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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 1, P-Pate.djvu/77

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sent été peints en rouge. Le casque, sans ornement, convient à la simplicité du costume. Il n’y a, de restauré dans la tête de cette superbe statue que l’extrémité du nez. Les mains, les poignets, les doigts du pied gauche sont modernes.

La Pailas de Velletri a été gravée dans le Musée royal et dans les recueils de Filhol, de Réveil et de M. de Clarac. D’autres figures de Pailas ont été gravées par R. Boyvin (d’après une peinture du Rosso et d’après une autre composition de h. Penni), par Étienne Baudet (en 1680, d’après une statue du palais des Tuileries), par Gio.-B. Ghisi de Mantoue (1538), par Lucas de Leyde (la dernière production du maître, restée inachevée), par Cornelis Bioemaert (d’après une statue ’ ïnMique de ltt £alerie Giustiniani), etc. Une belle sardoine antique du musée de Florence, représentant Pailas en buste, a été publiée par Gori (III, pi, 55). V. Minkrvb.

La célèbre statue de Pailas, désignée sous le nom de Palladium et que l’on gardait dans la forteresse dllion, nous est dépeinte par les anciens comme ayant trois coudées de haut, tenant une pique de la main droite, une quenouille et un fuseau de la gauche. On sait que les Romains avaient la prétention de posséder cette précieuse image, qui aurait été apportée en Italie par Enée, et qu’ils en tirent faire plusieurs tout k fait semblables, atin que, si quelqu’un entreprenait de la dérober, il ne put la discerner au milieu des autres. Des médailles romaines offrent souvent la figure de Rome tenant ’entre ses mains le Palladium.

Une pierre gravée du musée du Louvre représente Diomède enlevant le Palladium, qu’il tient avec un linge de peur de le profaner ; aux pieds du héros est un homme renversé que l’on a supposé être le gardien du sanctuaire. Le mémo sujet a été représenté par M. Joseph Blanc dans un grand tableau qui a été exposé au Salon de 1872.

PALLAS, fils deCriusetd’Eurybie. Ilépousa la fille de l’Océan, Styx, dont il eut quatre enfants : Cratos (la Puissance), Bia (la Force), Nicô (la Victoire) et Zelos (la Passion), qui accompagnent toujours Jupiter. On désigne également sous le même nom : le père de Minerve, peut-être le même que le précédent, qui voulut violer sa tille et fut tué par elle ; le frère d’Egée, roi d’Athènes, qui fut père des Pallanttdes ; un fils de Lycaon.qui fonda la ville de Pallante, en Arcadie ; le fils d’Evandre, dont nous allons parler dans l’article suivant.

PALLAS, héros latin, un des compagnons dEuée. Il était fils d’Evandre, le civilisateur du Lalium, et s’allia aux l’uaïlifs de Troie dès qu’ils eurent abordé en Italie. Virgile a décrit les combats livrés par lui à Lausus et il Tut-nus lui-même, qui parvint à le vaincre et a le tuer (Enéide, liv. X). Lorsque Buée rencontre Turnus (liv. XII) et tient sa vie entre ses mains, il va l’épargner ; mais il aperçoit sur les épaules de son ennemi les dépouilles de Pailas, son baudrier étincelant, et il le massacre sans pitié en s’écriant : « C’est Pailas lui-même qui te frappe, c’est Pailas lui-même qui te tue. »

Pailas te hoc vulnere, Pailas Immolai.

PALLAS, favori de l’empereur Claude, mort en 63 de notre ère. Il était esclave d’Antonia, mère de Claude, lorsqu’il gagna la faveur de ce prince qui, devenu empereur, lui donna « la liberté et la nomma intendant du trésor. Pailas jouit d’un crédit immense pendant le règne du faible successeur de Caligula. Son autorité était telle, que les courtisans placèrent sa statue en or parmi celles des dieux domestiques. Ce fut lui qui, après la mort de Messaline, décida Claude à épouser sa nièce Agrippine et à adopter Néron, et ce fut de concert avec cette princesse, dont il était devenu l’amant, qu’il fit empoisonner Claude. Néron, bien que redevable du trône à Pallas, lui enleva l’administration des finances (5Ç) et, choqué de son arrogance, le Ht emprisonner pour s’approprier ses immenses richesses. Son frère Félix, gouverneur de Judée, se lit connaître par ses exactions et par la conduite qu’il tint à l’égard de l’apôtre saint Paul.

PALLAS (Pierre-Simon), célèbre naturaliste et ethnographe allemand, conseiller d’Etat de l’empereur de Russie, chevalier de l’ordre de Suiut-Vladirair, membre des Académies des sciences de Saint-Pétersbour" de Londres, de Berlin, de Stockholm, et associé de l’Institut, né à Berlin le 22 septembre 1741, de Simon Pailas, professeur de chirurgie au collège de cette ville, et de Suzanne Léonard, Française d’origine, mort dans sa ville natale le 8 septembre 1811.

Son père le destinait à la médecine, mais il lui rit d’abord apprendre les langues vivantes. Pailas, qui conserva toute sa vie un goût particulier pour ce genre d’études, a rendu plus tard de grands services en faisant connaître en Europe un grand nombre de dialectes mongols et caucasiques.

Après avoir suivi à Berlin les cours de Gledttsch, de Meckel et de Roloff, et à Gœtlingue ceux de Rœdern et de Vogei, il alla terminer ses études de médecine à Leyde sous Albinus Gaubius et Musschenbroeck ! Les belles collections rassemblées en Hollande lui révélèrent sa voeation de natura XJI.

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liste. Il publia dès 1766, à La Haye, un Elenehus toophytorum (tableau des zoophytes) et des Miscellanea soologica, où le monde savant reconnut avec surprise dans un auteur de vingt-cinq ans les mérites des maîtres formés par de longues études, la sagacité et la patiente exactitude. Dans son Elenchus zoophytorum, il se prononçait, avec un rare bonheur, pour toutes les théories nouvelles que l’étude plus attentive des faits a depuis consacrées d’une manière définitive. Il rejetait ia division arbitraire des êtres naturels en trois règnes, enseignait que les plantes ne forment qu une des classes du règne organique, comme les quadrupèdes, les poissons, les insectes et les mollusques en forment d^autres, et repoussait l’idée systématique d’une échelle unique des êtres vivants. Dans ses Miscellanea zaologica, il jetait un jour tout nouveau sur la classe entière des animaux sans vertèbres, repoussait pour ces animaux le moyen de division fondé sur la présence ou l’absence d’une coquille et établissait un nouvel ordre fondé sur les analogies et les différences de leur structure.

Ces deux ouvrages lui avaient fait une grande réputation en Europe. L’impératrice Catherine II voulut se l’attacher ; elle lui fit offrir une place à l’Académie de Saint-Pétersbourg. Pailas accepta et mit au service de la Russie toute son activité pendant quarante ans, de 1768 à 1800. La première expédition à. laquelle il prit part fut celle qu’avait organisée l’impératrice pour aller observer en Sibérie le passage, attendu en 1769, de Vénus sur le soleil. Pailas y fut associé comme naturaliste, et ses goûts le portèrent à joindre à la mission dont il était chargé des études sur les langues et les mœurs des habitants des contrées qu’il allait visiter. La commission était composée de sept astronomes, de cinq naturalistes et de plusieurs élèves ; elle partit au mois de juin 1758. Elle devait se diviser en route, chacun ayant sa mission particulière. Pailas passa l’hiver àSimbirsk, sur le Volga, descendit le Jaik au printemps suivant et visita les bords de la mer Caspienne. Ses observations lui permirent d’affirmer que cette mer avait eu autrefois une étendue bien plus considérable. Il visita ensuite les mines de l’Oural et hiverna à Tobolsk. Il en repartit en 1772 pour visiter les monts Altaï et leurs mines, qu’il pense avoir été exploitées autrefois par les ancêtres des Hongrois. Il atteignit, en 1773, les confins nord de la Chine, revint par le Caucase et rentra à Saint-Pétersbourg en 1774.

Les récits intéressants de ce long et pénible voyage font partie des publications de 1 Académie de Saint-Pétersbourg.

Piillas revint accablé de toutes sortes de maux ; ses compagnons, encore plus maltraités, ne vécurent même pas assez pour pouvoir publier eux-mêmes leurs observations ; c’est lui qui prit soin de leur rendre ce dernier devoir.

Les fruits de cette longue exploration de contrées alors totalement inconnues furent considérables. Palias avait profondément observé la terre, les plantes, les animaux et les hommes ; il put faire l’histoire complète du musc, du glouton, de la zibeline et de l’ours blanc, histoire si bien faite, dit Cuvier, que l’on peut dire qu’aucun quadrupède n’est mieux connu que ceux-là. Les rongeurs lui fournirent la matière d’un volume- entier tant il en avait découvert d’espèces. Leur histoire, leur anatomie y étaient traitées avec cette richesse dont Buffon et Daubenton avaient seuls donné l’exemple avant lui ; il rapportait les découvertes d’un solipède compris entre.l’àne et le cheval et d’une nouvelle espèce de chat sauvage ; des notions plus étendues sur l’âne dont la queue fournit les étendards des pachas turcs ; les descriptions d’une infinité d’oiseaux, de reptiles, de poissons, de mollusques, de vers et de zoophytes qu’aucun naturaliste n’avait encore pu observer de manière à les classer exactement ; les éléments d’une flore toute nouvelle pour les Occidentaux, mais surtout une théorie féconde des révolutions du globe. Une considération attentive des deux grandes chaînes de montagnes de la Sibérie lui fit apercevoir cette règle générale, qui s’est vérifiée ensuite partout, de la succession des trois ordres primitifs de montagnes, les granitiques au milieu, les schisteuses à leurs côtés et les calcaires en dehors. On peut dire que ce grand fait, nettement exprimé en 1777, dans un mémoire lu à l’Académie, a donné naissance à toute la nouvelle géologie. La découverte, presque incroyable alors, d’un rhinocéros trouvé gelé avec sa peau et sa chair et celle d’une masse énorme de fer, à laquelle Palias ne craignit pas d’attribuer une origine céleste, ajoutèrent encore un nouvel intérêt à une relation déjà si pleine de faits imponants.

Nous avons déjà dit que Palias rapporta de ses voyages une monographie complète de la race mongole ; c’est à lui qu’on doit en Europe la connaissance du lamisme et de ses rites.

L’impératrice Catherine le combla à son retour de faveurs de toutes sortes et lui confia l’éducation du grand-duc Alexandre et de son frère ; mais le séjour des villes lui était devenu insupportable. Il profita de lu conquête de la Crimée pour accompagner sa souveraine dans le voyage triomphal que lui avait

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préparé Potemkin, et alla revoir le Caucase. À son retour à Saint-Pétersbourg, il manifesta le désir d’aller s’établir en Crimée pour y chercher la guérison des infirmités gagnées dans ses courses aventureuses. Catherine lui fit présent de deux villages et d une riche propriété près de Simphéropol. Palias passa quinze ans dans ce pays, où il sut encore rendre d’importants services, notamment celui d’y acclimater la vigne ; mais l’isolement lui deymt peu et peu tellement insupportable, qu’à près de soixante-dix ans il se défit à vil prix de ses propriétés pour revoir sa patrie, où il mourut après avoir eu à peine le temps de retrouver le peu d’amis ou de parents qu’il y avait laissés, de renouer quelques relations avec le monde savant et de se mettre au niveau des progrès accomplis pendant Sa longue absence.

PALLAS1E s. f. (pal-la-zl —de Pailas, natur. allem.). Entom. Syn. de cistooastre.

— Bot. Syn. de calodknoron, genre de rutacées.

PALLASIUS s. m. (pal-la-zi-uss — de Pallas, n, pr.). Crust. Syn. d’iuoTÉB, genre de crustacés.

PALLAVICINI ou PELAV1CINO (Oberto), marquis, aventurier italien, né à Plaisance, mort en 1269. Ce fut un habile et brillant capitaine, qui prit parti pour Frédéric II dans sa lutte contre le pape Grégoire IX et les Génois, et qui, après de nombreux exploits, parvint à. se créer une souveraineté indépendante en Lombardie, où il devint le chef du parti gibelin (i2ûi). Il fut dépouillé par Charles d Anjou (1265) d’une partie de ses seigneuries, et mourut après avoir exercé une. autorité presque illimitée sur les principales villes de la Lombardie.

PALLAVIC1NI (Baptiste), prélat et poste italien, né à Venise vers la fin du xive siècle, mort en 1166. Il devint évêque de Reggio en 1444 et se fit connaître par un poëme latin intitulé : Carmen in nisloriam flendz cruels (Parme, 1477, ia-4°), plusieurs fois réédité.

PALLAVICINI ou PALLAV1C1NO (Pietro Sforza), cardinal et historien italien, né à Rome eu 1607, mort en 1667.11 avait été gouverneur d’iesi, d’Arvietto, de Camerino, lorsqu’il entra chez les jésuites (1637), s’adonna a l’enseignement de la philosophie et de la théologie, fut chargé par Innocent X de plusieurs affaires importantes et reçut le chapeau de cardinal du pape "Alexandre VII en 1657. Ce prélat devint membre et, à plusieurs reprises, président de l’Académie des Umo~ risii.^ L’ouvrage auquel il doit sa réputation est Ylsloria del concilia di Trento (Rome, 1656-1657,2 vol. in-fol.). Cette histoire du concile de Trente est fort bien écrite, mais on reproche à son auteur n’élever trop haut les prétentions de la cour de Kome sur le gouvernement temporel. L’abbé Aligne en a fait imprimer une traduction française (Paris, 1844, in-go). On doit, en outre, à Pallavicini quelques ouvrages littéraires : Gti fasli sacri in ottava rima Mrmenigilde, tragédie (1644, in-8°) ; Cli avvertimenti grnmmatieali, tragédie (1661) ; Jïatlato dello style e del dialogo, tragédie (1662) ; Lellere (Rome, 1668, in-s«).

PALLAYICINI (Nicolas-Marie), théologien et.jésuite italien, né à Gênes en 1621, mort il Rome en 1692. Christine de Suède le nomma son théologien, et le pape Innocent XI le créa cardinal. Ses principaux ouvrages sont : Difesa délia providenza ditiina coniro i nemici di ogni religione (Rome, 167u) ; Difesa del pontificato romano et délia chiesa catlolica (Rome, 1686, 3 vol. in-fol.), ouvrage estimé des théologiens.

PALLAVICINI (Étienne-Benoit), poète lyrique, né k Padoue en 1672, mort à Dresde en 1742. Il fit de bonnes études au collège do Salo et se fit remarquer par une précocité surprenante. Son père l’ayant amené à Dresde, alors qu’il n’avait que seize ans, il s’y distingua par quelques travaux qui attirèrent l’attention, lui valurent la protection de l’électeur de Saxe Georges 111 et la place de poète ducal, au moment ou la mort de son père le laissait sans ressource. Il passa, quelques années plus tard, à la cour de l’électeur palatin Guillaume, puis, à la mort de ce dernier, revint à Dresde. Il fut très-bien accueilli dans cette ville, devint membre da l’Académie des Frigi et commença une traduction des Odes d’Horace, qu’il acheva durant une maladie qui le contraignit àgurder la ehainbre, À la demande du roi de Pologne Frédéric-Auguste, il entreprit de traduiréles œuvres complètes du poète latin, mais la mort l’empêcha de mettre ce projet à exécution. Ses œuvres ont été publiées avec une Vie de l’auteur par Algarotti (Venise, 1744, i vol. in-Ro). Le premier volume contient sa traduction des Odes d’Horace, traduction élégante, mais libre ; le second, celle des satires et du premier livre des Épîtres ; le troisième, un poëme sur l’éducation, d’après les principes de Locke, et ayant pour titre : Souarcio del trattato deW educazione del signor Loeke ; liécube, tragédie d’Euripide, et un opéra en trois actes tiré de Don Quichotte : Ua Pazz.o ne fa cento ; le quatrième enfin, des pièces légères et deux discours en prose, l’un sur la musique et l’autre sur l’amitié.

PALLAVICINI DELLA PRIOLA (ie marquis Emilio), général italien, né à Ceva, près de Mondovi, en 1823. Élève de l’école militaire da

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Turin, il prit part à lacampngnedeLombardie en 1848-1849 et contribua, eu 1849, à la répression de la révolte de Gênes. En 1855, pendant la fuerre de Crimée, M. Pallavicini se distingua ans le corps expéditionnaire piémontais qui s’était joint à l’armée française ; mais il signala surtout sa valeur dans la guerre de 1859, qui rendit à l’Italie son indépendance et amena l’expulsion des Autrichiens. La bravoure dont il donna des preuves, particulièrement à San-Martino et à l’assaut de

Ciyitella-del-Tronto, lui valut la grande médaille d’or du mérite militaire et, quelque temps après, le grade de colonel de bersaglieri. Lorsqu’au 1862 Garibaldi se mit à la tête de ses volontaires, pour rendre Rome h l’Italie et renverser le pouvoir temporel du pape, le colonel Pallavicini fut chargé par Cialdini d’arrêter la marche du grand patriote italien, qui, après avoir vainement essayé de surprendre Reggio, s’était jeté dans les montagnes de la Catabre. Il le cerna, le fit prisonnier à Aspromoute (v. ce mot) et fut promu major général. L’année suivante, le

fénéral Pallavicini reçut la mission de comattre les brigands qui infestaient la Calabre. Il les poursuivit à outrance, les traqua, se saisit d’un grand nombre d’entre eux et lit passer par les armes quelques-uns do leurs chefs. M. Pallavicini a été promu depuis lors lieutenant général. C’est un soldat intrépide, énergique, qui excelle dans la guerre de partisans.

PALLAVICINO (Ferrante), littérateur et poète satirique italien, né à Plaisance vers 1618, décapité à Avignon en 1644. Ses parents lui firent prendre fort jeune l’habit des chanoines de Latran ; mais une passion qu’il conçut pour une belle Vénitienne vint troubler sa tranquillité. Après un voyage en Allemagne, pendant lequel il entra en relation avec des théologiens protestants, il osa publier contre la cour de Rome, le pape Urbain VIII et les Barberini des écrits satiriques empreints des principes de la Réforme et qui eurent le plus grand succès en Italie. Réfugié à Venise, il était à l’abri de la colère de ses ennemis ; mais un de leurs émissaires, nommé Pierre Besche, ayant su le décider à quitter sa retraite et à passer en France, il ne put échapper aux vengeances ecclésiastiques : arrêté sur les confins du Comtat, il fut enfermé à Avignon et eut la tête tranchée à vingt-six ans, sur un ordre venu de Rome. Le traître qui l’avait livré fut assassiné à Paris en 1646, par un Italien, ami de Pallavicino, à qui le cardinal de Mazarin fit accorder sa grâce.

Les Opere scelte (1660) de Ferrante sont fort recherchées ; elles contiennent un grand nombre de traits satiriques contre la cour pontificale et sont en général très-licencieuses. Les morceaux les plus remarquables de ce recueil sont : la Rete di Vulcano (1641) ; la Pudicitia schernita ; la Rettorica delle puttane (1642); il Corriere svaliggiato (le Courrier dévalisé), trad. en français (1611) ; in Bacinata, satire contre les Barberini; il Divorzio celeste, trad. en français par Brodeau d’Oiseville (1696), vive satire contre la cour pontificale ; Dialogo tra due soldati del duca di Parma, satire contre Urbain VIII, laquelle a été traduite en français à la suite du Divorce céleste, etc. Les Opere permesse (Œuvres permises) de Pallavicino ont été publiées à Venise (1655, 4 vol. in-12) ; mais elles sont loin d’avoir l’attrait et le piquant des Opere scelte.

— PALLAVICINO (Pietro Sforza), cardinal italien. V. Pallavicini.

PALLAVICINO-TRIVULZIO (le marquis Georges), homme politique italien, né à Mdan vers 1735 d’une grande famille lombarde. Il prit de bonne heure une part active aux menées du carbonarisme et aux conspirations contré la domination autrichienne. Envoyé en 1820 par les carbonari de Milan au prince de Carignan (depuis Charles-Albert) àTnrin, avec un carbonaro nommé GaetanoCastigliû, il vit, au retour de cette mission, son compagnon arrêté par la police autrichienne et, désireux de partager ses dangers, il se livra lui-même à la police. Condamné à mort après deux ans de prison préventive, à la suitu du grand procès qui eut lieu en Lombardie après les événements de 1821, le marquis Pallavicino vit sa peine commuée eu vingt ans de careere duro, avec travail forcé, chaîne aux pieds, une planche pour lit, une nourriture dégoûtante. Après avoir été exposé au pilori, enchaîné et tête nu© pour entendre sa sentence, on le jeta au Spielberg. Ce qu’était le cachot où il resta plusieurs années, il nous le dit lui-même dans un livre intitulé : Spielberg et Gradisca, extrait de ses Mémoires, imprimé à Turin en 1856 :• Privations et vexations de toute sorte, oisiveté insupportable et travail nauséabond, torture de l’esprit ettorture du cœur. On n’accordait pas au prisonnier de nouvelles de sa famille. C’était un sépulcre, mais sans la paix des morts, » Il en devint malade ; on le crut fou et l’empereur d’Autriche le fit transférer à Gradisca. Là^ il fut enfermé avec un voleur. Dénoncé par ce dernier comme possédant deux livres, il fut astreint au régime lo plus sévère et, sans la charité de deux femmes (dont l’une en fut punie de coups de verges), jl serait mort da faim. •

Le marquis Pallavicino sortit enfin du bagne en 1835, et, quelque temps après, il ail»

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