Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 1, P-Pate.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PARA

George* laissera un peu de côté sa mère, une bonne grosse fermière dont l’instruction négligée ferait tache d’huile dans les nobles salons. « Si Alice ne comprend pas mon amour pour ma mère, répond Georges, je lui dirai : Vous n’êtes pas la femme que j’aunais. Je ne vous connais plus. Je vous refuse. »— • Bien ! Georges, bien I dit Alice entrant. Je vous aime, je vous admire et ne serai à personne, si je ne puis être à vous ! » Les deux amoureux s’épouseront tout de même, grâce à la volonté d’Alice et au dévouement de la fermière, qui offre de quitter son fils pour assurer son bonheur.

Cette pièce pleine de sentiments élevés, de scènes émues, de mots justes et écrite d’un style d’une élégante précision, a obtenu un succès de bon aloi.

PAO., ville d’Angleterre, sur le chemin de fer de Plymouth a ïruro. Petit port. Importantes mines de cuivre ; carrières de granit blanc.

PARA, préfixe. V. PAR.

PARA s. m. (pa-ra). Métrol. Monnaie turque, dont la valeur est variable suivant les pays : On traverse la maison du consul en donnant à ses yens quelques paras. (G. de Nerv.)

11 Mesure de capacité pour les légumes secs, dans l’Inde portugaise.

— Ornith. Nom vulgaire d’une espèce de perroquet.

PARA ou BEUÏM, ville forte du Brésil, ch.-l. de la province de son nom, sur la rive droite du Guajara, affluent du Tocantin, à 188 kilom. de l’Atlantique, par l<> ?8’ de ïatit. S. et 50u 20’ de longit. O. ; 27,000 hab. Port très-vaste, situé sur la rive orientale de la magnifique baie de Guyara, à l’entrée de cette rivière dans le Tocantin. Par la douane de cette ville, en 18G5, on a exporté 2,8Gl,140 kilogr. de caputehouc brut, valant 17,108,000 francs. Cette ville, destinée à devenir une des plus importantes du Brésil, est déjà très-floris-Sante ; la France, l’Espagne, la Russie, les États-Unis y sont représentés par des consuls. La ville compte 35 rues, 3,000 maisons,

12 places, 3 paroisses, 14 églises, l jardin botanique, 2 ponts, un vaste palais pour la résidence du président et un autre pour l’évêché. On y trouve aussi un séminaire et un lycée, il La province de Para, la plus septentrionale de l’empire du Brésil, est située entre l’Atlantique et les Guyanes au N., la nouvelle province d’Alto-Amazonas, dont la sépare la Madeira à l’O., les provinces de Mato-Grosso au S., de Goyas et de Maranhao à l’E, Cette vaste province, la plus étendue de l’empire brésilien, mesure du N. au S. 1,520 kilom. et 3,600 kilom. de l’E. il l’O. ; sa superficie est de 16,500 myriamètres carrés, ne renfermant qu’une population de 220,000 hab., dont 100,000 Indiens. Le climat est chaud pendant toute l’année, mais il est rafraîchi le matin par des vents de terre et le soir par des brises de mer ; les orages y sont assez fréquents. Le sol est généralement plat, excepté au S. où l’on trouve quelques montagnes assez élevées ; il est arrosé par l’Amazone et ses iiffluents, dont les plus importants sont le Tocantin, le Xingu, le Topayos, le lamunda, la Madeira ; il produit en abondance du riz, du manioc, du millet, des légumes, du sucre, du café, du coton, de l’indigo et plusieurs fruits délicieux, dont la plupart sont inconnus en Europe. On y trouve de vastes forêts d’arbres d’une hauteur et d’une grosseur prodigieuses, qui donnent d’excellents bois de construction, des bois de teinture, des gommiers, des plantes médicinales, du gingembre, etc. ; une grande quantité de bêtes à corneSjdes perroquets, don colibris et une foule d’oiseaux, aquatiques. Éducation d’abeilles, élève de vers à soie, dont le cocon est trois fois plus gros que celui des vers ordinaires ; les vers à soie du Brésil sont nourris de feuilles d’oranger et donnent une soie d’un jaune foncé. Les richesses minérales de cette province, insuffisamment inexplorées sans doute, consistent en mines d’argent, cristal, granit, ocre jaune, vermillon, etc. Au point de vue administratif, la province de Para, naguère divisée en trois comarcas, ne renferme plus que deux comarcas, qui sont : Para, Marajo ; chefs-lieux, Para et Villa-de-Mon forte. L’ancienne comarca de Rio-Negro a été détachée de la province de Para pour former la nouvelle province de l’Allo-Amazonas,

PARA, rivière de la Russie d’Europe, gouvernementdeRiazan. Elieprend sasource sur la limite de l’État deTam’bov, coule au N.-O. et se jette dans l’O kit, par la rive droite, après un cours de 150 kilom.

PARA, en arménien. Bail, roi d’Arménie, fils d’Arsace II, mis à mort vers 374 de notre ère. Son père ayant été traîtreusement fait prisonnier par Sapor II, roi de Perse, il se réfugia avec sa mère Olympias (en arménien Pharanosem) dans Àrtogerassa, la seule place forte qui lui restât alors. Assiégé et sur le point de tomber aux mains de l’ennemi, le jeune Para parvint à quitter la ville, gjagna Néocésarée et implora le secours de l’empereur Valens, qui le fit rétablir sur le trône d’Arménie par le général romain Terentius. Mais Para se montra bientôt ingrat envers sou bienfaiteur. Trompé par les intrigues du roi de Perse, qui lui inspira le désir de secouer le joug des Romains, le roi

PARA

d’Arménie fit mettre à mort ses deux principaux ministres, Cylaces et Artaban, qui se montraient dévoués à la politique romaine. Lorsqu’il se fut débarrassé de ces conseillers et du patriarche Ner.sès, qui lui avait reproché les désordres de sa conduite (372), Para se laissa diriger plus que jamais par les suggestions de Sapor, son véritable ennemi ; il voulut faire alliance avec lui et déclarer la guerre aux Romains si on ne lui cédait Césarée de Cappadoce, dix autres villes et le territoire d’Edesse, qui avaient appartenu à ses ancêtres. Terentius, instruit de ses projets extravagants, en fit part à l’empereur. Celuici, fort irrité, voulut avoir une entrevue avec Para. Le roi d’Arménie n’osa pas refuser l’invitation de Valens ; mais, arrivé à Tarse, il résolut de ne point aller plus avant, repassa l’Euphrate et regagna l’Arménie. Vainement il déclara ne pas vouloir se détacher de l’alliance romaine ; Valens, qui ne se fiait plus k lui, ordonna sa mort, et Para, s’étant rendu à un festin auquel l’avait invité un général romain, y fut massacré avec toute sa suite. Il avait régné environ sept ans.

PARA DU PHANJAS (François), philosophe et mathématicien français, né au château de Phanjas (Dauphiné) en 1724, mort à Paris en 1797. Admis dans l’ordre des jésuites, il fut chargé par ses supérieurs d’enseigner les mathématiques et la philosophie à Grenoble, à Marseille, à Besançon, où ses cours eurent le plus grand succès. Lors de la suppression de son ordre, Para se rendit à Paris, reçut une pension de l’archevêque et de la princesse Adélaïde, tante de Louis XVI, et put se livrer entièrement à ses travaux scientifiques. Au début de la Révolution, il prêta le serment exigé par la constitution civile du clergé, traversa sans être inquiété le temps de la Terreur et termina ses jours aux Madelonnettes. On lui doit des ouvrages importants et estimés, notamment : Éléments de métaphysique sacrée et profane ou Théorie des êtres insensibles (Besançon, 1767, in-8°), traité remarquable par l’élévation de la pensée, la perfection de la méthode et la clarté du style ; Théorie des êtres sensibles ou Cours complet de physique spéculative expérimentale, systématique et géométrique (Paris, 1774, 4 vol. in-8°) ; Principes de la saine philosophie conciliés avec ceux de la religion ou la Philosophie de la religion (Paris, 1774, 2 vol. in-8°) ; Principes du calcul et de la géométrie ou Cours complet de mathématiques (Paris, 1773, in-8° ; 1779, 3 vol. in-8°) ; Institutiones philosophicæ (Paris, 1780) ; Tableau historique et philosophique de la religion (Paris, 1784, in-8°) ; Théorie des nouvelles découvertes en physique et en chimie (Paris, 1786, in-8°). Citons encore de ce laborieux savant un recueil d’Odes, chants lyriques et autres bagatelles fugitives (Paris, 1774, in-12). Comme il n’attaquait qu’indirectement, et sans parler des personnes, la philosophie du XVIIIe siècle, il était ménagé, respecté même par les philosophes de son temps.

PARAAL s. m. (pa-ra-al). Anat. Nom de l’un des osselets des animaux ayant (Tes pièces vertébrales géminées.

— Adjectiv. Os paraal. Nom de l’un des os constituant chaque vertèbre.

PARAANGIEL, ELLE adj. (pa-ran-ji-èl, è-le — du préf. para, et du gr. aggeion, petit vase). Anat. Syn. d’ARTÈRiEL.

PARABANATE s. m. (pa-ra-ha-na-te).Chim. Sel résultant de la combinaison de l’acide parabanique avec une base. •

PARABANIQUE adj.(pa-ra-ba-ni-ke).Chîm. Se dit d’un acide qui prend naissance dans l’action des agents oxydants sur l’alloxane.

— Encycl. L’acide parabanique CWAzW est un de ces nombreux corps qui se produisent dans l’oxydation de l’acide urique et qui constituent 1» série dite série urique. On peut le considérer comme de l’oxalyl-urée ’

(C202)") (CO)" Azî. —H2)

Il prend naissance : 1« par l’action des agents oxydants sur l’alloxane, dont il ne diffère que par une molécule d’oxyde de carbone CO qu’il contient en moins. Cet oxyde de carbone se sépare à l’état d’anhydride carbonique :

2" D’après Baumert, l’acide parabanique se produit en même temps que l’aîloxantine dans une décomposition spontanée de l’alloxane :

3C*H2Az*0* Alloxane.

= CsH&Az*01 + C»H2Az20S + COÎ Alloxantine. Acide. Anhy parabanique. dride carbonique.

D’après Heîntz, l’aîloxantine et l’acide parabanique subissent à leur tour une décomposition. Le premier de ces corps absorbe de l’oxygène et reproduit de l’alloxane, tandis que le second absorbe de l’eau et se convertit d’abord en acide oxalurique et ensuite en acide oxalique et en urée, qui donne finalement du carbonate ammonique.

3° L’acide parabanique se forme en même temps que la guanidiue et de petites quanti PARA

tés de xanthine, d’urée et d’acide oxalurique, par l’action de l’acide hypochloreux, sur la guanine.

Ordinairement, on le prépare en dissolvant partie d’acide urique dans 8 parties d’acide azotique concentré modérément, chaud, évaporant en consistance de sirop et laissant refroidir. Il se dépose alors en cristaux que l’on peut purifier par deux ou trois cristallisations dans l’eau.

L’acide parabanique forme des prismes minces, à six faces, transparents et incolores, qui ont une saveur franchement acide et qui rougissent le tournesol. Il est facilement soluble dans l’eau et ne s’effleurit pas à l’air. Chauffé à 100», il devient rougeàtre ; à une température plus élevée, il fond et se sublime en partie tandis qu’une autre partie se décompose en dégageant de l’acide cyanhydrique. La solution aqueuse no s’altère point par l’ébuilition. Lorsqu’on fait bouillir cette solution avec de l’ammoniaque ou avec un autre alcali, l’acide parabanique fixe les éléments de l’eau et se convertit en acide oxalurique ÇWAzW. Avec l’ammoniaque anhydre, l’acide parabanique parait former de l’oxalununide. Traité par l’aniline, il fournit de la phényl-oxaluramide répondant à la formule C9H9Az203. Le seul sel connu de l’acide parabanique est le sel d’argent C3Ag*Az203 que l’on ubtientsous la forme d’un précipité blanc lorsqu’on verse une solution aqueuse d’acide parabanique dans une solution également aqueuse d’azotate d’argent. Si l’on ajoute un peu d’ammoniaque au mélange, le précipité qui se forme repond à la formule

(C3Ag*Az203)21120 ; mais il devient anhydre entre 130° et 140*.

Acide méthyl-parabanique

C*H*Az*03 = C3H(CH3)Az203. M. Dessaigne a obtenu ce composé en chauffant avec l’acide chlorhydrique une base CSIi’OAzGO3 qu’il a préparée en faisant agir l’acide hypochloreux sur la créaline ou sur la créatinine. U se forme probablement aussi par l’action de la baryte sur la créatine à la température de l’ébuilition.

Acide dëméthyl-parabanique

C*H6Az203 = C3(CH3)2AzS03. Ce corps, qui a également reçu le nom de cholectrophane et de nitrothéine, prend naissance lorsqu’on soumet la caféine à l’action du chlore ou de l’acide azotique. On peut l’obtenir directement, comme Ta fait M. Streoker, au moyen de l’acide parabanique. Il sufflt,pour cela, de traiter le parabanate d’argent bien sec par l’iodure de méthyle et de chauffer le mélange pendant vingt-quatre heures, a 100°, dans un tube scellé. Ce corps cristallise dans l’eau bouillante sous la forme de lames qui possèdent un éclat soyeux très-prononcé.

Acide diphényl-parabanique

C3(C«H5)2Az203 = C131110AZ2O3.

Ce corps prend naissance lorsqu’on traite une solution alcoolique bouillante de dicyanomélatiiiine ou de mélanoxunide par un acide aqueux. Il se produit conformément aux équa + 3HC1 Acide chlorhydrique.

2AzH4Cl

Chlorure

ammonique.

+ MCI Acide chlorhydrique. C«H"Az*03 + AzIHCl

Acide diphényl- Chlorure

parabanique. ammonique.

L’acide diphênyl-parabanique cristallise en aiguilles. Il est soluble dans l’eau et facilement soluble dans l’alcool et dans l’éther. Sous l’influence de la potasse bouillante, il se résout en acide carbonique, acide oxalique et phénylamine.

La eyannmide forme, avec deux atomes de cyanogène, un corps jaune amorphe répondant à la formule

C3H2Az* = AzB2(CAz) + C«Az2,

analogue à la dicyanoroélaniline. On pouvait espérer que ce corps, soumis à l’action des acides étendus, fournirait de l’acide parabanique par une réaction analogue à celle dans laquelle la dicyano-mélaniline se convertit en acide diphényl-parabanique.

C3H2.Vz4 + 3H.20 + 3IIC1 Nouveau Eau. Acide

corps. chlorhydrique. C3112A2ÏO» + 2AZH4C1 Acide Chlorure

parabanique, ammonique.

Mais le produit obtenu est tout k fait différent ; ce qui prouve que le corps C*H ?Az* n’est point analogue à la dicyanomélaniline, mais est isomérique avec le corps qui lui serait analogue.

PARABASE s. f. (pa-ra-ba-ze — grec parabasis, écart, digression ; de para, à côté de, bainein, aller ; proprement l’action d’aller à côté), Liltér, anc. Endroit d’une comédie grecque dans lequel l’auteur ou le coryphée se

PARA

167

tournait vers le public et haranguait les spectateurs.

— Encycl. Pendant la partie de la. comédie grecque appelée parabase, le chœur venait se ranger le long de la scène, et le poète, parlant au peuple par la bouche du coryphée, exposait librement ses griefs personnels, ses opinions politiques, ses affections et ses haines. L’action se trouvait ainsi suspendue au milieu de son développement, et l’intrigue comique cédait un moment la place à la satire la plus personnelle et la plus hardie. On est surpris, quand on lit une pièce d’Aristophane, de rencontrer tout à coup, en pleine intrigue, cette espèce d’interruption et de pause qui arrêtait la marche de la pièce et suspendait l’attention ; singulière coutume qui heurte de front nos habitudes modernes et nos théories sur l’art dramatique. Peu a peu l’on avait fait connaissance avec les personnages, on commençait à comprendre l’intrigue, on se laissait aller & l’illusion : on oubliait que l’on était au théâtre et que les scènes dont on était témoin n’étaient "qu’a.des fictions. Soudain la parabase vient nous réveiller en sur saut et nous arracher à ce rêvo que nous faisions avec complaisance. Noua retombons dans la réalité de plein pied, et non sans secousse. L’auteur, par la.bouche, du coryphée, son représentant, va nous parler de lui, de ses succès ou de ses échecs antérieurs, de ses rivaux en poésie, de ses ennemis en politique, toutes choses que nous supporterions tout au plus dans un prologue ou dans un épilogue, mais qui nous choquent au milieu de la pièce.

L’impression que produit sur noua là lecture d’une parabase dans les pièces grecque ? est-elle bien celle que devaient éprouver les Athéniens et les contemporains1 d’Aristophane ? Non, assurément. Il semble, en effet, que ce morceau qui nous déplaît ijans les mèces antiques était précisément le morceau lin, le plat des gourmets du temps. Si parfois on sommeillait, ce qui était rare au théâtre, malgré la chaleur, on ’se réveillait toujours pour la parabase. C’est que l’ancienne comédie, grecque, celle dont Aristophane nous a laissé les plus beaux monuments, était moins une action dramatique complète, le développement d’une intrigue, d’une passion ou’d’un caractère, qu’un cadre commode, un prétexte à des allusions, k des personnalités, un perpétuel pamphlet joué sur le théâtre en présence de toute la cité. Aussi, dans le cours de chaque comédie d’Aristophane, la fiction est-elle sans cesse interrompue ; l’auteur reparaît sous chaque personnage, parlant, par la voix des hommes, des oiseaux, des guêpes, des nuées, le langage d’un Athénien moqueur, d’un sanglant railleur, d’un infatigable adversaire de la démocratie. On ne s’étonnait donc point quand on voyait le poète lui-même ou son coryphée s’avancer sur le bord de la scène et, de là, comme d’une autre tribune, parler de ses arois, de ses ennemis, des réformes de la constitution, de Oléôit, de la guerre ou de toute autre chose.

La parabase était une tradition chère aux Grecs. Elle avait été au début l’origine de la comédie. Les premières pièces comiques n’étaient que de longues parabases ; c’est-à-dire que les personnages, peu nombreux et formant un chœur assez lascif, se contentaient d’apostropher les passants et de les railler à cœur joie. Osons remonter aux sources et voir d’où est parti ce beau fleuve de l’art comique, encore si mêlé aujourd’hui, si trouble et si fangeux à mesure qu’on remonte le courant. La comédie est née des cortèges phalliques ; il faut se souvenir du point de départ. Le chœur, au commencement, était tout. Peu à peu les poètes comiques ont rogné son rôle ; ils l’ont rejeté au second plan. Mais il n’oublia jamais son passé, et il.se vengeait dans la parabase. Dans la comédie des Chevaliers, nous voilà au fort de la pièce. Nous avons vu Nicias et Déniosthène, les deux esclaves du bonhomme Peuple, machiner une ruse contre Cléon, le démagogue, la corroyeur paphlagonien, qui trompe Peuple et maltraite ses compagnons de service. U faut se débarrasser de lui. Mais comment ? Passa un cliareutier. Voilà l’affaire. On l’appelle, ou lui persuade de lutter avec Cléon et de le supplanter auprès de Peuple. La lutto va s’engager ; nous sommes au moment décisif, l’intérêt s’éveille, la curiosité est piquée. On attend l’issue. Patience ! Voilà le chœur qui fait une évolution et passe obliquement devant les spectateurs. Le coryphée s’avance vers le public, il va parler. Vous croyez qu’il va faire allusion à la scène précédente, vous entretenir de Nicias ou de Cléon, Écoutez :

« Spectateurs, dit-il, juges éclairés de tous les genres de poésie, prêtez l’oreille à mes anapestes. Si quelqu’un des vieux auteurs eût voulu nous contraindre à. monter sur le théâtre pour y réciter ses vers, il n’y eût certes pas réussi ; mais notre poète est digne de cette faveur : il partage nos haines ; il ose dire la vérité, il affronte hardiment les trombes et les ouragans, etc. a

Suit une longue apologie du poëte. Telle est la parabase.

La parabase, quand elle était complète, se composait de six parties. D’abord une sorte de petite chanson en trochées ou en anapestes, et que l’on appelait le commuiion (petit chant), puis un fort long morceau en grands