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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 1, P-Pate.djvu/385

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quesreprésentés en France. Les pièces jouées * précédemment n’étaient que des arrangemonts d’opéras italiens. Les paroles et la musique se prêtant an mutuel secours, et constituant une œuvre originale, font de la l’attarale en musique de Cambert et de l’abbé l’orrin le véritable point de départ de la musique dramatique, quia pu recevoir de Lulli, quinze ans plus tard, une forme plus parfaite, mais dont le premier essai appartient à Cambert. Cambert était alors organiste de l’église collégiale de Saint-Honoré, a lJaris, et surintendant de ta musique de la reine mère, Anne d’Autriche.

J’ASTOBALEMENT adv. (pa-sto-ra- !e-man

— rad. pastoral). À la façon des pasteurs :

Vivre PASTORÀJ.KMENT.

— Fig. En bon pusteur : Paître ses ouailles

PASTOIÎALEMENT.

PASTORAT s. m. (pa-sto-ra — rad. pasteur). Hist. ecclés. Dignité de pasteur, de ministre du culte ; circonscription comprenant les habitants d’une paroisse : En 1634, Vile d’Aland fut unis à ta capitainerie de Biœvneborg et composa un district et une prévale, de laquelle dépendaient huit Pastorats ou -paroisses. (A. Tardieu.)

PASTORELLE s. f. (pa-sto-rè-le). Chorégr. Syn. de pastourelle.

PASTORET (Jean), magistrat français, né en 1328, mort eu 1405. Il était petit-lis de Jean Pusloret, avocat au parlement de Paris, qui fut chargé en 1301 de défendre les prétentions du roi devant les états généraux, et son père Raoul, également avocat au parlement, donna son nom à une des rues, de l’ancien quartier du Marais (la rue Pasiouiel). Comme son père et son grand-père, Jean Pastoret commença par être avocat au parlement de Paris. Il contribua, avec Maillard, des Essartset Charny.à remettre le dauphin Charles en possession de Paris (1358). Nommé premier président du parlement, et plus tard membre du conseil de régence pendant la minorité de Charles VI, il sut triompher des luttes continuelles occasionnées par l’avidité du duc d’Anjou et la violence du duc de Bourgogne. À l’avènement du roi, il se retira du monde et alla mourir à l’abbaye de Saint-Victor.

— Son petit-fils, Antoine Pastoret, embrassa le parti des armes et combattit pendant les guerres d’Italie sous Charles VIII et Louis XII. Au retour de ces campagnes, il épousa la sœur d’un premier président au parlement de Provence (Pierre Pellieot). Selon toute apparence, ce mariage le rendit seigneur de terres situées dans les vallées de Seillans, car ce fut là qu’il s’établit tout à fait et fit souche.

PASTORET (Claude - Emmanuel - Joseph-Pierre, comte, puis marquis dis), homme d’Etat et écrivain français, descendant des précédents, né à Marseille en 1756, mort à Paris en 1840. Son père, lieutenant général de l’amirauté des mers de Provence, le fit élever chez les oratoriens de Lyon, puis il alla étudier le droit à Aix, où il tut reçu avocat avant d’avoir atteint sa vingtième année. Après avoir voyagé en Italie et en Suisse, il se rendit à Paris et fut nommé, en 1781, conseiller à la cour des aides. Tout en remplissant ces fonctions, il s’occupa de travaux de législation et d’histoire et adressa a l’Académie des inscriptions deux mémoires, l’un sur l’Jnfluence des lois maritimes des lîhodievs (1784) ; l’autre sur Zoroastre, Confucius et Mahomet (1785). Ces mémoires, qui furent couronnés, lui valurent d’être nommé, en 1785, membre do l’Académie des inscriptions. En 1788, il devint maître des requêtes et peu après directeur général des travaux politiques relatifs à la législation et à l’histoire. À la veille de la Révolution, Pastoret était imbu des idées nouvelles et comprenait la nécessité de nombreuses réformes dans l’État, En 1789, il présida à diverses reprises des assemblées électorales et publia peu après son livre Des lois pénales (1700, 2 vol. in-8°), qui obtint le prix Montyon et qui fait honneur à ses vues humanitaires. Cette même année, Louis XVI lui offrit d’être ministre de la justice, puis de l’intérieur ; mais il refusa. Elu, en 1791, procureur général syndic du département de la Seine, il se rendit à l’Assemblée nationale avec une députation et demanda que l’église Sainte-Geneviève fût transformée en Panthéon consacré aux grands hommes, et ce fut lui-même qui proposa d’inscrire sur le fronton du temple ces mots : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante. •

Lors des élections pour l’Assemblée législative, Pastoret fut élu à Paris et, le premier, il fut appelé à présider cette Chambre (3 octobre 1791). À cette occasion, il prononça un discours dans lequel il félicitait l’Assemblée constituante d’avoir marché avec autant de talent que de courage dans la voie ouverte

Ïiar la Révolution et d’avoir relevé en France es autels de la liberté. Il réclama bientôt, comme simple député, une loi sévère contre les émigrés ; on devait toutefois leur faire une dernière sommation et fixer un terme à leur rentrée. Pastoret provoqua ensuite la suppression du tribunal de l’Université de Paris, comme inutile et. même nuisible, et appela, dans un rapport d’une grande fermeté de pensée et de forme, au nom du comité d’instruction publique, l’aitemiou de l’Assembléo sur les écoles primaires. Le 9 avril, il présenta a l’Assemblée une motion ayant

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pour Dut de faire décréter dans le plus.bref délai l’abolition de la traite des noirs. Le même jour, il se prononça pour la guerre contre l’Autriche et fit décréter la construction d’une place et l’érection d’une colonne, avec la statue de la Liberté, sur le terrain qu’avait occupé la Bastille prise et démolie.

Mais l’acte le plus important de la vie de Pastoret à cette époque fut le rapport, au nom du comité de législation, qu’il présenta à l’Assemblée le 19 juin 1792, pour démontrer qu’aucune religion ne devait participer aux actes civils.

Bien qu’il eût alors des idées avancées et qu’il eûl contribué à faire abolir l’usage des félicitations au roi le premier jour de l’année, Pastoret n’en était pas moins partisan de la monarchie constitutionnelle et voulait le maintien de la constitution établie. Dans la séance du 3 juillet 1792, il combattit avec force la motion de Torné, qui engageait l’Assemblée à s’emparer du pouvoir exécutif, et demanda qu’on déclarât cette motion inconstitutionnelle. Nommé, peu de temps après,

membre de la commission chargée d’examiner la conduite de La Fayette, qui avait compromis sa popularité au service de la misérable cour dont il était détesté, il lut, au nom de cette commission, le 8 août, un rapport où un bill d’indemnité était accordé au géuéral, qui n’avait eu que le tort de croire possible le maintien d’un roi qui le trompait lui-même. Ce fut la dernière fois que Pastoret prii part aux travaux et aux délibérations de l’Assemblée législative. Les événements du. 10 août, qui deux jours après renversèrent la monarchie, le rejetèrent dans la vie privée.* Il se retira d’abord dans le département de l’Ain. Plus tard, il passa en Suisse, mais avec assez d’adresse pour ne pas être mis sur la liste des émigrés, et ne reparut sur la scène politique qu’en 1795, époque à laquelle le département du Var le nomma député au conseil des CinqCents.

Dans cette Assemblée, Pastoret ne fit d’abord aucun acte de nature a faire mettre en doute son patriotisme : il parut chercher à affermir le gouvernement républicain régulier que la Convention avait établi par la constitution de l’an III, s’éleva contre la distinction d’anciens et de nouveaux députés, et voua les partisans de la royauté à l’exécration publique. Il proposa de décerner les honneurs du Panthéon à Montesquieu ; il parla contre la loi de police qui condamnait à trois mois de prison tout habitant de Paris qui logeait chez lui un étranger sans en avoir fait la déclaration dans les vingt-quatre heures ; il réclama vivement la liberté de la presse, demandant qu’elle fût illimitée ; il fit une motion sur les améliorations à apporter aux maisons d’arrêt et de détention, et fut élu président de l’Assemblée le 19 août 1796. Ce fut en cette qualité que, répondant à une députation de 1 Institut, il prononça ces paroles : ■ Citoyens, les deux plus beaux présents que la nature ait faits aux hommes, c’est le génie et la liberté. Les tyrans n’aiment pas les sciences, ils craignent la philosophie coimne le coupable craint le remords. >

Cependant Pastoret ne tarda pas à se déclarer contre le système politique adopté par le Directoire et saisit bientôt toutes les occasions de le combattre. Le 28 fructidor an V, il défendit Brottier et La Villeheurnois, conspirateurs royalistes, s’opposant a ce qu’ils fussent jugés par une commission militaire et taxant de contre-révolutionnaire la marche adoptée parle Directoire. Il parladepuis en faveur des fugitifs de Toulon et demanda l’abrogation des lois des 20 fructidor et 2 vendémiaire, rendues contre eux à la suite de la prise de cette ville. Il se prononça pour la suppression des clubs et des réunions populaires, accusa la conduite des agents du Directoire dans les colonies, proposant que la nomination de ces agents lui fût retirée ; enlin, il resta en état d’hostilité avec le Directoire jusqu’au 18 fructidor, époque où le Directoire, pressé de toutes parts par la réaction royaliste, recourut à un coup d’État pour s’en délivrer, et Pastoret fut inscrit un des premiers sur la liste de déportation. Étant parvenu à s’échapper, il se rendit en Suisse, puis en Italie, et obtint en 1800 l’autorisation de rentrer en France. En 1801, il fut nommé membre du conseil général des hospices et secours publics, puis, en 1804, professeur du droit de la nature et des gens au Collège de France, et, en 1809, professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Parts. Désigné deux fois par le collège électoral de la Seine pour entrer au Sénat, il y fut admis enfin en décembre 1809 et reçut le titre de comte. Chargé, en 1813, de rédiger un rapport sur la régence en cas de mort de Bonaparte, il ne ménagea point les éloges au despote et à son auguste dynastie. Cependant, le 1B* avril de l’année suivante, il vota la création du’gouvernement provisoire et fut nommé, par

Louis XV111, pair de France. Pendant les Cent-Jours, Pastoret se tint à l’écart et recouvra son siège à la Chambre haute à la seconde rentrée des Bourbons. À partir de ce moment, il so vit comblé d’honneurs. Louis XVIII lui donna le tiiru de marquis en 1817 et voulut qu’il prit pour supports à ses ormes deux chiens ne berger avec cette devise : Bonus semper et fidélis. Après avoir été secrétaire et vice-président de la Chambre des pairs, il fut noininé successivement mem PAST

bre de l’Académie française en remplacement de Volney (1820), grand officier de la Légion d’honneur (1821), grand-croix (1823), président de la commission de révision des lois, ministre d’État et membre du conseil privé (1826), vice-chancelier, enfin chancelier de France (1829). Ayant refusé de prêter serment au gouvernement issu de la révolution de 1830, il fut considéré comme démissionnaire et perdit ses pensions. En 1S34, Charles X nomma Pastoret tuteur des enfants du duc de Berry, pour les biens qui leur restaient en France. Outre les écrits que nous avons cités plus haut, on lui doit : hloge de Voltaire (Paris, 1779, in-so) ; Tributs offerts à l’Académie de Marseille (1782, in-8°) ; la traduction des Elégies de Tibulle (17S3, in-S°) ; Moise considéré comme législateur et moraliste (1788, in-8°) ; histoire de la législation (Paris, 1817-1837, 11 vol, in-8°), où il traite des lois chez les peuples anciens. On lui doit, en outre, des articles, des mémoires et des notices insérés dans les Archives littéraires de l’Europe, dans le Recueil de l’Académie des inscriptions, dans l’Histoire littéraire de la France, etc. — Sa femme, Adélaïde-Anne-Louise Piscatory, marquise de PASTORET, née en 1765, morte en 1843, descendait d’un conseiller de François Ier. Elle épousa, en 1789, M. de Pastoret et fut emprisonnée pendant quelque temps à l’époque de la Révolution. Sous le Consulat, elle reconstitua la Société do charité maternelle destinée à secourir les pauvres femmes en couche et fonda, en 1801, à ses frais, la première salle d’asile destinée à. recevoir des enfants en bas âge.

PASTORET (Amédée-David, marquis de), homme politique et littérateur, fils du précèdent, né à Paris en 1791, mort dans la même ville en 1857. Secrétaire géuéral du gouvernement provisoire des États romains a dix-huit ans, il devint ensuite auditeur au conseil d État, remplit plusieurs missions ù l’étranger, fut intendant civil de la Russie blanche durant la funeste campagne de 1812, puis intendant des pays allemands conquis en 1813, et devint successivement sous-préfet de Corbeil (1813), de Chùlons-sur-Marne (1814). Pastoret s’empressa de se ralliera Louis XVIII en 1814 et accepta la place de maître des requêtes. Pendant les Cent-Jours, il fut rappelé par Napoléon au conseil d’État, mais refusa d’y siéger. Après la seconde Restauration, il devint successivement commissaire du roi au sceau de France (1817), gentilhomme de la chambre (1820), membre du cot^eil général de Paris (1823), membre libre de l’Académie des beaux-arts (1823), membre du conseil d’État (1824), colonel d’une légion de la garde nationale (L826). Comme son père, il refusa, après la révolution de 1830, de prêter serment à Louis-Philippe et fut, pendant tout le règne de ce prince, un des coryphées du parti légitimiste. A près la mort de son père (1840), il reçut du comte de Chambord, dont il était un des conseillers, la mission d’administrer tes biens qu’il possédait en France, 11 était depuis longtemps cité comme un des plus fidèles serviteurs dj petit-fils de Charles X lorsque, à la suite d’une évolution inattendue et qui lit scandale dans le camp des légitimistes, M. de Pastoret se rallia à l’homme qui venait de commettre l’attentat du 2 décembre 1851 et accepta, en même temps que M. de La liochi-jaquelein, un siège au Sénat (31 décembre

1852). L’année suivante, il était promu grandcroix de la Légion d’honneur et appelé, en 1855, à faire partie de la commission municipale. On lui doit des poésies, des livres d’histoire et des romans historiques d’une médiocre valeur liltéi*ire. Nous citerons : les Troubadours, pnëme en quatre chants (Paris, 1813, in-8°) ; Moyens de Henri l V pour pacifier la France (Paris, 1816) ; les Normands en Italie, poôme (1818, in-8u) ; Sur monseigneur le duc de Berry (Paris, 1820, in-8») ; Elégies (Paris, 1824, in-8°) ; le Duc de Guise à Naples ou Mémoires str les révolutions de ce royaume en 1647 et 1G4S (Paris, 1825, in-S"), roman historique d’après les mémoires authentiques du duc de Guise ; Histoire de la chute de l’empire grec de 1400 d 1480 (Paris, 1829, in-S") ; Raoul de Petlevé, esquisses historiques du temps de la Ligue en 1593 (Paris, 1833, 2 vol. in-8° ; 2<= édit., 1847, iii-10) ; Erard du Châtelet, roman historique du -temps de Louis XIV, de 1061 à 1664 (Paris, 1835, 2 vol. in-8" ; 3e édit., 1847, in-16) ; Souvenirs de Néris (Paris, 1836, in-4°) ; Claire Catatanzi ou la Corse en 1730 (Paris, 1838 ; 2" édit., 1847, in-lfi). Ce livre intéressant est la meilleure des productions littéraires du marquis de Pastoret.

PASTOR1CIDE s. m. (pa-sto-ri-si-de — du lat. pustor, pasteur ; cmdo, je tue). Hist. relig. Nom donné, dans le xvie siècle, en Angleterre, aux anabaptistes fanatiques qui égorgeaient les ministres de l’Évangile ou pasteurs.

PASTOR1US DE HIRTEMBERG (Joachim), historien allemand. V. Hirtemherq.

PASTOSiTÉ s. f. (pa-sto-zi-té — dû poste, qui s’est dit pour pâte). Néol. État de ce qui est pâteux.

PASTOUR, OURE s. (pa-stour — du lat. pastor, wèms sens). Jeune pusteur, jeune bergère :

De l’amoureux pastour la parure est fltsirie.

Rouciiga.

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I Vieux mot. Le féminin, fort élégant, est encore usité dans le Midi.

PASTOUREAU, ELLE s. (pa-stou-ro, è-le

— diniin. de pastour). Petit berger, petits bergère ; n’est guère usité que dans la poésie légère : 77 y avait en Florian un coin de pastoureau et de troubadour langoureux. (StcBeuve.)

— s. m. Hist. Nom donné à des paysans et à des bergers qui se formèrent en bandes, au xiiio et au xtve siècle, et qui se livrèrent tt la dévastation. || Nom donné à des paysans qui se formèrent en troupes, en 1320, pour aller délivrer la terre sainte.

— s. f, Chorégr. Nom d’une des figures do ta contredanse française.

— Littér. Sorte de chanson du xinc siècle.

— Liturg. Ancien office des pasteurs, qui se faisait autrefois avec personnages, en plusieurs églises, nux laudes de Noël.

— Hortic. Espèce de poire d’hiver.

— Encycl. Hist. L’histoire de France a enregistre trois soulèvements, trois invasions de ces bandes redoutables, composées de pâtres et de bergers, d’où elles tirèrent leur nom, mais aussi, et en bien plus grand nombre, de vagabonds et de pillards.

On entendit parler pour la première fois des pastoureaux dans le Berry en 1214, l’année même de la bataille de Bouvines. C’était une révolte de serfs. Pendant que toute la noblesse, toute la chevalerie étaient rassemblées autour rie Philippe-Auguste, un violent mouvement politique et religieux éclata dans les provinces du centre. Des milliers de paysans, armés de fourches, de faux, de bâtons, se ruèrent sur les manoirs, les monastères, et mirent tout au pillage en proclamant le règne de « l’égalité universelle » et l’avénement du Saint-Esprit. Cette convulsion sociale eut une courte durée ; en quelques rencontres décisives, la noblesse bardée de fer, qui venait de battre les Allemands en Flandre et les Anglais en Anjou, écrasa ces pastaureaux demi-nus et mal armés.

La seconde révolte de pastoureaux, la plus connue et la plus terrible, éclata en 1250, pendant la captivité de saint Louis. Les princes et les seigneurs ayant échoué dans leurs tentatives pour la délivrance du monarque, la multitude, affolée par des prédications grossières et turbulentes, s’imagina que Jésus-Christ voulait pour défenseurs les plus humbles, le peuple, les bergers, les laboureurs. Des bandes redoutables s’organisèrent en Flandre sous le prétexte d’aller délivrer saint Louis et de conquérir les lieux saints. Leur chef était un moine fanatique de l’ordre de Cîteaux, nommé Job ou Jacob, qui prenait le titre de Maître de Hongrie ; il était originaire de ce pays. À sa voix, les laboureurs et les pâtres quittaient leurs charrues et leurs f-upeaux pour le suivre, et leurs rangs se giussirent d’une foule de vagabonds et de pillards. Jacob se vit bientôt à lu tète du 100,000 de ces nouveaux croisés. Il est vraisemblable que ce mouvement fut une réaction des habitants des campagnes, abrutis de misère, de servitude et de superstition, contre les classes supérieures de la société, dont le despotisme et l’avidité étaient sans bornes.’ Les pastoureaux dévastaient partout les châteaux, "les monastères, et traversaient les villes eu répandant la terreur. En Picardie, b, Amiens, ils étaient déjà plus de 30,000, puis, grossissant toujours, ils traversèrent Paris et de là se dirigèrent vers la Méditerranée. < Lorsque la troupe des pastoureaux entra dans Orléans, dit Mathieu Paris, l’évêque interdit sur-le-champ à tous les clercs d’assister a leurs prédications, car, disait-il, ce sont les souricières du diable ; quant aux laïques, ils méprisaient déjà les ordres et les menaces du prélat. C’étaient eux qui avaient ouvert les portes aux pastoureaux. Un de ces pastoureaux avait commencé sa prédication lorsqu’un étudiant de l’Université, excité par les exhortations des prêtres, s’approcha du prédicateur en lui criant : • Tnistoi. hérétique, méchant et menteur ; lu" « trompes ce peuple innocent en mentant t « par ta gorge. » À peine avait-il dit cas mots qu’un de ces fanatiques qui entouraient le prédicateur le frappa d’une hache à la tète ; ce fut pour la multitude le signal de courir sus à tous les prêtres. ■ Arrivés dans le Berry, ils commirent la faute de se séparer en plusieurs bandes ; attaqués séparément, ils furent facilement exterminés. Une bande fut atteinte entre Mortemer et Villeneuve-sur-le-Cher et mise en déroute ; Jacob eut la tête abattue d’un coup de hache. Une autre bande s’était dirigée, vers Bordeaux ; la plupart furent noyés dans la Gironde ; quelques-uns, parvenus à Marseille, éprouvèrent un pareilsort. H. Martin ne croit pas que ce Maitre de Hongrie fût un religieux. Il voit en lui, par sa dénomination même, un Bulgare, un manichéen, désireux de venger ses frères. Un certain mystère plane toujours sur ce personnage, qui fut reçu en audience par la reine Blanche et dont les plana, les projets sont restés inconnus.

Un troisième soulèvement du peuple des v§ campagnes eut lieu sons Philippe V, eu 1320, dans l’attenta d’une dernière croisade que le clergé prêchait et qui n’aboutit point. « L’année 1320, dans le royaume de France, disent les Chroniques de Saint-Denis, éclata un mouvement d’hommes, inattendu et impétueux