiqiies de Bailty et de Moitié, etc., etc. Murât lui-même est persiflé par Camille Desmoulins, qui, cependant, mêle des éloges h ses railleries.

« Marat, lui dit-il, tu écris dans un souterrain où l’air ambiant n’est pas propre à donner des idées gaies et peut faire un Timon d’un Vadé. Tu as raison de in’appeler dédaigneusement jeune homme, puisqu’il y a vingt-quatre ans que Voltaire s’est moqué de toi... Mais tu auras beau me dire des injures, Marat, comme tu fais depuis six mois, je te déclare que, tant que je te verrai extravaguer dans le sens de la Révolution, je persisterai à te louer, parce que je pense que nous devons défendre lo liberté, comme la ville de Saint-Malo, non-seulement avec des hommes, mais avec des chiens. >

C’est au moment où la surexcitation des passions allait passer des paroles aux faits que, par une sorte de prescience de l’avenir, sont prononcées les plus nobles paroles qui aient jamais enseigné le respect absolu île la vie humaine. Pendant que Robespierre, à la tribune, prélude à son prochain triomphe par son -discours contre la peine de mort, que Duport répond à un de ses adversaires qui en soutenait la nécessité et citait l’exemple de Caïn : < Dieu nfa pas dit : • Que Caïn soit « tué ; » il a dit : « Que Caïn soit errant, » les pamphlets qui affectaient les formes les plus grossières s’efforcent de faire pénétrer dans le peuple les idées de douceur et d’humanité. C’est ainsi qu’on lit dans les Vitres cassées ou

les Lettres b patriotiques du véritable

père Duchesne : «Je neveux plus qu’on tue... La loi qui tue prêche le meurtre... Qui t’a

donné, j.. ;-f, le droit de massacrer un

homme ?... On court à un supplice en foule ; les coquins en sont-ils inoins coquins ? Ils volent tandis qu’on pend. Voulez-vous moins do coupables ? Changez vos mœurs. »

La fuite du roi était un sujet trop intéressant pour ne pas aiguiser toutes les plumes. Les Parisiens chantent, sur l’air de Malbrough, une complainte où le roi dit :

J’ m’ennuie de ma couronne, Mironton, tonton, mirontaine ;

J1 la laissé à qui me donne

Du vin de MaUiga.

Dites qu’on m’en apporte. Mironton, tonton, mirontaine,

Et mettez sur ma porte :

C’est le dernier des rois.

Le club des Cordoliers le prend sur un ton plus tragique et écrit en tête d’un manifeste républicain :

Songez qu’au Chajnp-de-Mars, à cet autel augu»te, Louis nous a juré d’être Adèle et juste. De sou peuple et de lui tel était le lien : Il nous rend nos serments puisqu’il trahit le sien. Si, parmi vous, Français, il se trouvait fin traître Qui regrettât les rois et qui voulût un maître, Que le perfide meure au milieu des tourments ! Que sa cendre coupable, abandonnée aux venu. Ne laisse ici qu’un nom plus odieux encore Que le nom des tyrans que l’homme libre abhorre.

La Bouche de fer tire de cet événement des conseils politiques : c Avez-vous remarqué comme on est frère quand le tocsin sonne, qiiiind on bat lu générale et que les rois ont pris la fuite ? Plus de rois, pas de dictateurs, pas d’empereurs, pas de protecteurs, pas de régents :

Notre ennemi, c’est notre maître,

Je vous le dis en bon français.

La loi, la loi seule, et faite par tous. ■

Après l’arrestation de Louis XVI et de sa famille, Camille Desmoulins écrit, dans les Révolutions de France et des royaumes qui, demandant une assemblée nationale et arborant une cocarde tricolore, mériteront une place dans les fastes de la liberté : » L’orgueil, la gourmandise, la colère, l’avarice, la luxure, les sept péchés capitaux sont la pâte ou la boue dont Ahriman a pétri l’animal-roî, màla ou femelle. » Frêron, dans l’Orateur du peuple, fait dire au roi à son retour aux Tuileries : n J’ai fait là un f.... voyage I Mais je puis bien faire mes farces comme un antre... Qu’on m’apporte un poulet ! » Brissot écrit : « Les Égyptiens avaient mis sur le-trône une pierre pour leur servir de roi. Faisons de même, et donnons à cette pierre, éternel symbole du cœur d’un roi, un excellent conseil exécutif. • Bonneville, plus radical, répond aux objections contre l’établissement prématuré de la République : à Si les temps ne sont pas mûrs, vous qui, en un clin d’œil, mûrissez les Bastilles, ô amis de la vérité ! allumez dans tout l’univers un feu si terrible, que la liberté mûrisse enfin pour les nations. Que de tous côtés l’on s’écrie :

Les temps sont arrivés et, pour leur châtiment, La trompette a sonné le dernier jugement. •

Les monstrueuses cruautés de Carrier (1793), l’inventeur de la déportation verticale et des mariages républicaine, inspirent à Babeuf le foudroyant réquisitoire intitulé : la Vie et tes crimes de Carrier. Phelippes, dit Tronjolly, fait paraître : les Noyades et fusillades ou Réponse au Rapport de Carrier. Méhée fils publie, sous le pseudonyme de Felliésemi, anagramme de son nom, les Noyades, aveo cette épigraphe, tirée de Tacite : • Alors Ani 13