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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 1, P-Pate.djvu/103

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rigueur encore que la monarchie déchue, contre la vivacité effrénée des pamphlets et les audaces de lu caricature ; un seul nom fut changé : l’exécuteur chargé du maintien de l’ordre s’appela Persil au lieu de s’appeler Marehangy ou de Brofi.

En même temps que la prose, la poési * s’attaquait au gouvernement du juste milieu et vengeait les déceptions de la liberté : c’est Barbier avec ses ïambes, Barthélémy et Méry avec leur Némésîs. Jamais la muse politique n’a inspiré de vers plus admirables que la Curée, le Lion, Quatre-vingt-treize, YEmeute, Y Idole, cette ode vengeresse attachée à jamais à la mémoire du « Corse aux cheveux plats, » la Popularité*

Barthélémy, l’émule de Barbier, qui déjà, sous la Restauration, avait publié avec Méry sa Vitlétiade, la Corbiéréide, la Dupinade, la Peyronnéide, fait paraître, au lendemain des journées de Juillet, sa fameuse Némésis et obtient dans toute la France un immense succès d’éloquence et parfois de scandale.

M. de Corinenin fut le pamphlétaire du rè gne de Louis-Philippe, comme Paul-Louis ourier avait été celui de la Restauration, et la branche cadetie des Bourbons trouva en lui un rude adversaire. Son fameux pamphlet Oui et non (1845), sur la querelle des ultramontains et des gallicans, eut en France un immense retentissement ; le pamphlet qui le suivit : Feu ! Feu ! (1846), en réponse aux réclamations du parti religieux, atteignît le tirage, jusqu’alors inouï, de soixante mille exemplaires. D’autres pamphlets, dont le succès fut moins éclatant, eurent une influence plus réelle peut-être sur l’opinion publique et sur les décisions du gouvernement ; ce sont ses pamphlets sur la dotation, sur la corruption électorale, sur renseignement, sur la liste civile et ses deux Avis aux contribuables. Le Livre des orateurs, par Timon, pseudonyme adopté par M. de Cormenin, qui contribua te plus à sa réputation, est une sorte de pamphlet littéraire, d’étude, souvent malveillante, mais toujours spirituelle, pleine de finesse et de sagacité, où sont jugés les principaux orateurs de l’Empire, de Ta Restauration et les orateurs contemporains. Si M. de Cormenin ne s’est attiré que des éloges parla franchise de sa verve et par son entrain, la négligence de son style lui a mérité de vertes critiques. C’est ainsi qu’Alphonse Karr lui. reproche avec raison des phrases dans le genre de celle-ci, qui se trouve dans l’Almanach populaire pour 1840 : ■ Le budget est un livre qui pétrit les larmes et les sueurs du peuple pour en tirer de l’or. » Et le spirituel pamphlétaire compare le style de l’auteur de Timon à celui de M. Berryer écrivant : « C’est proscrire les véritables bases du lien social, » et à la fameuse phrase du Constitutionnel.-L’égide de la raison peut seule retenir le char de l’État, ballotté par une mer orageuse. »

Revenons un instant sur les deux principaux" pamphlets de Timon. Oui et non est une sorte d’interrogatoire à la manière de Socrate, où, à toutes les questions, est toujours formulé pour réponse un oui ou un non. On le voit, la méthode est claire et l’effet saisissant. M. de Corinenin a entrepris la défense des libertés de l’Église gallicane et, par une conséquence logique, de la liberté de l’enseignement, à la grande satisfaction du clergé. Voici son procédé pour établir.que, entraver la liberté du clergé, c’est porter atteinte à la liberté en général :

« La liberté de conscience intéresse-t-elle les catholiques ? — Oui. — Et les protestants ? Oui, — Et les juifs ? — Oui. — Et les philosophes ? — Oui. — Et ceux qui croient ?-Oui. — Et ceux qui ne croient pas ? — Oui.-Et ceux qui ne croient plus ? — Oui. — Et ceux qui croiront ? — Oui. — Et, par conséquent, tout le monde ? — Oui. — Et lorsque, dans un pays libre, on opprime la conscience de nos prêtres, n’opprime-t-on pas la nôtre ?-Oui. — Et, lorsqu’on opprime la notre, n’opprime-t-on pas la vôtre ? — Oui. — Quod erat demonstraudum, comme dit l’école, ce qu’il fallait démontrer. »

Le côté le plus plaisant de ces deux pamphlets est la nuée de brochures qu’ils firent naître et dont M. de Cormenin lui-même a dressé la liste : Feu contre feu ! Eau et feu ! Feu et flamme ! Feu Timon ! A saint Cormenin, pamphlétaire et martyr ; cent autres ; nous n’avons cité que les titres les plus réussis.

Timon a aussi raconté toutes les attaques, les déboires, les insultes même que lui attirèrent ces publications, trop cléricales, au dire des libéraux. « Le joli et agréable métier, dit-il, que celui de pamphlétaire, dans lequel on prétend que je noris tout seul depuis la révolution de Juillet !... J’ai été l’homme le plus honni, le plus calomnié, le plus menacé, le plus biographie, le plus déchiré, le plus défiguré, le plus flétri, le plus sali, le plus souillé de boue de la tète aux pieds. Tout mon corps n’est qu’une plaie. Je suis rompu, rendu, épuisé, et je detnande grâce... sau f à recommencer dans deux jours ; car, au fond, j’ai tout lieu d’être satisfait. Lorsqu’un de mes pamphlets ne m’attire que peu d’injures, je ne suis pas content de moi et je me dis : « C’est ma faute 1 J’aurai mal « attaqué cet abus-là I J’aurai mal défendu cette liberté-là 1 » Cette fois-ci, je crois mon pamphlet bon. •

A côté de M. de Cormenin, citons encore, pour le rogne de Louis-Philippe, un écrivain

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de talent, Claude Tillier, qui eut le tort de vivre en province, ce qui revient k dire qu’il y mourut obscur. À la différence de Timon, qui fut toujjurs vicomte, quoique vicomte de fraîche date, Claude Tillier est franchement du peuple. Son style est châtié, et, sur un fond de mélancolie où l’on reconnaît l’homme qui a souffert et qui souffre encore pour les autres, se détachent à chaque instant des traits d’une rare vigueur et les éclats d’une gaieté bruyante et saine, comme le rire mémo du peuple. Citons, parmi ses pamphlets vraiment remarquables : De choses et d’autres, vingt-quatre pamphlets (1834) ; Comme guoi j’aurais voulu me vendre à M. Dupin ; la Datation du duc de Nemours ; M. de Ratisbonne ou Un commis voyageur de la sainte Vierge (1845), chef-d’œuvre de malice et de bon sens, et enfin l’éloquente brochure : Non, il n’y a pas eu de révolution de Juillet (1847).

Parmi les pamphlétaires du règne de Louis-Philippe, il serait injuste du ne pas citer Alphonse Karr, quoique la forme périodique do ses pamphlets paraisse devoir les rattacher au journal proprement dit. Mais le retour des Guêpes à époque fixe ne les empêche pas d’avoir été un véritable pamphlet, de même que la Lanterne de Rochefort tient à la fois du journal par sa publication hebdomadaire et plus encore du pamphlet par ses tendances agressives, ses allures littéraires et ses appréciations toutes personnelles sur les mœurs et la-politique du second Empire. Les Guêpes ont une certaine valeur littéraire. Le style en est fin, ciselé, irréprochable ; c’est de l’esprit le plus pur et le plus délicat. De plus, Alphonse Karr y a semé une foule de vues ingénieuses sur les sujets les plus variés ; il ne relève que de son bon sens et se moque, avec la même liberté d’esprit, des travers^ de tous les partis, ministériels ou républicains ; il s’égaye aux dépens deThierset de Guizot, mais il flétrit avec vigueur l’esprit mercantile de certaine bourgeoisie ; il est sans pitié pour les ridicules des lions du boulevard, la platitude des préfets ou « la probité suspecte d’un roi vertueux ; • mais il ne parle qu’avec le tact d’un homme bien élevé des alarmes de la reine, « pauvre femme, moins inquiète quand ses fils sont au milieu des Arabesque lorsque son mari est au milieu des Français. « Les Guêpes de janvier 1840 rendent compte dans les termes suivants de la conspiration de Strasbourg :

« J’ai fait, un soir, sur les facéties du prince Louis k Strasbourg, une tragédie dont je vais rappeler quelques vers. Au commencement de ma pièce, on voyait les autorités de Strasbourg réveillées en sur saut ; un des magistrats disait ces deux vers, qui furent jugés assez beaux :

Permettez-moi d’aller un peu soigner ma mise : Je n’oserais sauver la patrie en chemise.

Voici une scène du troisième acte. Le prince vase montrer aux troupes ; il est avec son confident, qui lui coupe les cheveux.

Encore un peu plus courts, s’il se peut, cher Arbate, Et rends sur le devant cette mèche plus plate. Brosse mon habit vert, «chancre par devant Pour laisser remarquer mon ample gilet blanc ; Mes bottes, ma culotte, avec mon cordon rouge.

ARBATE.

C’est tout ?...

LE PRINCE.

C’est tout, butor !... Et quel rôle donc joue-jeï Il n’est pas d’empereur sans le petit chapeau. Monsieur Edmond du Cirque, en son règne si beau, Lorsqu’il était, le soir} monarque a la chandelle. N’oubliait pas ainsi les" traits de son modèle. Donne-moi ma lorgnette... et verse du tabac Dans ma poche.

ARBATE.

Seigneur, l’affaire eBt dans le sac.

LE PRJNCË,

Parle-moi franchement. Tu lu sais, cher Arbate, Je ne suis pas assez prince pour qu’on me natte. Tourne vers moi tes yeux, ami, peu complaisants. Et dis si j’ai bien l’air d’un ecu de cinq francs.

ARBATE.

Parfait ! et tout gamin, vous voyant dans la rue, Pour peu qu’il soit Français, doit S’écrier à tue-Téte : C’est l’empereur lt

On sait comment finit la chose. Le prince, suivi de six autres masques, essaya de soulever la garnison ; un sergent survint, qui Mit l’armée ennemie entière au violon.

Le prince fut gracié. Si le ridicule tue eu France, tout le monde devait le croire mort. •

Ainsi, Alphonse Karr, pour se moquer de la tentative avortée de Louis Bonaparte, ne trouva pas de plus grosse méchanceté que d’exhumer quelques vers de Racine et d en faire la parodie. Cependant, la note grave se trouva à la fin de son article, comme morale de l’aventure, quand il conseille à monsieur Louis « de ne plus chercher à troubler un pays où le même monsieur Louis a déjà trouvé une grâce que ne lui eût pas faite son oncle. »

Maintenant, une citation de Rochefort sur le même personnage. Pour que la comparaison soit plus frappante, nous avons choisi également une allusion littéraire ; seulement, Alphonse Karr, lui, s’est borné à. parodier le tendré Racine, et Rochefort a emprunté au sombre génie de Shakspeare une de ses scè*

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nés les plus redoutables. Il est vrai que monsieur Louis a passé du grotesque au terrible, et que le maigre prétendant est devenu le tout-puissant empereur Napoléon III.

La scène est à Coinpiègne. Macbeth et sa femme reçoivent en petit comité. Ils ont pour hôtes intimes MM. de Nieuwerkerke, Rouher, Delesvaux et Pinard. La conversation s’engage difficilement. Macbeth parait préoccupé et, parfois, il lui prend des tressaillements soudains. Enfin, il rompt la glace, et, s’adressant k ses hôtes :

Macbeth. Je vais me placer au milieu. Maintenant, de la gaieté pour quarante mille francs par jour. Oublions tout ; oublions le Mexique, oublions la lettre du 19 janvier, oublions... (Au moment où il se dirige vers son fauteuil, le spectre de Dnudin entre et va s’asseoir à la place de Macbeth.)

Lady Macbeth. Ah ! commençons-nous ? J’ai l’estomac dans les talons, comme dit Mme <]e MeUernieh. Eh bien, Macbeth, qu’astu donc ? Tu es pâle comme la veille d’un coup d’État.

Macbeth. Qui de vous a risqué cette plaisanterie ? Arrière ! arrière ! Ne secoue pas ainsi sur moi ta tête sanglante.

Rouher, bas à Delesvaux. Allons, bon ! voila un accès qui commence. Il va envoyer une note au Moniteur.

Lady Macbeih. Ne vous effrayez pas, messieurs. C’est un peu d’épilepsie... (Basa Macbeth.) Ah ça I vous n’êtes donc pas un homme ? Macbeth. Si fait, et un homme qui u osé plus que personne. J’ai prêté des serments, je n’ai pas craint de les trahir. J’ai fait Strasbourg ; je suis entré à Boulogne avec un aigle sur mon chapeau. Mais regarde-moi ce fantôme avec ses trois balles dans la tête... Parle doncl Puisque tu peux secouer la tête, tu peux parler... Si les cimetières se mettent a nous renvoyer les morts que nous leur confions, il n’y a plus de gouvernemont possible... Ahl (Il tombe évanoui. Le spectre de Baudin disparaît.)

Lady Macbeth. Voyez-vous, messieurs, c’est qu’il va pleuvoir. Cet homme-là est un véritable baromètre.

Macbeth, se remettant. Allons, je me sens mieux. C’est un décret qui voulait sortir. Je le rendrai demain matin. (On porte des toasts et on boit. Le spectre de Baudin reparait.) Ote-toi de ma vue, ombre effrayante 1 Tes yeux sont sans regard, et pourtant ils ine traversent d’outre en outre. Que veux-tu de moi ? Est-ce une sous-préfecture ? Tu as été tué sur une barricade, je le sais ; mais, aussi, quelle idée d’aller défendre la constitution, au lieu de te faire nommer directeur des postes, comme Vandal, ou même ministre, comme M. Duruy, un ancien républicain, aussi fougueux que tu pouvais l’être ! Hors d’ici, rêve épouvantiible !... (Le spectre disparait.)

Lady Macbeth. La soirée est complètement ratée. Moi qui inaugurais une nouvelle robe mauve !

Macbkth. Je ne vous comprends pas, ma chère amie. Vous voyez, vous devez voir comme moi ce qui arrive, et le rouge ne vous tombe pas des joues 1

Lady Macbkth. Laissez donc mes joues tranquilles. (Aux invités de Compiègne.) Quittez la table. Sa Majesté a besoin de repos. (Les invités sortent.)

Macbeth, se promenant. Le sang veut du sang...

Lady Macbeth.... Quoi ! encore si jeune, et déjà des remords ?

Macbeth. Des remords ! JamaisI Je cours simplement faire saisir l’Avenir national (où s’organisait une souscription pour le monument à la mémoire de Baudin).

Mais revenons à. 1848, que nous avons dépassé a la suite d’Alphonse Karr et de Rochefort. La révolution do Février a bouleversé la France, et, à sa suite, se produit une kyrielle de plats écrits, pâles copies des pawiphlets de la Révolution, plaintes sentimentales sur je ne sais quel type de Christ montagnard, ou plaisanteries triviales contre les hommes et les choses du dernier règne. Mais cette histoire est trop près de nous pour que nous ne citions pas au moins quelques-uns des pamphlets, ne fût-ce que pour leur excentricité. Citons donc, par ordre de date : les Bouges peints par. eux-mêmes, par Ch. de LaVarenne (t850) : leiïi’deau est levé !grande lanterne magique des pâtissiers politiques des 24 février, 15 mai et 24 juin 1S48, par Borme ; les Crimes du ’père Égalité et de Louis-Philippe /er, dernier roi des Français ; les Amours de Louis-Philippe ; Opinion d’un chiffonnier de Paris sur M. de Lamartine ; Lettre confidentielle d’un prétendant à son agent secret ; la naissance de la République, par l’agent da police de La Hodde ; la République dans les carrosses du roi ; En v’ià d’ l’ouvrage ! ! ! « Je viens de balayer la royauté, d’aplatir la municipalité, dérecevoir deux coups <ie sabre sur Ta tête... et de proclamer la République, tout cela avant de déjeuner ; • le Nouveau d’Assas, à la mémoire du général de Bréa ; Trois présidents : « Napoléon-Louis Bonaparte, Lamartine, Cavaignac : grand nom, grand génie, grande ambition ; » Ta France se plaçant sous la protection de Marie, au sujet de bannières commandées par l’archevêque de Lyon pour procurer du travail aux ouvriers ; le Grand dçgommage du général Cavaignac ; le Bal et la guillotine, chanson au sujet de l’exécution des meurtriers du gêné PAMP

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rai Bréa ; elle eut une vogue inouïe à Paris, et surtout ’aux barrières, où on n’entendait que ce refrain :

La guillotine a fait tomber trois tête ! :

À l’Élysée on dansera ce soir ;

l’État de siège, par Qumet ; le Carnaval à l’Assemblée nationale, poésie, par Nadaud ; le Spectre rouge, le grotesque épouvantail de Romieu : la Société du Dix-Décembre dévoilée, par Mulet ; les Martyrs de la République (mars, 1851) ; le Cri de la France, proclamation du prince Louis-Napoléon Bonaparte par 8 millions, etc. À la même époque, le parti clérical avait dans L. Veuillot son Père Duchène, aussi fort en gueule et aussi effronté que le légendaire marchand de fourneaux do 1793 ; lépamphiet des Libres penseurs est une de ces œuvres de haine et de dénonciation comme il s’en élabore dans les sacristies.

On ne trouve plus guère, depuis le coup d’État, que des apologies de Décembre, des odes en l’honneur de l’élu du peuple et deâ cantates à l’occasion de ses voyages, de son mariage, de la naissance de son fils. Cependant quelques voix protestent, des voix di proscrits surtout, contre l’affaissement mora. de la France et le triomphe de la force sur le droit. De toutes ces voix, la plus retentissante est celle de Hugo. Elle passe la mer, les frontières, et vient ranimer en France toutes les haines au nom de la justice. Napoléon le Petit, les Châtiments, œuvres vengeresses, resteront attachées, dans la mémoire des hommes, au nom de Napoléon III. Rogeard écrit ses Propos de Labiénus, pastiche énergique des déclamations antiques ; Maurice Joly, son Dialogue aux enfers ; le duc d’Aumale, sa Page de l’histoire de France ; Nadar, sa spirituelle Lettre d’un petit à l’élève Cavaignac ; Ferry, ses Comptes fantastiques d’IJaussmann ; enfin, et surtout, Rochefort, sa Lanterne.

La Lanterne est peut-être le plus concluant exemple que l’on puisse citer de la puissance du pamphlet, car elle a eu une influence décisive sur la chute de l’Empire ; grâce à Rochefort et à son petit livre, Napoléon III était tombé sous les sifflets avant de rendre son épée au roi de Prusse (v. lanterne). Mais le succès prodigieux de ces terribles brochures a, pour ainsi dire, découragé les écrivainsdepuis 1870, il n’a paru en France aucun pamphlet qui vaille la peine d’être mentionné. V. pamphlétaire.

Pamplilota on fuveur du divorce, par Milton. V. divorce.

Pamphlet de* pamphlets (lk), par Paul-Louis Courier (mars 1824, in-8°). Cet opuscule, le dernier du hardi polémiste, esta proprement parler la justification du pamphlet et des pamphlétaires ; P.-L. Courier voulut donner la raison d’être du rôle qu’il lui avait plu de prendre dans la.polémique de sou temps, montrer l’utilité, dans tous les temps et surtout aux époques de lutte et de rénovation, de ces petits écrits incisifs, que tout le inonde lit facilement et qui pénètrent partout. Nous lui avons emprunté quelques traits dans l’article encyclopédique qui précède, car il est impossible de parler du pamphlet sans se couvrir de l’autorité de celui qui s’en était fait une arme si sûre. P.-L. Courier a analysé lui-même l’esprit de cet opuscule en quelques lignes : « L’auteur, qui toujours a su resserrer en quelques pages les vérités qu’il a voulu dire, s’attache a démontrer que le pamphlet est de sa nature la plus excellente sorte de livre, la seule vraiment populaire par sa brièveté même. Les gros ouvrages peuvent être bons pour les désœuvrés des salons ; le pamphlet s’adresse aux gens laborieux de qui les mains n’ont pas le loisir de feuilleter une centaine de pages. Cette thèse heureuse à. la fois et ingénieuse est soutenue en une façon qu’on appellerait volontiers dramatique, L’opinion d’un libraire parisien est mise en face de celle d’un baronnet anglais ; l’un prétend ûôtrir, l’autre glorifier l’auteur du titre de pamphlétaire, et des débats sortent une foule de ces bonnes vérités qui vont à, leur adresse. » Ce que Courier ne pouvait pas dire de lui-même, c’est la profonde raison, la vigueur et la justesse d’expression dont il a empreint ces quelques pages.

Voilà bien l’esquisse décolorée ou, si l’on veut, tout simplement la donnée du Pamphlet des pamphlets ; mais il est juste d’insister sur la haute valeur littéraire de ce magnifique discours dont la lecture doit rendre à jamais déplorable la fia prématurée de Courier. Tout ce qu’il avait produit jusque-là, parfait à beaucoup d’égards, n’était pas sans déplaire à quelques lecteurs par le retour fréquent des mêmes formes, par la recherche de mots surannés, par un maniérisme trop ingénieux. « Ce pamphlétaire, qui no se gênait d’aucune vérité périlleuse à dire, hésitait, dit Armand Carrel, sur un mot, sur une virgule, se montrait timide à toute façon de parler qui n’était pas de la langue de ses auteurs. La Pamphlet des pamphlets montra le talent de Courier arrivé à ce période de puissance où l’écrivain n’imite plus personne et prétend servir d’exemple à son tour. « Dans cet opuscule, on voit que la lente transformation da ce talent du premier ordre est accomplie. L’art un peu factice de ses premiers écrits a fait place k une maturité réelle, dans laquelle la vigueur est alliée à la grâce et l’originalité la plus âpre au naturel le plus parlait. On