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PARO

•— Adresser la parole à quelqu’un, Lui parler, s’adre3ser directement à lui :

« Ce monsieur de La Mole !

II n’a jamais daigné m’adresser la parole ; Il avait un valet aussi guindé que lui.

Pohsard.

Couper la parole à quelqu’un, L’interrompre pendant qu’il parle.

Payer de paroles, Se faire passer pour meilleur qu’on n’est, n’avoir que ses paroles pour s’attirer de la considération ; Une femme prude patte de maintien et de paroles, une femme sage paye de conduite. (La Bniy.) jj Se payer de paroles, Croire légèrement ce qui se dit ; Le monde SB paye de paroles. (Pasc.)

Être homme de parole, Être de parole, Tenir ce qu’on promet, être fidèle à ses engagements. Il Fausser sa parole, Manquer à sa parole, & ses engagements ;

N’ayes pas peur que je fausse parole.

Molière.

Avoir deux paroles, Être sujet à revenir « sur ses engagements, h les violer : Vous savez que je n’ai pas deux paroles.

Dégager sa parole, Retirer la promesse qu’on avait faite :

J’en viens, aur cet avis, diyatjer ma parole.

Rot&ou.

Je lui ferai rentrer les paroles dans le corps, dans la gorge, dans le ventre, Je saurai bien le faire taire ; je lui ferai rétracter les paroles qu’il a dites :

Et, dit le eapitan, que personne ici n’entre ; Je le ferai rentrer tes paroles au ventre, Godelureau maudit, dameret insolent.

Fur.

Il ne lui manque, Il n’y manque ’que la parole. Se dit d’un portrait fort ressemblant, d’une figure pleine de vie et d’expression.

Sa parole vaut de l’or, Se dit de quelqu’un qui tient fidèlement ses engagements : La parole de monsieur vaut de l’or. (Scribe.)

— Prov. Les paroles volent, les écrits restent, Un engagement pris par écrit est bien plus sur que celui qu’on a contracté de vive voix. On cite souvent ce proverbe sous sa forme latine : Verba volant, scripta manent. 9 On dit dans le même sens : Les paroles

sont des femelles et les écrits sont des mâles. Il Les belles paroles n’écorc/ient pas la langue, Il n’en coûte rien de faire des promesses qu’on ne veut pas tenir. « Quand les paroles sont dites, l’eau bénite est faite, Il n’y a pas à revenir sur ses engagements. Il Lesparoles du malin ne ressemblent pas à celles du soir, Les hommes sont sujets à changer d’avis, il A grands seigneurs peu de paroles, Il ne faut pas lutiguer l’oreille des grands, u Les paroles des grands ne tombent jamais à terre, Elles ne sont jamais perdues", il y a toujours quelqu’un qui les écoute et les recueille pour les répandre et les appliquer. Il Paroles ne puent pas ou Parole ne pue pas, Se dit, par manière u excuse, lorsqu’on se croit obligé de parler de choses sales et dégoûtantes. Il On prend les bêtes par les cornes et les hommes par les paroles, On dompte les bêtes par la force, les nommes par la persuasion. Il A bon erUendeur, peu de paroles, Un homme intelligent n’a pas besoin de longues explications. On dit souvent en latin : lntelligenti pauca. Il La parole fait le jeu, vaut le jeu, vaut jeu, On est obligé de tenir, d’exécuter ce qu’on a dit en se mettant au jeu ou pendant qu’on jouait.

— Relig. Parole éternelle, Parole incréée. Parole incarnée, Le Verbe, fils de Dieu. «La parole de Dieu, la parole divine, ou simplement la Parole, l’Écriture sainte et les sermons qui se font pour l’expliquer : La chaire est faite pour louer Dieu et prêcher sa parole, non pour préconiser les hommes. (P. Lejeune.) ||ia parole écrite, L’Écriture sainte.

Il Laparolenon écrite, La tradition. « Paroles sacramentelles. Paroles qui constituent la formule essentielle d’un sacrement, et Fam. Formes nécessaires, paroles essentielles pour l’accomplissement d’une chose quelconque.

Paroles magiques, Formules auxquelles les sorciers attribuent l’efficacité de leurs sortilèges, il Parole de vie, Prédication, enseignement des dogmes ou des principes religieux.

— Ane. jurisp. Paroles de présent, Déclaration que deux personnes faisaient devant un notaire, après s’être présentées à l’église, qu eiles se prenaient pour mari et femme.

— Jeux. Avoir la parole, Avoir le droit d exprimer ce qu’on veut faire sur le coup qui se présente : Au boston, à la bouillotte, etc. chacun a la parole à son tour, u Passer parole, Transmettre à un autre le droit qu’on a de relancer. Il Passe parole, Se dit à certains jeux de renvi, quand celui qui doit parler ne veut pas couvrir le jeu pour le moment.

~Art milit. Passe parole, Faites passer l’avis, l’ordre, le commandement : Avance, cavalerie, passe parole. (Acad.) || Donner laparole, S’est dit pour donner le mot d’ordre.

— Mus. Suite de mots sur lesquels s’exécute un morceau de musique : La musique rend bien l’esprit des paroles. Le style oratoire a souvent l’inconvénient de ces opéras dont la musique empêche d’entendre les paroles. IJ. Joubert.) Nous considérons comme une absurde monstruosité d’attacher des paroles à lamusique. (A.Karr.)

— Sjro. Parole, mol. V. MOT.

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— Donner parole, •’engager, promettre.

V. ENGAGER.

— Encycl. Physiol. La voix est formée dans le larynx par les cordes vocales, chez l’homme et chez les animaux ; mais chez l’homme seul elle est articulée. Les organes de l’articulation, pharynx, fosses nasales, voile du palais, langue, joues, dents et lèvres existent chez les animaux et chez les idiots comme chez l’homme sain. La parole a donc sa source dans l’intelligence et constitue un acte intellectuel autant qu’un acte de phonation. La

f>reuve, c’est que la parole peut se passer de a vois, et que nous pouvons parler à voix basse, comme on dit, sans émission réelle de voix. Quand la trachée est coupée en travers, et alors que la voix est anéantie, la parole dite à voix basse ne l’est pas. Les joues, la langue, les dents et les lèvres entrent en action, l’air expiré est « aphone, » mais la parole articulée est produite et se perçoit. Nous verrons plus loin où réside cet élément psychique de coordination nécessaire au ■ parler. » Tout d’abord, étudions comment se produisent les signes sonores qui servent à l’homme pour communiquer avec ses semblables.

Nous empruntons textuellement l’analysa phonétique de l’alphabet au docteur Segond, chez qui la science du physiologiste s’unissait aux talents de l’orateur et du chanteur. « Le tuyau vocal donne aux sons trois ordres de modifications auxquels se rapportent trois catégories de lettres : les voyelles, les consonnes soutenues et les consonnes proprement dites. Tous les sons produits par le larynx et traversant librement le tuyau vocal sont des voyelles. Tous les sons produits par le larynx et s’accompugnant d’un rétrécissement très-notable d une partie du tuyau vocal rentrent dans les consonnes soutenues ; pour que, dans ces cas, la prononciation de la consonne soit complète, il faut que le rétrécissement du tuyau vocal cesse brusquement, en même temps que la voix elle-même est suspendue. Enfin, lorsque la voix s’accompagne de phénomènes d’occlusion complète, au niveau de certains points du tuyau, il y a véritablement articulation ou formation d’une consonne proprement dite. D’après ces trois modes de génération des phénomènes de la parole, on peut se rendre compte de la formation de presque toutes les lettres. Il ne reste plus, pour les distinguer, qu’à déterminer, pour les voyelles, la forme du tuyau vocal ; pour les consonnes soutenues, le point du rétrécissement ; pour les consonnes proprement dites, les organes qui opèrent l’occlusion.

« Enfin, pour les subdivisions entre les deux dernières catégories, il faut remarquer les différents modes suivant lesquels la voix se combine avec le rétrécissement ou avec l’articulation. La bouche étant largement ouverte, ainsi que l’isthme du gosier, le son produit par le larynx peut s’exprimer par &. Si, pendant la tenue du son, on projette insensiblement les lèvres en avant, de manière à rétrécir la portion buccale du tuyau en même temps qu on l’allonge, le son sera successivement exprimé par les voyelles a, à, â, a, o, eu, u, ou. Si, à partir de l’a, au lieu de rétrécir le tuyau buccal avec les joues, les lèvres et les mâchoires, on porte les bords de la langue vers la voûte palatine, de manière que le contact s’opère insensiblement de la partie postérieure des bords vers la pointe de la langue, le son produit par le larynx et modifié par ces dispositions successives sera’représenté par les voyelles a, ê, è, e, e, i, z. Entre l’e et 1’», on fait entendre des é de plus en plu3 fermés -, entre l’t et le z on fait entendre plusieurs variétés d’t. En plaçant le z à la suite de I’», j’ai exprimé un fait réel, et j’ai indiqué par là la transition des voyelles aux consonnes soutenues. On pourrait de lamême manière placer le o à la suite de Vu. Les dispositions précédemment indiquées sont les plus naturelles ; mais artificiellement on peut, la bouche largement ouverte, prononcer o, par exemple.en rétrécissant suffisamment l’isthme du gosier. On pourrait en dire autant de quelques autres voyelles. Une voyelle quelconque étant produite, si l’on interrompt son passage a travers la bouche par une contraction du voile du palais, de manière à engager le son dans les fosses nasales, on a un son composé de la nature des sons exprimés par an, in, on, un. Le rétrécissement qui produit les consonnes soutenues peut s’opérer sur divers points : au niveau du milieu de la langue, il en résulte ch, j ; vers la pointe, s, z ; entre la pointe de la langue et le bord des incisives supérieures, ta, 6 ; entre la lèvre inférieure et fe bord des incisives supérieures, /, v. Dans tous les cas de consonne soutenue, la douce diffère de la forte d’après la manière dont la voix se combine avec le rétrécissement. Si la voix ne se fait pas entendre ou ne se fait entendre qu’au moment où cesse l’étranglement, on produit, au moyen du courant d’air, les fortes ch, s, th dur, /. Si, au lieu du courant d’air, c’est la voix même qui s’engage à travers le rétrécissement, on a les douces j, s, th doux, v : c’est ce qui explique comment il est impossible de produire les douces dans le chuchotement. Si* le rétrécissement s’opère entre la base de la langue et le voile du palais, pendant qu’au passage du son, la luette est animée d’un léger frôlement, on produit le j des Espagnols. Pour les consonnes, elles vont également varier suivant le point où se

f ;

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fait l’articulation. L’occlusion s’opérant entre le milieu de la langue et la voûte palatine, on forme q, g, gn ; entre la pointe de la langue et la voûte palatine, c, g des Italiens ; entre la pointe de la langue et la partie postérieure des incisives, t, d, n ; entre les deux lèvres, ■, b, m. Pour une même articulation, on a

explosion q, c des Italiens ; t, p, si la voix, comme emprisonnée derrière l’obstacle, se fait entendre au moment où les parties se séparent. Si la séparation des parties est précédée d’un grognement ou murmure vocal s’opérant derrière les parties qui font obstacle au moment de l’explosion, on forme les douces g, q des Italiens, d, b. Enfin, si ce murmure préalable à l’explosion va spécialement retentir dans les fosses nasales, on a gn, n, m. Une disposition spéciale se rapporte a / et II ; pour l, la pointe de la langue s’applique au palais pendant que la voix passe de chaque côté entre les bords de la langue et les bords alvéolaires ; pour II, ce n’est plus la pointe seulement, mais la moitié antérieure de la langue qui est fixée au palais. »

Tels sont en termes précis et rigoureux les modes divers de prononciation des signes phonétiques au moyen desquels Aous communiquons nos pensées, exprimons nos volontés et épanchons nos sentiments. La parole est un des plus beaux et des meilleurs privilèges de l’espèce humaine et un des plus puissants leviers de la civilisation. Ceux qui la manient bien sont les maîtres de leurs semblables. L’éloquence n’est qu’une harmonie, comme la musique, comme la poésie. Si à l’harmonie de la parole.l’orateur joint l’harmonie des idées, c’est le comble de l’art.

L’homme peut perdre la parole dans certains cas pathologiques. On a désigné cette maladie sous le nom d’aphasie, d’aphémie, d’alalie, etc. (v. ces mots). Nous ne parlons pas ici du mutisme proprement dit.

Encore que le fait soit contesté par plusieurs physiologistes, on est autorisé à admettre aujourd’hui que la parole a son siège intellectuel dans la troisième circonvolution frontale gauche ou droite du cerveau. Dans de nombreuses observations d’aphasie, c’est-à-dire de perte de laparole, on a toujours été amené à rapporter ce phénomène, sinon a une lésion de cette troisième circonvolution, du moins très-certainement à une lésion des lobes antérieurs du cerveau. La faculté du langage articulé ou, si l’on aime mieux, de la parole, est une faculté de coordination qui a ainsi sa source dans une portion déterminée de l’encéphale. Les premiers faits tendant à établir cette doctrine ont été réunis et discutés par le célèbre Bouillaud, puis par Broca et d’autres.

Nous renvoyons au mot langage tout ce qui se rapporte à la parole considérée comme moyen de communiquer ses idées, de les étendre, de leur donner plus de précision, etc.

t — Allus. hist. ta parole a été donnée à I homme pour déguiser ho pensée, Mot célèbre dont voici l’historique. L’expression de cette triste vérité, que la bouche est rarement d’accord avec le cœur, est certainement aussi vieille que la langue ; on a donc tort d’en faire exclusivement honneur à Talleyrand. Un ancien proverbe dit : «La langue est le témoin le plus faux du cœur. » Campistron a rendu la même idée dans sa tragédie de Pompéia : Le cosur sent rarement ce que la bouche exprime.

Toutefois, il n’y avait encore rien d’assez frappant dans ces diverses formes pour qu’elles restassent consacrées. L’idée de dissimuler la pensée au moyen de z parole, qui en est l’instrument, était trop originale et trop piquante pour ne pas faire fortune. Mais qui a dit le premier : • La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée ? « C’est d’abord Voltaire, dans le conte du Chapon et ta Poularde. Le Chapon dit : « Les hommes ne font des lois que pour les violer, et ce qu’il y a de pis, c’est qu’ils les violent en conscience. Ils ne se servent de la pensée que pour autoriser leurs injustices, et n’emploient les paroles que pour déguiser leurs pensées. » Plus tard, Harel, cet esprit si fertile en bons mots, disait en toutes lettres dans le Nain jaune : « La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. » Mais il attribuait ce bel aphorisme au prince de Talleyrand. Celui-ci n’était pas homme à répudier un mot si conforme a la- nature de son génie, lui qui avait déjà donné ce conseil a u.n secrétaire d’ambassade : ■ Défiez-vous du premier mouvement, c’est le bon ; » il accepta donc volontiers la paternité de la phrase devenue si célèbre, et, quelques jours après, il répondait à un jeune auditeur qui croyait se recommander auprès du rusé diplomate en lui parlant de sa sincérité et de sa franchise : • Vous êtes jeune, monsieur ; apprenez que laparole a été donnée à l’homme pour dissimuler sa pensée.

Ainsi Voltaire a été le précurseur de cette phrase fameuse ; Harel en fut le père et Talleyrand le parrain. C’est ici le cas de s’écrier : Eabent sua fata libelli (les mots, comme les livres, ont leurs destinées),

M. Babinet, brodant sur le mot, a exprimé spirituellement une vérité qui ne sera contestée de personne, pas même des médecins et des avocats : « On peut dire avec certitude que la signature d’un homme est faite pour empêcher de connaître son nom. >

« Le brave homme avait passé sa vie à lou PARO

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voyer, à tergiverser, tranchons le mot, à mentir. Il ne voyait rien au-dessus de la ruse et mettait tous ses efforts à utiliser la fameuse maxime de son chef de file : La parole a été donnée à l’homme pour cacher sa pensée. «

Paul Féval.

« Non, dit-il en serrant la lettre, ne la brûlons pas... qui sait ? elle peut devenir matière à procès... Dois-je répondre ? ajouta-t-il en se grattant le front, signe qui lui était habituel quand il voulait appeler une décision. Au fait, ajouta-t-il, l’écriture a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée, et nous ne sommes pas au temps où l’on pouvait faire pendre un homme avec deux lignes de sa main. ■

Henri Murger.

■ J’appelle un chat un chat, interrompu d’un ton bref l’élève en droit,

— JMon cher Prosper, dit Dornier doucement, vous oubliez que laparole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée.

— Qui a dit cela ? ce vieux serpent de Talleyrand ; belle autorité 1 »

Charles de Bernard.

— AllUS. littér. Les paroles s’envolent, les écrits restent. V. VliRBA VOLANT.

Pnrole (MAXIMES ORIENTALES SUR LA). Tout

le monde connaît l’adage célèbre des Arabes : à La parole est d argent et le silence est d’or. » Mais les Orientaux possèdent sur la parole et le silence une foule de proverbes beaucoup moins populairesetmêine, disons-le hardiment, complètement inconnus, qui cependant ne le cèdent souvent à celui que nous venons de citer ni en originalité, ni en exactitude. Voici, par exemple, une page d’un célèbre auteur turc, Ali-Chlr, qui maniait le persan aussi bien que son propre idiome. Nous en empruntons la traduction à un travail très-intéressant publié par M. Belin dans le Journal asiatique, sous’le titre : Moratistes orientaux..Cette page offre presque tous les proverbes usités chez les trois peuples musulmans, arabe, persan et turc, et ayant rapport à la parole et au silence. La voici :

■ La langue a reçu l’insigne honneur d’être l’instrument de la parole, laparole elle-même ; aussi, vient-elle à tourner au mal, elle est la cause des plus grands maux ; d’un côté, la langue est la fontaine d’où jaillit la source de la félicité ; de l’autre, elle est le point de l’horizon d où se lève l’astre néfaste du péché. » Nous nous arrêterons un moment ici pour faire remarquer combien cette maxime ressemble à" celle que formulait plus simplement Ésope : ■ La langue est a la fois le plus grand des biens et le plus grand des maux. > Poursuivons la lecture des préceptes d’Ali-Chlr : V

« La langue est la serrure du trésor du cœur, la parole en est la clef ; celle-ci dévoile en effet l’état du premier ; elle fait voir s’il contient seulement des perles fines ou simplement des débris de coquilles.

»" Ne révèle à personne ton secret, pas même peut-être à toi-même ; si le dépôt de ton propre secret te pèse, il serait absurde de le confier à d’autres. Si tu ouvres toi-même ton trésor pour en éparpiller les perles, songe dès lors à ce que les autres en devront faire.

■ Au grand par leur honte et dérision.

Diseur de frivolités est semblable au chien qui aboie jusqu’au matin.

Sois maître de ta langue, ne parle qu’avec prudence.

■ Discours sans réflexion est cause de repentir.

■ Abstiens-toi de paroles inutiles et garde-toi de fermer l’oreille à un discours utile.

« L’ignorant qui s’épuise en vains discours et

l’âne qui brait sans motif sont semblables l’un à l’autre.

« Qui travestit la parole en mensonge vend une pierre précieuse pour da l’ordure.

« Petit mensonge et grand péché, c’est un poison mortel quoiqu’à petite dose.

■ Mauvaise langue blesse autrui et se nuit à elle-même.

« Toute mince que soit la pointe de l’aiguille, elle ne crève pas moins les yeux.

Bonne parole est brève.

Cerveau sain, langage éloquent.

Parole vraie n’a pas besoin d’ornements ; la parole vraie est sans apprêts ; elle n’a pas à s inquiéter de sa simplicité ; qu’importe à. la rose la déchirure de son vêtement, à la perle la forme défectueuse de sa coquille ?

p Le sage ne dit que la vérité ; mais toute vérité n’est pas bonne à dire. »

Parole {les révolutions »b la), par Bancel (1869, in-8<>). Cet ouvrage, résumé de cinq années d’enseignement public fait à l’université de Bruxelles parBancel, exilé de France après le coup d’État du 2 décembre 1851, est une introduction à l’histoire de l’éloquence pendant la Révolution. C’est l’histoire de la parole aux. principales époques, depuis ses origines jusqu’à la Renaissance et à Rabelais ; c’est une série de brillantes et savantes études sur les origines de i’éioquence, sur son caractère, sur ses transformations, ses grandeurs et ses décadences, suivies tôt ou tard de soudaines résurrections. Cet essai historii que est précédé d’une introduction où l’an-